- Thoutmosis III
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Thoutmôsis III
Articles de la série Pharaon Classements alphabétique - chronologique Dynasties 0 - Ire - IIe - IIIe - IVe - Ve - VIe - VIIe - VIIIe - IXe - Xe - XIe - XIIe - XIIIe - XIVe - XVe - XVIe - XVIIe - XVIIIe - XIXe - XXe - XXIe - XXIIe - XXIIIe - XXIVe - XXVe - XXVIe - XXVIIe - XXVIIIe - XXIXe - XXXe - XXXIe - Les Ptolémées Thoutmôsis III ou Djehoutymès III était le cinquième pharaon de la XVIIIe dynastie. Manéthon l’appelle Misphragmuthosis[1].
Les avis sont partagés sur les dates de son règne[2] ; il ne régna seul qu'à partir de -1458 / -1457.
Sommaire
Généalogie
Voir l’article annexe : Arbre généalogique de la XVIIIe dynastie égyptienne.Thoutmôsis III Naissance date inconnue Décès date inconnue Père Thoutmôsis II Grands-parents paternels Thoutmôsis Ier Moutnofret Ire Mère Aset (ou Iset) Grands-parents maternels Grand-père maternel inconnu Grand-mère maternelle inconnue Fratrie Néférourê 1re épouse Sitiah Enfant(s) Amenemhat 2e épouse Mérytrê-Hatchepsout Enfant(s) Amenhotep II
Meritamon (ou Merytamon)3e épouse Nébétou Enfant(s) pas d'enfant connu 4e épouse Néférourê ? Enfant(s) pas d'enfant connu Djehoutymès, dont Thoutmôsis (Θουτμωσις) est la forme hellénisée, est le fils de Thoutmôsis II et d'Iset (ou Aset), une des épouses secondaires de son père. À son avènement, il est encore un jeune enfant, et la régence est exercée par « l’épouse du dieu », sa belle-mère Hatchepsout, qui adopte la titulature et les attributs royaux vers l'an 2 ou 3 du règne. Pendant une vingtaine d'années, Thoutmôsis III est tenu à l'écart. Après la disparition d'Hatchepsout en l'an 21 ou 22 du règne, dans des circonstances inconnues, il obtient enfin la pleine souveraineté et dirige l'Égypte jusqu’à sa mort.
Il épouse Sitiah (ou Satiah), Mérytrê-Hatchepsout[3], toutes deux Grandes épouses royales, Nébétou et peut-être Néférourê, une fille d’Hatchepsout. Il a deux enfants avec Mérytrê-Hatchepsout : un fils, le futur Amenhotep II, et une fille, Meritamon (ou Merytamon).
Titulature
Nom d'Horus Hiéroglyphe
Codage [ E2 D40 N28 G17 R19 X1:O49 ] Translittération (Unicode) kȝ nḫt ḫˁ m wȝst Translittération (ASCII) kA nxt xa m wAst Transcription Kanakht Khâemouaset Traduction « Taureau puissant qui apparaît radieux à Thèbes » Obs.- Dans les inscriptions divisées verticalement, le nom d'Horus fut régulièrement inclus dans un serekh.
Nom de Nebty Hiéroglyphe
Codage V29 M23 X1 M17 M17 W19 N5:Z1 G17 Q3*X1:N1 Translittération (Unicode) wȝḥ nsyt mi rˁ m pt Translittération (ASCII) wAH nsyt mi ra m pt Transcription Ouahnesytmirêmpet Traduction « Qui établit durablement la royauté [sur terre] à l'instar de Rê dans le ciel » Nom d'Horus d'or Hiéroglyphe
Codage S42 F9:F9 D45:N28 Translittération (Unicode) sḫm pḥty ḏsr ḫˁ Translittération (ASCII) sxm pHty Dsr Xa Transcription Sékhempéhty Djéserkhâ Traduction « Imposant de vigueur, radieux d'apparition » Nom de Nesout-bity Hiéroglyphe
Codage ( N5:Y5 L2 ) Translittération (Unicode) mn ḫpr Rˁ Translittération (ASCII) mn xpr ra Transcription Menkhéperrê Traduction « La Manifestation de Rê est durable » Nom de Sa-Rê Hiéroglyphe
Codage G26-F31-S29-F35-L1:Z2 ) Translittération (Unicode) Ḏḥwtj ms(jw) nfr ḫprw Translittération (ASCII) DHwtj ms(jw) nfr Xprw Transcription Djéhoutymès Neferkhéperou Traduction « Né de Thot, Au devenir parfait » Nom grec Transcription Misphragmuthosis (d'après Manéthon). Règne
Thoutmôsis III Période Nouvel Empire Dynastie XVIIIe dynastie Fonction Pharaon Prédécesseur Thoutmôsis II
HatchepsoutPrise du pouvoir À la mort de Thoutmôsis II
Pleins pouvoir à celle d'HatchepsoutDates de règne -1504 à -1452 (selon D. B. Redford)
-1504 à -1450 (selon E. F. Wente, van Siclen)
-1490 à -1436 (selon E. Hornung, R. A. Parker, A. H. Gardiner)
-1479 / -1478 à -1425 (selon J. von Beckerath, le British Museum, J. Málek, N. Grimal, Murnane, D. Arnold, I. Shaw, K. A. Kitchen, R. Krauss, C. Aldred)
-1479 à -1424 (selon A. D. Dodson)
-1467 à -1413 (selon H. W. Helck)Durée du règne 52 ans, 7 mois Successeur Amenhotep II Passation du pouvoir Mort naturelle À la fin de sa vie, il partage vraisemblablement le pouvoir, de son plein gré cette fois-ci, avec le futur Amenhotep II, fils de la Grande épouse royale Mérytrê-Hatchepsout.
