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Terril
Pour le mont situé dans le canton du Jura en Suisse, voir Mont Terri.Un terril est constitué par l'accumulation des « stériles », sous-produits de l'exploitation minière, composés principalement de schistes, et en plus petite quantité de grès carbonifères et de résidus divers (quelquefois pollués). Le terme se prononce terri et peut aussi s'écrire de cette façon. Toutefois, la prononciation terril est également répandue.
Dans certaines régions, notamment le sud de la France, dans le bassin de La Grand-Combe et à Saint-Étienne, on parle également de crassier (terme emprunté au vocabulaire de la métallurgie : tas de scories de haut-fourneau).
Les remblais des carrières sont parfois aussi appelés terrils.
Sommaire
Présentation
Un terril peut être de forme conique, et constituer alors un signal fort dans le paysage, ou bien plat et s'y fondre complètement, surtout si la végétation s'y est installée. Le plus haut d'Europe se trouve à Loos-en-Gohelle dans l'ancien bassin minier du Pas-de-Calais, il est constitué d'un massif de 5 terrils, dont deux cônes qui culminent à 186 m, dépassant ainsi le plus haut sommet de la Flandre, le Mont Cassel.
Les terrils présentent souvent une grande richesse écologique. Au fil des années, ils ont été colonisés par toutes sortes de plantes et animaux, quelquefois étrangers à la région. Cette diversité découle en partie de l'exploitation minière. Par exemple, parce que les mineurs jetaient leurs trognons de pommes ou de poires dans les wagonnets de charbon, les terrils abritent aujourd'hui une centaine de variétés plus ou moins oubliées d'arbres fruitiers. Il y a aussi prolifération de l'oseille à feuilles d'écusson, dont les semences ont été apportées dans les rainures du bois de sapin utilisé dans les mines. De plus, par sa couleur sombre, la face sud d'un terril est significativement plus chaude que les environs, ce qui contribue à la diversité écologique du lieu. Ainsi le terri de Pinchonvalles à Avion rassemble 200 variétés différentes de plantes supérieures. Une trentaine d'espèces d'oiseaux y nichent.
Certains abritent des vignobles comme celui du terril n° 7 des charbonnages de Mariemont-Bascoup sur le territoire de Chapelle-lez-Herlaimont (province de Hainaut) qui produit 3 000 litres de vin par an.
Combustion souterraine
Les plus anciens terrils houillers peuvent encore contenir suffisamment de houille pour entrer en combustion lente (réaction d'oxydation), spontanément ou à la suite d'un incendie de surface. L'extinction de tels incendies nécessite généralement un décaissage complet, opération le plus souvent impossible à réaliser pour des raisons techniques et financières. L'arrosage est en effet inefficace et l'injection d'eau sous pression contre-productive du fait de l'oxygène apporté (il existe même un risque d'explosion).
Ce phénomène de combustion en profondeur (que se soit dans les crassiers ou dans les mines désaffectées) pose un gros problème écologique. En effet, qui dit combustion, dit émission de CO2. Or il est estimé que à l'échelle mondiale, entre 100 et 200 millions de tonnes de CO2 seraient ainsi libérées dans l'atmosphère, soit 5 fois ce qui est libéré au niveau français par les transports (tous transports confondus), ou encore 6% du CO2 produit mondialement. Cependant, le faible impact de ces incendies sur l'environnement immédiat, la santé publique des riverains et le coût élevé d'une extinction conduit généralement à attendre leur extinction naturelle, ce qui peut nécessiter plusieurs décennies.
Malgré cet impact environnemental, la combustion interne des terrils est parfois entretenue (par injection d'eau), comme par exemple celle du terril Saint-Pierre à La Ricamarie (à proximité de Saint-Étienne dans la Loire). En effet, les hautes températures provoquées par la combustion (+oxydation) du schiste houiller provoque un thermométamorphisme de ce dernier, ce qui lui confère des propriétés nouvelles, intéressantes pour les sous couches des infrastructures routières. Il devient rouge, d'où son nom de schiste rouge.
Glissements de terrain
Les terrils présentent un danger de glissement de terrain. La catastrophe d'Aberfan au Pays de Galles, survenue le vendredi 21 octobre 1966, en est un exemple. Elle fit 144 victimes, dont 116 écoliers âgés de 7 à 10 ans et 5 instituteurs.
Le devenir des terrils
Marques imposantes et durables dans le paysage, les terrils sont un enjeu de taille dans l'aménagement urbain des villes qui les ont vu naître. Presque systématiquement, l'idée de les supprimer n'a même pas été discutée. L'opération est inutile et trop coûteuse d'une part, mais surtout cette idée heurte la sensibilité des habitants, attachés à cet élément de leur paysage. La question du devenir des terrils reste posée. Doivent-ils rester en l'état, en tant que témoignages de l'histoire minière ? Ou peuvent-ils connaître une reconversion ? Des réponses ont pu être apportées.
