- Vieux norrois
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Vieux norrois Période du VIIe au XVe siècle Langues filles langues scandinaves Parlée en Islande et Scandinavie Classification par famille - - langues indo-européennes
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Codes de langue ISO 639-2 non ISO 639-3 non IETF non Échantillon Texte du Notre Père Faþer vár
Faþer vár es ert í himenríki,
Verði nafn þitt hæilagt
Til kome ríke þitt, værði vili þin
sva a iarðu sem í himnum.
Gef oss í dag brauð vort dagligt
Ok fyr gefþu oss synþer órar,
sem vér fyr gefom þeim er viþ oss hafa misgert
Leiðd oss eigi í freistni, heldr leys þv oss frá öllu illu.modifier Le vieux norrois (ou norrois, norois ou encore vieil islandais) correspond aux premières attestations écrites d'une langue scandinave médiévale.
Sommaire
On distingue traditionnellement trois périodes dans l'évolution des langues scandinaves :
- avant le VIIe siècle, le stade de l'ancien scandinave, qui ne comprenait pas encore de variantes dialectales significatives ;
- entre le VIIe siècle et le XVe siècle, celui du vieux scandinave, qui se différenciait en deux dialectes très similaires :
- le dialecte du scandinave oriental, parlé au Danemark, dans le Schleswig (aujourd'hui allemand) et dans ses établissements d'outremer : le Danelaw en Angleterre et une petite partie de la Normandie. Il était parlé également en Suède et dans les établissements varègues de Russie. Il s'est progressivement scindé, à partir du XIIe siècle, en vieux suédois et vieux danois (on ajoute souvent à ces deux dialectes une troisième branche, le vieux gutnisk parlé sur l'île de Gotland ;
- le dialecte du scandinave occidental, qui est le seul à être désigné usuellement sous le nom de (vieux) norrois, parlé en Norvège et dans ses anciennes colonies d'outremer : Islande, îles Féroé, îles Shetland, îles Orcades, île de Man, certaines parties de l'Écosse (notamment insulaires), de la Normandie (voir influence du vieux norrois et du vieux danois sur le normand et la toponymie normande), du Groenland, ainsi que dans les quelques comptoirs Vikings d'Irlande.
- Les descendants actuels du scandinave occidental sont l'islandais, le féringien (des îles Féroé) et le norvégien ; des trois, c'est ce dernier qui a changé le plus radicalement, en partie à cause de l'influence du danois et du suédois, mais surtout du fait de l'orientation donnée par l'évolution linguistique générale de la Scandinavie.
- à partir du XVe siècle, enfin, on entre dans l'ère des langues scandinaves modernes : principalement le norvégien, le danois, le suédois et l'islandais.
Le vieux norrois est de loin la variété la mieux attestée d'ancien scandinave ; le norrois « classique » est le langage dans lequel ont été rédigées les sagas islandaises des XIIe et XIIIe siècles, dont la plus connue, l'Edda décrivant avec une neutralité étonnante de la part d'un clerc la mythologie viking.
Système phonologique du norrois
Les graphies et leur valeur phonétique
L'ancien scandinave est attesté sous deux formes graphiques :
- en écriture runique, aussi appelée futhark
- en alphabet latin, qui fut introduit en même temps que le christianisme peu après l'an 1000.
Dans l'alphabet latin, il a été nécessaire d'ajouter certains signes pour représenter tous les sons de l'ancien scandinave. Voici un tableau des voyelles de l'ancien scandinave telles qu'elles étaient représentées dans l'alphabet latin :
Voyelles d'avant Valeur i [i] í [iː] y [y] ý [yː] u [u] ú [uː] Voyelles d'arrière Valeur e [ɛ] é [eː] ø [ø] œ [œː] o [ɔ] ó [oː] æ [ɛː] a [a] á [aː], [ɑː] ǫ [ɒ] Les symboles ǫ, ę (n'est plus utilisé et n'apparaît donc pas dans le tableau) et ø (à l'origine une ligature par superposition de o et e) datent du XIIe siècle. Ils ont été proposés pour l'orthographe du vieil islandais par l'auteur du Premier traité de grammaire. Æ est emprunté au vieil anglais. Le vieux norrois connaissait en outre trois diphtongues : æi, ǫu et æy. Ces diphtongues étaient transcrites par des digrammes dans les manuscrits.
