- Séqénenrê Taâ II
-
Articles de la série Pharaon Classements alphabétique - chronologique Dynasties 0 - Ire - IIe - IIIe - IVe - Ve - VIe - VIIe - VIIIe - IXe - Xe - XIe - XIIe - XIIIe - XIVe - XVe - XVIe - XVIIe - XVIIIe - XIXe - XXe - XXIe - XXIIe - XXIIIe - XXIVe - XXVe - XXVIe - XXVIIe - XXVIIIe - XXIXe - XXXe - XXXIe - Les Ptolémées Séqenenrê Taâ II[Note 1] est un roi égyptien de la XVIIe dynastie dont le règne se situe aux alentours de -1558 à -1554[Note 2]. Comme ses obscurs prédécesseurs, il régnait sur la Haute-Égypte depuis Thèbes alors que les Hyksôs régnaient dans le delta du Nil depuis la cité d'Avaris. Formant la XVe dynastie, ces derniers faisaient valoir leur souveraineté sur toute l'Égypte.
Sous son règne semble s'organiser la résistance face à l'occupant Hyksôs, qui mènera bientôt, sous ses deux successeurs Kamosé et Ahmôsis Ier, à la guerre de libération.
Séqenenrê Taâ II meurt de mort violente et est inhumé à Dra Abou el-Naga.
Sommaire
Généalogie
Voir l’article annexe : Arbre généalogique de la XVIIe dynastie égyptienne.Séqénenrê Taâ II Naissance Date inconnue Décès Date inconnue Père Sénakhtenrê Taâ Ier ? Grands-parents paternels Grand-père paternel inconnu Grand-mère paternelle inconnue Mère Tétishéri Grands-parents maternels Tjenna Néferou Fratrie Ahhotep
Ahmès-Inhapy ?
Kamosé ?1re épouse Ahhotep Enfant(s) Kamosé ?
Ahmôsis Ier
Ahmès-Néfertary
Ahmosé-Sipair2e épouse Satdjéhouty Enfant(s) Ahmès 3e épouse Ahmès-Inhapy Enfant(s) Ahmès-Hénouttamehou Séqénenrê Taâ II, suivant l'analyse de sa momie, est mort entre trente et quarante ans[1]. Il voit son fils aîné Ahmès[Note 3] mourir avant lui[2], et laisse, outre de nombreuses filles, un autre Ahmès, futur Ahmôsis Ier, en bas âge[3]. Outre sa sœur et principale épouse Ahhotep Ire, il s'unit à sa sœur Satdjéhouty et peut-être également à une fille et épouse royale Ahmès-Inhapy, qui lui donnent chacune une fille.
La plupart des enfants de Séqénenrê, sinon tous, ont pour prénom Ahmès[Note 4], tiré du nom de la lune Iâh, bien que les filles royales sont généralement distinguées par un second prénom. Cette prédilection pour les anthroponymes tirés de l'astre nocturne, ainsi que du dieu Thot qui lui est associé[Note 5], déjà présente avant le règne de Séqénenrê dans une moindre mesure, atteste d'un culte lunaire durable au sein de la famille royale.
La stèle d'Ahmôsis Ier à Karnak fait l'état civil complet d'Ahhotep et permet ainsi de situer les membres de la famille royale les uns par rapport aux autres : « épouse du roi (Séqénenrê Taâ II), la sœur du souverain, (Kamosé ?), la fille du roi (Sénakhtenrê Taâ Ier), l'auguste mère du roi (Ahmôsis Ier) »[4]. Séqénenrê Taâ II est ainsi considéré par de nombreux spécialistes comme le frère de Kamosé et non son père[5],[6], ou éventuellement appartenant à une branche collatérale[7].
Titulature
Nom d'Horus Hiéroglyphe
Transcription Khaemouaset Traduction « Qui apparaît dans Thèbes » Nom de Nesout-bity Hiéroglyphe
Transcription Séqénenrê Traduction « Celui que Rê rend vaillant » Nom de Sa-Rê Hiéroglyphe
Transcription Djéhouty-aâ (contracté en Taâ) Traduction « Thot le grand » Règne
Séqénenrê Taâ II Période IIe période intermédiaire Dynastie XVIIe dynastie Fonction Pharaon Prédécesseur Sénakhtenrê Taâ Ier Dates de règne -1558 à -1554 (A. D. Dodson, K. S. B. Ryholt).
