Conciergerie

Conciergerie
Conciergerie
Conciergerie Paris.jpg
Présentation
Type Palais de justice
Date de construction XIIIe siècle
Protection  Classé MH (1975)[MH 1]
Géographie
Pays France
Région Île-de-France
Localité Paris
Coordonnées 48° 51′ 22″ N 2° 20′ 44″ E / 48.8561034, 2.345666948° 51′ 22″ Nord
       2° 20′ 44″ Est
/ 48.8561034, 2.3456669
  

Géolocalisation sur la carte : Paris

(Voir situation sur carte : Paris)
Conciergerie
La Conciergerie. De gauche à droite : la tour de l’Horloge, la tour de César, la tour d’Argent et la tour Bonbec.
La Conciergerie et les bouquinistes.
La tour de César et la tour d’Argent en gros plan.
La Conciergerie et le Pont au Change la nuit.

La Conciergerie est le principal vestige de l’ancien Palais de la Cité qui fut la résidence et le siège du pouvoir des rois de France, du Xe au XIVe siècle et qui s’étendait sur le site couvrant l’actuel Palais de justice de Paris. De nos jours, l’édifice longe le quai de l’Horloge, sur l’île de la Cité, dans le Ier arrondissement de Paris. Il fut converti en prison d’État en 1370, après l’abandon du palais par Charles V et ses successeurs.

La prison occupait le rez-de-chaussée du bâtiment bordant le quai de l’Horloge et les deux tours ; l’étage supérieur était réservé au Parlement. La prison de la Conciergerie était considérée pendant la Terreur comme l’antichambre de la mort. Peu en sortaient libres. La reine Marie-Antoinette y fut emprisonnée en 1793.

Le monument est géré par le Centre des monuments nationaux à qui il a été attribué à titre de dotation par un arrêté du 2 avril 2008[1]. Il est aujourd'hui possible de le visiter ; des expositions temporaires y sont organisées[2].

De vastes travaux ont été entrepris sur le bâtiment début 2011.

(M) Ce site est desservi par les stations de métro CitéSaint-Michel et Châtelet.

Sommaire

Origine du mot Conciergerie

La Conciergerie désigne d’abord le logement du concierge, puis par extension la prison dans laquelle il maintenait ses prisonniers. Le concierge avait la charge d'un édifice important, par exemple un château ou un palais. Cette définition est attestée dès 1195 par cumcerge. L'étymologie du mot est douteuse. On a supposé un latin obscur concerius, de cera ("cire"), plus souvent un latin hypothétique conservius (dérivé du latin classique conservus, "compagnon d'esclavage")[3], et plus récemment ancien français hypothétique canchiarche, "directeur de la prison"[4].

Historique : Du palais de la Cité à la Conciergerie

Le palais de la Cité fut la demeure des comtes de Paris. Ce palais fut habité par le roi Eudes Ier. Hugues Capet établit dans le palais la Curia Regis (le Conseil royal) et divers services de son administration. Robert II le Pieux le fit rebâtir.

Saint Louis

Saint Louis fit construire la Sainte-Chapelle entre 1242 et 1248. Le Palais était enceint de murailles, dans lesquelles étaient abrités des édifices administratifs comme la cour des comptes, mais aussi juridiques et religieux. Au nord le Palais de Saint-Louis ne joignait la Seine que par un bâtiment nommé « Salle sur l’eau » et flanqué de la tour Bombec (ou Bon-bec) qui doit son nom au fait que s’y trouvait la salle où était pratiquée la « question » (la torture) qui faisait avouer les suppliciés. Dans le Palais, au milieu de la cour de Mai, on plantait chaque année au printemps un arbre d'une quinzaine de mètres afin de célébrer les bienfaits de la nouvelle saison. Dans la cour, le magnifique escalier appelé Grand Degré montait jusqu'à la galerie des merciers que Saint Louis avait fait construire pour accéder directement de ses appartements à la Chapelle Haute de la Sainte Chapelle. Le Palais de Saint Louis fut la résidence des rois de France jusqu'en 1358.

Philippe IV

Philippe le Bel fit reconstruire le palais. Les travaux furent achevés en 1313 sous l’impulsion d’Enguerrand de Marigny. Des enclaves morcelaient alors le terrain royal, et Philippe IV de France expropria les occupants. Il fit bâtir une enceinte (plus décorative qu’utilitaire) qui bordait la Seine et qui renforçait les tours toujours existantes dites « tour d’Argent » (allusion au trésor royal qui y avait été gardé) et « tour César » (ainsi nommée en souvenir de la présence des Romains et dû au fait que la tour est bâtie sur des fondations romaines). De vastes salles furent construites au nord et au sud du palais de la Cité.