Pour les consonnes, on emprunta les graphèmes þ (th dur, comme dans faith en anglais, souvent translittéré th) et ð (th doux, comme dans le the anglais ; souvent translittéré dh) au vieil anglais ; le signe y transcrivant la voyelle labiale d'avant fermée fut aussi emprunté au vieil anglais.
Consulter aussi Transcription des langues germaniques.
L'accentuation
Le vieux norrois faisait la différence entre syllabes accentuées et syllabes non-accentuées. L'accent portait habituellement sur le radical des mots, c'est-à-dire, dans la plupart des cas, sur la première syllabe. Dans les mots composés, le premier élément portait en général l'accent primaire, mais un accent secondaire apparaissait sur le deuxième élément. Dans certains cas, c'était le préfixe qui était porteur de l'accent (et le radical restait alors inaccentué).
Morphologie du vieux norrois
Les noms
Les noms du norrois se classent selon deux critères :
- leur suffixe d'origine
- leur genre.
Suffixes forts et suffixes faibles
Il y avait deux possibilités :
- le suffixe accentué d'origine se terminait par la voyelle a, o long, i ou u : le nom relevait alors de la déclinaison forte;
- le suffixe accentué d'origine se terminait par la séquence an, on ou in : le nom relevait alors de la déclinaison faible. À cette déclinaison appartenaient également quelques noms se terminant en nd ou en r, ou bien ceux qui ne se terminaient pas par un suffixe accentué.
Le genre nominal
Le vieux norrois comportait trois genres grammaticaux : masculin, féminin, et neutre. Le genre dépendait généralement du suffixe accentué originel du nom ; en général :
- les noms en -a étaient masculins ou neutres ;
- les noms en -o long étaient féminins ;
- les noms en -u, masculins ;
- les noms en -n, nd ou r étaient soit masculins soit féminins.
Le nombre
À l'origine, il existait trois nombres grammaticaux : le singulier, le pluriel et le duel, comme en grec ancien ou en breton. À l'époque classique, toutefois, le duel s'était depuis longtemps fondu avec le pluriel... en ce qui concerne les noms, du moins.
Les déclinaisons nominales
Les déclinaisons du vieux norrois comprenaient quatre cas, les mêmes que ceux que l'on retrouve en allemand moderne : nominatif, accusatif, génitif et datif.
Exemple de déclinaison forte :
cas singulier pluriel nominatif armaz > armr armōr > armar accusatif arma > arm armanz > arma génitif armas > arms armō > arma datif armē > armi armumz > ǫrmum (Précédés d'un point, les formes reconstituées ; à leur suite, les formes attestées en norrois classique).
Exemple de déclinaison faible :
cas singulier pluriel nominatif granni grannar accusatif granna granna génitif granna granna datif granna grǫnnum Les adjectifs
À l'origine, les adjectifs étaient déclinés comme les noms ; cependant, déjà en proto-germanique, on adopta certaines formes pronominales qui donnèrent naissance à une déclinaison adjectivale particulière, mixte des déclinaisons nominale et pronominale. Les formes spécifiquement pronominales sont :
cas singulier pluriel masculin féminin neutre masculin féminin neutre nominatif - - t ir - - accusatif (a)n a t - - - génitif - rar - ra ra ra datif um ri u - - - Les autres formes utilisent :
- les terminaisons en a au masculin et au neutre ;
- et les terminaisons en ō au féminin.
Cette déclinaison est utilisée lorsque l'adjectif fonctionne comme prédicat ou modifie une phrase nominale indéfinie. Cette déclinaison est aussi appelée « déclinaison forte ».
Dans les phrases nominales définies, on utilise en revanche une « déclinaison faible » :
- terminaison an au masculin et au neutre singulier ;
- terminaison ōn au féminin singulier ;
- au pluriel, terminaison um au datif pour tous les genres, et u à tous les autres cas.
Comparatif et superlatif
Il existait deux systèmes en norrois :
- la plupart des adjectifs utilisaient le suffixe -ar pour former le comparatif et -ast pour le superlatif : ríkr → ríkari → ríkarstr, « puissant ».
- mais un petit groupe d'adjectifs formaient leur comparatif et leur superlatif avec les suffixes -r et -st associés à une inflexion provenant d'un i disparu qui précédait la finale : langr → lengri → lengstr, « long ».
Les pronoms personnels
La série des pronoms est, en norrois, composée de trois systèmes morphologiques distincts :
- les pronoms personnels proprement dits
- les pronoms de la troisième personne
- les pronoms démonstratifs de distance et de proximité.
