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Francis Aupiais
Né le 11 août 1877 à Saint-Père-en-Retz (près de Saint-Nazaire), Francis Aupiais entre en 1901 au Grand séminaire de la Société des Missions Africaines de Lyon (SMA).
Ordonné prêtre en 1902, il est affecté l’année suivante à l’École de la Mission de Porto-Novo (Dahomey, actuel Bénin) où il est chargé d’enseignement.
Mobilisé durant la guerre, il sert comme infirmier à l’hôpital de Dakar (1915-1918) et rencontre, durant son séjour sénégalais, Maurice Delafosse et Georges Hardy. De retour au Dahomey, il est nommé supérieur de la Mission de Porto-Novo et en dirige l’école. Progressivement, Francis Aupiais s’impose comme un spécialiste reconnu des religions et des coutumes traditionnelles dahoméennes. C’est ainsi qu’on le charge, en 1923-1924, de constituer une collection d’art dahoméen pour le Vatican.
Parallèlement, il rassemble autour de lui des lettrés dahoméens, afin de « dissiper l’équivoque par laquelle on fait une supériorité absolue de la différence qui existe entre l’état dit « civilisé » et l’état dit « primitif » au service du premier ». Ce principe est énoncé par Francis Aupiais dès le premier numéro d’une revue, qui n’est pratiquement rédigée que par des Dahoméens, La Reconnaissance Africaine (1925). Il rentre l’année suivante en France afin de donner une série de conférence contre le racisme et pour la promotion des sociétés africaines. Il conçoit, en outre, une exposition itinérante d’art décoratif dahoméen (1927).
Élu provincial de la SMA (1928), Francis Aupiais s’installe définitivement en France, donnant des cours à l’Institut catholique de Paris et collaborant à la campagne du Bureau international du travail (BIT) contre le travail forcé (1929).
Proche de Paul Rivet, de Lucien Lévy-Bruhl et de Marcel Mauss, il fréquente assidûment l’Institut d’Ethnologie et, par leur intermédiaire, rencontre Albert Kahn. Ce riche philanthrope avait mis, dès 1910, sa fortune au service d’un immense projet de sauvegarde de la mémoire de la vie quotidienne de l’humanité par la photographie et le cinéma : Les Archives de la Planète. De décembre 1929 à juin 1930, financé et accompagné par un opérateur d’Albert Kahn, Francis Aupiais conduit une mission photographique et cinématographique en Côte d’Ivoire et au Dahomey.
Mais le choix du Père Francis Aupiais de présenter les religions traditionnelles africaines comme des preuves du moralisme des Noirs provoque un conflit avec son supérieur, le Père Chabert. Il est pourtant avéré que c'est bien à la demande du président de la République Gaston Doumergue, excédé par les critiques du missionnaire envers le système colonial français et le travail forcé, qu'il est démis de ses hautes fonctions religieuses. Sanctionné, Francis Aupiais est nommé, en septembre 1931, directeur de l’École apostolique de Baudonne-en-Tarnos (Landes). Il y reste jusqu’en 1937 où, contre toute attente, il est élu de nouveau Provincial.
Membre de l’Académie des sciences coloniales (1939), il passe l’essentiel du conflit mondial au service de la SMA et parraine le Comité France-Empire, principal lobby colonial du régime de Vichy.
Élu député du Dahomey-Togo à la première Constituante de la Quatrième République (1945), Francis Aupiais meurt à Paris dans la nuit du 14 au 15 décembre 1945 d’une crise d'urémie aigue.
Un établissement d'enseignement scolaire privé à vocation confessionnelle, le Collège Catholique Père Aupiais porte son nom à Cotonou.
Cf :
BALARD M., Dahomey 1930 : mission catholique et culte vodoun. L’œuvre de Francis Aupiais (1877-1945) missionnaire et ethnographe, Paris, L’Harmattan, coll. Les Tropiques entre mythe et réalité, 1999.
HARDY G., Un apôtre d’aujourd’hui : le R.P. Aupiais, provincial des Missions africaines de Lyon, Paris, Larose, 1949
AUPIAIS D. Le Révérend Père Francis Aupiais, un humaniste breton pour une reconnaissance africaine. (mémoire de Master sous la direction de S. FUMA, directeur de la chaire UNESCO de l'océan indien) Université de La Réunion, 2006
Catégories : Histoire du Bénin | Écrivain béninois | Ancien député du Dahomey (Quatrième République)
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