Attentat de la gare de Bologne

Attentat de la gare de Bologne

44°30′22″N 11°20′32″E / 44.50611, 11.34222

La gare de Bologne après l'explosion de la bombe

L'attentat de la gare de Bologne (connu en Italie comme la strage di Bologna, soit le massacre de Bologne) est « l'une des plus importantes attaques terroristes que l'Europe a eu à subir au cours du XXe siècle[1] » et la plus meurtrière des années de plomb italiennes. L'attentat fit 85 morts et blessa plus de 200 personnes dans la gare de Bologne le 2 août 1980, à 10 h 25. Des membres d'un groupe d'extrême droite, le grand-maître de la loge maçonnique Propaganda Due, et deux officiers des services secrets militaires italiens furent condamnés pour l'attentat.

Sommaire

Attentat

Le 2 août 1980, à 10 h 25, à la gare de Bologne, une bombe posée dans la salle d'attente explose. Elle tue 85 personnes et en blesse plus de 200, arrivant ou partant de la gare pour les vacances d'été.

La gare fut presque complètement détruite. L'explosion est si violente qu'un train en partance pour Chiasso situé au dessus de la salle d'attente est renversé et partiellement détruit.

Dans les heures qui suivent, la police sous la pression du gouvernement de Francesco Cossiga et relayée par la plupart des mass media avance comme explication l'explosion accidentelle d'une vieille chaudière dans le sous-sol de la gare mais les investigations matérielles faites sur place démentent cette hypothèse et dès lors la thèse de l'attentat terroriste est retenue. L'enquête s'oriente vers les milieux d'extrême-droite néo-fascistes et le 26 août 1980 le procureur de Bologne délivre une vingtaine de mandats d'arrêt contre des militants du NAR (Nuclei armati rivoluzionari ou Noyaux armés révolutionnaires) parmi lesquels figurent Massimo Morsello et Roberto Fiore.

Enquête et procès

Le général Pietro Musumeci, n°2 du SISMI, dont il est révélé en 1981 être un membre de la loge maçonnique Propaganda Due (P2), est accusé d'avoir créé des preuves falsifiées pour charger Roberto Fiore (en) et Gabriele Andinolfi (en), deux leaders de Terza Posizione (en), un groupe nationaliste, qui avaient fui en exil à Londres. Les deux leaders de Terza Posizione affirmaient que Musumeci tentait de détourner l'attention de Licio Gelli, le chef de la P2.

L'enquête dura presque quinze ans et c'est seulement grâce à l'action des familles des victimes, que le procès put aller à son terme.

Le 23 novembre 1995, la Cour de cassation a publié les sentences suivantes :

  • les exécuteurs matériels de l'attentat (le néo-fasciste Valerio Fioravanti (en) et son épouse Francesca Mambro qui ont toujours maintenu leur innocence, membres des Nuclei Armati Rivoluzionari (NAR)), sont condamnés à la prison à perpétuité ;
  • la condamnation pour obstruction à l'enquête pour Licio Gelli, grand-maître de la loge maçonnique Propaganda Due (P2), Francesco Pazienza et deux officiers du SISMI : le général Pietro Musumeci et le colonel Giuseppe Belmonte.

Pazienza, chef du Super-SISMI en 1980, était notamment accusé, avec le général Musumeci, d'avoir placé, en janvier 1981, une valise d'explosifs dans le train Taranto-Milan du même type que celle utilisée dans la gare de Bologne, afin d'égarer les pistes[2].

Dans son arrêt du 23 novembre 1995, la Cour de cassation révèle :

« l'existence d'une vaste association subversive composée, d'une part, par des éléments provenant des mouvements néo-fascistes dissous, tels Paolo Signorelli, Massimiliano Fachini, Stefano Delle Chiaie, Adriano Tilgher, Maurizio Giorgi, Marco Ballan, (...) et d'autre part, par Licio Gelli, le chef de la loge P2, Francesco Pazienza, le collaborateur du directeur général du service de renseignement militaire SISMI, et deux autres officiers du service, le général Pietro Musumeci et le colonel Giuseppe Belmonte. On leur attribuait (...) d'un côté de vouloir subvertir les équilibres politiques constitutionnels, pour consolider les forces hostiles à la démocratie, et de l'autre (...) de favoriser les auteurs d'entreprises terroristes qui pouvaient s'inscrire dans leurs plans[3]. »

Le 9 juin 2000, la Cour d'assises de Bologne a émis de nouvelles condamnation : 9 ans de prison pour Massimo Carminati, extrémiste de droite, et quatre ans et demi pour Federigo Mannucci Benincasa, ancien directeur du SISMI à Florence, et Ivano Bongiovanni criminel de droit commun lié à la droite extra-parlementaire. Le dernière accusé est Luigi Ciavardini, condamné à 30 ans, confirmant la condamnation de 2007. Il continue aussi à plaider non coupable.

Les instigateurs du massacre n'ont jamais été découverts.

