- Thoutmosis IV
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Thoutmôsis IV
Articles de la série Pharaon Classements alphabétique - chronologique Dynasties 0 - Ire - IIe - IIIe - IVe - Ve - VIe - VIIe - VIIIe - IXe - Xe - XIe - XIIe - XIIIe - XIVe - XVe - XVIe - XVIIe - XVIIIe - XIXe - XXe - XXIe - XXIIe - XXIIIe - XXIVe - XXVe - XXVIe - XXVIIe - XXVIIIe - XXIXe - XXXe - XXXIe - Les Ptolémées Thoutmôsis IV ou Djéhoutymès IV, fils d'Amenhotep II et de la reine Tiâa, était le huitième pharaon de la XVIIIe dynastie. Manéthon l’appelle Thutmosis[1] et lui attribue un règne de neuf ans et huit mois, ce que semblent confirmer les documents retrouvés, dont la date n'excède pas l'an 9.
On situe son règne aux alentours de -1401 / -1400 à -1390 (Malek, Arnold, Shaw, Grimal, Krauss, Murnane)[2].
Sommaire
Généalogie
Voir l’article annexe : Arbre généalogique de la XVIIIe dynastie égyptienne.Thoutmôsis IV Naissance date inconnue Décès date inconnue Père Amenhotep II Grands-parents paternels Thoutmôsis III Mérytrê-Hatchepsout Mère Tiâa Grands-parents maternels Grand-père maternel inconnu Grand-mère maternelle inconnue Fratrie Iaret ? 1re épouse Néfertari Enfant(s) pas d'enfant connu 2e épouse Iaret Enfant(s) pas d'enfant connu 3e épouse Moutemouia Enfant(s) Amenhotep III 4e épouse une princesse mitannienne
filleEnfant(s) pas d'enfant connu Il épouse Néfertary et Iaret[3], toutes les deux grandes épouses royales. Des six fils qu’on lui connaît[4], l’aîné lui succède sous le nom d'Amenhotep III.
La mère de l’héritier, Moutemouia, n’est mentionnée dans aucun document du règne. D’après C. Lalouette[5], elle serait une princesse mitannienne, fille d’, laquelle aurait adopté le nom de Moutemouia, « Mout est dans la barque solaire », à son arrivée en Égypte. Amenhotep III sort sa mère de l’anonymat en la faisant représenter notamment dans le temple de Louxor, sur un relief de la « salle de la naissance », où elle est approchée par le dieu Amon pour concevoir l’enfant royal que Khnoum façonnera sur son tour de potier[6].
Titulature
Nom d'Horus Hiéroglyphe
Codage E2:D40-X1-G43-X1-N28:Z2ss Translittération (Unicode) kȝ nḫt twt ḫˁw Translittération (ASCII) kA nxt twt xaw Transcription Kanakht Toutkhâou Traduction « Le taureau puissant qui apparaît en perfection » Nom de Nebty Hiéroglyphe
Codage R11-R11-M23-X1-M17-M17-W19-X1:U15 Translittération (Unicode) ḏdwj nyswt mj (J)tm Translittération (ASCII) Ddwj nyswt mj Itm Transcription Djedouinysoutmiatoum Traduction « À la royauté stable comme Atoum » Nom d'Horus d'or Hiéroglyphe
Codage F12-S29-T16-D46:D21-D44:T10-Z3-Z3-Z3 Translittération (Unicode) wsr ḫpš dr pḏt Translittération (ASCII) wsr xpS dr psDt Transcription Ouserkhépesh Derpesedjet Traduction « Puissant par son glaive, qui éloigne les Neuf Arcs[7] » Nom de Nesout-bity Hiéroglyphe
Codage N5-Y5-L2:Z2ss Translittération (Unicode) mn ḫprw Rˁ Translittération (ASCII) mn xprw ra Transcription Menkheperourê Traduction « Les devenirs de Rê sont durables » Nom de Sa-Rê Hiéroglyphe
Codage G26-F31-S29 Translittération (Unicode) ḏḥwtj ms(jw) Translittération (ASCII) DHwtj ms(jw) Transcription Djehoutymès Traduction « Celui qui est né de Thot » Nom grec Transcription Thutmosis (d'après Manéthon) Règne
