René Caillé

René Caillé

René Caillié

René Caillié, huile sur toile attribuée à Amélie Grand-de-Saint-Aubin.

René Caillié[1], né le 19 novembre 1799 à Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) et mort le 17  mai 1838 à La Gripperie-Saint-Symphorien, est un explorateur français, devenu connu après avoir été le premier Occidental à revenir de la ville de Tombouctou, au Mali.[2]

Sommaire

Biographie

L'enfance et la jeunesse

René Caillié est né dans les Deux-Sèvres le 19 novembre 1799 à Mauzé-sur-le-Mignon. Il est un homme du peuple, fils d'un ouvrier-boulanger, son père est condamné au bagne pour un petit vol l'année de sa naissance. Certains biographes[3] défenseurs de l'explorateur clamèrent l'innocence de ce père, ce qui n'a pas été avéré. En revanche, la plupart des biographes[4] posent la volonté de redorer le blason familial comme l'un des motifs du voyage de Caillié. Il ne connaît pourtant pas son père qui meurt au bagne de Rochefort en 1808. À onze ans, il devient orphelin : sa mère meurt en 1811. Fasciné par la lecture de Robinson Crusoé de Daniel Defoe[5], il quitte Mauzé à l'âge de dix-sept ans, à pied, pour Rochefort.

Son périple

Désirant parcourir des terres inconnues, il quitte la France en 1816, mais ne réalise son rêve que onze ans plus tard. Il connaît d'abord deux échecs, doit revenir en France. Enfin, ils se rend chez les Maures braknas, dans l'actuelle Mauritanie, d'août 1824 à mai 1825, pour apprendre la langue arabe et la religion musulmane. Il s'invente une nouvelle identité de musulman, qu'il endossera durant son voyage pour éviter de se faire tuer. Après avoir appris l'existence du prix qu'offrirait la Société de géographie au premier Européen qui pénètrerait dans la ville de Tombouctou rendue mythique par les récits des voyageurs arabes du Moyen Âge et interdite aux chrétiens, il décide de partir, seul, par ses propres moyens, sans aide financière, sans escorte militaire, se faisant passer pour un humble lettré musulman. Parti de Boké en Guinée, il est retenu cinq mois — gravement atteint du scorbut — à Timé dans l'actuelle Côte-d'Ivoire. Enfin, il atteint le 20 avril 1828, Tombouctou, il est déçu de trouver une cité tombant quelque peu en ruines[6][7], c'est finalement Fès qu'il qualifie de « la ville la plus belle qu'[il ait] vue en Afrique ».[8]

Son retour en Europe

Son retour en France en 1830 après seize ans d'absence, à travers le désert du Sahara puis le Maroc est un véritable calvaire. Il reçoit de la Société de Géographie un prix de 10 000 francs, ainsi que le Grand Prix des explorations et voyages de découvertes[9], partagé symboliquement avec le major Alexander Gordon Laing. Il publie en 1830 son Journal d'un voyage à Temboctou et à Jenné dans l'Afrique centrale, avec le concours d'Edme François Jomard, qui lui assurera une grande renommée.[10] Les Anglais ont contesté la véracité de ses écrits et de son voyage. Les attaques de ses détracteurs lui sont très pénibles, il clôt ainsi son journal : « Quoi qu'il en soit, j'avouerai que ces injustes attaques me furent plus sensibles que les maux, les fatigues et les privations que j'avais éprouvés dans l'intérieur de l'Afrique »[11] Mais ses écrits sur Tombouctou seront confirmés par le voyageur allemand Heinrich Barth en 1858[12], encore que ce dernier soit très critique vis-à-vis de la qualité des observations de Caillié.