Le 2 août est considéré en Italie comme la journée de la mémoire de tous les massacres terroristes. La reconstruction de la gare a préservé le trou causé par l'explosion dans la salle d'attente et même l'horloge, qui indique encore 10 h 25.

Controverses

L'identité des auteurs de l'attentat a suscité en Italie débats et interrogations et un certain nombre de pistes ont pu être évoquées. Des tentatives d'obstruction à l'enquête de la part de certaines officines, dont la loge P2, ainsi que des témoignages, ont suscité l'hypothèse d'une implication de l'organisation Gladio dans l'attentat, dans le cadre d'une stratégie de la tension élaborée par les États-Unis et le Royaume-Uni via l'OTAN[4].

Francesco Cossiga, le chef du gouvernement de l'époque a adressé en 2004 une lettre à Enzo Fragala leader de l'Alliance nationale de la commission Mitrokhine dans laquelle il soupçonnait le Front populaire pour la libération de la Palestine d'en être les auteurs, thèse vaguement confortée par le fait que le préfet Gaspare de Francisci chef de l'anti-terrorisme avait trois semaines avant l'attentat fait part de ses craintes suite aux pressions du FPLP sur les autorités italiennes pour obtenir la libération de Abu Anzeh Saleh emprisonné à la prison de Trani[réf. nécessaire]. Á la même période les magistrats français découvrent dans les papiers de Mourkabal Michel Walid, bras droit de Carlos, une adresse à Bologne avec une instruction pour y entreposer grenades, dynamite, détonateurs et mécanismes d'horlogerie[5]. Dans un entretien au journal Corriere della sera en 2008, Cossiga réaffirme que le terrorisme noir n'est pour rien dans l'attentat et qu'il croit fermement à l'innocence de Francesca Mambro et Giuseppe valerio Fioravanti[6]. Cette thèse est réfutée par Paolo Bolognese président de l'association des victimes de l'attentat de Bologne[7].

Aucun membre du gouvernement de Silvio Berlusconi ne s'est déplacé pour assister à la cérémonie commémorant les 30 ans de l'attentat de Bologne, suscitant une nouvelle controverse médiatique[8].

Hommage aux victimes

Stèle de l'UNESCO
Horloge de la gare bloquée à 10h25 heure de l'attentat

Notes et références

  1. Daniele Ganser, Les armées secrètes de l'OTAN, Gladio et Terrorisme en Europe de l’Ouest, éditions Demi-Lune, 2007, p. 28. La fiabilité de cette source est cependant discutée voir : The Journal of Intelligence History, Volume 5, Number 1 été 2005. Mais le fait que l'attentat de Bologne fut le plus important en Europe ne l'est pas.
  2. Milena Gabalenni, "Io, Gelli e la strage di Bologna" Ecco le verità della super-spia, La Repubblica, 30 janvier 2009
  3. Document disponible en intégralité sur le site de l'association des familles des victimes de l'attentat de la gare de Bologne le 2 aout 1980 [lire en ligne] [lire en ligne]
  4. Daniele Ganser, op. cit., p. 123.
  5. Il giallo della strage di Bologna. Ecco le prove della pista araba Il Giornale 22 octobre 2007
  6. la strage di bologna fu un incidente de la resistenza palestinese Corriere della Sera 8 juillet 2008
  7. Svolta sulla strage del Due Agosto Indagati due terroristi tedeschi
  8. http://www.ilfattoquotidiano.it/2011/08/01/strage-alla-stazione-di-bologna-valzer-di-polemiche-durato-trentunanni/149184/ Strage alla stazione di Bologna. Valzer di polemiche durato trentun anni. (Il fatto quotidiano, 1 agosto 2011)

Annexes

Bibliographie

  • (it) Antonella Beccaria, Riccardo Lenzi, Schegge contro la democrazia. 2 agosto 1980: le ragioni di una strage nei più recenti atti giudiziari . Socialmente Editore, 2010
  • (it) Carlo Lucarelli, La strage di Bologna in Nuovi misteri d'Italia. I casi di Blu Notte. Torino, Einaudi, 2004. pp. 190 – 213. ISBN 978-88-06-16740-0.
  • (it) Alex Boschetti e Anna Ciammitti, La strage di Bologna, fumetto con prefazione di Carlo Lucarelli. Casa editrice Becco Giallo.
  • (it) Andrea Colombo (giornalista)|Andrea Colombo, Storia nera. Bologna, la verità di Francesca Mambro e Valerio Fioravanti, 2007, Cairo publishing.
  • (it) Biblioteca di Repubblica: La storia d'Italia, Vol. 23, Dagli anni di piombo agli anni 80, Torino, 2005.
  • (it) Patrick Fogli Il tempo infranto, Romanzo, Milano, Piemme, 2010.
  • (it) Valerio Cutonilli Strage all'italiana, Edizioni Trecento, 2007.

Article connexe

Liens externes


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