Sosthènes de La Rochefoucauld

Sosthènes de La Rochefoucauld

Sosthène de La Rochefoucauld

Sosthènes
de La Rochefoucauld,
IIème duc de Doudeauville

Sosthènes de La Rochefoucauld est né 19 février 1785 à Paris et décédé le 5 octobre 1864 à Armanvilliers (Seine-et-Marne).

Sosthènes de La Rochefoucauld est le 2e duc de Doudeauville, un Grand d'Espagne, l'aide-de-camp de 1814 à 1836 de Charles X de France et de directeur des beaux-arts du roi Charles X de France. Il est également député à l'Assemblée nationale, Pair de France[1] l'un des Commandeurs de la légion d'honneur et il écrit ses Mémoires, où il parle longuement de Charles-Guillaume Naundorff et de Madame Agathe de Rambaud. Il est aussi le protecteur d'un faux prophète, Thomas Martin, dit Thomas de Gallardon.

Sommaire

Sa famille

Sosthènes de La Rochefoucauld est le fils de Ambroise-Polycarpe de La Rochefoucauld (1765 - 1841), duc de Doudeauville, vicomte de La Rochefoucauld, marquis de Surgères, Grand d'Espagne, Pair de France, ministre de la Maison du roi du 4 août 1824 au 2 mai 1827, et de Bénigne Le Tellier (1764 - 1849), dame de Montmirail (descendante de Louvois).

Sosthènes de La Rochefoucauld se marie le 4 février 1807, à Paris, avec Élisabeth de Montmorency-Laval (1790 - 1834), fille de Mathieu Jean Félicité de Montmorency-Laval (1767 - 1827), vicomte de Laval, duc de Montmorency, membre de l'Académie française, député aux États généraux de 1789 et Pauline Hortense d'Albert de Luynes (1774 - 1858). Ils ont six enfants.

Veuf, il se remarie le 18 août 1841 avec Angélique Herminie de La Brousse de Verteillac (1797 - 1881), fille de Thibault de La Brousse de Verteillac (1763 - 1834) et de Jeanne Charlotte Élisabeth Félicité Tiercelin d'Appelvoisin. Elle est veuve de Félix de Bourbon-Conti, fils naturel reconnu de Louis François de Bourbon-Conti. Celui-ci lègue à sa mort, en 1840, à sa veuve, Angélique Herminie de La Brousse de Verteillac l’Hôtel de Boisgelin, qui devient l'Hôtel de La Rochefoucauld-Doudeauville.

Sous le règne de Louis XVIII

Son attitude à l'arrivée du roi

Avant l'arrivée des troupes alliées des Bourbons à Paris, quelques milliers de royalistes défilent dans les rues et s'attroupent sur les places en criant : Vive le roi ! Mais ils n'ont pas l'habitude de faire des discours, vu leur jeune âge et le fait qu'ils étaient dans l'opposition. Chateaubriand est là, Antoine-François-Claude Ferrand aussi et des journalistes opprimés et l'arbitraire de la police de Napoléon, tels Louis-François Bertin et ses fils... Un jeune homme seul, de la grande maison de La Rochefoucauld se fit écouter par l'autorité de son nom, par l'entrainement de son enthousiasme, et par la domination de son attitude. Le comte de La Rochefoucauld...[2]

Aide-de-camp de Charles, comte d'Artois (1814 à 1836)

En 1814, il commande la 5e légion de la Garde nationale de Paris et est l'aide-de-camp de Charles, comte d'Artois. Quand l'empereur reprend le pouvoir, il suit la famille royale à Gand. Il est élu député de la Marne à l'Assemblée nationale, le 22 août 1815, par les les ultra-royalistes de ce département. Il ne sait que voter invariablement, mais il ose toutefois organiser des cérémonies expiatoires en mémoire de la mort de Louis XVI. Sosthènes de La Rochefoucauld réussit même à faire voter à l'Assemblée que ces fêtes seraient annuelles. Il est félicité par Charles, comte d'Artois qui le compare à Démosthène. La réponse de Sosthènes de La Rochefoucauld résume en une phrase les motivations de ce personnage : Je n'ai pas autant de talent que cet orateur, mais je suis plus dévoué à mon souverain légitime[3]. Certains de ses contemporains, comme Pierre Louis Pascal de Jullian le trouvent pédant et fanatique, mais comme ils lui trouvent des ressemblances avec Bonald et Chateaubriand, leur jugement est peut-être altéré par 30 ans de révolutions et de guerres.

