- Tifinagh
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Tifinagh
Alphabet TifinaghCaractéristiques Type Alphabet Langue(s) Langues berbères
(Chleuh, Tamazight du Maroc central, Rifain, Kabyle, Chenoui, Chaoui, Touareg, Zenaga, Mozabite, Siwi)Direction Gauche à droite Historique Époque IIIe siècle av. J.‑C. - IIIe siècle à nos jours Système(s) parent(s) langues afro-asiatiques
langues berbères
TifinaghSystème(s) dérivé(s) Tifinagh, Néotifinagh Codage Unicode U+2D30 à U+2D7F ISO 15924 Tfng Le tifinagh ( en tifinagh ⵜⵉⴼⵉⵏⴰⵖ ) (aussi écrit tifinaghe se prononce tifinar) ou libyco-berbère est un alphabet utilisé par les Berbères, essentiellement les Touaregs. C'était autrefois un abjad, un alphabet consonantique. Cet alphabet a subi des modifications et des variations inévitables depuis son origine jusqu'à nos jours, passant du libyque jusqu'aux néotifinaghs en passant par le tifinagh saharien et les tifinaghs Touaregs.
Sommaire
Étymologie
Selon l'ethnologue Jean Servier, le mot « tifinagh » renvoie à une racine FNQ, « rappelant l'origine phénicienne évidente, de cet alphabet. »[1]
Citant pages 106 et 107 J.-P. Maître (Contribution à la préhistoire de l'Ahaggar, Tefedest central, Mémoire du CRAPE, éd. Arts et Métiers, Paris ou Alger, 1971) : « Tifinagh est le pluriel de Tafineq qui signifie caractère d'écriture en touarègue. Par extension, tifinagh désigne toutes les gravures et les peintures aussi bien que les caractères alphabétiques. On peut même dire que c'est ce dernier sens qui prévaut en certains cas. »
Il existe une étymologie populaire, affirmant qu'il s'agit d'un mot composé de tifi qui signifie « trouvaille » ou « découverte » et de l'adjectif possessif nnagh qui signifie « notre »[2].
Origine
Dans la culture touareg, l'inventeur mythique du tifinagh est l'ancêtre Anigouran, personnage connu pour sa grande intelligence et auquel sont attribuées plusieurs autres inventions.
D'après Slaouti Taklit, enseignante de linguistique au département de français à l'université d'Alger et auteur de l'ouvrage L'alphabet latin serait-il d'origine berbère ? (éditions L'Harmattan, 2004), certains signes de l'alphabet libyque remonteraient au capsien (page 108). Ces signes auraient été tout d'abord des symboles religieux (page 106), ils permettaient de nommer des êtres ou des objets, car donner un nom c'est donner une réalité à ce que l'on nomme, une seconde vie. Elle remarque que « l'écriture Libyque semble être une écriture basée sur des croyances religieuses où les divinités astrales jouent un rôle primordial » (page 106).
Libyque
Libyque Caractéristiques Type Abjad Langue(s) Vieux libyen Historique Époque IIIe siècle av. J.‑C. - IIIe siècle Système(s) parent(s) Protosinaïtique
Phénicien
LibyqueSystème(s) dérivé(s) Tifinagh, néotifinagh - Il y a deux formes du libyque, l'orientale et l'occidentale ;
- La forme occidentale a été utilisée le long de la côte méditerranéenne de la Kabylie jusqu'au Maroc et aux Îles Canaries. La forme orientale a été utilisée dans la région constantinoise, dans les Aurès (Algérie) en Tunisie et en Libye ;
- Seule la forme orientale a été déchiffrée grâce notamment à l'existence d'importantes inscriptions bilingues punico-libyques. Ce déchiffrement a permis de déterminer la valeur de 22 signes sur 24 ;
- Selon Février (1964-65), la forme occidentale serait plus primitive, la forme orientale étant influencée par l'écriture punique ;
- L'alphabet libyque est strictement consonantique
- La gémination n'était pas notée ;
- La forme occidentale comporte 13 lettres supplémentaires ;
- Les inscriptions sont souvent des dédicaces ou épitaphes. La plupart sont brèves ;
- Le sens de l'écriture n'est pas fixé (mais c'est plus souvent verticalement de bas en haut). Chaque ligne constitue un mot phonétique ou un sens complet ;
- Une minorité de lettres permettaient de déterminer le début de la ligne. Ces lettres sont appelées lettres directrices ou signes directeurs ;
- Une hypothèse a été avancée que certaines lettres seraient secondaires par rapport à d'autres.