-1591 à -1576 (Piccione)
jusqu'en -1545 (D. Franke)Successeur Kamosé Les souverains de la XVIIe dynastie semblent avoir connu une période de paix relative avec leurs voisins du nord, d'une durée possible de 25 ans[8],[Note 6]. Mais le conte relatant la querelle du roi thébain contre le souverain Hyksos d'Avaris, et la momie du roi Taâ, évoquant explicitement la mort violente que connut celui-ci, suggèrent que les hostilités contre les Hyksôs de la XVe dynastie reprirent sous son règne. Cependant, la carence de documentation ne permet pas de définir plus précisément les actions de ce roi.
Aucune trace d'activité architecturale des prédécesseurs de Taâ II n'a été découverte au nord d'Abydos. Or, Kamosé, qui succède à Taâ II décrit ainsi les frontières de son royaume lors de son avènement : depuis Éléphantine au sud, jusqu'à Cusae[Note 7] en Moyenne-Égypte. La zone située entre les villes d'Abydos et Cusae représenterait donc le territoire reconquis par Séqénenrê Taâ sur les autorités locales inféodées aux Hyksôs, avant finalement de périr, sans doute sous les haches hyksôs.
Durant son règne est édifié un palais de grandes dimensions, sur le site de Deir-el-Ballas à 40 kilomètres au nord de Thèbes[9],[10]. On y a trouvé des traces d'activité militaire et le site servait notamment de casernement pour les troupes armées du roi thébain[11]. Compte tenu des poteries et outils de style nubien (Kerma) découverts sur le site, on sait que de nombreux Medjaiou, nubiens du désert oriental destinés à jouer un grand rôle dans la reconquête du pays, y vivaient à côté des égyptiens.
La querelle d'Apophis et de Séqénenrê
Un conte égyptien recopié sous la XIXe dynastie et intitulé « La querelle d'Apophis et de Séqénenrê »[Note 8], qui nous est parvenu malheureusement de manière très fragmentaire, rapporte un échange curieux entre Apophis, souverain hyksôs de l'Égypte régnant depuis Avaris, et le roi de Thèbes. Apophis demande à Séqenenrê de chasser les hippopotames de son étang, car leurs bruits incommodent le pharaon et l'empêchent de dormir la nuit.
Considérant la distance entre Thèbes et Avaris, ce message ne peut avoir qu'un sens caché, ou symbolique. Il s'agirait vraisemblablement pour le souverain du nord d'affirmer sa souveraineté sur son vassal du sud.
« Qu'un messager aille vers le chef de la ville du Midi pour lui dire : Le roi Râ-Apôpi, v.s.f, t'envoie dire : Qu'on chasse sur l'étang les hippopotames qui sont dans les canaux du pays, afin qu'ils laissent venir à moi le sommeil, la nuit et le jour... »
— Gaston Maspero, Contes de l'Égypte ancienne
La conclusion probable de cette histoire, selon Gaston Maspero[12], est la suivante : le roi Séqénenrê, après avoir hésité longuement, réussit à se tirer du dilemme embarrassant où son puissant rival prétendait l'enfermer. Sa réponse, pour s'être faite attendre, ne devait pas être moins bizarre que le message d'Apophis, mais rien ne permet de conjecturer ce qu'elle était.
Momie et sépulture
Séqénenrê Taâ II Type tombeau Emplacement Dra Abou el-Naga Enterré dans la nécropole royale de Dra Abou el-Naga, la tombe de Séqénenrê Taâ, située dans une succession logique à côté de celle de Kamosé, est recensée dans l'inspection des tombes mentionnée sur le papyrus Abbott sous la XXe dynastie. Comme beaucoup d'autres, son corps fut ultérieurement sorti de sa tombe et déplacé pour le protéger des pilleurs de tombes. Il fut installé dans la cache de Deir el-Bahari
L'élément le plus célèbre concernant ce pharaon est sa momie : elle a été embaumée à la hâte après une mort manifestement très violente ; le crâne de Taâ II porte encore de nombreuses blessures qui semblent avoir été infligées par des armes hyksôs[13],[8]. La signification de cette mort au combat a été interprétée de deux façons : soit Taâ II a tenté de reconquérir le nord, mais il est mort au combat, soit il a été attaqué lui-même et vaincu.
