Ravensbrück

Ravensbrück

53°11′20.4″N 13°10′12″E / 53.189, 13.17

Vue extérieure du camp de Ravensbrück.

Ravensbrück est un village d'Allemagne situé à 80 km au nord de Berlin. De 1934 à 1945, le régime nazi y établit un camp de concentration spécialement réservé aux femmes et dans lequel vécurent aussi des enfants.

Le camp fut construit sur les bords du lac de Schwedtsee, en face de la ville de Fürstenberg/Havel, dans une zone de dunes et de marécages du nord du Brandebourg.

Succédant en 1939 au camp de Lichtenburg, il devint rapidement le centre de détention de femmes le plus important du pays : au moins 132 000 femmes et enfants y furent déportés, dont 90 000 furent exterminés. Le camp a fourni en main-d'œuvre féminine l'ensemble des industries d'armement allemandes et les mines de sel, sur place ou au sein de l'une des 70 antennes disséminées de la mer Baltique à la Bavière. Les détenues provenaient de tous les pays d'Europe occupés par l'Allemagne, le plus grand groupe national étant composé de polonaises. À partir d'avril 1941, des hommes ont été enfermés dans un camp annexe.

Un "block" d'internement du camp de Ravensbrück.

Sommaire

Détenues

Détenues évacuées par la Croix-Rouge suédoise.

Les premières prisonnières, environ 900, furent transférées du camp de Lichtenburg en Saxe. À la fin de l'année 1942, la population carcérale était passée à 10 000, pour atteindre plus de 45 000 en janvier 1945. Parmi elles, des enfants arrivés avec leurs mères juives ou roms, ou nés sur place. Leur nombre augmenta considérablement entre avril et octobre 1944 ; une première vague fut composée d'enfants tziganes amenés avec leurs mères après la fermeture du camp rom d'Auschwitz, suivie par les enfants polonais du ghetto de Varsovie après l'échec de l'insurrection, puis par ceux du ghetto de Budapest suite à la fermeture de ce dernier. La plupart moururent de dénutrition.

Les détenues portaient un triangle coloré selon leur catégorie, une lettre au centre indiquant leur nationalité : rouge pour les prisonnières politiques, jaune pour les juives, vert pour les criminelles de droit commun, violet pour les Témoins de Jéhovah, noir pour les Tziganes et les prostituées, etc. Certaines avaient le crâne rasé à l'arrivée, ce qui ne fut toutefois jamais le cas des aryennes. Entre 1942 et 1943, pratiquement tous les prisonnières juives furent envoyés à Auschwitz dans le cadre de la Solution finale.

Une liste, quoique incomplète, établie par l'administration du camp, énumérant 25 028 noms de femmes envoyées à Ravensbrück, fait état de 24,9 % de Polonaises, 19,9 % d'Allemandes, 15,1 % de Juives, 15 % de Russes, 7,3 % de Françaises, 5,4 % de Tziganes et 12,4 % d'autres origines, réparties dans les catégories suivantes : 83,54 % de politiques, 12,35 % d'anti-sociaux, 2,02 % de criminels, 1,11 % de Témoins de Jéhovah, 0,78 % de « hontes de la race » et 0,2 % d'autres cas. Cette liste est l'un des rares documents sauvés de la destruction qui précéda la fuite des SS devant les forces alliées par les Mury, un groupe clandestin de scouts polonaises formé au camp dans le but de fournir de la nourriture et des soins médicaux aux détenus les plus faibles.

Les prisonnières de Ravensbrück étaient l'objet d'abus permanents, battues, astreintes au travail et assassinées lorsqu'elles n'en étaient plus capables, pour un acte de rébellion ou sans raison particulière. Jusqu'en 1942, les prisonnières jugées inaptes au travail étaient tuées par balle. Elles furent ensuite transférées à Auschwitz et vers d'autres centres d'extermination. Plusieurs furent exécutées à l'infirmerie du camp par injection létale.

