Charbonnage

Charbonnage
Un mineur perce des trous dans une paroi dans le but d'y introduire des charges explosives. Photo prise à Leipzig, Allemagne en 1932.

Un charbonnage ou une houillère est une mine de houille, c'est-à-dire un lieu d'extraction du charbon.

Sommaire

Histoire

L'histoire de l'exploitation du charbon de terre (qu'on appelait ainsi par opposition au charbon de bois) semble relativement récente, alors que celle de la tourbe et de la naphte sont au moins pluri-millénaires. Cette histoire est aussi celui de l'évolution des outils de creusements de puits, d'abattage, de transport et tri du charbon, à main (avec assistance des chevaux), mécanique, hydrauliques puis animés par air comprimé, ce qui permettait aussi d'envoyer de l'oxygène dans les galeries.

Aux débuts de l'exploitation industrielle, les principaux risques, outre la silicose et les effondrements et autres accidents, étaient le manque d'air, les coups de grisou (détecté par la mort d'un canari en cage au XIXe siècle[réf. nécessaire] ), et l'inondation des galeries à proximité de nappes profonde ou de failles permettant une circulation plus ou moins verticale de l'eau. Ces risques restent d'actualité, et tuent encore de nombreux mineurs, en Chine notamment.

Durant l'exploitation, certaines failles, malgré les progrès de la connaissance géologique des couches de charbon et du sous-sol n'étaient détectées quand on les approchait que par des infiltrations et des suintements à travers les roches du gisements[1]

Infrastructure

Le châssis à molettes ou chevalement

La partie la plus visible d'un charbonnage est appelée châssis à molettes ou Belle Fleur en Belgique, les termes chevalement et chevalet étant d'usage en France. Il s'agit d'une tour (métallique, en béton ou plus anciennement en bois) supportant en son sommet deux molettes (poulies) sur lesquelles passent les câbles d'extraction (historiquement plats puis ronds).

Le châssis à molettes est dressé au-dessus du puits vertical dans lequel se déplacent le plus souvent deux cages d'ascenseur ou deux skips (ces derniers ne servant qu'à la remontée du charbon, à l'exclusion du personnel). Le fond du puits est appelé bougnou (ou puisard) : c'est là que s'écoule l'eau qui y est alors pompée jusqu'au jour.

Avec l'emploi du béton, les chevalements vont progressivement disparaître au profit des tours d'extraction où la machine est installée au sommet.

La machinerie

À côté du chevalement se trouve le bâtiment de la machine d'extraction. Celle-ci revêt plusieurs types selon la disposition des molettes, d'une part, et la forme du câble d'autre part. Pour des câbles plats en aloès, deux énormes bobines sont placées côte à côte, sur lesquelles s'enroulent ou se déroulent des câbles plats qui font monter ou descendre les cages. Celles-ci sont synchronisées, pour une question de contrepoids et d'économie de la machinerie.

Pour des câbles ronds, tout dépend du placement des molettes sur le chevalement : lorsque les molettes sont côte à côte, le système le plus souvent employé est la machine à tambour bicylindre conique. Lorsque les molettes sont superposées, la machine adopte le système de la poulie Koepe (du nom de l'ingénieur allemand qui le breveta à la fin des années 1870) : elle prend la forme d'une poulie verticale, placée dans le même axe que les molettes et sur laquelle s'enroule le câble rond. Celui-ci s'y accroche par simple adhérence, malgré la masse considérable des câbles et des cages dans le puits.

Un ouvrier appelé « machiniste d'extraction » installé dans la salle des machines actionnait le mouvement des cages. Des curseurs placés sur des vis sans fin synchronisés aux bobines indiquaient l'emplacement approximatif des cages. Les communications entre les gens dans le puits et le machiniste se faisaient en actionnant des sonnettes ; un long câble longeait l'intérieur du puits.

La salle des machines contenait également des ventilateurs pour forcer l'aérage des galeries souterraines. Il y avait parfois également des pompes car à certains endroits il fallait évacuer l'eau provenant de nappes souterraines.

Reconstitution d'une galerie au Bois du Cazier

Les galeries

Un charbonnage fonctionnait au moins avec deux puits (fosses). L'un servait pour l'entrée d'air et l'autre pour le retour. Les galeries allaient de l'un à l'autre pour boucler le circuit d'aérage.

Les galeries qui débouchaient sur le puits s'appelaient travers-bancs (dit T.B.) ou bouveaux, elles étaient horizontales. Les jonctions entre les travers-bancs et le puits s'appelaient accrochages, envoyages ou recette (dans la Loire). Elles étaient numérotées selon leur profondeur. Exemple : envoyage 90, envoyage 967, envoyage 1242. À Saint-Étienne, la profondeur des recettes est calculée par rapport au niveau de la mer. Dans certains puits, il y avait parfois jusqu'à 14 envoyages.

