- Église réformée hollandaise
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L'Église réformée hollandaise est la dénomination commune des 3 églises réformées calvinistes établies en Afrique du Sud :
- la Nederduitsch Hervormde Kerk (l'église réformée hollandaise d'Afrique)
- la Nederduits Gereformeerde Kerk (l'église réformée hollandaise ou Synode du Cap - NGK), membre de l'ARM,
- la Gereformeerde Kerk van Suid-Afrika (l'église réformée d'Afrique du Sud).
Les différences entre les 3 églises sont essentiellement d'ordre doctrinal. Si elles sont toutes trois autonomes, elles sont liées par un organisme consultatif fédéral.
L'église réformée hollandaise est indissociable du peuple Afrikaner et est la plus ancienne des églises chrétiennes du pays. Elle est présente essentiellement en Afrique du Sud et en Namibie.
L'église réformée hollandaise dans son ensemble représente 70% de la population afrikaner. En 2007, La Nederduits Gereformeerde Kerk représente 14 % de la population dont 40 % des blancs[1] .
Sommaire
Historique
En 1652, quand Jan van Riebeeck établit le relais commercial du Cap pour le compte de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, tous les employés de celle-ci étaient membres de l'église réformée.
Ce n'est qu'en 1665 que débarque au Cap le premier pasteur de l'église réformée, Johan van Arckel. Un consistoire est alors établi en Afrique du Sud contrôlé par le presbytère d'Amsterdam.
En 1688, 228 réfugiés Huguenots renforcent la communauté calviniste. L'église réformée, église officielle de la colonie, garde son monopole jusqu'en 1780, date où le culte de l'église luthérienne est autorisée car de nombreux employés de la compagnie néerlandaise sont des allemands.
Durant tout le XVIIIe siècle, l'église réformée d'Afrique du Sud reste sous le contrôle de l'église réformée basée à Amsterdam. Les pasteurs sont chargés de l'enseignement et de la communion, évènement majeur mobilisant la communauté des Boers.
L'occupation française des Pays-Bas suivie de l'occupation britannique de la colonie du Cap rompt les liens entre l'église réformée et sa filiale sud-africaine. Quand ceux-ci sont finalement rétablis au bout de plusieurs années, ce sont des pasteurs écossais formés aux Pays-Bas qui sont envoyés prêchés en Afrique du Sud pour répandre des idées imprégnées de libéralisme et de rationalisme. En fait, la Grande-Bretagne, nouvelle puissance tutélaire, espère se reposer sur cette institution religieuse qu'est l'église réformée hollandaise pour angliciser la communauté boer. L'anglais s'impose alors progressivement dans la liturgie.
L'expansion de la colonie vers l'intérieur des terres avait permis le développement d'un néo-calvinisme boer, adapté aux rudes conditions de vie et hors du contrôle de la métropole néerlandaise ou britannique. Le Grand Trek en 1835 par lequel 15 000 boers quittaient la colonie du Cap pour fonder leurs propres républiques allait définitivement assurer le développement d'une nouvelle église calviniste indépendante. En effet, en 1837, la NGK du Cap avait condamné le Trek et dénonçait l'attitude des Boers, accusés d'entrainer le déclin de la civilisation chrétienne et interdit à ses pasteurs d'accompagner les Voortrekkers livrés spirituellement à eux-mêmes.
La destinée religieuse des Voortrekkers est alors confiée aux patriarches qui font office de pasteur et lisent la Bible tous les dimanches aux groupes, interprétant le destin du peuple Boer à la lumière des écritures saintes.
Des républiques boers sont ainsi fondées dans ce contexte au début des années 1850 alors que l'évolution des courants religieux aux Pays-Bas, traversés par des courants humanistes ou conservateurs, ont également de profondes incidences en Afrique du Sud.
Si le contact avait finalement était établi entre les républiques boers et la NGK du Cap et qu'un pasteur des Pays-Bas, Dirk Van der Hoff, était parvenu à se faire accepter au Transvaal, les relations avaient été de nouveau rompues en 1856 avec la fondation au Transvaal de l'église réformée du Transvaal sous le nom de Hervormde Kerk.