Martin de Gallardon

Sosthènes de La Rochefoucauld est un homme influent :

Le 15 janvier 1816, Thomas Martin, paysan d’une trentaine d’années a des visions... L’archange Raphaël lui commande :

- Martin, mon ami, tu vas aller, aux Tuileries, voir le Roi Louis XVIII, et tu lui parleras en mon nom...

Mgr de La Roche, évêque de Chartres, le comte de Breteuil, préfet, lui ordonnent de garder le secret. Le préfet fait un rapport à Decazes, ministre de la Police, et celui-ci le fait venir à Paris. Le jugeant soit fou, soit acteur ou victime d’un complot, il l’écoute et l’envoie à l'asile des fous de Charenton. Mais deux éminents aliénistes, Philippe Pinel et Antoine-Athanase Royer-Collard concluent que cet homme est sain d'esprit[4].

Suivant les conseils de Sosthènes de la Rochefoucauld, Martin est conduit aux Palais des Tuileries. Le roi lui accorde immédiatement une audience qui dure près d'une heure. Et il reconduit son humble visiteur au seuil de son cabinet. On l’entend nettement recommander, d'une voix blanche :

- Voilà des choses[5] qui ne doivent être connues que de moi et de vous.

Le duc de La Rochefoucauld-Doudeauville réussira à réintroduire ce faux prophète auprès cette fois-ci de Charles X, lors des Trois Glorieuses.

Zoé Talon et Jean-Baptiste de Villèle

Sosthènes de la Rochefoucauld et Zoé Talon sont à l'origine de la nomination de Jean-Baptiste de Villèle comme premier ministre

Zoé Talon, comtesse du Cayla (1785 - 1852), maîtresse de Louis XVIII, est la protégée du vicomte Sosthène de La Rochefoucauld. Elle est le lien principal entre les ultra-royalistes et le roi. Elle consent à brûler les papiers de la procédure de l'affaire Thomas de Mahy de Favras, qui lui venaient de son père, et reçoit en don du roi le château de Saint-Ouen, près de Paris.

Jean-Baptiste de Villèle n'est pas lui-même un courtisan, il est soutenu à la cour par Sosthènes de la Rochefoucauld et Zoé Talon, Madame du Cayla, et en 1822 Louis XVIII lui donne le titre de comte et fait de lui son premier ministre.

Directeur des Beaux-Arts du roi Charles X de France

La caricature et la réalité

Sosthènes de La Rochefoucauld est surtout connu du fait des quolibets qu'on lui lance car il allonge les robes des danseuses de l'Opéra, et applique ses mains patriciennes un pudique emplâtre sur le milieu de toutes les statues[6]. Néanmoins son action comme directeur des Beaux-Arts du roi Charles X de France se se limite pas à cela.

Quand l'aile Jacques Lemercier du Louvre est aménagée en quatre salles, destinées au Conseil d'État, entre 1825 et 1828, les sujets des décors des plafonds, réalisés entre 1827 et 1828, sont choisis par Sosthènes de La Rochefoucauld. La Loi, la Paix, la Sagesse, la Justice, le Commerce (Mercure), l'Agriculture et de l'Abondance et des portraits de Moïse, Numa, Justinien et Charlemagne sont les thèmes principaux de ses allégories.

Sosthènes de La Rochefoucauld, qui a la direction des manufactures royales de 1824 à 1830, crée des inspecteurs des beaux-arts chargés de surveiller la production des Gobelins[7].

Du fait que l'’Académie royale avait perdu tout contact avec la population et avec les mouvements culturels dominants, on appelle Sosthènes de La Rochefoucauld comme sauveur au chevet de l’académie moribonde.

