- Tintin au pays de l'or noir
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Tintin au pays de l'or noir 15e album de la série Tintin Auteur Hergé Personnages principaux Tintin
Milou
Dupond et Dupont
Ben Kalish EzabLieu de l’action Belgique
KhemedÉditeur Casterman Première publication 1950 ISBN ISBN 978-2203001145 Nb. de pages 62 Prépublication Le Petit Vingtième (noir et blanc)
Tintin (couleur)Albums de la série Tintin Le Temple du Soleil Objectif Lune Tintin au pays de l’or noir (initialement Au Pays de l’or noir) est le quinzième album de bande dessinée des aventures de Tintin, prépublié en noir et blanc du 28 septembre 1939 au 9 mai 1940 dans les pages du Petit Vingtième, supplément du journal Le Vingtième Siècle, ainsi que dans l'hebdomadaire Cœurs vaillants, en noir et blanc puis en couleurs. Il parut à nouveau en couleur du 16 septembre 1948 au 23 février 1950 dans les pages du journal Tintin. Une première version de l’album est parue en 1950, puis une seconde en 1971.
Sommaire
Synopsis
Alors que des rumeurs de guerre se font persistantes, le marché est envahi par de l’essence polluée qui fait littéralement exploser les moteurs… à explosion. Tintin embarque alors pour faire son enquête au Moyen-Orient.
Au Khemed, une lutte de pouvoir oppose l’émir Mohammed Ben Kalish Ezab au cheik Bab El Ehr, chacun financé par une compagnie de pétrole différente, respectivement l’Arabex et la Skoil Petroleum. Le docteur Müller, qui se fait passer pour un archéologue (Pr Smith), représente la Skoïl. C’est un agent secret d’une « puissance étrangère » ayant pour mission de s’emparer des puits de pétrole, et pouvant saboter les réserves existantes grâce au N14 et ainsi paralyser les armées en cas de guerre.
Peu avant d’arriver au Khemed, Tintin est soupçonné[1], à cause de documents cachés dans sa cabine, de vouloir livrer des armes à Bab El Ehr et arrêté. Bab El Ehr le fait alors kidnapper, et le prend en otage lorsqu’il s’aperçoit que Tintin n’est pas celui qu’il croyait. La bande du cheik prend alors la direction du désert et abandonne Tintin alors que celui-ci était évanoui. Tintin revient à lui et surprend le Dr Müller en train de saboter un pipe-line. Puis il rencontre Dupont et Dupond et tous trois arrivent dans la ville où se situe le palais de Ben Kalish Ezab. À ce moment-là, le Dr Müller enlève le jeune prince Abdallah pour obliger l’émir à chasser l’Arabex de son territoire et permettre à la Skoil de contrôler les puits de pétrole. Tintin libère Abdallah et arrête Müller. Il met la main sur le produit servant à falsifier l’essence et l’envoie au professeur Tournesol. Celui-ci conçoit au bout de quelques semaines de recherches un « antidote » neutralisant les effets de ce produit dans l’essence.
Fiche technique
Différences avec la première version
L’album est différencié de la publication hebdomadaire dans le Journal de Tintin, car Tintin ne débarque plus à Caiffa mais à Haifa dans ce qui serait la Palestine, alors sous mandat britannique. Il est arrêté par les Anglais, puis kidnappé par des militants de l’organisation juive Irgoun (mentionnée dans l’album mais pas dans la version journal) qui l’ont confondu avec un certain Goldstein (Finkelstein dans la version journal), agent sioniste qui doit venir d’Europe. Il est ensuite kidnappé par des Arabes, qui le conduisent auprès de leur chef Bab El Ehr. Tintin retrouve plus tard le docteur Müller, lequel travaille désormais pour le compte d’une compagnie qui tente par des moyens illicites de prendre le contrôle des puits de pétrole. Müller enlève ainsi le jeune prince Abdallah, le fils de l’émir Ben Kalish Ezab, pour obliger ce dernier à chasser de son territoire les concurrents anglais. La fin de l’album est la même.
Contexte
Tintin au pays de l’or noir est un album à part dans les aventures de Tintin, l'un des plus exceptionnellement intégrés à la réalité historique, car il s'inscrit dans la toute fin de l'Entre-deux-guerres, émaillée alors de rumeurs de guerre. Il se place d'ailleurs dans la continuité de l'album Le Sceptre d’Ottokar, le thème du sabotage de l’essence évoquant comme les deux précédentes aventures de Tintin les manœuvres pour déstabiliser les démocraties (par injection de fausse monnaie dans L’Île Noire, par une tentative d’annexion dans Le Sceptre d’Ottokar) tandis que la menace de la guerre s'y fait sentir tout au long des pages. Mais au final, les pays finissent par trouver une solution, et le conflit semble évité. Cette atmosphère pesante fait d'ailleurs étonnament penser aux tensions de l'année 1938, durant laquelle Hitler réalisait l'Anschluss, et manifestait ses revendications sur la région des Sudètes, en menaçant de prononcer l'annexion unilatéralement, quitte à violer les conventions internationales. La crise fut finalement résolue par les Accords de Munich, le 30 septembre 1938. Or justement, la chronologie de l'album est cohérente avec l'Histoire, puisque un calendrier affiche la date du Jeudi 18 août lorsque Dupond et Dupont espionnent la société de dépannage Simoun; date qui est conforme au calendrier de 1938[2], et qui rend crédible la durée du déroulement de l'intrigue avec la réalité historique. Enfin, la consonance allemande du nom du Dr Müller est sans équivoque en ce qui concerne la mystérieuse "puissance étrangère" qui cherchait à priver de carburants ses adversaires en cas de conflit.