Le roi guerrier
Thoutmôsis III, que l'égyptologue américain James Henry Breasted appela « le Napoléon de l'Égypte antique », reprend la politique de conquêtes de son père et porte le Nouvel Empire à son apogée. Il mène des campagnes en Nubie, où il dépasse la 4e cataracte, et en Syro-Palestine, où la bataille et le siège de Megiddo sont l'épisode le plus connu. Au cours de ses seize (ou dix-huit) expéditions militaires en Asie, il aurait capturé 350 cités, soumettant la plupart des territoires à l'ouest de l'Euphrate, qu'il franchit au cours d'une campagne contre le royaume de Mitanni. L'événement fut commémoré par une stèle-frontière que le roi fit ériger sur la rive occidentale du fleuve, à côté de celle de son grand-père Thoutmôsis Ier.
La première campagne asiatique, qu’il mène à la tête de dix mille soldats, fut entreprise pour écarter la menace que représentait une coalition de princes autour du roi de Qadesh, vassal du roi de Mitanni. Thoutmôsis III l’emporte à la bataille de Megiddo (14/15 mai -1458) ; la ville se rend après un siège de sept mois. Le roi poursuit alors vers le nord et assujettit le pays jusqu’au Litani.
La Syrie est conquise au cours de la VIe campagne, avec la prise de Qadesh. Les ports phéniciens se soumettent un an plus tard, au cours de la VIIe campagne.
En l'an 33 du règne, les guerres d'Asie débouchent sur une confrontation directe avec le Mitanni. L'armée transporte des bateaux fluviaux construits à Byblos à travers le désert afin de franchir la barrière constituée par l'Euphrate. Elle atteint le pays de Qatna, près de la ville moderne de Homs, ravage la région de Karkemish, puis traverse le « grand fleuve de Naharina », tandis que l’ennemi mitannien fuit « comme les troupeaux de chèvres de la montagne »[4].
Les campagnes suivantes servent à stabiliser les frontières de l’Égypte sur l’Euphrate, arrêtant par là l’expansion du Mitanni. Les cités syro-palestiniennes, gouvernées désormais par des princes dont les enfants avaient été emmenés en otage, conservent une certaine autonomie, mais elles sont soumises au tribut par une administration égyptienne renforcée par des troupes stationnées aux endroits stratégiques.
En Nubie, le roi va au-delà de la 4e cataracte et fait graver à Kenissa une autre stèle-frontière, à côté de celle de son illustre aïeul Thoutmôsis Ier.
Les conséquences de cette politique de conquêtes sont un énorme afflux de richesses en Égypte, sous forme de butin de guerre ou de livraisons annuelles. La Palestine et la Syrie envoient du vin, de l'huile, des bovins et des ovins, des chevaux, de l'argent, du cuivre, des pierres précieuses, des armes, des chars, des serviteurs et des princesses pour le harem royal. La Phénicie livre du blé, du cuivre et de l'étain ; elle prête aussi sa flotte pour les opérations militaires. D'Afrique arrive l'or, l'ivoire et l'ébène.
L'Assyrie fournit du lapis-lazuli à titre de « tribut d'hommage » (C. Lalouette), et le Hatti des pierres précieuses. La région de Pount envoie l'encens et la myrrhe.
Au cours de son règne, Thoutmôsis III place l'Égypte au centre d'un vaste empire englobant le pays de Koush et le couloir syro-palestinien. Les contributions des territoires conquis - inou (« ce que l’on apporte ») et bakou ( « les produits du travail ») - permettent un vaste programme de construction tout à la gloire d'Amon et de son royal protégé.