La salle des Gardes

La salle des Gardes fut édifiée vers 1310 et servait d’antichambre au rez-de-chaussée de la Grand’Salle.

La Grand-Salle

Sur l'emplacement de l'ancienne Grande salle de Robert II le Pieux (elle-même devant être bâtie sur le prétoire romain) et doublant sa surface en profitant d'un espace libre au nord, Philippe IV le Bel fit construire une grande salle. La Grand-Salle était la pièce où le roi tenait ses « lits de justice » et dans laquelle avaient lieu les réceptions. Les repas étaient servis sur la table de marbre noir (dont il reste un vestige à la Conciergerie).

C’était une salle immense supportée par une file de piliers qui la séparait en deux nefs couvertes de berceaux lambrissés. Murs et piliers étaient ornés de statues représentant chacun des rois de France depuis Pharamond à Philippe IV Le Bel, le souverain contemporain de ces travaux.

La salle des Gens d’armes

Salle des Gens d'Armes

Cette salle est exceptionnelle (le plus grand vestige de salle civile médiévale d’Europe) : longue de 64 mètres, large de 27,5 mètres et haute de 8,5 mètres à la clé, elle fut édifiée en 1302 et 1313 par Enguerrand de Marigny. Elle servait de réfectoire aux très nombreux personnels (environ 2 000 personnes) employés au service du roi.

La façade est, donnant sur la rue de la Barillerie (absorbée depuis par le boulevard du Palais) fut également remodelée et complétée. Du côté de l’ouest (en direction de l’actuelle pointe du Vert-Galant), on dessina les jardins. Derrière le verger et le jardin, on réédifia le logement du roi. Philippe IV fit construire le logement du « concierge ».

Jean II

Vers 1350, Jean II le Bon fit construire à l’angle du palais de la Cité le pavillon carré des cuisines qui était destiné au « commun » de l’hôtel du roi. Les quatre travées ouest de la salle des Gens d’armes furent isolées du reste de la salle par des grilles et par un mur.

Tour de l’Horloge

L’Horloge du XVIe siècle

Jean II fit construire une tour à l’angle nord-est du palais de la Cité. De forme Carrée, massive, haute de 47 mètres, aux murs épais de près d'un mètre, elle accueillit vers 1370 la première horloge publique à Paris, construite par Henri de Vic, horloger lorrain. Cette tour de guet rectangulaire fut ainsi nommée tour de l’Horloge.

En 1418, la municipalité réclama que l'horloge comportât un cadran extérieur "pour que les habitants de la ville puissent régler leurs affaires de jour comme de nuit". Les plus importantes restaurations du cadran furent faites en 1472 par Philippe Brille, en 1585 par le sculpteur Germain Pilon (auvent, sculptures), puis 1685, 1852 et 1909, dates apparaissant au bas du cadran.

L'horloge est encadrée de deux grandes figures allégoriques qui représentent la Loi et la justice.

Deux plaques posées au-dessus et au-dessous de l'horloge portent des inscriptions latines :

  • en haut : « Celui qui lui a déjà donné deux couronnes lui en donnera une troisième », allusion aux couronnes de Pologne et de France portée par son contemporain le roi Henri III ;
  • en bas : « Cette machine qui fait aux heures douze parts si justes enseigne à protéger la Justice et à défendre les lois ».

Le cadran actuel, est de forme carrée, d'un diamètre d'un mètre et demi et est orné au centre de rayons flamboyants et dorés ; il est placé sur le manteau royal de la France au fond d'azur fleurdelisé.

Les aiguilles en cuivre repoussé et bronzé, la grande en fer de lance, la petite terminée en fleur de lis, marquent les heures sur des chiffres romains colorés en relief sur la pierre.

L'horloge est encadrée de deux grandes figures allégoriques qui représentent la Force et la justice.

Charles V

Charles V le Sage décida de quitter le Palais de la Cité pour l’hôtel Saint-Pol ; il y maintint son administration (Parlement, Chambre des Comptes, Chancellerie) et nomma un concierge. Au Moyen Âge, la Conciergerie constitue alors la prison du palais. C’est alors que débute l’histoire de la prison de la Conciergerie.