Tifinagh saharien
Le tifinagh saharien est un alphabet touareg ancien. Il contient des signes supplémentaires, comme le trait vertical pour noter la voyelle finale /a/.
L'âge des inscriptions les plus récentes est peut-être de quelque 200 ans. Les modalités du passage entre le libyque et le tifinagh saharien sont inconnues. On ne sait pas si cet alphabet était contemporain des formes libyques, ni même s'il est comparable à la forme occidentale ou orientale du libyque. La période d'utilisation de cet alphabet, si elle n'est pas établie avec précision, est largement antérieure aux conquêtes musulmanes. La seule certitude nous vient d'une inscription qui porte une date : celle du temple du roi berbère Massinissa qui attribue la construction du temple à l'an 10 du règne de ce roi ; c.-à-d. 139 ans avant notre ère.
La valeur des signes nous est transmise par Charles de Foucauld.
Tifinagh touareg
Tifinagh Caractéristiques Type Abjad Langue(s) Touareg Historique Époque ? - actuellement Système(s) parent(s) Protosinaïtique
Libyque
TifinaghSystème(s) dérivé(s) Néo-tifinagh Il existe au sein du tifinagh touareg quelques divergences des valeurs des signes qui correspondent aux variations dialectales touarègues. Si d'une région à une autre, la forme et le nombre des signes peuvent changer, les textes restent en général mutuellement intelligibles car la plupart des différences graphiques suivent la logique des variations phonétiques dialectales.
Particularités
L'innovation la plus frappante est la ligature à dernière consonne /t/ ou à première consonne /n/. Comme pour le saharien, le tifinagh touarègue dispose d'un signe /./ pour noter les voyelles finales appelées tighratin (masc. tighrit). Dans les régions du Hoggar, du Ghat et de l'Adrar, ce signe ne s'emploie que pour la voyelle /a/. Les voyelles /i/ et /u/ sont notées par les signes correspondant aux /y/ et /w/. Les autres dialectes l'emploient pour toutes les voyelles finales et, selon le père de Foucauld, pour toutes les voyelles initiales sans distinction.
Les lettres sont épelées de différentes façons suivant les régions. Dans le Ghat, la prononciation suit le modèle « ya-valeur consonantique ». Par exemple, /b/ se lit « yab », /d/ « yad », etc.
Dans l'Ayer et chez les Iwelmaden, ce sera plutôt « e-valeur consonantique redoublée » : /b/ « ebba » ; /d/ : « edda », etc. Une légère variation dans le sud colore « ebba » en « abba ».
Parmi les tribus maraboutiques de la région de Tombouctou, on a relevé l'emploi des diacritiques arabes pour noter les voyelles brèves.
Usage
À part quelques rares utilisations pour la notation de textes longs, les tifinaghs touaregs ont souvent été utilisés pour des inscriptions sur des objets (bijoux, armes, tapis, etc.), pour des déclarations amoureuses et pour des épitaphes. Toute transcription commence par la formule « awa nekk [Untel] innân », c’est-à-dire « c'est moi [Untel] qui ai dit ».
Depuis peu, les tifinaghs sont utilisés comme support pédagogique pour la campagne contre l'analphabétisme.
Il n'y a pas d'ordre pour énoncer les lettres de l'alphabet. Mais une formule mnémotechnique, citée par Foucauld (1920), contient toutes les lettres ou presque : « awa näk, Fadîmata ult Ughnis, aghebbir-nnit ur itweddis, taggalt-nnit märaw iyesân d sedîs .» (« C'est moi, Fadimata, fille d'Oughnis : sa hanche ne se touche pas, sa dot est de seize chevaux. »)
Néotifinaghs
Néotifinagh
Exemple d'écriture néotifinaghCaractéristiques Type Alphabet Langue(s) Langues berbères Historique Époque 1980 - actuellement Système(s) parent(s) Protosinaïtique
Phénicien
Libyque
Tifinagh
NéotifinaghCodage Unicode U+2D30 à U+2D7F ISO 15924 Tfng À la fin des années 1960, une association culturelle, l'Académie berbère (AB), se forma à Paris en France, dans le but d'établir un alphabet standard sur la base des tifinaghs touarègues, afin de le faire revivre et de pouvoir transcrire l'ensemble des variantes locales de la langue berbère : Tamazight.
