Émile Babeuf

Émile Babeuf

Robert Babeuf, dit Émile Babeuf, né le 29 septembre 1785 à Roye, mort à une date inconnue[1] à Paris, avant 1842, est un libraire-éditeur français, fils aîné du révolutionnaire Gracchus Babeuf.

Sommaire

Biographie

Émile Babeuf est le fils aîné de François-Noël Babeuf et de Marie Anne Victoire Langlet (baptisée à Amiens le 13 février 1757, morte après 1840), fille d’un quincaillier d’Amiens et ancienne femme de chambre, qui se sont mariés à Roye le 13 novembre 1782[2]. À sa naissance, il reçoit le prénom de Robert, que son père changera plus tard pour l'appeler Émile, en hommage à Rousseau.

Lors du procès de son père, à Vendôme, alors qu'il est âgé d'à peine douze ans, l'accusateur public, Vieillard, utilise la correspondance d'Émile comme circonstance aggravante, ce qui excite l'indignation du « Tribun du peuple ». Il a également été dit que c'est lui qui aurait porté à son père le poignard avec lequel il se tue, à l'annonce du verdict.

Menacé par la misère après la mort de son père, il est adopté en 1798 par Félix Lepeletier, qui le place en pension. Quant à sa mère, elle devient marchande à toilette, rue Saint-Honoré, commerce qu'elle exerce encore en 1840.

Émile reste en pension jusqu'à la déportation de Lepeletier à l'île de Ré en 1801. Puis il trouve un emploi chez un libraire de Paris, où il reste six ans. Puis il voyage pour la maison de librairie de Tourneisen, installée à Bâle, parcourant presque toute l'Europe. À Séville, selon certains récits invraisemblables, il aurait rencontré dans un café le lieutenant-colonel Grisel, l'homme qui a dénoncé son père, l'aurait provoqué en duel et tué d'un coup d'épée[3]. En 1812, en tout cas, il abandonne ses voyages et s'installe à Lyon, où il est reçu libraire.

En 1814, il prend une part active à la défense de la ville. Obligé d'abandonner sa maison de librairie, occupée par des cavaliers ennemis, il suit le corps d'armée du maréchal Augereau. Après l'abdication de Napoléon Ier, témoin des menaces qu'il encourt durant la traversée du Midi, il le suit dans son exil à l'île d'Elbe. À son retour, pendant les Cent-Jours, il s'installe comme libraire à Paris, publiant des brochures contre l'Acte additionnel.

Arrêté le 26 février 1816 comme éditeur du Nain tricolore, il refuse d'en désigner les rédacteurs, ce qui lui vaut d'être condamné, conformément à la loi du 9 novembre 1815, à la peine maximale, c'est-à-dire la déportation. Demandant, au bout de deux ans d'emprisonnement à la Conciergerie l'exécution de son jugement, il est conduit au Mont Saint-Michel. Pendant le voyage, plusieurs déportés parviennent à s'échapper et passent à l'étranger. Resté seul à une lieue de Vire avec son escorte, il continue sa route jusqu'au Mont Saint-Michel, où il passe un an.

En novembre 1818, il est autorisé à rentrer à Paris, où il reprend ses activités de libraire au Palais-Royal; sa librairie historique et des arts et métiers est installée hôtel d'Aligre, au n° 123 de la rue Saint-Honoré.

À la suite de la parution, à Bruxelles, de l’Histoire sur la conspiration des Égaux de Philippe Buonarroti, Émile Babeuf décide en 1829 d'éditer en deux volumes les Mémoires de F. N. Gracchus Babeuf, Tribun du Peuple, précédés des deux volumes de l'Histoire[4].

En 1830, après les Trois Glorieuses, la librairie historique d'Émile Babeuf est installée au n° 11 de la rue de la Harpe. Il publie encore divers ouvrages jusque vers 1834-1835[5]. Par la suite, on sait qu'il a fait une demande d'allocation : dans le rapport rédigé par le préfet de la Seine pour le maire du XIe arrondissement, où il habite alors, il est indiqué, qu'« il s'est occupé précédemment de librairie, mais aujourd'hui il vit au jour le jour ». Il est mort avant 1842, car sa femme signe alors « Vve Babeuf »[6].

