- Albert Kahn (Banquier)
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Albert Kahn (banquier)
Albert Kahn Albert Kahn sur le balcon de son bureau en 1914Naissance 3 mars 1860
Marmoutier, FranceDécès 14 novembre 1940 (à 80 ans)
Boulogne-Billancourt, FranceNationalité Française Profession(s) Banquier Albert Kahn, né Abraham Kahn à Marmoutier en Alsace le 3 mars 1860 et décédé à Boulogne-Billancourt le 14 novembre 1940, était un banquier et mécène français. Grâce à son mécénat, il a constitué l'un des plus importants fonds photographique couleur du début du XXe siècle intitulé Les Archives de la Planète et conservé au Musée départemental Albert-Kahn.
Sommaire
La montée à Paris
Fils d'un marchand de bestiaux alsacien, et ayant quatre frères et sœurs, Abraham Kahn étudie d'abord au collège de Saverne, avant que sa famille ne se rende à Paris après l'annexion de l'Alsace-Lorraine suite au traité de Francfort de 1871. La famille s'installe dans le quartier du Marais. À 19 ans, il prend le nom francisé d'Albert[1].
À Paris, il travaille dans une banque fondée en 1878 par les frères Edmond et Charles Goudchaux[1]. Dix ans plus tard, il devient fondé de pouvoir chez Goudchaux & Cie, et finit par faire fortune en spéculant sur les actions des compagnies d'or et de diamant du Transvaal[1]. Albert Kahn orientera alors ses placements financiers en Extrême-Orient, et plus particulièrement au Japon, où il contracte de nombreux prêts qui lui assureront sa fortune dans les années 1890[2]. C'est à cette période qu'il nouera des contacts étroits avec Hichiro Motono, l'ambassadeur du Japon à Paris, et au plus au niveau avec la famille impériale qu'il recevra plus tard dans ses propriétés[2].
Il s'installe en solitaire dans une propriété près du quai du Quatre-Septembre à Boulogne. Sur quatre hectares, il fait aménager plusieurs « scènes paysagères » : jardin japonais, jardin français, verger-roseraie, jardin anglais, forêt bleue, forêt dorée, marais, forêt vosgienne, l'ensemble symbolisant un monde réconcilié. De nombreux et prestigieux invités les parcourent pendant des décennies, au premier rang desquels son ami le philosophe Henri Bergson, qui fut son répétiteur lorsqu'il prenait des cours secondaires à l'Institut juif Springer[1]. Il ouvre aussi largement sa propriété du Cap Martin sur la Côte d'Azur.
Les bourses de voyage
En 1898, son premier mécénat constitue en bourses de voyage « Autour du Monde » : une découverte des autres pays de plus d'un an offerte à de jeunes agrégés hommes et femmes, pour leur permettre d'enrichir leurs compétences et leur futur enseignement par la connaissance directe du monde. Il étend cette libéralité à de jeunes diplômés du Japon, d'Allemagne, d'Angleterre, de Russie. De fréquentes réunions des bénéficiaires ont lieu chez lui. D'autres mécénats suivront tant qu'Albert Kahn en aura les moyens financiers.
Les Archives de la Planète
Le 13 novembre 1908, Albert Kahn part de longs mois pour le Japon et la Chine, via les États-Unis, et fait prendre par son mécanicien-chauffeur, Alfred Dutertre, devenu un collaborateur formé à la photographie, de nombreux clichés stéréoscopiques et images cinématographiques qui témoignent de son « voyage autour du monde[2] ». À son retour en Europe, il décide de repartir, cette fois-ci avec le photographe professionnel Auguste Léon, pour un second voyage de deux mois en Amérique du Sud en 1909 où il visite l'Uruguay, l'Argentine, et le Brésil. L'ensemble des documents rapportés constitueront les prémisses des « Archives de la Planète » fondées à Paris : une collection de photographies en couleur (procédé des plaques autochromes, inventé par les frères Lumière) et de films. Des opérateurs professionnels sont alors recrutés et envoyés de par le monde et en France afin de photographier (la couleur) et de filmer (le mouvement) comme témoignages « des aspects, des pratiques et des modes de l'activité humaine dont la disparition fatale n'est plus qu'une question de temps ». Parmi eux, le photographe Stéphane Passet effectuera, entre 1912 et 1914, plusieurs voyages en Chine, en Mongolie, puis en Inde et dans l'actuel Pakistan, rapportant plusieurs milliers d'autochromes et des films sur la population et les coutumes de ces pays[2]. À la même période, il envoie ses opérateurs, dont Auguste Léon qu'il accompagnera en Scandinavie, dans plus de vingt pays européens à la veille du premier conflit mondial. En 1912, il confie la direction scientifique des Archives de la planète au géographe Jean Brunhes, auquel il permet aussi d'assurer un enseignement au Collège de France à la chaire de Géographie humaine créée pour cet objectif. Jean Brunhes accompagnera également Auguste Léon dans un voyage en Italie, dans les Balkans, et en Grèce afin de constituer une encyclopédie visuelle du monde[2].
