- Tintin et l'Alph-Art
-
Tintin et l'Alph-Art 24e album de la série Les Aventures de Tintin Auteur Hergé Genre(s) Franco-Belge
AventurePersonnages principaux Tintin
Milou
Capitaine Haddock
Bianca CastafioreLieu de l’action Belgique
Italie
Éditeur Casterman Première publication 1986 Nb. de pages 62 Albums de la série Les Aventures de Tintin Tintin et les Picaros Tintin et l’Alph-Art (Tintin et l’Alph-Art, Hergé, 1983) est le dernier album, inachevé, de la série de bande dessinée Les Aventures de Tintin et Milou.
Sommaire
Synopsis
Le capitaine Haddock, suivant les conseils de la Castafiore, achète une œuvre de Ramo Nash, créateur de l’Alph-Art: un H en plexiglas. Peu après, le propriétaire d’une galerie d’art, M. Fourcart, est mystérieusement assassiné. Tintin mène l’enquête...
Tintin découvre bientôt un trafic de faux tableaux étroitement lié à une étrange secte à laquelle la Castafiore a adhéré. En tentant d’en percer le secret, Tintin est pris et la dernière case de l’album nous le montre, menacé par un pistolet, conduit vers un lieu où l’un de ses ennemis veut le couler en statue abstraite...
Cette ultime aventure n’ayant jamais été terminée, et Hergé ayant demandé que son œuvre ne soit pas poursuivie par un autre, on ne peut pas la considérer comme un album à part entière. De plus, si l’on se réfère aux documents préparatoires des Picaros tels qu’ils ont été publiés par Philippe Goddin, elle aurait sûrement subi de nombreux changements. Quoi qu’il en soit, l’intérêt du double cahier publié en 1986 n’est pas tant l’histoire elle-même que le témoignage du processus de création d’Hergé, qui semble s'effectuer sous nos yeux. C’est pourquoi l’Alph-Art « [n’] est [pas] une aventure de Tintin »...
Une nouvelle mouture de cette ébauche d’album est parue chez Casterman le 10 janvier 2004 à l’occasion des 75 ans du reporter. Elle apporte de nouveaux éclairages au double cahier de 1986 et ouvre de nouvelles pistes vers ce qui aurait pu être la vingt-quatrième aventure de Tintin. Elle a aussi la même forme que les autres albums (album cartonné, 62 pages).
Endaddine Akass, personnage mystérieux
La dernière case de Tintin et l’Alph-Art montre Tintin en bien mauvaise posture. Il vient de découvrir un réseau de faussaires dirigé par le gourou d’une secte, le mystérieux Endaddine Akass mais est tombé aux mains de ce dernier. Le mage décide de faire disparaitre Tintin en le coulant dans du polyester liquide à la manière du sculpteur César. L’aventure s'achève avec un homme de main de Endaddine Akass, emmenant Tintin en lui lançant « Allons, debout ! En avant ! L’heure a sonné de vous transformer en César... » Personne ne saura jamais comment Tintin parviendra à s’échapper cette fois-ci (mais selon les pages de brouillon, Tintin ne sera peut-être sauvé que grâce à... Milou ? Haddock ? Ou au professeur ?).
Le personnage de Endaddine Akass rappelle cependant quelque chose à Tintin tout au long de cette « aventure ». Ses gestes, sa voix lui sont familiers. Des planches retrouvées et publiées dans la version de 2004 lèvent un coin du voile sur les intentions d’Hergé pour ce personnage. Le gourou ne serait autre que Rastapopoulos, le vieil ennemi de Tintin.
Endaddine Akass était, au plan physique et quant à sa qualité de marchand de faux tableaux, partiellement inspiré de Fernand Legros, qui avait défrayé la chronique du milieu de l’art dans les années précédentes.
Les nouveaux personnages
- Angelina Sordi : amie de la Castafiore
- Cléonage : couple vivant dans le même immeuble que Thomas d’Hartimont
- Dory-Faure : demoiselle vivant dans le même immeuble que Thomas d’Hartimont
- Fleurotte : garagiste de Fourcart
- Marcel Fourcart : expert d’art
- Thomas d’Hartimont : journaliste
- Madame Laijot : comptable de la galerie Fourcart
- Jacques Monastir : expert d’art
- Ramo Nash : pape de l’Alph-Art, travaille pour Enddadine
- Luigi Randazzo : chanteur ami de la Castafiore
- Madame Tricot : veuve vivant dans le même immeuble que Thomas d’Hartimont
- Martine Vandezande : secrétaire et hôtesse d'accueil de la galerie Foucart
- Zolotas : expert d’art acheté par Enddadine
Structure de l’histoire
L’histoire, en elle-même, est beaucoup moins ambitieuse en termes d’aventures que les albums précédents (hormis Les Bijoux de la Castafiore).