À partir de l'été 1942, des expériences médicales furent menées sur au moins 86 détenues, dont 74 polonaises. La première série porta sur l'efficacité des sulfamidés dans le traitement des blessés de guerre, la seconde sur la régénération des os, muscles et nerfs et la possibilité de transplanter des os. Cinq en moururent, six furent exécutées souffrant de blessures non guéries et la plupart des survivantes gardèrent des séquelles à vie. Quatre d'entre elles témoignèrent lors du procès des médecins en 1946. En janvier 1945, entre 120 et 140 femmes tziganes furent stérilisées après s'être vu promettre d'être libérées si elles consentaient à l'opération.

Les corps des détenues décédées étaient brûlés au crématorium situé près de Fürstenberg jusqu'en 1943, date à laquelle les autorités SS construisirent un four crématoire à proximité du camp. À l'automne 1944 vint s'y ajouter une chambre à gaz. Plusieurs milliers de détenues y furent exécutées juste avant la libération du camp en avril 1945. Les derniers assassinats se produisirent le 25 avril, avec onze détenues employées au crématorium exécutées par empoisonnement[1].

Quand l'Armée rouge arriva le 30 avril 1945, il ne restait que 3 500 femmes et 300 hommes non évacués. Les SS avaient entraîné les détenues capables de marcher, environ 20 000, dans une marche forcée vers le nord du Mecklembourg après en avoir confié 7 000 à des délégués de la Croix-Rouge suédoise et danoise. Ils furent interceptés après quelques heures par une unité d'éclaireurs russes.

Personnalités détenues à Ravensbrück

CAMP DES HOMMES

Personnel

Commandants du camp

  • Fritz Suhren, officier SS de la Schutzstaffel, commandant du camp d'Aout 1942 à Avril 1945. Sa politique fut d'exterminer les femmes par le travail, les mauvais traitements et le moins de nourriture possible.

Il mit des prisonnières à disposition du médecin d'Himmler le Dr. Karl Gebhardt pour des expérimentations médicales, et des stérilisations de Tziganes. Après s'être échappé des américains et une longue fuite, il fut capturé en 1949, jugé par un tribunal militaire, puis pendu à côté de Baden-Baden le 12 juin 1950.

Gardiennes

À côté du personnel masculin, environ 150 femmes SS furent assignées à la surveillance des détenues. Pendant les six ans de fonctionnement du camp, 4 000 surveillantes (Aufseherinnen) y furent formées sous la responsabilité de :

En 1973, Hermine Braunsteiner fut extradée par les États-Unis vers l'Allemagne pour y répondre de crimes de guerre. En 2006, Elfriede Rinkel fut expulsée à l'âge de 84 ans après avoir vécu à San Francisco depuis 1959.

Mémorial

Monument de Fritz Cremer devant le mur des Nations.

En 1959, le Mémorial national de Ravensbrück fut créé. Un musée a été aménagé dans les cellules mêmes d'internement. Il évoque avec réalisme le fonctionnement et la vie du camp. À côté, on peut voir les fours crématoires et le couloir des exécutions. Un monument commémoratif a été érigé sur la berge du lac.

L'art à Ravensbrück

Certaines formes d'art se sont développées dans le camp de concentration de Ravensbrück, malgré les circonstances. Citons quelques artistes les plus représentatives de ce camp : Violette Lecoq, France Audoul, Charlotte Delbo, Berika, Félicie Mertens, Aat Breur-Hibma et Germaine Tillion avec son opérette Le Verfügbar aux enfers.

Toponymie

Ravensbrück signifie "Pont des corbeaux"[4], le camp était surnommé ainsi[5].

Voir aussi

Références

Bibliographie

  • Les Françaises à Ravensbrück (amicale de Ravensbrück- ADIR association des déportées internées de la Résistance)
  • Ravensbrück (Germaine Tillon)
  • La grande Misère (Maisie Renault)
  • J'ai donné la vie dans un camp de la mort (Madeleine Aylmer-Roubenne)
  • La vie d'un stück (Juliette Lemaître) Code ISBN : 2-84706-220-5 - Editions Charles Corlet

Liens externes


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