Salem Chaker, professeur de l'INALCO, proposa une révision de cet alphabet (v. Tafsut. 1990 n° 14.). D'autres systèmes ont été proposés par l'association Afus Deg Wfus (Roubaix), la revue Tifinagh (éditée au Maroc), par le logiciel d'Arabia Ware Benelux Arabia Ware Benelux et l'IRCAM, et sont relativement similaires.
Normalisation internationale (Unicode)
À compter de la version 4.10 de la norme Unicode, les caractères tifinaghs sont codés dans la plage U+2D30 à U+2D7F. Il y a 55 caractères définis dans la norme mais nous savons[Qui ?] qu'il existe un nombre beaucoup plus grand de caractères qui ne font pas partie de la norme Unicode.
Représentation Unicode des glyphes (de gauche à droite) Code +0 +1 +2 +3 +4 +5 +6 +7 +8 +9 +A +B +C +D +E +F U+2D30 U+2D40 U+2D50 U+2D60 U+2D70 Voici un tableau comparatif entre les glyphes et les translittérations en caractères latins et arabes.
Codes couleur Couleur Signification Tifinagh de base selon l'IRCAM Tifinagh étendu (IRCAM) Autres lettres tifinaghs Lettres Touareg modernes Ces cases ne devraient pas être utilisées Lettres simples (et lettres modifiées) Code Glyphe Unicode Translittération Nom Latin Arabe U+2D30 ⴰ a ا ya U+2D31 ⴱ b ب yab U+2D32 ⴲ bh ٻ yabh U+2D33 ⴳ g گ yag U+2D34 ⴴ gh ڲ yagh U+2D35 ⴵ dj ج yaj selon l'Académie berbère U+2D36 ⴶ dj ج yaj U+2D37 ⴷ d د yad U+2D38 ⴸ ḍ ض yadh U+2D39 ⴹ ḍ ض yadd U+2D3A ⴺ ḍ ض yaddh U+2D3B ⴻ e ه yey U+2D3C ⴼ f ف yaf U+2D3D ⴽ k ک yak U+2D3E ⴾ k ک yak touareg U+2D3F ⴿ kh خ yakhh U+2D40 ⵀ h
bھ
بyah
= yab TouaregU+2D41 ⵁ h ھ yah selon l'Académie berbère U+2D42 ⵂ h ھ yah touareg U+2D43 ⵃ ḥ ح yahh U+2D44 ⵄ æ (ɛ) ع yaʿ U+2D45 ⵅ kh خ yakh U+2D46 ⵆ kh خ yakh touareg U+2D47 ⵇ q ق yaq U+2D48 ⵈ q ق yaq touareg U+2D49 ⵉ i ي yi U+2D4A ⵊ j ج yazh U+2D4B ⵋ j ج yazh de l'Ahaggar U+2D4C ⵌ j ج yazh touareg Code Glyphe Unicode Translittération Nom Latin Arabe U+2D4D ⵍ l ل yal U+2D4E ⵎ m م yam U+2D4F ⵏ n ن yan U+2D50 ⵐ ny ني yagn touareg U+2D51 ⵑ ng ڭ yang touareg U+2D52 ⵒ p پ yap U+2D53 ⵓ u
wو
ۉyu
= yaw TouaregU+2D54 ⵔ r ر yar U+2D55 ⵕ ṛ ڕ yarr U+2D56 ⵖ gh (ɣ) غ yagh U+2D57 ⵗ gh (ɣ) غ yagh touareg U+2D58 ⵘ gh (ɣ)
djغ
جAyer yagh
= yaj de l'AdrarU+2D59 ⵙ s س yas U+2D5A ⵚ ṣ ص yass U+2D5B ⵛ sh (ʃ) ش yash U+2D5C ⵜ t ت yat U+2D5D ⵝ ṭ ط yath U+2D5E ⵞ ch (tʃ) تش yach U+2D5F ⵟ ṭ ط yatt U+2D60 ⵠ v ۋ yav U+2D61 ⵡ w ۉ yaw U+2D62 ⵢ y ي yay U+2D63 ⵣ z ز yaz U+2D64 ⵤ z ز Tawellemet yaz
= yaz harponU+2D65 ⵥ ẓ دز yazz U+2D6F ⵯ +w ۥ+ marque de labio-vélarisation
= Tamatart
= <super> 2D61Support des tifinagh par les principaux navigateurs web À l'heure actuelle (avril 2010) les navigateurs web basés sur le moteur de rendu WebKit, principalement Safari (logiciel) et Google Chrome sont encore incapables d'afficher correctement les caractères tifinagh. Et ceci, malgré la présence d'une police supportant les tifinagh sur l'ordinateur, comme la police Arial Unicode Ms qui existe sur la plupart des ordinateurs qui tournent sous Windows. En revanche les autres navigateurs du marché, principalement Firefox, Internet Explorer, et Opera affichent tous les caractères tifinagh de la norme unicode sans problème.
