Traité instaurant une zone exempte d'armes nucléaires en Afrique

Traité instaurant une zone exempte d'armes nucléaires en Afrique

Traité de Pelindaba

Le traité de Pelindaba :      États ayant ratifié le traité au 1er novembre 2008      Autres États de l'Union africaine

Le traité de Pelindaba est un traité qui - sous l'égide de l'Organisation de l'unité africaine - a été ouvert à la signature au Caire le 11 avril 1996 avec l'objectif de créer une zone exempte d'armes nucléaires (ZEANA)[1] en Afrique.

À la date du 1er novembre 2008, le traité n'est pas encore entré en vigueur. En effet, alors que 28 ratifications sont nécessaires pour cela (soit la moitié des États membres de l'Union africaine plus un), seuls 25 États l'ont ratifié[2].

Sommaire

Dispositions du traité

Selon les termes du traité, les États-parties s'engagent à :

  • renoncer à mettre au point, fabriquer, stocker, acquérir ou posséder des dispositifs explosifs nucléaires[3] (article III);
  • interdire le stationnement de dispositifs explosifs nucléaires (article IV) ;
  • interdire les essais de dispositifs explosifs nucléaires (article V) ;
  • déclarer, démonter, détruire ou convertir les dispositifs explosifs nucléaires et les installations permettant leur fabrication (article VI) ;
  • interdire le déversement de déchets radioactifs (article VII) ;
  • promouvoir les activités nucléaires pacifiques et vérifier leur utilisation pacifique (article VIII et IX) ;
  • protéger physiquement les matières et installations nucléaires (article X) ;
  • contrôler le respect des engagements via la Commission africaine de l'énergie atomique (article XII).

Enfin, le traité a une durée illimitée et tout État qui désire s'en retirer doit fournir un préavis de 12 mois.

Le traité comporte trois protocoles additionnels :

  • le protocole I demande aux cinq puissances nucléaires reconnues par le traité de non-prolifération (la Chine, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie) de ne pas utiliser ou menacer d'utiliser un dispositif explosif nucléaire contre les États parties du traité et contre tous les territoires compris dans la zone couverte par le traité.
  • le protocole II demande aux cinq puissances nucléaires reconnues par le TNP de ne pas tester de dispositif explosif nucléaire dans la zone couverte par le traité.
  • le protocole III demande aux États qui sont de jure ou de facto responsables de territoires situés dans la zone (à savoir, l'Espagne et la France) d'appliquer les dispositions du traité sur ces territoires.

Originalité par rapport aux autres zones exemptes d'armes nucléaires

Le traité comporte plusieurs originalités par rapport aux autres accords du même type :

  • Contrairement aux autres traités instituant des zones exemptes d'armes nucléaires, le traité de Pelindaba utilise le terme « dispositif explosif nucléaire » plutôt qu'« arme nucléaire ». Ce terme couvre « toute arme nucléaire ou tout dispositif explosif capable de libérer l'énergie nucléaire » ; toutefois, il « ne couvre pas les moyens de transports ou les vecteurs de ces armes ou de ces dispositifs » (art.I).
  • Chaque État-partie reste libre décider d'autoriser ou non le transit d'armes ou de dispositifs explosifs nucléaires via son territoire.
  • Un de ses États-parties, l'Afrique du Sud, a détenu l'arme atomique et y a renoncé volontairement.
  • Une clause spéciale interdit le déversement de déchets radioactifs sur le territoire des États-parties.

Étendue géographique

La ZEANA couvre l'ensemble du continent africain ainsi que les îles suivantes :

Historique

En 1961, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution demandant à ses États-membres de respecter le statut de zone dénucléarisée du continent africain. En 1964, l'Organisation de l'unité africaine (OUA) adopte la Déclaration sur la dénucléarisation de l'Afrique.

Il a cependant fallu attendre la décision de l'Afrique du Sud de se séparer de ses armes nucléaires et d'abolir l'apartheid en 1991 pour que des négociations puissent s'engager entre les États du continent en vue de faire de l'Afrique une zone exempte d'armes nucléaires. En juin 1995, à Johannesbourg, le texte final du futur traité est approuvé par le Groupe d'experts mis en place à cet effet. Le 23 juin de l'année suivante, les chefs d'États africains approuvent le texte final du projet de zone exempte d'armes nucléaires en Afrique. Finalement, le 11 avril 1996, au Caire, en Égypte, tous les chefs d'État de l'OUA signent le traité sur la zone exempte d'armes nucléaires en Afrique.

