- Salut fasciste
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Le salut fasciste est un salut exécuté par le bras et la main droite tendus, qui serait semblable au salut romain[1]. Signe de ralliement du fascisme italien, il fut ensuite adopté par le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) d'Adolf Hitler, ce qui lui vaut d'être désormais fortement associé au nazisme. Il est, par conséquent, souvent désigné sous les noms restrictifs de salut nazi ou salut hitlérien. En Allemagne, l'usage du salut était fréquemment accompagné de la formule « Heil Hitler » (« Heil » signifiant « salut à » en allemand ; soit « Salut à Hitler », « Hommage à Hitler » ou, en substance, « Vive Hitler »). Le salut connaissait également, en Allemagne, une variante exécutée avec le bras replié et non tendu.
Le salut demeure utilisé par certains groupes néonazis ou, notamment en Italie, néofascistes.
Sommaire
Origines et usages du salut
Le salut bras tendu fut tout d'abord pratiqué, à l'époque moderne, par les Arditi de Gabriele D'Annunzio durant l'épisode de la Régence italienne du Carnaro, en référence à l'Empire romain. Il fut ensuite adopté par le Parti national fasciste de Benito Mussolini, puis repris par l'ensemble des mouvements européens d'inspiration fasciste, comme la Phalange espagnole, la Garde de fer et le NSDAP. Au Liban, le salut fut repris par les Kataëb[2].
Sous le Troisième Reich, il était l'un des signes les plus évidents du culte de la personnalité rendu au dictateur allemand. D'après l'encyclopédie Brockhaus, les historiens nazis estimaient que certains rois du Moyen Âge étaient salués avec des gestes similaires[3].
Le salut fasciste diffère du salut nazi : il est plus proche de son inspiration médiévale. Pour les fascistes italiens et les franquistes, le bras est levé plus haut et le pouce est écarté des autres doigts.
À compter de 1938, le régime de Mussolini tenta, sans grand succès, d'imposer le salut fasciste au-delà de la sphère étatique et militante, en rendant le salut bras tendu obligatoire pour tous les italiens en lieu et place de la poignée de main[4].
En Espagne, sous le régime de Francisco Franco, le salut fut utilisé en tant que salut franquiste par les sympathisants du régime issus notamment de la Phalange espagnole, mais devint progressivement obsolète.
En France, sous le régime de Vichy, les membres de la légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) et les Waffen-SS français de la division Charlemagne utilisaient aussi ce salut[5]. Le salut fasciste a été utilisé aussi par des collaborationnistes dans certaines manifestations publiques du régime[6]. Il était également utilisé par les élèves des Chantiers de la jeunesse française (CJF)[7].
Origines de l'interjection « Heil Hitler »
Selon Ian Kershaw, dans sa biographie d'Hitler, le « Heil » du salut et le titre de « Führer » viendraient de Georg Ritter von Schönerer, violent antisémite viennois de la fin du XIXe siècle. Ce cri était utilisé par les partisans de ce nationaliste virulent qui inspira, en partie, l'idéologie du futur dirigeant nazi[8].
Le cri Sieg Heil (« Salut à la victoire », « sieg » signifiant « victoire ») accompagnait souvent le salut hitlérien. Après l'attentat du 20 juillet, il est devenu obligatoire de le prononcer à tous les rassemblements militaires.
Autres emplois
Aux États-Unis, le salut de Bellamy, nommé en l'honneur du baptiste Francis Bellamy, ressemblait beaucoup au salut nazi parce qu'il était pareillement dérivé du salut romain. À cause de ces similitudes, le geste est tombé en désuétude dans les années 1940.
Utilisations satiriques du salut hitlérien
L'emploi satirique de ce salut dans la lutte contre le nazisme est antérieure à 1933. L'artiste John Heartfield a réalisé un photomontage montrant Hitler en train de saluer les financiers internationaux. Dans Le Dictateur de Charlie Chaplin, le personnage hitlérien entraîne plusieurs fois le chaos en tentant de faire le salut. D'autres scènes satiriques sont incluses dans Stalag 17, Docteur Folamour et L'Hôtel en folie.
Interdictions
Le salut nazi est interdit en Allemagne par la loi fondamentale, et en Autriche par la constitution et par le Verbotsgesetz (loi d'interdiction de 1947). Une parade utilisée par certains militants néonazis allemands a consisté, à une certaine époque, à faire le salut en écartant les doigts de la main, de manière à ne pas l'exécuter intégralement, et à ne pas tomber sous le coup de la loi. En France, le salut n'est pas directement interdit (à l'inverse des uniformes ou insignes nazi, art. R 645-1 du Code pénal), mais peut être considéré comme une incitation à la haine raciale ou une apologie d'une organisation criminelle, suivant le contexte ; ce qui constitue là une infraction répréhensible.
Notes et références
- « Ave (Nom de l'empereur) », soit « Salut Empereur »
- Lebanese strike a blow at US-backed government », The Independent, 7 juillet 2007. Robert Fisk, «
- Brockhaus Enzyklopädie
- La Storia del Ventennio : L ‘intervento in Spagna e l’alleanza con la Germania », sur Un Omaggio la Duce. «
- Henry Rousso, Pétain et la fin de la collaboration : Sigmaringen, 1944-1945, Complexe, coll. « Historiques » (no 13), Bruxelles, diff. PUF, Paris, 1984, 441 p. (ISBN 2-87027-138-7).
- Marcel Déat à l'Arc de triomphe et au palais de Chaillot », France Actualités, 5 mai 1944, sur le site de l'INA : « Applaudissements et salut fasciste » (à environ 3:35). «
- LE SERMENT DES CHEFS MUSULMANS, France Actualités - 09/10/1942, INA
- Ian Kershaw, Hitler, Flammarion, 1999 et Brigitte Hamann, Hitlers Wien. Lehrjahre eines Diktators, Munich, 1996.
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