- Saint Matthias
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Matthias (apôtre)
Pour les articles homonymes, voir Matthias.Matthias Petit ou Mathias ou Saint Mat(t)hias, était, d'après le Nouveau Testament, l’apôtre qui remplaça Judas parmi les Douze après sa trahison et sa mort. Au XVIe siècle, le pape Pie V le plaça au même rang que les autres apôtres, mais Pie XII revint sur cette décision en 1955.
Cet apôtre est souvent désigné par d'autres noms : la version syriaque d’Eusèbe l’appelle « Tolmai » (c'est-à-dire Barthélemy, sans confusion cependant avec l'apôtre Barthélemy) ; Matthias est souvent identifié avec Nathanaël de l’Évangile selon Jean ; Clément d’Alexandrie indique que certains l'identifient à Zacchaeus ; les Apocryphes clémentins l'identifient à Barnabé. Hilgenfeld pense qu'il est Nathanaël.
Fête : pour l'Église catholique romaine, le 24 février jusqu'au XXe siècle où elle fut déplacée au 14 mai ; pour les Églises orthodoxes d'Orient, le 9 août
Sommaire
Histoire
On n'a que peu d'information sur Matthias, et la tradition apocryphe le concernant est plus pauvre et plus tardive que celle des autres apôtres (sans doute cela est-il dû à son statut un peu spécial parmi eux). Le choix de Matthias en tant qu'apôtre est mentionné dans les Actes des Apôtres. Jacques de Voragine, dans sa Légende dorée, lui consacre un chapitre.
Les Actes des Apôtres
Dans les Actes des Apôtres, il est rapporté qu'après la mort de Judas, Pierre proposa une assemblée des onze apôtres dans les jours qui suivirent l'ascension de Jésus, afin de désigner le disciple qui prendrait la place laissée vacante par Judas. Il fallait que le nouvel apôtre fût choisi parmi ceux qui avaient toujours été avec eux, pour pouvoir véritablement témoigner du Christ. On proposa deux candidats, Joseph dit le Juste et Matthias, qui furent départagés par le sort, et c'est Matthias qui fut ainsi désigné. (cf. Ac 1. 21-26.)
La Légende dorée
D'après la Légende dorée, Matthias, issu de la tribu de Juda, naquit à Bethléem. Il apprit rapidement « la science de la Loi et des prophètes », et menait une vie vertueuse. En Judée où il prêchait, il fit de nombreux miracles, en rendant notamment la vue aux aveugles, en chassant des démons et en ressuscitant les morts, et ainsi convertit beaucoup de personnes. Mais des juifs jaloux le firent comparaitre, et il fut lapidé.
La Légende dorée rapporte aussi une autre légende. Alors qu'il prêchait en Macédoine, on lui fit boire une potion qui rendait aveugle. Mais lui, en la buvant au nom du Christ, n'en souffrit point et rendit la vue à toutes les personnes qui avaient perdu la vue à cause de ce breuvage. Mais le diable persuada le peuple de le tuer, lui qui ruinait leur culte. Matthias se cacha durant deux jours, mais le troisième il se livra à eux. Il fut alors jeté en prison, mais le Seigneur vint le libérer lui même, et lui permit de prêcher de nouveaux. Une partie du peuple se convertit alors, les autres furent engloutis par la terre.
La Légende précise aussi que son corps aurait été enterré dans l'église Sainte-Marie-Majeure.
Autres traditions
Matthias a été choisi par les onze apôtres restants en tant que « plus juste parmi les justes ». Il est martyrisé par les Juifs. Il évangilisa le Cappadoce.[réf. nécessaire]
D’après Nicéphore Calliste (Historia eccl. 2 40), Matthias prêcha la bonne parole en Judée, puis en Ethiopia (comprise comme un synonyme pour la Colchide) et fut crucifié en Colchide.
Le Synopsis de Dorothée contient cette tradition :
- « Matthias prêcha la bonne parole aux barbares et aux anthropophages en Ethiopia, où se trouve le port de mer d’Hyssus, à l’embouchure de la rivière Phasis. Il mourut à Sebastopolis, et y fut incinéré, près du Temple du Soleil ».[1]
Les Actes d’André et de Matthias (apocryphe copte) situent également les activités de Matthias dans « la ville des cannibales », en Ethiopia.
Une autre tradition continue à affirmer que Matthias fut lapidé à Jérusalem par les juifs, et qu'il fut ensuite décapité (cf. Tillemont, Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six premiers siècles 1 406-7).
On raconte qu’Hélène, mère de Constantin le Grand apporta les reliques de saint Matthias à Rome, et qu’une partie de celles-ci était à Trèves. Les Bollandistes (Acta Sanctorum, Mai, III) doutent que les reliques soient celles de l'apôtre, mais plutôt celle de saint Matthias qui fut évêque de Jérusalem vers l’an 120, et dont la biographie pourrait avoir été confondue avec celle de l’apôtre.
L’Évangile de Matthias
Cette œuvre est perdue, mais Clément d'Alexandrie (Stromates 3 4) rapporte une phrase que les Nicolaitains attribuent à Matthias : « nous devons résister à notre chair, ne lui attribuer aucune valeur, et ne rien lui concéder pour la flatter, mais plutôt renforcer l’élévation de notre âme au moyen de la foi et la connaissance ».
L’Évangile de Matthias est cité par Origène (Homélie à Luc i) ; par Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique 3 25), qui l’attribue à des hérétiques ; par Jérôme (Praef. in Matth.), et dans le Decretum Gelesianum (VI, 8) qui le déclare apocryphe. Il vient en fin de liste du Codex Barroccianus (206).
L’Évangile perdu est probablement le document dont Clément d’Alexandria cita plusieurs passages, disant qu'’ils étaient empruntés aux Traditions de Matthias, Paradoseis « Paradoxes », témoignage qu'il prétendait avoir été évoqués par les hérétiques Valentinius, Marcion, et Basilide (Stromates 7 17). D’après Philosophoumena 7 20, Basilide cite des discours apocryphes qu'il attribue à Matthias. Ces trois écrits : l’évangile, les Traditions, et les Discours apocryphes furent identifiés par Zahn (Gesch. des N. T. Kanon, II, 751), mais Harnack (Chron. der altchrist. Litteratur, 597) la réfute.
Tischendorf (Acta apostolorum apocrypha, Leipzig, 1851) publia après Thilo, 1846, Acta Andreae et Matthiae in urbe anthropophagarum qui, d’après Lipsius, était du milieu du IIe siècle. Cet apocryphe relate que Matthias alla parmi des peuples anthropophages et, ayant été jeté en prison, en fut délivré par André. Cette narration n'a aucune valeur historique. Dans les écrits apocryphes, Matthieu et Matthias ont parfois été confondus.
Bibliographie
Les références à la Légende dorée, ainsi que quelques petites informations, proviennent de :
- Jacques de Voragine, La Légende dorée, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2004, publication sous la direction d'Alain Boureau.
Voir aussi
- Nouveau Testament
- Apôtre
- Liste des apôtres
- Liste des saints catholiques
- Liste des saints de la Légende dorée
Notes et références
- ↑ Matthias in interiore Æthiopia, ubi Hyssus maris portus et Phasis fluvius est, hominibus barbaris et carnivoris praedicavit Evangelium. Mortuus est autem in Sebastopoli, ibique prope templum Solis sepultus
Liens externes
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