On creusait des voies jusqu'au moment où l'on arrivait dans une veine (ou couche), c’est-à-dire une strate de charbon. La veine était alors exploitée par des chantiers appelées tailles.

La taille

C'est le chantier d'abattage du charbon. Elle se présente sous la forme d'un couloir de longueur et d'inclinaison variable avançant quotidiennement de plus ou moins 1 mètre dans le massif exploité.

Les tailles sont toujours desservies par 2 voies d'accès : Une voie basse (dite voie de base), par laquelle le charbon est évacué et par où l'air frais arrive. Une voie haute (dite voie de tête), par laquelle le matériel arrive sur le chantier.

Le principe de la taille (par rapport à celui des chambres à piliers par exemple) est de réduire au fur et à mesure de l'avancée dans le massif la largeur du toit afin de réduire la surface exposée à la pression. À chaque mètre gagné sur le massif, on réduisait l'arrière taille d'autant (par remblayage ou par foudroyage du toit).

Il y a deux manières de faire avancer une taille dans la couche :

  • A chassant : les 2 voies sont courtes et la taille avance dans le massif. Ainsi on avance « à l'aveugle » dans une couche inconnue. Cette technique est abandonnée à la fin du XIXe siècle car elle favorise les échauffements dans l'arrière-taille (incendies provoqués par l'oxydation de la poussière de charbon).
  • A rabattant : on trace préalablement les deux longues voies afin de délimiter un panneau. La taille remonte alors dans le panneau. Cette technique permet un meilleur aérage du chantier car le courant d'air passe alors contre le massif et non dans le remblai.

Le roulage

Wagonnets

Les transports en surface comme au fond se faisaient par des petits wagonnets (bennes dans la Loire) roulant sur des rails. Au début, ils étaient tirés par des chevaux. Ces chevaux étaient descendus dans la mine pendus dans un harnais. Souvent, ils passaient toute leur vie sous terre et n'étaient remontés que lorsqu'ils ne pouvaient plus travailler. Dans les écuries souterraines, on trouvait toujours des rongeurs attirés par le contenu des mangeoires. On trouvait parfois aussi des chats probablement descendus par l'un ou l'autre mineur. Après la Première Guerre mondiale, les chevaux furent progressivement remplacés par des trolleys électriques puis des locomotives diesel.

Les stations de triage

Station de triage

Lorsque les wagonnets arrivaient en surface, il fallait les tirer vers des stations de triage. Il y avait des wagonnets de matériaux stériles qui étaient amenés sur les terrils pour y être déversés et de wagonnets de charbon qui devaient être traités.

La salle des chaînes

Le vestiaire dans lequel les mineurs se changeaient était une salle très haute avec des barres rondes ou des poulies au plafond sur lesquelles passaient de longues chaînes. Les mineurs accrochaient leurs vêtements à un crochet au bout de la chaîne puis les faisaient monter au plafond. Ils accrochaient l'autre bout de la chaîne avec un cadenas à un cadre ancré dans le sol. Ce système était plus simple que des armoires et prenait moins de place. Il facilitait le nettoyage de la salle et permettait également aux vêtements de sécher plus facilement. Les journalistes appelaient souvent cet endroit « salle des pendus ». Dans le bassin du centre les mineurs parlent de la « chambre chaude ». Dans la Loire mineurs et ingénieurs parlaient du lavabo.

La lampisterie

Collection de lampes de mineurs

Les lampes des mineurs étaient stockées à la lampisterie. Avant de descendre au fond, le mineur y enlevait sa lampe contre remise d'un jeton qui portait le même numéro que la lampe. Un contrôle à la lampisterie permettait de savoir quel était le personnel au fond (nombre, noms, ...) [2].

Les terrils

Article détaillé : Terril.

Les mineurs

Personnel

  • Haveur : mineur chargé de l'abattage du charbon.(Piqueur dans le bassin Sud-Centre).
  • Boutefeu : mineur chargé de la mise en œuvre des explosifs
  • Bouveleur : mineur chargé de creuser les galeries, de les étançonner et de les entretenir (boiseur dans la Loire)
  • Herscheur : mineur ou personnel chargé de pousser les wagonnets avant la mécanisation (rouleur dans la Loire)
  • Ingénieur des mines : cadre supérieur dirigeant
  • Machiniste d'extraction : ouvrier travaillant en surface chargé d'actionner le mouvement des cages
  • Porion : chef responsable d'un chantier (gouverneur dans la Loire)
  • Remblayeur : personne chargée de remblayer les vides après l’extraction du charbon
  • Repasseur de fosse : mineur chargé de l'entretien du puits (mineur de puits dans la Loire)

La sonnette

Les communications entre les receveurs du jour, du fond et le machiniste d'extraction qui actionnait les cages se faisaient principalement par coups de sonnettes.