Si ce dernier écrit à son arrivée en France « Ceux qui ont été longtemps absents de leur pays, et qui ont pu craindre de ne jamais y rentrer, ceux-là peuvent se faire une idée de ce que j'éprouvai en revoyant cette chère patrie ! »[13], une fois que le public l'a oublié[6], il semble s'ennuyer vivant sur son domaine de La Baderre (devenu l'Abadaire) sur la commune de Champagne dont il est devenu le maire. [14]. Il rêve de partir une nouvelle fois en Afrique[6]. Il meurt sur ses terres le 17 mai 1838, usé par son périple, des suites d'une maladie contractée en Afrique.

Legs

Le voyage de René Caillié a été interprété de différentes façons. Jules Verne le qualifie du « plus intrépide voyageur des temps modernes »[15] Il est admiré comme ouvreur de l'empire colonial français africain à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle ; ainsi, en 1885, ses biographes E. Goepp et E. Cordier écrivent ceci :

« [René Caillié] a été le précurseur des grandes choses qui, plus de cinquante ans après lui, s'accomplissent sous nos yeux. Il n'a pas créé de mer, ni percé d'isthme ; mais il a tracé une route, et cette route que durant de longs mois il a cheminée douloureusement aux prix de fatigues inouïes, voilà que déjà nous pouvons prévoir le jour, où sillonnée par des machines à vapeur, elle nous livrera toutes les richesses de l'Afrique centrale. »[16]

Il a été plus récemment considéré comme le premier « africaniste » : respectueux des hommes et civilisations qu'il a rencontrés, il dénonce l'esclavage et la condition des femmes.[17]

Son récit de voyage (voir bibliographie), constitue une peinture minutieuse « des paysages naturels et culturels rencontrés »[18] : de la géographie de pays traversés, de sa faune et de sa flore, des mœurs des populations rencontrées, etc.

Sa ville natale, Mauzé-sur-le-Mignon, organise chaque année la Fête à Caillié et le Festival de l'Aventure individuelle où est décerné le prix René Caillié des écrits de voyages.[19] Quoiqu'il ne soit plus très connu en France ailleurs que dans sa région natale, l'explorateur reste connu et étudié dans trois des pays qu'il a traversé : la Guinée, la Côte d'Ivoire et le Mali.[20]

Citations

  • « Les intérêts de la science ne sont ni Anglais, ni Français, ni Chinois : les découvertes utiles appartiennent au Monde »[21] En effet, la découverte de l'intérieur des terres en Afrique fit l'objet d'une concurrence et de querelles entre la France et l'Angleterre)
  • « C'est un rêve, n'est-ce pas, mes aventures ? »[22]

Bibliographie

De René Caillié

  • Journal d'un voyage à Temboctou et à Jenné dans l'Afrique centrale, imprimé à Paris en mars 1830, par l'imprimerie royale, en trois tomes et un atlas.
  • L'édition actuelle : Voyage à Tombouctou (deux volumes), La Découverte, 1996

A propos de René Caillié

  • Edouard Goepp et E. Cordier, René Caillié, 1885
  • André Lamandé et Jacques Nanteuil, La vie de René Caillié, vainqueur de Tombouctou, Plon, 1928.
  • Oswald Durand, René Caillié à Tombouctou, Mame, 1938.
  • Alain Kerjean, La piste interdite de Tombouctou, Flammarion, 1984.
  • Roger Frison-Roche, L'esclave de Dieu. Flammarion; 1985.
  • Numa Broc (et al.), Dictionnaire illustré des explorateurs et grands voyageurs français du XIXe siècle. Afrique, Comité des travaux historiques et scientifiques, 1988-2003 (ISBN 2735501574)
  • Yves Baron et Alain Quella-Villéger (dir.), René Caillié. Un Voyageur controversé. in Aventures scientifiques. Savants en Poitou-Charentes du XVIe au XXe siècle (DHOMBRES J., dir.), Les éditions de l’Actualité Poitou-Charentes (Poitiers) : 44-57, 1995 (ISBN 2-911320-00-X)
  • Alain Quella-Villéger, René Caillié, une vie pour Tombouctou, préface de Théodore Monod, Atlantique, 1999.
  • Henry Viaux, Sur les traces des grands marcheurs de tous les temps, Éditions Ouest-France, 2001 (ISBN 978-2-7509-0297-1)
  • Georges Page, De Mauzé à Tombouctou, Editions PG, 2004.
  • Christophe Dabitch (scénario) et Jean-Denis Pendanx (dessin), 2006. Abdallahi. Futuropolis. Deux tomes (albums de bande-dessinée) (ISBN 2-75480-013-1)
  • Jean-Marc Pineau, Mon voyage à Tombouctou, sur les pas de René Caillié, Presses de la Renaissance, 2007.
  • L'Afrique Noire à l'Epoque Charnière 1783, Elisabeth Noël Le Coutour, L'Harmattan, avril 2006 (ISBN 978-2-29-600388-5)