Thoutmôsis IV Période Nouvel Empire Dynastie XVIIIe dynastie Fonction Pharaon Prédécesseur Amenhotep II Dates de règne -1419 à -1386 (selon E. F. Wente)
-1419 à -1410 (selon D. B. Redford)
-1413 à -1403 (selon R. A. Parker)
-1413 à -1405 (selon A. H. Gardiner)
-1412 à -1402 (selon E. Hornung)
-1401 / -1400 à -1390 (selon J. Málek, D. Arnold, I. Shaw, N. Grimal, R. Krauss, W. J. Murnane)
-1398 à -1388 (selon A. D. Dodson)
-1397 à -1388/-1387 (selon J. von Beckerath, Vandersleyen)
-1396 à -1386 (selon K. A. Kitchen)
-1394 à -1384 (selon C. Aldred)
-1388 à -1379 (selon H. W. Helck)Successeur Amenhotep III Nous ignorons dans quelles circonstances Thoutmôsis IV prend possession du trône. Il se peut qu’il soit devenu le maître du Double Pays après avoir écarté l’héritier légitime. Cette hypothèse se fonde sur la stèle dite du Songe que le roi fait élever entre les pattes du grand sphinx. Il y évoque un prodige qui lui était arrivé alors qu’il était adolescent. Après une chevauchée dans la région de Memphis, il s'était assoupi à l’ombre du dieu. Pendant son sommeil, Rê-Harmakhis, le Sphinx lui-même, lui apparut et lui demanda d'ôter le sable qui l'ensevelissait petit à petit. Puis, le dieu dit :
« Regarde-moi, jette les yeux sur moi, ô mon fils Thoutmôsis ; je suis ton père Harmakhis-Khépri-Rê-Atoum. Je te donnerai ma royauté sur terre à la tête des vivants. Tu porteras la couronne blanche et la couronne rouge sur le trône de Geb, le [dieu] héritier. Le pays sera tien dans sa longueur et dans sa largeur ainsi que ce sur quoi brille l'œil du Maître de l’Univers. Tu recevras les aliments des Deux Terres, ainsi qu'un abondant tribut de tout pays étranger, et une durée de vie comportant un long temps d'années...[8] ». Certains ont vu dans cette prophétie une tentative de la part du roi de légitimer a posteriori un pouvoir qui ne lui revenait pas de droit[9]. Cependant, la promesse du dieu d’Héliopolis ne signifie pas nécessairement que Thoutmôsis ait usurpé le trône. En effet, dans une tombe de la nécropole thébaine (TT 64), son précepteur Héqarneheh affirme avoir instruit « le fils aîné du roi »[10]. Il n’y a probablement pas lieu d’y voir une tromperie, bien que la tombe soit contemporaine du règne. Toujours est-il que, en l’absence d’indices irréfutables, il nous est impossible d’infirmer avec certitude, ni de confirmer, une usurpation du pouvoir[11], tant la documentation concernant Thoutmôsis IV est réduite.
Pendant ses neuf années de règne, Thoutmôsis IV profite de la paix et de la stabilité que ses prédécesseurs avaient assurées à l’Égypte. Il n’est pas exclu toutefois qu'il ait mené campagne en Galilée, mais son mariage avec une fille d’Artatama Ier met fin aux affrontements qui avaient opposé ses prédécesseurs au Mitanni. En l’an 8, il entreprend une « campagne de victoires » en Nubie, sans doute une simple expédition punitive dans le « pays de Wȝwȝt »[12]. Comme sous ses prédécesseurs, l’administration des « pays du Sud » était confiée à un « Fils royal de Koush ». Sous son règne c'est un certain Amenhotep qui rempli cette fonction et porte ce titre prestigieux qui ne cessera d'être employé jusqu'à la fin du Nouvel Empire.