Les trois séries s'organisent selon des systèmes différents.
Les pronoms personnels proprement dits
Ils s'organisent en trois nombres (singulier, duel, pluriel) et quatre cas, mais ne font pas de différences entre les genres. Ce sont les pronoms de la première et de la deuxième personne, et les réflexifs de la troisième personne. Parmi les nombres, le duel correspond, comme en grec ancien, aux situations où deux individus (ou deux groupes) sont face à face.
Tableau des pronoms personnels proprement dits :
cas singulier duel pluriel nominatif ek þú - vit it vér ér accusatif mik þik sik okkr ykkr oss yðr génitif mín þín sín okkar ykkar vár yðar datif mér þér sér okkr ykkr oss yðr Les pronoms personnels de la troisième personne
Cette série s'organise en distinguant les genres (masculin et féminin) et correspond à une racine germanique caractérisée par un préfixe h-. En vieux norrois, ce système s'utilise uniquement au singulier et seulement pour les genres masculin et féminin. Le génitif tient lieu de pronoms et d'adjectifs possessifs.
Déclinaison des pronoms de la troisième personne :
cas masculin féminin nominatif hann hon accusatif hann hana génitif hans hennar datif honum henni Les pronoms démonstratifs de distance et de proximité
Cette série se divise en deux groupes :
- les démonstratifs de distance : ils sont formés sur deux paradigmes, sa (qui n'est utilisé que pour le nominatif singulier et le féminin), et þa :
cas singulier pluriel masculin féminin neutre masculin féminin neutre nominatif sá sú þat þeir þær þau accusatif þann þá þat þá þær þau génitif þess þeirrar þess þeirra þeirra þeirra datif þeim þeirra því þeim þeim þeim - et les démonstratifs de proximité. Ces derniers étaient à l'origine formés sur la base des démonstratifs de distance, à laquelle on ajoutait les suffixes -si ou -a, voire les deux comme dans l'ancien scandinave þansi. Ce système n'est cependant jamais attesté de façon consistante; la racine et le suffixe semblent s'être mêlés très tôt pour former un nouveau radical de déclinaison très irrégulière. C'est pourquoi les formes de ce type de pronom démonstratif a beaucoup varié en fonction des lieux et des époques.
Les pronoms interrogatifs
Ces pronoms s'emploient comme en anglais : Hver ert þú ? = Qui es-tu ?
Hvar ? Quoi
Hver ? Qui
Hví ? Pourquoi
Les verbes
Comme les autres langues germaniques, le norrois fait la distinction entre verbes forts et verbes faibles. À l'origine, les verbes faibles étaient formés d'un simple radical auquel on ajoutait un suffixe accentué; au passé, on se contentait d'ajouter une terminaison dentale à ce suffixe accentué.
Les verbes forts, au contraire, ne possédaient pas de suffixe accentué ; le changement de temps était marqué par une alternance vocalique dans le radical. En norrois, le système temporel se construit autour d'une seule opposition : passé face à tout ce qui n'est pas passé (en particulier, le présent). On retrouve un système similaire dans les langues sémitiques, qui opposent l'accompli à l'inaccompli (voir l'article Arabe standard moderne).
Syntaxe du vieux norrois
Au présent
La phrase s'organise de la manière suivante :
Complément Sujet Verbe
exemples : Chez moi je retourne. Avec mon cheval en ville tu vas.
Diffusion
Le vieux norrois a influencé de nombreuses langues : le russe, l'anglais, le normand et le français via le normand. Les langues qui en sont aujourd'hui les plus proches sont les langues scandinaves.
En France, la toponymie normande et l'anthroponymie sont caractérisées par la présence d'appellatifs toponymiques issus du vieux norrois (both > -beuf « barraque, village », topt > -tot « établissement », bekkr > -bec « ruisseau », lundr > -lon « bois, forêt », lunda > londe « bois, forêt », thorp > torp(s), tour(p) « hameau », thveit > -tuit, Thuit- « essart », etc.) et les nombreux noms de personnes qui y sont inclus, ainsi que l'existence de nombreux patronymes, jadis prénoms (Ouf, Ingouf, Toutain, Anquetil, Turquetil, Angot, Anfry, Estur, Doudement, etc.); ceci est dû à l'installation de colons danois, norvégiens et anglo-scandinaves au Moyen Âge qui se poursuit sur plusieurs générations après la création d'une principauté normande (en 911).
Voir aussi
Liens internes
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