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Cataphractaire
Les cataphractaires (du grec κατάφρακτος, kataphractos) étaient à l'origine des unités de cavalerie lourde Sarmates ou Alains. L'armée du Haut-Empire romain (et l'armée de l'empire byzantin) ont également utilisé ce type d'unité. L'armure qui distingue ses chevaliers est appelée cataphracte.
Sommaire
Cataphractaire
D’origine sarmate, elles marquent un changement d’orientation par rapport au type de combat qui l'a précédé. Traditionnellement les peuples steppiques des alentours de la mer Noire étaient avant tout des archers à cheval (Scythe, Parthe). Après une intense préparation d’archerie (par passes successives) la composante noble de la cavalerie (protégée par une armure d’écaille) pouvait charger pour finaliser la victoire. Le principe d’utilisation des cataphractaires est différent, les passes d’archers servent à préparer la charge de la cavalerie lourde. L’arme principale n’est plus la cavalerie légère armée de l’arc, mais la cavalerie lourde. Autre différence fondamentale, la cavalerie lourde fut armée de longues lances (4 mètres à 4 mètres 50) que le cavalier devait tenir à 2 mains (une arme de cette taille demande les 2 mains ou une main et un support fixé sur une cuirasse rigide (le faucre du Moyen Âge)). Cette nouveauté donnait au cavalier une allonge suffisante pour toucher un adversaire armé d’une lance.
Armement défensif
Défensivement le cataphractaire portait une broigne d’écailles ou une armure d’écailles nommée cataphracte. Il portait généralement un casque composite, généralement fait de 4 à 6 lames rivées. On trouve cependant des casques composés de beaucoup plus de lames (10, 15, etc.) et des casques où les lames étaient lacées. Toutefois, cette défense corporelle n’était pas obligatoire. On trouve des représentations de cataphractaire chargeant sans aucune défense. Cela devait cependant être très exceptionnel. Aucun bouclier n’était porté par les cataphractaires, les mains étant prises par la lance.
Armement offensif
Les cataphractaires étaient armés d’une épée longue (80 cm environ) et surtout de la contus. La contus (Latin : contus, grec : kontós francisé en contos) était une lance de 4 mètres à 4 mètres 50. Elle était la marque distinctive du cataphractaire. D’autres cavaliers portaient la cataphracte et tous les cataphractaires ne portaient pas de défense, mais tout cataphractaire portait la contus. Certains historiens ont proposé de changer le nom de cataphractaire en d’autre nom telle que contusii (lancier) plus proche des appellations romaines. Les cataphractaires portaient souvent un poignard en complément de leur armement de base.
Selle
La selle a été utilisée par les cataphractaires pendant, au moins, une partie de leur existence. Ce n’était pas la « selle à corne » d’origine gauloise et utilisée par les romains, et ce n’était pas la selle à étrier (n’existait pas encore à l’époque).
Du coup, faute de support stable le maniement de la lance devenait « délicat ».
Unité dérivée
Sans être appelé cataphractaire, certaines unités ont adopté plus ou moins couramment le contus. Ce furent des corps de cavalerie grec, de villes pauvres ne pouvant se payer les mercenaires et les hoplites utilisés par les cités plus riches. Principalement la Macédoine, qui pour les mêmes raisons mit au point la phalange macédonienne. Plusieurs représentations d’Alexandre le Grand en contusii nous sont parvenues.
En général, les peuples désirant des contusii louaient des mercenaires sarmates ou alains ou passaient des accords avec des troupes ou des peuples Sarmates ou Alains (système des « Foederatii »). Ce furent principalement, si ce n’est exclusivement des villes grecques et romaines dans un premier temps, puis par les « barbares » lors des invasions (Wisigoth, Ostrogoth, Huns, Vandale, etc.)
Tactique
Les unités de cataphractaires étaient un élément essentiel de la tactique militaire byzantine. Les contusii étaient une arme de rupture. Après une préparation d’archerie ou d’infanterie, ils chargeaient à la manière des chevaliers du haut Moyen Âge, rompaient les rangs adverses et essayaient de les disperser.