Le Palais de Justice

C’est aussi à partir de cette époque que se constituera progressivement sur le site du « Palais de la Cité », l’ensemble architectural de l’actuel Palais de justice de Paris, qui abrite notamment la Cour de Cassation et l'essentiel des tribunaux de Cour d'appel de Paris.

La Conciergerie sous la Révolution

Le 6 avril 1793, le Tribunal révolutionnaire s’était installé au premier étage, dans l’ancienne grande-chambre du parlement de Paris. L’accusateur public, Fouquier-Tinville, avait aménagé ses bureaux au même étage, entre les tours de César et d’Argent. Dès lors, tous les prisonniers qui étaient détenus dans les différentes prisons de Paris, ainsi que dans certaines prisons de province, et qui devaient comparaître devant le tribunal, furent progressivement transférés à la Conciergerie. Leur nombre ne cessa d’augmenter, surtout après le vote de la loi des suspects du 17 septembre.

Portrait de Marie-Antoinette réalisé à la Conciergerie quelques jours avant son exécution.

« L’antichambre de la guillotine »

Les détenus qui avaient comparu devant le Tribunal révolutionnaire qui siégeait au Palais de justice attenant et avaient été condamnés à mort n’étaient pas ramenés dans leur cachot. Ils étaient immédiatement séparés des autres prisonniers et conduits, pour les hommes dans l’arrière-greffe, pour les femmes dans de petites cellules situées dans le couloir central. Dès que le bourreau et ses aides arrivaient, tous étaient regroupés dans le vestibule baptisé salle de la toilette pour y être dépouillés de leurs effets personnels, tondus et attachés. Encadrés par des gendarmes, les condamnés - parfois plusieurs dizaines - traversaient la salle du guichet et gagnaient la cour du Mai, donnant sur la rue de la Barillerie (qui se trouvait à l’emplacement de l’actuel boulevard du Palais). C’est là que les détenus attendaient les charrettes qui devaient les conduire à la guillotine.

Détenus célèbres

Il passe à la Conciergerie, durant la Terreur, 2 768 personnes suspectées d'actes anti-révolutionnaires ou coupables de faits avérés, dont :

Les principales pièces de la prison

La salle des Gardes

Anciennement réfectoire du Palais, elle fut réservée à la prison des hommes et sommairement compartimentée en cachots. Devant l’afflux des prisonniers, elle fut divisée par un plancher installé à mi-hauteur, permettant d’aménager ainsi deux salles superposées.

C’est au-dessus de la salle des Gardes, au premier étage, dans l’ancienne grand-chambre du parlement de Paris, que siégeait le Tribunal révolutionnaire.

La rue de Paris

Ce que l’on a baptisé la rue de Paris, dont le nom vient de Monsieur de Paris, surnom donné au bourreau qui venaient visiter les prisonniers par ce couloir, fut, elle aussi, annexée à la prison des hommes et de ce fait compartimentée en minuscule cellules. Celles des « pailleux » étaient réservées aux prisonniers sans ressources ; celles des « pistoles » étaient louées aux prisonniers (dits les pistoliers) de classe moyenne et étaient pourvues d'un lit, enfin pour les plus fortunés étaient louées des cellules pour une seule personne avec de quoi écrire (il était d'usage d'écrire ses mémoires avant de mourir), de la lumière et bien sûr un lit.

Le Grand Préau

Le grand préau.

Il s’agissait de l’ancien jardin du roi, auquel s’était substitué une vaste cour rectangulaire. Celle-ci était entourée d’une galerie compartimentée en cachots pour les hommes.

Le couloir central

Sombre et étroit, il distribuait sur son parcours de nombreuses pièces : la salle du guichet, le bureau du concierge, le greffe, l’arrière-greffe, le parloir, une pièce de repos pour les guichetiers, l’infirmerie, la chapelle, quelques cellules pour femmes...

La cour des Femmes

Ancien jardin bordant le logis du roi, cette cour était le lieu de promenade des femmes. Elle était entourée de cellules dont le confort variait suivant les possibilités pécuniaires des détenues. Dans cette cour, les femmes lavaient leur linge à une fontaine (aujourd’hui encore existante); sur l’une des tables de pierre, elles prenaient leur repas. L’endroit fut, dans la vie cellulaire révolutionnaire, un lieu important pour la vie sociale des prisonniers. Dans un coin subsiste ce qui fut le « côté des Douze » : un enclos triangulaire séparé par une grille de la cour des femmes, dépendant du quartier des hommes et, surtout qui comptait chacun des "douze" condamnés qui pouvaient une dernière fois, dans cet espace, dire au revoir à leur famille avant d'être emportés par la charette (à douze places...) vers la guillotine.