Son contact avec les artistes de son temps

La Scène héroïque est composée en 1825-1826 et exécutée le 26 mai 1828 lors du premier concert qu'Hector Berlioz réussit à donner dans la salle du Conservatoire, grâce à l’intervention du directeur des Beaux-Arts, Sosthène de La Rochefoucauld.

Sosthènes de La Rochefoucauld fait de Victor Hugo, le poète officiel de la cérémonie du sacre de Charles X de France, car le beau-père de Hugo connaissait bien pour avoir collaboré à la fameuse caisse d’amortissement des journaux[8]. Quand le jeune Victor Hugo, de Reims, écrit, le 28 mai, que le directeur des Beaux-Arts du roi lui annonce que le roi demande de ses nouvelles, il n'est pas dupe des manigances de Sosthènes de La Rochefoucauld.

Néanmoins, selon Alexandre Dumas : Son secrétaire, M. de Beauchesne, M. de Beauchesne, ou plutôt Beauchesne, était la véritable lumière de M. de La Rochefoucauld dans tout ce qu'il faisait de bien.

C'est un directeur généralement très décrié, si ce n’est par Louis Véron qui en fait l’éloge dans ses Mémoires d’un bourgeois de Paris [9]

Ses rapports avec les artistes ne sont pas d'ailleurs toujours idylliques :

M. Sosthènes de La Rochefoucauld, alors directeur des beaux-arts, fit un beau jour mander Eugène Delacroix, et lui dit, après maint compliment, qu'il était affligeant qu'un homme d'une si riche imagination et d'un si beau talent, auquel le gouvernement voulait du bien, ne voulût pas mettre un peu d'eau dans son vin ; il lui demanda définitivement s'il ne lui serait pas possible de modifier sa manière. Eugène Delacroix, prodigieusement étonné de cette condition bizarre et de ces conseils ministériels, répondit avec une colère presque comique qu'apparemment s'il peignait ainsi, c'est qu'il le fallait et qu'il ne pouvait pas peindre autrement. Il tomba dans une disgrâce complète, et fut pendant sept ans sevré de toute espèce de travaux. Il fallut attendre 1830. Adolphe Thiers avait fait dans Le Globe un nouvel et très pompeux article[10]

Député de la Marne le 24 novembre 1827, il s'allie aux Congrégation (Restauration).

Une enquête difficile

Après les journées de juillet, Sosthènes de La Rochefoucauld est en relation constante avec la famille royale en exil. Il reste à leur service. La Marie Thérèse de France (1778-1851) lui demande de faire une enquête sur un homme qui prétend être son frère mort à la prison du Temple.

Sosthènes de La Rochefoucauld accepte, mais écrira au sujet d'Agathe de Rambaud qui est l'un de ses témoins et qui l'héberge: Les personnes que le Louis XVII actuel avait intéressées d'abord (...) n'avaient pu cependant résister au témoignage d'une femme fort honnête, jadis au service de la famille royale, et qui affirmait que dans le personnage qu'on lui présentait, elle reconnaissait parfaitement le fils de l'auguste Marie-Antoinette[11]

Chez Agathe de Rambaud il passe des heures et des heures à observer Charles-Guillaume Naundorff. Il écrit à Marie Thérèse de France (1778-1851), le 16 novembre 1833 :

Son attitude était simple et ne semblait nullement embarrassée ou calcu1ée... Il s'anima peu à peu en parlant; il entend très bien le français, qu’il ne prononce pas facilement toutefois.... Je dois dire que malgré toutes mes préventions, sa figure, son attitude, ses paroles n’avaient rien qui portât au soupçon de l’imposture; tout au plus devait-on le croire dans l'erreur de son origine et dans la bonne foi de ses prétentions... Je me trouvai en présence d'un homme dont on ne peut nier quelque ressemblance vieillie avec les portraits bien étudiés de Louis XVI et les traits généraux de la famille de Bourbon…[12].