Exemples :

1 coup : arrêt
2 coups : plus bas
3 coups : plus haut
2 + 6 coups : envoyage 1232
roulement + 1 coup : surface

Des liaisons téléphoniques existaient mais elles n'étaient pas utilisées pour les actions de routine.

La langue

Pour des raisons de sécurité, en Belgique et également dans le Nord de la France, ce sont les langues régionales qui étaient jusqu'à tout récemment[Quand ?] les langues des charbonnages et en général des installations industrielles modernes, le wallon surtout mais également le picard disposant d'un vocabulaire technique plus étendu que le français qui servaient donc d'instrument plus expédient en cas de problèmes graves à traiter rapidement[3]. Le même phénomène se retrouvait du côté néerlandophone où les dialectes du limbourg offrait plus de richesse de vocabulaire[4].

Dans le bassin de la Loire, le vocabulaire de la mine est fortement influencé par celui des autres industries locales. Il témoigne de la mobilité des ouvriers au XIXe siècle. Ex : crassier (métallurgie), recette (passementerie).

Valorisation culturelle des charbonnages

  • La commune de Frameries a reconstitué l'ensemble des installations de surface et celle de Blegny, entretient les mines proprement dites ou les galeries: voyez le site de cette mine d'antan que l'on peut visiter (film, photos, conseils pour enseignants...).
  • De nombreux acteurs du Nord-pas-de-Calais ont proposé que les terrils et certaines installations minières soient classées sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.
  • Le vocabulaire wallon des charbonnages pourrait avoir influencé le vocabulaire français (à commencer par houille : wa:Houyire sur le Wikipédia wallon (WPW). Diverses expressions employées couramment peuvent pour partie venir des mines. Ex. : en avoir plein les bottes, avoir les jetons, la mettre en veilleuse...

Charbonnages en Belgique

Article détaillé : Mines de charbon de Belgique.
Article détaillé : Liste des charbonnages belges.

On estime que l'exploitation de la houille (un mot de wallon repris en français), était déjà une réalité dans le sillon Sambre-et-Meuse à l'époque romaine; les premiers textes qui en parlent datent du XIIe siècle [5]. Dès 1229, on trouve des traces de réglementation pour l'exploitation de « carbonières ». Dans la région de Liège, des galeries d'exhaure, appelées areines existent depuis le Moyen Âge. Un tribunal spécial, la Cour des Voir-Jurés de charbonnage, statue sur les nombreux conflits qui font rage entre les exploitants houilleurs, les areiniers et autres parties intéressées jusqu'à la Révolution française.

Charbonnages en France

Article détaillé : Mines de charbon de France.
Article détaillé : Charbonnages de France.

Notes et références

  1. Alfred Évrard, Traité pratique de l'exploitation des mines : Leçons professées à l'Institut industriel du Nord de la France, par M. Alfred Alfred , directeur de la Compagnie Houillère de Ferfay et de Ames, Mons et Paris, E. Dacquin (Mons) et Baudry (Paris), coll. « Institut industriel du Nord », 1878 (réimpr. 1879,1888,1890) (1re éd. 1878) [lire en ligne]
    (notice BNF no FRBNF30411406p)
     
  2. http://www.charbonnagesduhainaut.webou.net/lampesR.htm
  3. Voir Yves Quairiaux L'image du flamand en Wallonie, éditions Labor, Gerpinnes, 2006.
  4. Joep Kruijsen, Woordenboek van de Limburgse Dialecten : voir site web consacré au sujet sur base des livres de Joep Kruijsen
  5. Wallonie - Histoire - L'évolution des sciences et des techniques en Wallonie (2/3)

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • Alfred Évrard, Traité pratique de l'exploitation des mines : Leçons professées à l'Institut industriel du Nord de la France, par M. Alfred Alfred , directeur de la Compagnie Houillère de Ferfay et de Ames, Mons et Paris, E. Dacquin (Mons) et Baudry (Paris), coll. « Institut industriel du Nord », 1878 (réimpr. 1879,1888,1890) (1re éd. 1878) [lire en ligne]
    (notice BNF no FRBNF30411406p)
     

Liens externes


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