Quelques sites, peu nombreux, portent témoignage de son activité architecturale. À Amada, il ajoute une salle hypostyle au temple dédié à Amon-Rê et à Rê-Horakhty, dont Thoutmôsis III avait initié la construction. Il est également présent en Abydos, et il fonde un petit sanctuaire à El-Kab, que son fils Amenhotep III achèvera. À Memphis il fait ériger une porte monumentale ou un pylône. L'édifice est perdu mais un certain nombre de stèles de particuliers nous a conservé le souvenir de ce monument qui devait se trouver, selon l'endroit où elles ont été découvertes, à l'ouest de l'enceinte du grand templegrand temple de Ptah. Les reliefs qui l'ornaient le représentent devant le dieu Ptah dans son naos. Le roi coiffé de la couronne hem-hem est figuré dans l'attitude du massacre rituel des ennemis de l'Égypte[13]. On a aussi retrouvé des traces de son activité à Gizeh, notamment au pied du sphinx, ainsi que dans le petit temple que son père avait fait édifié à proximité.
C'est surtout à Thèbes que l'on retrouve son intervention. Dans le temple de Karnak, il termine l'obélisque inachevé de Thoutmôsis III, aujourd’hui place Saint-Jean-de-Latran à Rome, rajoutant des inscriptions aux côtés de celles de son grand-père et le dressant à l'est du temple d'Amon-Rê.
Devant le quatrième pylône du grand temple il fait ériger une cour à portiques qui autrefois occupait toute la façade occidentale du grand temple de Karnak. De chaque côté elle englobait deux chapelles en albâtre destinées à recevoir les barques sacrées lors des grandes fêtes annuelles de la capitale. La cour et les chapelles seront démantelées quelques temps plus tard par son fils et héritier sur le trône et utilisée comme matériau de remplissage du IIIe pylône. Les archéologues en fouillant ce dernier pour le consolider, ont retrouvé l'essentiel de l'édifice de Thoutmôsis IV et l'ont patiemment reconstitué, tel un gigantesque puzzle. Comme les reliefs qui l'ornaient étaient protégés dans le massif du pylône d'Amenhotep III, ils sont en relativement bon état et ont conservé leur polychromie. Ils sont un très bel exemple de l'art de la XVIIIe dynastie. L'une des deux chapelles est également restaurée et présente des reliefs d'une grande finesse, presque translucides à la lumière du soleil. L'ensemble est visible désormais dans le musée en plein air de Karnak.
Sépulture
Thoutmôsis IV Type Hypogée Emplacement Vallée des rois, tombe KV 43 Date de découverte 1903 Découvreur Howard Carter Fouilles 1903-1904 Objets découverts Sarcophage externe en grès cristallin rouge
Fragments d'un coffre à canopes
Plus d'une trentaine d'oushebtis, certains contenus dans de petits sarcophages momiformes
Statues et statuettes, divines ou royales, en bois recouvertes de bitume, autrefois dorées
Vases en pierre
Vaisselle liturgique en céramique
Vases en verre
Dossier et accoudoirs d'un trône en bois, autrefois dorés
Caisson en bois d'un char de guerre, autrefois doré
Amulettes prophylactiques
Jarres de stockage
Offrandes alimentaires (céréales, viandes et volailles momifiées...)Il fit édifier son temple funéraire au sud-ouest de celui de son père, à l'écart de son hypogée de la vallée des rois (KV 43). Sa momie fut découverte en 1898 dans la tombe d'Amenhotep II (KV 35).
Notes
- ↑ dans les versions transmises par Sextus Julius Africanus et Eusèbe de Césarée
- ↑ Autres avis de spécialistes : -1419 à -1386 (Wente), -1419 à -1410 (Redford), -1413 à -1403 (Parker), -1413 à -1405 (Gardiner), -1412 à -1402 (Hornung), -1398 à -1388 (Dodson), -1397 à -1388/-1387 (von Beckerath, Vandersleyen), -1396 à -1386 (Kitchen), -1394 à -1384 (Aldred), -1388 à -1379 (Helck).