Pas de coup d’État, pas d’île engloutie par un volcan en éruption, pas non plus de rencontres avec des extraterrestres mais une simple enquête sur une bande de faussaires réunie dans une villa en Italie. Les scènes d’action sont réduites : Tintin manque de se faire renverser par une voiture à la page 17, se fait assommer à la page 27, se fait tirer dessus à la page 31, et est poussé violemment dans une cellule à la page 41.
Une autre singularité de l’histoire est le fait que Tintin quitte Moulinsart et la Belgique à la page 38. Il est habituellement beaucoup plus prompt à partir dans des contrées lointaines ou alors il demeure à son domicile pendant tout l’album (Les Bijoux de la Castafiore, Les Sept Boules de cristal, Le Secret de La Licorne). Ces singularités existent soit par choix de l’auteur de casser les codes de la série (comme il l’avait fait pour Les Bijoux de la Castafiore), soit tout simplement parce qu’il s’agit d’une ébauche d’album.
Le mystérieux chef des faussaires, Endaddine Akass, est présenté au début de l’histoire comme le gourou d'une secte. Cet aspect du personnage est très peu exploité par la suite.
Adaptations
Versions achevées
Dès le décès d’Hergé en 1983, l’Alph-Art devient sujet de débats : faut-il achever l’album, le publier à l’état de projet, ou simplement ne pas le dévoiler ?
Hergé était entouré de nombreux collaborateurs très talentueux : parmi eux, Bob De Moor est capable d’imiter remarquablement les dessins du maître. Le scénario, quant à lui, doit être achevé, car l’histoire n’a pas de fin, et même la partie déjà écrite devrait être améliorée et remise en ordre. De Moor pense faire appel à Greg qui a déjà prouvé qu’il savait parfaitement s’adapter à l’univers tintinesque, notamment dans ses projets inachevés avec Hergé Les Pilules et Tintin et le Thermozéro.
Dans un premier temps, Fanny Remi, veuve de Hergé, confie les notes sur l'Alph-Art à De Moor. Cependant Benoît Peeters et Pierre Sterckx, frappés par le caractère encore très embryonnaire de ces notes, de l'inachèvement profond du scénario et l'absence de concrétisation graphique, hormis pour les trois premières pages, convainquent Fanny qu'il ne serait pas possible de réaliser un vingt-quatrième album cohérent. Hergé n'avait-il pas clairement affirmé à Numa Sadoul qu'il ne pourrait y avoir d'aventure de Tintin après sa disparition ?
En attendant, les tintinophiles ont déjà eu vent de l’album inachevé et l’attendent avec impatience : il faut sortir quelque chose. Benoît Peeters reprend les notes d’Hergé et entreprend de les mettre en ordre. Il sélectionne parmi les centaines de brouillons d’Hergé les pages qui permettent d’établir un récit à peu près cohérent.
En 1986, Casterman publie donc un album assez étrange et coûteux, comportant deux cahiers parallèles : l’un réunit une large sélection des notes et esquisses d’Hergé, l’autre présente une transcription aussi lisible que possible. Dans un premier temps, l’accueil de la presse et du public est excellent. Dans un second temps, beaucoup de tintinophiles sont un peu déçus du résultat : à ce stade, le scénario reste assez inconsistant et la fin frustrante. Néanmoins, il reste le charme de découvrir la dernière aventure de Tintin. Faisant pendant à Tintin au pays des Soviets, qui resta longtemps introuvable et ne fut jamais mis en couleur, Tintin et l’Alph-Art, dans son inachèvement même, contribue à consolider le mythe.
À la suite de cette frustration, plusieurs lecteurs inconsolables décident d’achever eux-mêmes l’album. Certains pour se faire de l’argent sur le dos des tintinophiles déçus, d’autres par passion. C’est le cas d’Yves Rodier, dont l’Alph-Art est très apprécié des tintinophiles. Bob De Moor lui-même fut impressionné par le travail de ce dessinateur débutant.
Documentation
- Pierre Sterckx, « Tintin et l'Alph'Art », dans Les Cahiers de la bande dessinée' n°59, septembre-octobre 1984, p. 72-77.
Wikimedia Foundation. 2010.