Filiation

Son fils unique, Louis-Pierre, né à Courtrai le 5 vendémiaire an X (27 septembre 1801)[7], obtient un brevet de librairie à Paris le 12 février 1836 et exerce à Lyon, rue de la Poulaillerie[8]. Fidèle aux idées de son grand-père, il publie en 1831 La Doctrine de l'État de Fichte sous le titre de L'Idée d'une guerre légitime[9]. Nommé sous-commissaire du gouvernement provisoire (sous-préfet) de Riom le 15 juillet 1848[10], Jules Favre, son ami, appuie sa nomination comme préfet. Quand il quitte sa sous-préfecture le 17 mars 1849, il reçoit de nombreux éloges. Sous le Second Empire, il se voit retirer son brevet de libraire le 16 novembre 1855[11] et devient inspecteur d'assurances. Il meurt le 20 février 1871 à Paris, au 53, rue des Batignolles, laissant deux filles; Marie-Jeanne, l'aînée, s'est mariée en 1853 avec Jean-Baptiste Victor Versigny (1819-1872), député de la haute-Saône sous la Deuxième République.

Il aurait également eu une fille, lingère célibataire morte à Blois le 27 avril 1878, née à Lyon soixante-dix ans plus tôt[12].

Œuvres

  • Lettre à M. le comte Carnot, ministre de l'Intérieur, ou Appel à tous les bons français, pour secourir les victimes des désastres de la dernière invasion, Paris, Laurent-Beaupré, 1815, 8 p.
  • Le Nain tricolore, ou Journal politique des arts, des sciences et de la littérature (en collaboration avec J.-J.-L. Beaupré, Pierre-Joseph-Spiridion Dufey et G.-C. Zenowitz), Paris, Imprimerie du Nain tricolore ; Troyes, Imprimerie de S. Bouquot, 1816, 14 p. (n° 1, janvier 1816)
  • Procès des ex-ministres, précédé de notices historiques, contenant des faits inédits sur MM. de Polignac, de Peyronnet, Chantelauze et de Guernon de Ranville, Paris, A. Hocquart jeune, 1830-1831, 3 vol.

Sources

  • Antoine-Vincent Arnault, Biographie nouvelle des contemporains (1787-1820), Paris, Ledentu, 1827, tome 2 (B-Bez), p. 7-8
  • Biographie des hommes vivants, ou Histoire par ordre alphabétique de la vie publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs actions ou leurs écrits, Paris, L. G. Michaud, septembre 1816, tome 1 (Ab-By), p. 159-160

Notes et référence

  1. François-Alphonse Aulard, L'établissement du consulat à vie, 1895, 314 pages, p. 314.
  2. « Babeuf François Noël dit Gracchus »
  3. Louis Louvet, Curiosités de l'économie politique, Paris, Adolphe Delahays, 1861, p. 135-136.
  4. Claude Mazauric, « La Mémoire de Buonarroti et l'effacement de soi », in Monique Clavel-Lévêque & Laure Lévêque (dir.), Liens de mémoire, Paris, L'Harmattan, 2006, p. 79 (ISBN 2296015360).
  5. Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, Vendôme, 1999, p. 109.
  6. Robert Legrand, Babeuf et ses compagnons de route, Société des études robespierristes, 1981, 454 pages, p. 431.
  7. Robert Legrand, Babeuf et ses compagnons de route, Société des études robespierristes, 1981, 454 pages, p. 433. D'autres auteurs le font naître en 1809. Voir Ernest Belfort Bax, The Last Episode of the French Revolution: Being a History of Gracchus Babeuf and the Conspiracy of the Equals, Grant Richards Ltd., 1911, 271 pages, p. 243.
  8. Pierre Antoine Perrod, Jules Favre, avocat de la liberté: avocat de la liberté, La Manufacture, 1988, 652 pages, p. 28.
  9. Johann Gottlieb Fichte, La doctrine de l'état, 1813 (présentation de Jean-Christophe Goddard, introduction de Marc Maesschalck, traduction de Florence Albrecht), Vrin, 2006, 254 pages, p. 12.
  10. Georges Bonnefoy, Histoire de l'administration civile dans la province d'Auvergne et le département du Puy-de-Dôme: depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours; suivie d'une revue biographique illustrée des membres de l'état politique moderne (députés et sénateurs), É. Lechevalier, 1893, p. 557, et Christiane Lamoussière, Patrick Laharie, Le personnel de l'administration préfectorale, 1800-1880, Centre historique des Archives nationales, 1998, 1159 pages, p. 73 (ISBN 2860002715).
  11. Robert Legrand, Babeuf et ses compagnons de route, p. 436.
  12. Régis Bouis, « À propos de l'acte de décès d'une petite fille inconnue de Gracchus Babeuf survenu à Blois le 27 avril 1878 », dans le Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, Vendôme, Launay, 1975, p. 75-81, cité par les Annales historiques de la Révolution française, Société des études robespierristes, Firmin-Didot & Cie, 1981, p. 490.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Émile Babeuf de Wikipédia en français (auteurs)

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