Le roi bâtisseur
Ce roi guerrier est aussi un grand bâtisseur, à l'instar de ses prédécesseurs. À Karnak, il poursuit les travaux de transformation du temple d'Amon-Rê, qui est richement doté. Il y fait notamment construire l'Akhmenou ou « salle des fêtes ».
« Les taxes perçues comme tributs annuels », avait décidé le roi, « seront destinées aux offrandes divines de mon père Amon. Ma Majesté lui offre de même toutes sortes de richesses en or, argent, lapis-lazuli, turquoise, du cuivre noir, du bronze, du cuivre et de l'étain, des couleurs en très grandes quantités »[5].
Il remplace les sanctuaires en brique du Moyen Empire par des temples en pierre, « le matériau d'éternité ». Son œuvre architecturale est immense : le roi construit en Nubie jusqu'au Gebel Barkal et à Kôm Ombo, à Erment, à Deir el-Bahari et à Médinet Habou à l'ouest de Thèbes, à Esna et à Dendérah, entre autres. Il fait aussi aménager au sud de l'île de Pharos un port maritime, que Ramsès II terminera.
Économie
À l'époque de Thoutmôsis III le prix d'un bœuf est d'environ deux onces d'or, c'est toujours aujourd'hui (au cour moyen de l'or) le même ordre de grandeur[6].
Sépulture
Thoutmôsis III Type Hypogée Emplacement Vallée des rois, tombe KV34 Thoutmôsis III meurt le dernier jour du septième mois de sa cinquante-troisième année de règne. Il est inhumé dans la vallée des rois. Son tombeau (KV34) est l'un des plus vastes de la nécropole : il s'enfonce sur près de trois cents mètres dans la falaise.
Le superbe sarcophage de quartzite du roi occupe toujours la chambre funéraire. Le décor pariétal de la tombe est constitué principalement de scènes et de textes extraits du livre de l'Amdouat, Le Livre de ce qui se trouve dans l'Autre Monde.
Notes
- ↑ cf. A. H. Gardiner, p. 444
- ↑ -1479 / -1478 à -1425 selon J. von Beckerath, J. Malek, N. Grimal, Murnane, D. Arnold, I. Shaw, K. A. Kitchen, E. Krauss, C. Aldred
Autres avis de spécialistes : -1504 à -1452 (D. B. Redford), -1504 à -1450 (E. F. Wente, van Siclen), -1490 à -1436 (E. Hornung, R. A. Parker, A. Gardiner), -1479 à -1424 (A. D. Dodson), -1467 à -1413 (H. W. Helck). - ↑ Le nom n’implique pas nécessairement qu’elle soit la fille d’Hatchepsout.
- ↑ cf. C. Lalouette, p. 293.
- ↑ cf. K. Sethe, p. 743-744)
- ↑ Alain Maître L’or est-il la monnaie universelle qui nous manque actuellement (R. Mundell) ou n’est-il qu’une relique barbare (Keynes) ? :
« La démonétisation de l’or au XXe siècle marque une rupture considérable si l’on songe que depuis les grandes civilisations de l’Antiquité le commerce était réglé en or. C’est l’Égypte, riche en métal jaune qui a le moyen d’en faire un étalon monétaire à partir du Moyen-Empire. Sous Thoutmosis III, il faut 60 grammes d’or pour acheter un bœuf. Au IIe millénaire avant Jésus-Christ, l’or est estampillé en Cappadoce, en Assyrie, en Chine et c’est dans le monde hellénisé qu’au VIIe siècle la révolution monétaire est acquise. »
Bibliographie
- Ouvrages référencés dans le texte
- Alan Henderson Gardiner, Egypt of the Pharaohs, Oxford University Press, 1974 ;
- Claire Lalouette, Thèbes ou la naissance d'un empire, Flammarion (ISBN 2-08-081328-5) ;
- Kurt Heinrich Sethe, Urkunden der 18. Dynastie.
- Autres ouvrages
- Donald Bruce Redford, The Wars in Syria and Palestine of Thutmose III, Culture and History of the Ancient Near East 16, Brill, Leiden, 2003 (ISBN 9004129898) ;
- Peter A. Clayton, Chronicle of the Pharaohs, Thames and Hudson (ISBN 0-500-05074-0) ;
- Florence Maruéjol, Thoutmosis III et la corégence avec Hatchepsout, Pygmalion, Paris, 2007 (ISBN 978-2-8570-4897-7).
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