- Essart
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Un essart est un défrichage effectué dans le but d'installer une communauté humaine.
Histoire
La pratique de l'essartage s'est développée en Europe à partir du XIIIe siècle, afin de permettre à une population en augmentation démographique importante de pouvoir subvenir à ses besoins. Le XIIIe siècle est en effet le temps d'un « monde plein », c'est-à-dire que les espaces cultivables sont devenus insuffisants pour nourrir la population. Elle résulte d'un accord entre un ecclésiastique et un propriétaire laïc (souvent un seigneur) : le laïc fournit la terre à défricher, tandis que l'ecclésiastique fournit les essarteurs (souvent des moines). Le laïc s'engage aussi généralement à construire une église ou une chapelle sur la terre nouvellement défrichée. L'ensemble de cet accord est un contrat de pariage.
Les moines cisterciens ont été les spécialistes de cette technique. Il s'agissait de trouver un lieu propice à l'installation (proximité d'une source, salubrité, position élevée...) puis de le défricher d'abord par la coupe du bois, l'arrachage des taillis et ronces, puis en le brûlant pour le débarrasser et le fertiliser. Les essarteurs vivaient sur place le temps du défrichage, puis une communauté, généralement venue d'un village voisin, venait terminer le travail et s'installait.
Toponymes
La toponymie a conservé le souvenir des grands mouvements de défrichement : preuve en est la multiplicité des villages, lieux-dits ou quartiers nommés Les Essarts, Essartiers, Essert, Essertines ou Les Sertines, mais aussi Sartes ou Sart en Belgique romane, dans le Nord et le Centre de la France, Artigue dans le Sud-Ouest de la France (qui renvoie à la pratique du défrichement par brûlis), Thuit en Normandie (du norrois thveit, « essart »).
Le germanique *reudijanan « défricher » (bas-allemand reuten, haut-allemand riuten) a également laissé de nombreuses traces dans la toponymie d'Europe occidentale (notamment dans le nord et l'est du domaine d'oïl) : Le Rœulx, Rœux, Rhode, Roux, Roux-Miroir, Wernigerode, Roetgen, Marienrode, etc.
En Italie, on trouve des villages dénommés Ronco (« serpe »). Enfin, d'autres toponymes renseignant sur la fondation de centres d'habitat pourvus de privilèges (les Villeneuve, Villefranche, Sauveterre, mais aussi Bastide, etc.) peuvent également être liés aux grands mouvements de défrichement.
Patronymes
Certains noms de famille en témoignent également :
- Charlotte des Essarts, maîtresse d'Henri IV
- Nicolas Toussaint Lemoyne Desessarts, bibliographe
- Nicolas Herberay des Essarts, traducteur du XVIe siècle
- Pierre des Essarts, surintendant des finances sous Charles VI
- Léonce-Eugène Fabre des Essarts, occultiste
- Jean-Charles Desessartz, médecin, "inventeur" du sirop qui porte son nom
- Lessard.
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