Par la suite, le processus de ratification s'est avéré particulièrement long. En effet, deux ans après la signature, seuls huit États (l'Afrique du Sud, l'Algérie, le Burkina Faso, la Gambie, la Mauritanie, Maurice, la Tanzanie et le Zimbabwe) avaient ratifié le texte. En 2005, la ratification du traité par la Libye suite à l'annonce de sa renonciation à son programme nucléaire militaire, portait le nombre de ratifications à vingt. À l'heure actuelle, plus de douze ans après sa signature, le traité instituant une zone exempte d'armes nucléaires en Afrique n'est toujours pas entré en vigueur, trois ratifications supplémentaires étant nécessaires pour cela.

Origine du nom du traité

Le traité a pris le nom de Pelindaba suite à la proposition d'un des négociateurs sud-africains, recueillant l'assentiment des autres négociateurs en raison du double sens du mot. En effet, d'une part, le mot « pelindaba » vient de l'expression zouloue phelile indaba, qui peut se traduire par « le problème, la discussion est réglée » ou « l'incident est clos ». D'autre part, Pelindaba est également le nom de la localité (située à une trentaine de kilomètres de Johannesburg) où se trouvait le centre de recherche nucléaire où furent conçues, construites et entreposées les armes nucléaires sud-africaines.

Ainsi, donner ce nom à la ZEANA permettait de symboliser le changement de politique de l'Afrique du Sud en ce qui concerne les armes nucléaires, changement qui avait permis de relancer les négociations en vue de faire du continent une zone exempte d'armes nucléaires.

Adhésions au traité et à ses protocoles

À la date du 1er août 2008, le traité n'est pas encore entré en vigueur. En effet, alors que 28 ratifications sont nécessaires pour cela (soit la moitié des États membres de l'Union africaine plus un), seuls 26 États l'ont ratifié.

Adhésions au traité

État Signature Ratification
Afrique du Sud Afrique du Sud 11 avril 1996 13 mars 1998
Algérie Algérie 11 avril 1996 23 décembre 1997
Angola Angola 11 avril 1996 -
Bénin Bénin 11 avril 1996 17 juillet 2007
Flag of Burundi.svg Burundi 11 avril 1996 -
Botswana Botswana 9 juin 1998 13 mars 1998
Burkina Faso Burkina Faso 11 avril 1996 12 mai 1998
Cameroun Cameroun 11 avril 1996 -
Cap-Vert Cap-Vert 11 avril 1996 -
Comores Comores 11 avril 1996 -
Flag of the Republic of the Congo.svg Congo 27 janvier 1997 -
Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire 11 avril 1996 20 mai 1999
Djibouti Djibouti 11 avril 1996 -
Égypte Égypte 11 avril 1996 -
Flag of Eritrea.svg Érythrée 11 avril 1996 -
Éthiopie Éthiopie 11 avril 1996 18 février 2008
Drapeau du Gabon Gabon 11 avril 1996 18 mai 2007
Gambie Gambie 11 avril 1996 3 septembre 1996
Ghana Ghana 11 avril 1996 -
drapeau de la Guinée Guinée 11 avril 1996 26 mai 1999
Guinée équatoriale Guinée équatoriale - 20 décembre 2002
Guinée-Bissau Guinée-Bissau 11 avril 1996 -
Kenya Kenya 11 avril 1996 15 novembre 2000
Flag of Lesotho.svg Lesotho 11 avril 1996 6 mars 2002
Flag of Liberia.svg Liberia 9 juillet 1996 -
drapeau de la Libye Libye 11 avril 1996 12 février 2005
Flag of Madagascar.svg Madagascar - 12 décembre 2003
Malawi Malawi 11 avril 1996 -
Mali Mali 11 avril 1996 27 mai 1999
Maroc Maroc 11 avril 1996 -
Maurice Maurice 11 avril 1996 19 avril 1996
Mauritanie Mauritanie 11 avril 1996 10 janvier 1998
Mozambique Mozambique 11 avril 1996 26 mars 2008
Namibie Namibie 11 avril 1996 -
Niger Niger 11 avril 1996 -
Nigeria Nigeria 11 avril 1996 20 avril 2000
Ouganda Ouganda 11 avril 1996 -
République centrafricaine République centrafricaine 11 avril 1996 -
Flag of Western Sahara.svg République arabe sahraouie démocratique 20 juin 2006 -
République démocratique du Congo République démocratique du Congo 11 avril 1996 -
Rwanda Rwanda 11 avril 1996 23 janvier 2007
São Tomé-et-Principe Sao Tomé-et-Principe 9 juillet 1996 -
Sénégal Sénégal 11 avril 1996 20 septembre 2006
Seychelles Seychelles 9 juillet 1996 -
Sierra Leone Sierra Leone 11 avril 1996 -
Somalie Somalie 23 février 2006 -
Soudan Soudan 11 avril 1996 -
Swaziland Swaziland 11 avril 1996 13 novembre 1996
Tanzanie Tanzanie 11 avril 1996 27 mai 1998
Tchad Tchad 11 avril 1996 -
Tunisie Tunisie 11 avril 1996 -
Flag of Togo.svg Togo 11 avril 1996 28 juin 2000
Zambie Zambie 11 avril 1996 -
Zimbabwe Zimbabwe 11 avril 1996 9 février 1998
Total 54 26