Mais la guerre éclata vraiment et vint interrompre le travail d’Hergé, et ce n’est qu’en 1948 qu’il reprit ce récit, publié d’abord dans le Journal de Tintin. La première version en couleurs sortit donc sous forme d’album en 1950.En 1971, à la demande de ses éditeurs anglais, Hergé modifia certains éléments de l’histoire trop près de l’actualité de 1948 (Guerre de Palestine de 1948). Ainsi, les luttes entre terroristes juifs et arabes pour le contrôle de la Palestine se transforment en lutte de pouvoir, les policiers anglais sont arabisés et Haïfa devient la plus discrète Khemkhâh...
Quel est le « pays de l’or noir » ?
Dans la première version de l’album, Tintin passerait-il par la Palestine telle qu’elle était avant la création de l’État d’Israël ? En fait le bateau Speedol Star, sur lequel il travaille momentanément comme radiotélégraphiste, s’arrête à « Caïffa » dans l’édition du Petit Vingtième en 1939 puis dans la reprise dans le Journal de Tintin en 1949, toujours au port de Caiffa qui n’est peut-être pas sur la fenêtre méditerranéenne mais en mer Rouge. Le nom sera changé en Haïfa et il sera ajouté la mention du mouvement de libération juif de l’« Irgoun » uniquement dans la première version en album parue ultérieurement. Ensuite, dans la dernière version à ce jour, toute la partie faisant référence à la présence militaire anglaise a disparu et le navire arrive au port de Khemkhâh au Khemed, qui lui est incontestablement en mer Rouge, entre Wadesdah et Jeddah.
Hergé faisant référence au mandat britannique et à la lutte entre Juifs et Arabes, il semble évident que la première version de l’album se passe en Palestine. Plus tard dans cette version de l’album, Tintin, après une traversée du désert (au sens littéral), arrive dans la ville de Wadesdah, où vit l’émir Ben Kalish Ezab. Or, dans Coke en Stock, paru en 1958, on apprend à la page 14 que Ben Kalish Ezab est l’émir du Khemed. Cela veut dire que dans la première version de Tintin au pays de l’or noir, Tintin arrive au Khemed en passant par la Palestine.
On sait que le Khemed était lui aussi, sous mandat britannique comme l’ensemble du Moyen Orient : dans la lettre qu’il envoie à l’émir après avoir enlevé Abdallah (à la page 37 de l’album), Müller lui demande de « chasser les Anglais de son territoire » s’il tient à revoir son fils. Abdallah a été inspiré à Hergé par une photo du jeune roi Fayçal II[3].
Haddock et Tournesol
À l’origine, cette histoire devait se placer après le Sceptre d’Ottokar. À cause de la guerre, la version noir et blanc d’Au pays de l'Or Noir a été interrompue, notamment car elle était trop chargée politiquement par rapport à l’actualité. Hergé ne reprendra cette histoire que des années plus tard. C’est pour cette raison que le capitaine Haddock et le professeur Tournesol en sont largement absents, hormis quelques cases insérées pour expliquer leur absence : ils n’étaient en effet, lors de l’écriture du scénario originel, pas encore apparus dans l’univers de Tintin. Afin d’expliquer l’arrivée imprévue du capitaine Haddock dans les dernières pages de l’album, Hergé eut recours à une astuce : en fin d’album, le capitaine essaie de raconter le motif « à la fois très simple et très compliqué » de cette absence. Interrompu de multiples fois, il finit par renoncer dans l’énervement[4]. L’absence de Tournesol, elle, sera résolue par une lettre du professeur mentionnant les expériences qu’il effectue sur le mystérieux produit (à l’avant-dernière page), et par une photo du château de Moulinsart à moitié en ruines « après les premières expériences » (à la dernière page).
Aspects scientifiques et techniques
Le N14 fait référence à l’azote (symbole N et nombre du nucléons 14) à la base de la fabrication des explosifs.
L’avion qui apparait planche 18 est inspiré du Spitfire, les Dupondt conduisent une Citroën 5 Hp de 1922 au début de l’album et une Jeep Willys de 1945 dans le désert[5].
Adaptations
Prépublication
L’histoire fut prépubliée dans le Journal de Tintin du 16 septembre 1948 au 23 février 1950, avec une interruption du 28 juillet au 27 octobre 1949, en raison de la dépression d’Hergé.
Série animée
Cet album fut adapté dans la série animée de 1992.
Lien externe
Notes et références
- Dans la deuxième version de l’album.
- http://kalender-365.de/calendrier.php?yy=1938 Voir
- Benoît Peeters, Le Monde d’Hergé, éditions Casterman.
- Achille Talon L’appeau d’Éphèse. Greg y fera un clin d’œil dans son album d’
- Science et Vie hors-série), 2003 Tintin au pays des savants (
Catégories :- Album de Tintin
- Album de bande dessinée sorti en 1949
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