En se combinant avec les armées romaines ou « barbares » elles eurent surtout un rôle de rupture de front, au profit de l’infanterie.
Technique
Ainsi qu’indiqué sur le schéma, le contus maintenait l’arrière de sa lance avec la main droite, l’avant de la lance avec la main gauche et l'appuyait sur la cuisse pour la stabiliser. Le cavalier empêchait l’épée de ballotter en la coinçant avec la jambe gauche. Même ainsi, viser une cible était difficile, d’autant que vu sa longueur, le contus plie sous son propre poids. Après la charge initiale, le cataphractaire utilisait une sorte d’escrime en maniant sa lance à 2 mains.
Diffusion
Dès le règne d’Hadrien (Publius Aelius Hadrianus règne de 117 à 138), Rome se constitua une cavalerie de cataphractaires. Pour cela elle fit venir des Alains (dans le cadre des foederati) et les arma en clibanarii. De cette époque datent d’étranges représentations de clibanarii romains, portant une cuirasse d’écailles complétée par des défenses de bras et de jambes composées de segments de cylindres emboîtés les uns dans les autres (origine parthe mais aussi employés par les gladiateurs romains) et par un casque à visage dont le timbre était monopièce.
Par la suite l’empire romain installa d’autres troupes de cataphractaires sur son territoire. Toujours en tant que fédérés, et principalement en Orient (Byzance).
Vers 370, les Huns firent leur apparition dans les steppes de la mer Noire. Ils s’étalèrent vers l’ouest en repoussant des Sarmates, Alains et Germains. Ceux-ci franchirent le limes (frontière) des Gaules. Faute de pouvoir les vaincre militairement, l’Empire les installa en tant que fédérés, mais n’eurent pas de réelle mainmise sur eux. Les Huns maintenant leur pression, d’autres groupes franchirent à leur tour la frontière, alors même que leurs prédécesseurs s’agitaient, que les gouverneurs de chaque région prenaient de plus en plus de liberté par rapport aux pouvoir central et que le peuple menaçait de se révolter (crise monétaire, problème d’impôts, pouvoir central faible et pouvoir local corrompu, désir d’indépendance ne s’étant jamais éteint depuis César et armée faible). Rome réagit en essayant de renforcer son armée de la seule manière qu’elle put. Par des alliances et le système des fédérés (installation de troupes étrangère, qui assuraient un service militaire en échange d’une semi indépendance). Par tous ces biais, des troupes Alains et Sarmates furent établies dans toute la Gaule, en Angleterre romaine, et même en Italie après les premières incursions des Lombards. Lorsque Rome finit par perdre pied, la plupart des troupes « Barbares » présentes dans l’Empire utilisaient des troupes de cataphractaires d’origine Alains et Sarmates. Par exemple, certains historiens attribuent à une composante Sarmato-Alain l’origine de la cavalerie franque. Les rois Vandales qui ont conquis le Maghreb, puis l’Espagne (lorsque Byzance les chassa du Maghreb) se donnaient le titre de roi des Vandales et des Alains. Lorsque les Lombards, inquiétés par la présence de leur voisin et « allié » Avars envahirent définitivement la Lombardie, ils furent accompagnés par des contingents d’autres peuples Germains et Alains (qui redoutaient de rester dans le voisinage des Avars). Byzance a fédéré des Alains et Sarmates depuis Hadrien.
Bizarrement, on cite rarement les Avars comme cataphractaires. Pourtant ils utilisaient une cavalerie lourde, armée de la contus, de l’épée longue et de l’arc. Cela n’est pas dû aux différences d’armement avec les cataphractaires classiques. La différence entre les cavaliers Avars et les cavaliers lourds des autres peuples euro-asiatiques de l’époque est bien plus importante. Elle tient au fait que les Avars (arrivés en Europe vers 450) ont importé avec eux l’étrier (déjà connus en Asie depuis aux moins un siècle).
Bibliographie
- M.-C. L'Huillier,« La cavalerie lourde : Marius Mielczarek, "Cataphracti" and "clibanarii". », Dialogues d’histoire ancienne, 1995, n° 1, pp. 315-316. [lire en ligne]
Articles connexes
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