Un courant fondamentaliste néanmoins émergea, les Doppers, qui fonde à son tour la Nederduitsch Hervormde Kerk reconnue église d'état de la république sud-africaine du Transvaal en 1860. Les doppers sont les premiers à croire en l'idée que les Boers sont aussi un peuple élu accomplissant sa destinée dans l'Histoire. La NHK subit néanmoins elle-aussi un schisme fondamentaliste avec la création à Rustenburg de la Gereformeerde Kerk van Suid-Afrika dirigé par Dirk Postma.
Toutes ces églises du Transvaal se réclament des concepts religieux d'Abraham Kuyper, un calviniste austère qui cherche à renouer avec le modèle de la théocratie genevoise originelle, fondateur d'une église séparatiste et de l'université libre d'Amsterdam. Plus généralement, les églises réformées du Cap, du Transvaal et de l'État libre d'Orange voient dans le néo-calvinisme de Kuyper la restauration de la foi originelle et le retour aux Écritures saintes.
Ce néo-calvinisme va se répandre avec succès et contrer l'influence des méthodistes et des évangéliques britanniques de la colonie du Cap.
Ainsi, à la fin du XIXe siècle et tout au long du XXe siècle, trois églises réformées se partagent l'Afrique du Sud et la communauté blanche:
- la Nederduitsch Hervormde Kerk (l'église réformée hollandaise d'Afrique) : puissante au Transvaal, elle a pris naissance à Potchefstroom et est la plus conservatrice des églises afrikaners. Ses adhérents, les doppers, ne chantent pas d'hymnes. Ce fut l'église de Paul Kruger, le président du Transvaal.
- la Nederduits Gereformeerde Kerk (l'église réformée hollandaise ou Synode du Cap) : la plus importante et la plus influente. Puissante dans l'état libre d'Orange, elle est organisée sur une base fédérale. Elle est la plus libérale des trois églises bien que son rôle soit fondamental dans la mise en œuvre de l'apartheid.
- la Gereformeerde Kerk van Suid-Afrika se veut la filiale la plus directe de l'église réformée de Hollande.
Très proches les unes des autres, elles vont toutes trois jouer un rôle actif dans la montée du nationalisme afrikaner autour des concepts de peuple élu et de mission divine qui vont générer des comportements, des valeurs et des normes de conduite aboutissant à une politique dont l'apartheid est l'expression la plus achevée.
Au Cap, l'église réformée hollandaise avait ouvert des églises pour les noirs et les métis mais si la ségrégation raciale était la norme, les églises réformées blanches, métis et noires relevaient toutes trois de l'église réformée unie d'Afrique australe. L'église réformée du Cap se développa ainsi au Natal.
Après la Seconde Guerre des Boers (1899-1902), l'église réformée du Cap joua un rôle important dans l'opposition à l'anglicisation forcée des Afrikaners. Ceux-ci étaient victimes de nombreuses mesures vexatoires comme l'interdiction de parler l'afrikaans dans les écoles ou les administrations publiques. Les pasteurs de l'église réformée se firent alors les porte-paroles du mouvement identitaire afrikaner.
En 1949, le synode de la NGK exprime son soutien à la mise en place des lois d'apartheid.
En 1950, le congrès des 3 églises réformées hollandaises adoptent le principe d'un apartheid géographique total, soit une division totale du pays.
Les liens entre l'église réformée hollandaise et le pouvoir afrikaner culminent sous le gouvernement de John Vorster (1966-1978), son frère, Koot Vorster, étant d'ailleurs un modérateur de la NGK.
En 1982, l'église réformée hollandaise est exclue de l'Alliance réformée mondiale, qui regroupe plus de 75 millions de protestants réformés dans 100 pays du monde. Elle effectue un revirement théologique en 1986 en condamnant la ségrégation raciale.
En 1989, elle refuse néanmoins à une courte majorité de considérer l'apartheid comme une hérésie ni de demander pardon aux branches métisses et noires de la NGK pour les avoir exclues.
En 1992, les Afrikaners fidèle à l'apartheid ont quitté la NGK et fondé l'Afrikaanse Protestante Kerk (APK) constituant une nouvelle église réformée.
Pasteurs
Bibliographie
- François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Seuil, 2006, p. 295-296
- Paul Coquerel, L'Afrique du Sud des Afrikaners, p. 75 et s., Complexes, 1992
- John Gunther, L'autre Afrique, Gallimard, 1958, p. 194 et s.
Notes
Article connexe
Lien externe
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