Entre 1909 et 1931, ce sont quelque 72 000 autochromes (premier fonds mondial des débuts de la photographie en couleur), 4 000 photos en noir et blanc, et une centaine d'heures de film qui seront rapportés d'une cinquantaine de pays[2]. Ces images sont le versant iconographique d'un vaste projet de documentation qui prendra d'autres formes (publications, centres de documentation, etc.) et dont le but ultime est une meilleure connaissance des autres nations pour une meilleure entente, afin de prévenir des conflits meurtriers. Les images sont d'ailleurs projetées à cette fin aux invités, souvent prestigieux, d'Albert Kahn venant du monde entier et dans des structures d'enseignement supérieur.
Des mécénats avec l'Université de Paris
Il met en place, en 1916, le Comité national d'études sociales et politiques (CNESP), domicilié rue d'Ulm, à l'École normale supérieure (ENS)[1]. En 1918, Albert Kahn publie Des droits et des devoirs des gouvernements, puis créé le Centre de documentation sociale, en 1920, qui est aussi situé dans les locaux de l'ENS, et qui vise à former les jeunes chercheurs en sciences économiques et sociales[1]. Il lance aussi une Imprimerie d’études sociales et politiques, qui va innover en publiant des revues de presse[1]. Il crée aussi le Laboratoire de biologie et de cinématographie scientifique, en liaison avec l'Université de Paris, qui est dirigé, à partir de 1926, par Jean Comandon[1]. Pour chapeauter ces diverses structures, il signe en 1929, avec l'Université de Paris, une convention qui créé une Centrale de coordination[1].
La crise des années 1930
La crise économique des années Trente met fin aux activités bancaires et mécénales d'Albert Kahn, qui est visé par plusieurs saisies de bien entre 1932 et 1934[1] qui mèneront à sa faillite. Le Centre de documentation sociale (CDS) passe ainsi sous le contrôle de la Fondation Laura Spelman Rockefeller[1]. Les bulletins de l'Imprimerie cessent d'être publiés. En 1941, le CDS cesse aussi ses travaux. Ses collections sont transférées à la Bibliothèque-Musée de la guerre à Vincennes, qui deviendra la BDIC (Bibliothèque de documentation internationale contemporaine), située dans l'Université de Nanterre[1]. D'autres parties de ce fonds ont été dispersées (BNF, Archives nationales, etc.), voire confisquées (d'abord par les nazis, puis par l'URSS)[1].
Ses jardins et ses collections d'images ont été rachetées par le département de la Seine (qui laisse au mécène ruiné la jouissance de sa maison) en 1936 et 1939[1]. Les jardins sont ouverts au public en 1937 et les plaques autochromes originales sont projetées jusque dans les années cinquante.
Albert Kahn décède dans sa propriété de Boulogne au lendemain de la défaite de 1940.
L'héritage d'Albert Kahn
En 1968, le nouveau département des Hauts-de-Seine devient propriétaire du domaine.
En avril 1974, Jeanne Beausoleil est nommée conservateur en chef de l'ensemble du fonds Albert-Kahn, et directeur du Musée. Elle constitue sa propre équipe de chercheurs et de techniciens, et entame un travail monumental de recherches historiques sur la personnalité du banquier philanthrope, mais également de restauration des films et des plaques photographiques du fonds Kahn. Elle porte enfin à la connaissance du public les divers aspects de l'œuvre d'Albert Kahn en créant des expositions thématiques permanentes et temporaires, en France et à l'étranger, en partenariat avec le conseil général, et par la publication de nombreux ouvrages.
En 1986, les jardins et collections acquièrent le statut de musée départemental des Hauts-de-Seine.
Références
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m et n Claude Viry, La documentation un outil pour la paix. Albert Kahn, banquier philanthrope, revue Inter CDI n°97
- ↑ a , b , c , d , e et f Le Monde d'Albert Kahn, série de neuf reportages réalisés par David Okuefuna pour la BBC et le Musée Albert-Kahn diffusés du 21 février au 5 mars 2009 sur Arte.
Bibliographie
- Albert Kahn, Henri Bergson. Correspondances. Commentées par Sophie Cœuré et Frédéric Worms. 155 p. Coédition : Desmaret / Musée départemental Albert-Kahn, Jeanne Beausoleil et Xavier Truti. Paris, 2003.
- Catalogue de l'exposition Albert Kahn-Réalités d'une utopie, Musée Albert-Kahn, 1995.
Lien interne
Liens externes
- Musée Albert-Kahn site internet officiel avec la biographie complète d'Albert Kahn.
- Biographie d'Albert Kahn
- la correspondance inédite d'Albert Kahn avec son ami Henri Bergson
- Le Musée Albert Kahn (site du Conseil général des Hauts-de-Seine)
- Quelques photos des archives
- Site du ministère de la Culture : Musée départemental Albert Kahn
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