- Mademoiselle de Maupin (roman)
-
Mademoiselle de Maupin Édition de 1876Auteur Théophile Gautier Genre Roman Pays d'origine France
Lieu de parution Paris Éditeur Eugène Renduel Date de parution 1835 Mademoiselle de Maupin est un roman épistolaire français écrit par Théophile Gautier et publié en 1835. Première grande œuvre de l'auteur, le roman raconte la vie de Madeleine de Maupin et ses aventures galantes. Opérant comme un manifeste du romantisme, le texte est célèbre pour sa préface, où Gautier fustige les visions moralistes ou utilitaires de la littérature. Il y proclame également sa conception de l'art : indépendant et inutile, l'art ne vise que le beau. Gautier se fait ici précurseur du Parnasse et de la doctrine de « l’art pour l’art ».
Dans le roman, Gautier raconte la vie de Madeleine de Maupin qui, avant de succomber aux avances des hommes, désire se travestir afin de surprendre leurs secrets. Elle parcourt donc le monde, sous le nom de Théodore, en quête d’aventures galantes. D’Albert, le héros de la première partie du livre, qui soupçonne la vérité, tombe amoureux de Madeleine. Rosette, la précédente conquête de D’Albert, est trompée par le déguisement et elle est amoureuse de Théodore/Madeleine qui doit par ailleurs se battre en duel pour avoir refusé d’épouser une jeune fille.
Extraits de la préface
- Sur la vertu et l’immoralité dans la littérature
- Une des choses les plus burlesques de la joyeuse époque où nous avons le bonheur de vivre est incontestablement la réhabilitation de la vertu entreprise par tous les journaux, de quelque couleur qu’ils soient, rouges, verts ou tricolores. La vertu est assurément quelque chose de fort respectable, et nous n’avons pas envie de lui manquer, Dieu nous en préserve ! La bonne et digne femme ! (...) mais il me semble naturel de lui préférer, surtout quand on a vingt ans, quelque petite immoralité bien pimpante, bien coquette (...) Les journalistes les plus monstrueusement vertueux ne sauraient être d’un avis différent, et, s’ils disent le contraire, il est très probable qu’ils ne le pensent pas. Penser une chose, en écrire une autre, cela arrive tous les jours, surtout aux gens vertueux.
- Sur les critiques littéraires
- Le critique qui n’a rien produit est un lâche. C’est comme un abbé qui courtise la femme d’un laïque : celui-ci ne peut lui rendre la pareille.
- Sur l’utilité du beau
- Rien de ce qui est beau n’est indispensable à la vie. - On supprimerait les fleurs, le monde n’en souffrirait pas matériellement ; qui voudrait cependant qu’il n’y eût plus de fleurs ? Je renoncerais plutôt aux pommes de terre qu’aux roses, et je crois qu’il n’y a qu’un utilitaire au monde capable d’arracher une plate-bande de tulipes pour y planter des choux. À quoi sert la beauté des femmes ? Pourvu qu’une femme soit médicalement bien conformée, en état de faire des enfants, elle sera toujours assez bonne pour des économistes. À quoi bon la musique ? à quoi bon la peinture ? Qui aurait la folie de préférer Mozart à M. Carrel, et Michel-Ange à l’inventeur de la moutarde blanche ? Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature.
Références
- Frédéric Monneyron, L’Androgyne romantique : du mythe au mythe littéraire, Grenoble, ELLUG, 1994, (ISBN 2902709889)
- Christopher Rivers, « Inintelligibles pour une femme honnête : sexuality, textuality and knowledge in Diderot’s La Religieuse and Gautier’s Mademoiselle de Maupin ». In : Romanic Review, janvier 1995, no 86 (1), p. 1-29.
Liens externes
Voir aussi
- Mademoiselle de Maupin ou Le chevalier de Maupin, (1966), un film de Mauro Bolognini, avec Catherine Spaak, Robert Hossein, Tomas Milian et Ottavia Piccolo.
Catégories :- Roman français du XIXe siècle
- Roman épistolaire
- Roman paru en 1835
- Roman de Théophile Gautier
- Transgenre
Wikimedia Foundation. 2010.