Notes et références

  1. Le nom retenu par les Français est « René Caillié ». Ce nom est depuis le Moyen Âge courant dans l'ouest de la France sous les graphies : Cailler, Cailhé, Caillé, Caillet ; en revanche la graphie Caillié est unique. En fait, René est inscrit sur son registre de naissance en tant que Caillié, alors que ces frères et sœurs furent notés Caillé ou Caillet. Il signe « Caillé » jusqu'en 1816. De retour de son voyage, il est connu comme Auguste Caillé. Puis comme René Caillié. Bien que plus tard il signe des deux manières.
  2. Alexander Gordon Laing, explorateur écossais, avait atteint la ville le 18 août 1826 avant de décéder le 28 septembre 1826, assassiné par des touaregs.
  3. Notamment Lamandé et Nanteuil (cf. bibliographie).
  4. Tels Quella-Villéger ou Pineau.
  5. Sur les traces de René Caillié, Chapitre 1, J.-M. Pineau.
  6. a , b  et c Postface d'Abdallahi, J.-D. Dabitch et Ch. Pendanx.
  7. Voyage à Tombouctou, René Caillié, Chapitre 20
  8. Voyage à Tombouctou, René Caillié.
  9. |Page du site officiel de la Société de géographie consacrée au prix
  10. Voyage à Tombouctou, René Caillié, Chapitre 27
  11. Voyage à Tombouctou, René Caillié, excipit.
  12. Heinrich Barth, fut le deuxième Européen à revenir de Tombouctou
  13. Extrait de Voyage à Tombouctou (cf. bibliographie)
  14. En réalité, si ses terres s'étendaient principalement sur la commune susmentionnée, son manoir se trouvait sur la commune de La Gripperie-Saint-Symphorien (alors Saint-Symphorien-du-Bois)
  15. Dans Cinq semaines en ballon (1867), le personnage du docteur Ferguson -en survolant Tombouctou- s'exprime ainsi : « C'est alors qu'un courageux jeune homme entreprit avec ses faibles ressources et accomplit le plus étonnant des voyages modernes ; je veux parler du Français René Caillié [...] Ah ! Si Caillié fût né en Angleterre, on l'eût honoré comme le « plus intrépide voyageur des temps modernes », à l'égal de Mungo Park ! Mais en France, il n'est pas apprécié à sa valeur. ».
  16. René Caillié, collection Les grands hommes de la France, Goepp-Cordier, 1885 - Chapitre premier.
  17. Sur les traces de René Caillié, chapitre 1, Jean-Marc Pineau.
  18. Selon la formulation d'Ali Oul-Sidi, chef de la mission culturelle de Tombouctou.
  19. Site de la mairie de Mauzé-sur-le-mignon
  20. Sur les traces de René Caillié, Jean Marc Pineau, Chapitre 1
  21. Le Moniteur, 6 mai 1830
  22. Propos attribué à l'explorateur par son ami Valère Corbinaud

Source

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Wikisource propose un ou plusieurs textes écrits par René Caillié.

« René Caillié », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions]  (Wikisource)

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