Le bureau du greffier

La cour des femmes.

Il a été reconstitué dans le musée de la Conciergerie. C’était là que l’on inscrivait, dès leur arrivée, les noms des détenus sur les registres. Cette pièce est devenue la buvette du Palais de Justice.

La salle de la toilette

À cet endroit, les condamnés à mort étaient dépouillés de leurs objets personnels au profit de l’État ou du bourreau, peu rémunéré et pour qui, donc, il n'y avait pas de petits gains : bijoux, tabatières, lunettes, montres. Chacun d’eux était ensuite assis sur un escabeau, avait les mains liées derrière le dos, puis le col de sa chemise était échancré afin d’avoir les cheveux coupés au ras de la nuque. Les condamnés étaient ensuite escortés jusqu’à la cour du Mai, où attendaient les charrettes qui devaient les conduire sur leur lieu d’exécution.

La petite chapelle royale

Dite « Chapelle des Girondins », existait déjà au Moyen Âge. La tradition y situe le lieu dans lequel les vingt-et-un Girondins attendirent la mort dans la nuit du 29 au 30 octobre 1793.

La première cellule de Marie-Antoinette

Le quartier des femmes.

La première cellule de Marie-Antoinette d'Autriche fut installée dans l’ancienne chambre de réunion des guichetiers (une cellule humide composée d’un lit de sangle, d’un fauteuil en canne, de deux chaises et d’une table) donnant sur la cour des femmes par une étroite fenêtre. Après une tentative d’évasion (voir Alexandre Gonsse de Rougeville), Marie-Antoinette fut transférée dans la deuxième cellule. (La reconstitution de la cellule de la reine a été faite pour une moitié sur l’authentique cellule et pour l’autre moitié sur la travée contiguë à l’est). Un paravent la séparait des gendarmes assurant sa surveillance.

La seconde cellule de Marie-Antoinette

Située à côté de la petite chapelle royale. Louis XVIII de France fit ériger à l’endroit même de la cellule de la reine, qui fut coupée par un mur, une chapelle. La moitié ouest fut réunie à la chapelle par un local où la tradition situe les dernières heures de Maximilien de Robespierre.

Après la Révolution

Le préau des femmes.

Au XIXe siècle, furent détenus à la Conciergerie des prisonniers célèbres tels que : Georges Cadoudal, Michel Ney, le prince Napoléon Bonaparte (futur Napoléon III) et les anarchistes Felice Orsini et Ravachol.

La Conciergerie garde cette fonction carcérale tout au long du XIXe siècle et son appropriation au régime cellulaire est autorisée par arrêté du 15 mai 1855 lors des travaux de réfection des cellules par Louis-Joseph Duc. Le monument perd son statut de prison en 1914, il est classé monument historique, il est ouvert au public et abrite ponctuellement des expositions. On y trouve aussi une reconstitution des geôles révolutionnaires des cellules à pailleux, à pistole et celle de Marie-Antoinette, la lame de la guillotine qui servit à l’exécution de Lacenaire.

Le nom de Conciergerie désigne alors à la fois une partie du quartier de détention, c’est-à-dire la prison des femmes, et l’ensemble des salles gothiques, à savoir la salle des gens d’armes, la Rue de Paris, la salle des gardes et les cuisines. Ainsi, le nom de Conciergerie désigne des réalités différentes au cours des siècles mais elle a une origine pénitentiaire pratiquement depuis sa création.

Une partie de la Conciergerie nommée Dépôt est toujours utilisée pour les prisonniers en instance de jugement et les délinquants pris en flagrant délit, au 3 quai de l’Horloge. Il est aussi utilisé comme centre de rétention administrative (CRA).

On trouve un témoin de la crue de la Seine de 1910 à environ un mètre de hauteur de la salle donnant accès aux tours d’Argent et de César.

Liens internes

Notes et références

  1. Arrêté du 2 avril 2008.
  2. http://www.conciergerie.monuments-nationaux.fr/
  3. Article Concierge du TLFi (Trésor de la Langue Française Informatisé), http://atilf.atilf.fr/tlf.htm. L'étymologie proposée par le Online Etymology Dictionary - http://www.etymonline.com - est identique.
  4. Bernard Gineste, Onomastica 1, 2009.

Références MH

  1. Notice no PA00085991, sur la base Mérimée, ministère de la Culture

Liens externes

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