Exploitation
La combustion lente de certains terrils (voir ci-dessus) est la cause d'un phénomène de vitrification des schistes qui acquièrent ainsi des capacités mécaniques suffisantes pour en faire des matériaux de construction routière. Certains connaissent donc une seconde vie en étant exploités dans ce but, comme par exemple les terrils coniques de la fosse n° 15 derrière le site du 11/19 à Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais)
Certains terrils contiennent du charbon en quantité notable et l'évolution des techniques permet parfois de les exploiter à nouveau.
Loisirs, patrimoine et culture
Les terrils qui n'ont pas été exploités sont généralement peu à peu reconvertis en espaces verts ou de loisirs et ouverts au public.
Ils présentent un intérêt pédagogique environnemental certain, notamment parce qu'ils abritent des écosystèmes particulier (en raison de la chaleur interne du terril et du fait qu'ils n'ont pas reçu d'engrais, ni de pesticides, et qu'ils n'ont jamais été cultivés). Ils peuvent à ce titre être inscrits dans une trame verte locale (Trame verte du bassin minier du Nord/Pas-de-Calais par exemple) ou régionale auxquelles ils apportent des habitats de substitution, voire une faune et une flore localement nouvelle.
Les terrils tels que par exemple le site de Sabatier, dans le Parc naturel régional Scarpe-Escaut sont reconquis par des plantes dont les graines sont apportées par le vent et les animaux. Les terrils du nord de la France abritent ainsi des plantes méditerranéennes aussi bien que continentales.L'ouverture des terrils au public peut être source de découverte, mais aussi de dégradation de leur environnement.
D'autre part des problèmes de sécurité peuvent se poser sur les fortes pentes (risques de glissades, d'effondrement ou de glissement de terrains). Très localement des risques peuvent être liés à la combustion du terril (jusqu'à 70 °C à 20 cm de profondeur) ou en raison d'émissions de gaz (grisou) ou de pollutions relictuelles, Pour aider les collectivités, un manuel des bonnes pratiques en matière de regénération d'espaces dégradés en milieux urbains de l'Europe a été publié par le programme européen RESCUE en 2005 [1] et la mission bassin minier a publié un guide de bonnes pratiques pour l'ouverture des terrils au public[2]Certains terrils sont utilisés pour diverses activités sportives ; À Nœux-les-Mines (Pas-de-Calais), une piste de ski synthétique a été aménagée sur un ancien terril. C'est l'idée la plus originale, souvent citée en exemple. Le parapente est pratiqué sur les terrils du 11/19 à Loos-en-Gohelle. Dans le Parc naturel régional Scarpe-Escaut, une association sportive de Raismes (près de Valenciennes), la Course des Terrils, rend à sa manière hommage depuis 1984 à ces emblèmes du nord de la France: leurs pentes raides, dont celles du site Sabatier, offrent de redoutables difficultés, très appréciées des amateurs de course à pied d'endurance. Tous les 5 ans, les terrils sont également escaladés et dévalés de nuit, à la seule lueur de la lampe frontale des coureurs, puisqu'une épreuve nocturne exceptionnelle y est organisée, couplée à une illumination pyrotechnique du chevalement encore en place sur le site.
En Belgique, le « Sentier des Terrils » (anciennement « Transterrilienne »[3]) traverse la Région wallonne d'ouest en est sur 200 km. La chaîne de quelque 1 200 terrils suit les anciens bassins houillers dont les principaux sont ceux du Borinage (Mons), du Centre (La Louvière), de Charleroi et de Liège[4]. Tout au long de la chaîne, de nombreux musées sont présents en vue de préserver le patrimoine historique comme par exemple le Pass à Frameries, le Grand Hornu, le Bois du Cazier et Blegny-Mine.
Voir aussi
Liens externes
- La Chaîne des terrils (association française)
- Pays des Terrils
- La Chaîne des terrils (association belge) (site multilingue)
- Concours international de Land Art sur les terrils de Charleroi
- Il était une fois... les crassiers
- Le terril du Thier-à-Liège
- Animation : évolution d'un terril au fil du temps (site du Parc naturel régional Scarpe-Escaut)
- La Course des Terrils (association de course à pied)
- Les terrils de Liège (association)
Références
- ↑ Manuel des bonnes pratiques en matière de regénération d'espaces dégradés en milieux urbains de l'Europe : RESCUE (Télécharger (en anglais)) - Mai 2005
- ↑ Publications de la mission Bassin minier (Consulté 2009/08/17)
- ↑ (fr)Le sentier des Terrils
- ↑ (fr)Les terrils en Région wallonne
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Catégorie : Mine
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