Cette momie singulière, retrouvée intacte, est aujourd'hui conservée au musée du Caire
Notes et références
Notes
- Thot le grand » Taâ est une contraction du nom Djéhouty-aâ, qui signifie «
- A. D. Dodson, K. S. B. Ryholt. Autres avis de spécialistes : -1591 à -1576 (Piccione), jusqu'en -1545 (D. Franke). Selon
- thébaine sous le nom d'Ahmès-Sapaïr Ce jeune prince reçut un culte durable dans la
- Noté également Iâhmès ou Ahmosé
- Le nom de naissance du roi lui-même signifie « Thot le grand »
- Kamosé sur la première stèle de Karnak, en ces termes : « Mais nous, nous sommes en paix, ayant la charge de notre Égypte. Éléphantine est puissante, et le cœur du pays est à nous jusqu'à Cusae. C'est pour nous que les plus fertiles de leurs champs sont labourés ; notre bétail paît dans les marais de papyrus ; l'épeautre est jetée à nos porcs, et nos troupeaux ne sont pas enlevés… Il [Apophis] possède le pays des Asiatiques, nous possédons l'Égypte. »cf. Claire Lalouette,1995, p. 117 Une période sans doute décrite par les dignitaires du conseil de
- Assiout Appelée Qis en ancien égyptien, Cusae en grec, il s'agit de l'actuelle el-Qusiya, au nord d'
- Retrouvé sur le papyrus Sallier
Références
- Smith 1912, p. 2
- Vandersleyen 2005
- Shaw 2000, p. 212
- Barbotin 2008, p. 61
- Dodson et Dyan 2004, p. 124
- Vandersleyen 1995, p. 192
- Gitton 1984, p. 18
- Ryholt 1997, p. 177
- Vandersleyen 1995, p. 190
- Lacovara 1981
- Shaw 2000, p. 210
- Maspéro 1911, p. 365-370
- Shaw 2000, p. 211
Bibliographie
- Gaston Maspéro, Contes populaires de l'Égypte ancienne, E. Guilmoto - Librairie orientale & américaine, 1911 ;
- Michel Gitton, Les divines épouses de la 18e dynastie, Belles-Lettres, 1984 (ISBN 2-25160-306-9) ;
- Nicolas Grimal, Histoire de l'Égypte ancienne [détail des éditions] ;
- Claude Vandersleyen, L'Égypte et la vallée du Nil, t. 2, Presses Universitaires de France, 1995 (ISBN 978-2-13-046552-2) ;
- Claire Lalouette, Thèbes ou la naissance d'un empire [détail des éditions] ;
- Claude Vandersleyen, Iâhmès Sapaïr, fils de Séqénenrê Djéhouty-âa (XVIIe dynastie) et la statue du Louvre E 15 682, Safran, 2005 (ISBN 2-87457-002-8) ;
- Christophe Barbotin, Âhmosis et le début de la XVIIIe dynastie, Pygmalion, 2008 (ISBN 978-2-8570-4860-2) ;
- (en) G. Elliot Smith, Catalogue général des Antiquités égyptiennes du musée du Caire. The Royal Mummies, Le Caire, 1912 ;
- (en) Peter Lacovara, « Deir-el-Ballas », dans Studies in Ancient Egypt, Aegean and Sudan, Essays in Honor of Dows Dunham, Boston, 1981 ;
- (en) Kim Ryholt, The Political Situation in Egypt during the Second Intermediate Period, c.1800-1550 BC, Copenhagen, Museum Tusculanum Press, 1997 (ISBN 87-7289-421-0) ;
- (en) Ian Shaw, The Oxford History of Ancient Egypt, Oxford University Press, 2000 (ISBN 978-0-19-280293-4) ;
- (en) Aidan Dodson et Hilton Dyan, The Complete Royal Families of Ancient Egypt, Thames & Hudson, 2004 (ISBN 0-500-05128-3).
Voir aussi
Catégories :- Pharaon
- XVIIe dynastie égyptienne
- Momie égyptienne identifiée
Wikimedia Foundation. 2010.