Sosthènes de La Rochefoucauld écrit : Je me sentais, sinon ébranlé, du moins vivement inquiet d'une suite d'aventures si bizarre et que le témoignage de Madame de Rambauld semblait fortifier[13].

Toutefois il reste au service de ses princes en exil et ses conclusions ne sont pas vraiment favorables à Charles-Guillaume Naundorff, comme le précise ses Mémoires.

Notes

  1. Galerie historique des contemporains, Pierre Louis Pascal de Jullian, 85
  2. Histoire de la restauration, Alphonse de Lamartine, p. 176
  3. Cité par Galerie historique des contemporaines, Pierre Louis Pascal de Jullian, p. 85
  4. Guy de Rambaud, Pour l'amour du Dauphin, p. 173
  5. Entre autres que Louis XVIII avait projeté de tuer son frère Louis XVI, pour devenir Roi, peu de temps avant la mort de Louis XV, au cours d’une chasse et que Louis XVII était vivant
  6. Théophile Gautier, Mademoiselle de Maupin, Préfaces
  7. Caroline Girard, La manufacture des Gobelins du Premier Empire à la monarchie de Juillet
  8. Une question d'ordre Qu’est-ce que le romantisme ?
  9. Librairie Nouvelle 1856
  10. QU'EST-CE QUE LE ROMANTISME ? Charles Baudelaire, SALON DE 1846 [1]
  11. Mémoires de M. le vicomte de La Rochefoucauld, Sosthènes La Rochefoucauld, citées par Guy de Rambaud, Pour l'amour du Dauphin, p. 193
  12. Mémoires de M. le vicomte de La Rochefoucauld, Sosthènes La Rochefoucauld, citées par Guy de Rambaud, Pour l'amour du Dauphin, pp. 174 et 175
  13. Memoires de M. le vicomte de Larochefoucauld, aide-de-camp du feu Roi Charles X. (1814 à 1836), pp. 110 à 112

Bibliographie

  • Cazenave (Georges), Une camarilla sous la Restauration, NEL, 1955 (autour de Sosthènes de La Rochefoucauld)
  • Gruau, dit de la Barre, Louis XVII, Intrigues dévoilées (Consultable en ligne)
  • Memoires de M. le vicomte de Larochefoucauld, aide-de-camp du feu Roi Charles X. (1814 à 1836). (consultable en ligne)
  • La Rochefoucauld-Doudeauville (duc de Doudeauville), Duc de Doudeauville. Une politique française au XIXe siècle, Dijon, impr. Maurice Darantière ; Paris, libr. ancienne Édouard Champion, 5, quai Malaquais, 1927.
  • La Rochefoucauld-Doudeauville, Louis-François-Sosthènes de (1785-1864), A la mémoire de M. l'abbé Legris-Duval, prédicateur du roi, mort le 18 janvier 1819, à l'âge de 53 ans, FRBNF32350215
  • La Rochefoucauld-Doudeauville, Louis-François-Sosthènes de (1785-1864, A mes Concitoyens, Assemblée nationale constituante (1848-1849).

Autres ouvrages de Sosthènes de La Rochefoucauld :

  • Pèlerinage à Goritz, par M. le vicomte de La-Rochefoucauld, 1839.
  • Pétition sur divers projets de réforme, signée : Larochefoucauld duc de Doudeauville, et commençant par ces mots : Paris, le 17 janvier 1845. MM. les députés, de tous les droits, peut-être, celui de pétition est un des plus sacrés..., [s. d.].
  • La vérité au peuple, réflexions de M. le duc de La Rochefoucauld Doudeauville, 1851.
  • Recette d'un remède contre la rage / par M. le duc de Doudeauville , 1846
  • Aujourd'hui et demain, ou Ce qui adviendra.
  • Les Catholiques, la France et l'Italie
  • Cri de conscience d'un vieux politique, qui regarde tous les hommes comme ses frères, soit qu'ils s'appellent souverains, soit qu'ils s'appellent peuples

...

Articles connexes

Liens et documents externes

Son portrait attribué à François Joseph Heim [2]

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