Exemples de textes en tifinagh
- Azul, fllawn ! soit: « Bonjour ! » en s'adressant à un groupe: ⴰⵣⵓⵍ, ⴼⵍⵍⴰⵡⵏ ! (style par défaut), ⴰⵣⵓⵍ, ⴼⵍⵍⴰⵡⵏ ! (style touareg, il faut installer Hapax Touareg)
Aide Unicode
Pour que les caractères tifinagh s'affichent, vous devez télécharger les Police d'écriture Unicode adéquates. Vous pouvez en trouver sur le site de l'IRCAM. D'autres polices tifinaghs Unicode sont disponibles sur le site Hapax (la police, description du contenu de la police).
Sur la majorité des systèmes posix modernes (Linux, FreeBSD, Solaris...) l'UTF8 est souvent installé par défaut et devrait gérer parfaitement les caractères tifinaghs sans autres manipulations.
Notes et références
- Jean Servier, Les Berbères, Presses universitaires de France, collection « Que sais-je ? », nº 718, Paris, 2003, 4e édition, ISBN 2 13 053170 9, p. 31.
- MondeBerbere.com - Tifinagh : l'alphabet berbère de A à Yaz, « Origine de cet alphabet ».
Voir aussi
Liens externes
- Tifinagh: l'alphabet berbère de A à Yaz, par Rachid Ridouane Ziri sur Mondeberbere.com.
- Langue et littérature berbères par Salem Chaker, directeur du Centre de recherche berbère à l'INALCO.
- L'Écriture amazighe Tifinagh et Unicode , par Lahbib Zenkouar, revue Études et Documents Berbères vol. 22, 2004, pp. 175-173.
- Claviers et polices amazighes Ensemble de travaux réalisés par et sous la direction du professeur Lahbib Zenkouar, professeur à l'École Mohammadia d'ingénieurs (EMI), Rabat (Maroc), Membre fondateur de l'IRCAM, fondateur et directeur du Centre des Etudes Informatiques, des Systèmes d'Information et de Communication (CEISIC) de l'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) de 2001 à 2006.
- Entrevue avec Patrick Andries, expert Unicode, sur Kabyle.com, au sujet de l'« entrée du tifinagh dans la norme ISO ».
- Tamaziγt et Nouvelles technologies : questions au Pr. Naït Zerrad, entrevue sur Kabyle.com portant entre autres sur l'« entrée du tifinagh dans la norme ISO ».
- Hapax.qc.ca - Inventaire des oeils (liste Unicode).
- Ircam.ma - Application flash pour apprendre le tifinagh. Logiciel didactique réalisé par l'équipe du CEISIC (Centre des études informatique, des systèmes d'information et de communication) de l'IRCAM et publié sur le site de l'IRCAM en 2004, pour apprendre le tifinagh en utilisant plusieurs supports d'accompagnement pédagogique: Projet conçu et supervisé par le Pr L. Zenkouar, réalisation technique principale: O. Motaçalli.
Bibliographie
- L'Adrar Ahnet, Théodore Monod, 1932, pp. 135-139
- Contribution à l'étude des gravures rupestres et inscriptions tifinagh du Sahara central, Cinquantenaire Faculté Lettres Alger, Maurice Reygasse, 1932, pp. 437-534 (cités dans Prasse 72)
- Écriture libyco-berbère, L'aventure des écritures, in Anne Zali et Annie Berthier, 2002, Bibliothèque nationale de France & Réunion des musées nationaux
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