Adhésions au protocole I

Le protocole I demande aux cinq puissances nucléaires reconnues par le traité de non-prolifération de ne pas utiliser ou ne pas menacer d'utiliser un dispositif explosif nucléaire contre les États parties du traité de Pelindaba et contre tous les territoires compris dans la zone couverte par celui-ci.

État Signé le Ratifié le
République populaire de Chine Chine 11 avril 1996 6 septembre 1996
États-Unis États-Unis 11 avril 1996 -
France France 11 avril 1996 31 juillet 1997
Royaume-Uni Royaume-Uni 11 avril 1996 27 février 2001
Russie Russie 5 novembre 1996 -

Adhésions au protocole II

Le protocole II demande aux cinq puissances nucléaires reconnues par le TNP de ne pas tester de dispositif explosif nucléaire dans la zone couverte par le traité de Pelindaba.

État Signé le Ratifié le
République populaire de Chine Chine 11 avril 1996 6 septembre 1996
États-Unis États-Unis 11 avril 1996 -
France France 11 avril 1996 31 juillet 1997
Royaume-Uni Royaume-Uni 11 avril 1996 27 février 2001
Russie Russie 5 novembre 1996 -

Les États-Unis ont signé les protocoles I et II du traité ajoutant cependant qu'ils se réserveraient le droit de répondre à une attaque biologique ou chimique par un État-partie du traité de Pelindaba, par tous les moyens, y compris l'utilisation d'armes nucléaires[5].

La Russie a refusé de ratifier les protocoles I et II du traité en raison du litige sur le statut de l'île de Diego Garcia qui est contrôlée par le Royaume-Uni et utilisée par les États-Unis comme base militaire. Selon l'interprétation de ces deux pays, Diego Garcia n'est pas concerné par le traité de Pelindaba. L'île est pourtant réclamé par Maurice comme faisant partie intégrante de son territoire[6].

Adhésions au protocole III

Le protocole III demande aux États qui sont de jure ou de facto responsables de territoires situés dans la zone (à savoir, l'Espagne et la France) d'appliquer les dispositions du traité sur ces territoires.

État Signé le Ratifié le
France France 11 avril 1996 31 juillet 1997
Espagne Espagne - -

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. L'acronyme anglophone, ANWZ pour African Nuclear Weapons Free Zone, est également utilisé.
  2. (en) Adhésion au traité de Pelindaba et à ses protocoles
  3. Contrairement aux autres traités instituant des zones exemptes d'armes nucléaires, le traité de Pelindaba utilise le terme « dispositif explosif nucléaire » plutôt qu'« arme nucléaire », ce terme « couvrant toute arme nucléaire ou tout dispositif explosif capable de libérer l'énergie nucléaire ».
  4. Towards Entry-Into-Force of the African Nuclear-Weapon-Free Zone Treaty (Treaty of Pelindaba). A Brief Guide to Ratification,Institute for Security Studies, p.2
  5. (en) Arms Control Association, Nuclear-Weapons-Free-Zone at a Glance
  6. (en) Arms Control Association, Nuclear-Weapons-Free-Zone at a Glance.
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