- ↑ sa sœur ou demi-sœur
- ↑ Amenhotep, Amenemhat, Âakhéperourê, Saatoum, Ahmès et Maiherpéra
- ↑ cf. Claire Lalouette, Thèbes ou la Naissance d’un Empire, Flammarion, 1995, p. 419
- ↑ La naissance divine d'Hatchepsout figure sur un relief de son temple funéraire à Deir el-Bahari, celle de Ramsès II sur des blocs du Ramesseum réutilisés à Medinet Habou : cf. Barry J. Kemp, Egypt : Anatomy of a Civilization, Routledge, 2004, p. 199
- ↑ le nom générique donné aux ennemis de l'Égypte
- ↑ « Thoutmôsis était encore un jeune homme, comparable à l'enfant Horus dans les marais de Bouto ; sa beauté égalait celle d'Horus protecteur de son père et l'on voyait en lui le dieu lui-même [...]. Ce qui faisait ses délices, c'était de se distraire sur le plateau désertique de Memphis, à ses extrémités sud et nord de tirer la flèche sur une cible de cuivre, de chasser le lion et la gazelle, de courir sur son char, avec des chevaux plus rapides que le vent, en compagnie de l'un ou de l'autre de ses serviteurs, mais à l'insu de tout le monde [...]. Un jour parmi les autres, le prince royal Thoutmôsis était venu se promener à l'heure de midi, il s'assit à l'ombre de ce grand dieu (le grand sphinx) et le sommeil et le rêve s'emparèrent de lui au moment où le soleil était à son plus haut point. Il constata que la Majesté de ce dieu sacro-saint parlait de sa propre bouche, comme un père qui s'adresse à son fils : Regarde-moi, jette les yeux sur moi, ô mon fils Thoutmôsis ; je suis ton père Harmachis-Khépri-Rê-Atoum. Je t'accorde ma royauté sur terre, à la tête des vivants. Tu porteras donc couronne blanche et couronne rouge sur le trône de Geb, le dieu héritier ; à toi sera le pays, dans sa longueur et sa largeur, ainsi que tout ce sur quoi l'œil du seigneur universel répand sa lumière. Mon visage est tourné vers toi, et mon cœur vole vers toi ; vois l'état où je suis, et mon corps douloureux, moi le maître du plateau de Guizeh ! Le sable du désert sur lequel je trône s'avance vers moi ; aussi dois-je me hâter de te confier la réalisation de mes vœux, car je sais que tu es mon fils qui vas me protéger : approche, vois, je suis avec toi, et je suis ton guide. À peine eut-il achevé ces mots que le prince royal s'éveilla, parce qu'il venait d'entendre ce discours [...]. Il reconnut que c'étaient les paroles de ce dieu, et il garda le silence en son cœur. » Traduction de Serge Sauneron, Les songes et leur interprétation, dans la collection Sources orientales, vol. 2, Paris, Seuil, 1959
- ↑ cf. E. Drioton et J. Vandier, L’Égypte – Des origines à la conquête d’Alexandre, Presses Universitaires de France, 1975, p. 341. Voir aussi N. Grimal, Histoire de l'Égypte ancienne, Fayard, 1988, p. 264
- ↑ cf. Betsy. M. Bryan, The 18th Dynasty before the Amarna Period dans : Ian Shaw, The Oxford History of Ancient Egypt, Oxford University Press, 2003, p. 247
- ↑ ibid., p. 248
- ↑ la Basse Nubie
- ↑ W. M. F. Petrie Memphis, tablets of Tahutmes IV ; pl. VIII
Bibliographie
- William Matthew Flinders Petrie, Memphis I, British School of Archaeology in Egypt and Egyptian Research Account, Fourteenth Year, 1908 ;
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