Jane Sivadon

Jane Sivadon

Jeanne Sivadon, "Jane", alias Jeannette, fut une résistante française, née le 26 juin 1901 à Toulouse, morte le 31 août 1995 au Mas-d'Azil (Ariège), .

Sommaire

Famille

  • Vieille famille huguenote très fière de ses origines.
  • Le père est pasteur de l'Église réformée.
  • Trois frères, dont l'un sera le Pr Paul Sivadon, médecin-chef du service psychiatrique asilaire de Ville-Évrard.

Avant-guerre

  • Lycée. Conservatoire national de musique. Premier prix de piano à 18 ans. Fondation d'une troupe aconfessionnelle d'éclaireuses.
  • 1927 : École des surintendantes d'usine (ESU) de la rue Princesse à Paris, école privée d'assistantes sociales.
  • 1932 : diplôme de l'ESU après de nombreux stages d'ouvrière anonyme et d'assistante sociale en usine.
  • direction d'une école de jeunes handicapés près de Grenoble
  • 1938 : rappel à l'ESU dont elle devient bientôt directrice.
  • Domicile : 1 rue Princesse, Paris VIe (ESU).

Combat Zone Nord

  • Fin 1940 et début 1941, une ancienne élève, Berty Albrecht, fondatrice, avec le capitaine Frenay, du Mouvement Libération Nationale (MLN), envoie deux émissaires, d'abord le lieutenant de Froment, puis le capitaine Guédon.
  • Sous l'impulsion de Jeanne qui recrute plusieurs surintendantes, l'école devient un centre extrêmement actif qui assure, d'une part, une coordination entre de petits groupes de résistants auparavant isolés, en région parisienne et en province, d'autre part, une liaison avec d'autres mouvements.
  • Jeanne est alors, sous l'autorité du capitaine Guédon devenu un ami, secrétaire générale en zone occupée de ce mouvement qui sera (peu) connu après la guerre sous le nom de Combat Zone Nord.
  • Lors de la réorganisation de Combat Zone Nord (janvier 1942), elle est membre du comité directeur.

Arrestation - Procès - Captivité

  • 2 février 1942 : arrêtée par la Geheime Feldpolizei, Jeanne détenue à La Santé est interrogée à l'hôtel Cayré, boulevard Raspail.
  • En application du décret Nacht und Nebel, déportation à la prison de Sarrebruck.
  • 12 octobre 1943 : Jeanne est condamnée à mort, le premier jour du procès des militants de Combat Zone Nord (Affaire Continent) devant le 2e sénat du Volksgerichtshof.
  • 2 novembre 1943 : mise aux fers, à la prison de Cologne, avec les autres condamnées à mort (Elizabeth Dussauze, Odile Kienlen, Hélène Vautrin, Marietta Martin-Le-Dieu et Gilberte Bonneau du Martray).
  • Au bout de quatre mois, l'exécution de la condamnation est suspendue ; on explique bien qu'il ne s'agit nullement d'une grâce, la guillotine est simplement "remise à plus tard".
  • Marietta Martin-Le-Dieu est transférée à Francfort-sur-le-Main où elle mourra.
  • 9 mars 1944 : transfert au bagne de Lübeck où sont déjà les camarades condamnées à des peines de prison à temps.
  • Elizabeth Dussauze et Hélène Vautrin sont transférées au bagne de Jauer (Jawor en Pologne).
  • 4 avril 1944 : transfert au bagne de Cottbus où les résistantes refusent de travailler pour l'industrie de guerre ennemie.
  • 15 novembre 1944 : le décret Nuit et Brouillard ayant été partiellement levé, transfert au camp de Ravensbrück où meurent Adzire Lindemann, Thérèse Baton, Marthe Delpirou et Hélène Vautrin à peine arrivée de Jauer.
  • 3 mars 1945 : transport au camp de Mauthausen (arrivée dans la nuit du 6 au 7 mars) où meurt Odile Kienlen (ESU) ; Anne Noury et Gilberte Bonneau du Martray meurent à Bergen-Belsen où elles ont été transférées.
  • 23 avril 1945 : libération par la croix-rouge suisse, en même temps que des déportées politiques françaises, belges et luxembourgeoises.
  • Des condamnées du procès de Combat Zone Nord, seules ont survécu Jeanne Sivadon (ESU), Elizabeth Dussauze, Anne-Marie Boumier (ESU), Gilberte Lindemann, Marcelle Villaine, Denise Lauvergnat (ESU) et Maguy Perrier.

Après-guerre

  • Après sa convalescence, Jeanne est directrice du centre d’études et de formation du service social du travail où elle est chargée par le ministère du Travail de créer un diplôme d'État de surintendante d'usine (assistante sociale).
  • Avec ses compagnes, elle fonde l'ADIR, association de femmes résistantes, dont elle prend la présidence : « Nous nous sommes réunies entre femmes seulement […] : cet esprit de fraternité que nous voulons toutes prolonger et faire fructifier naît de la connaissance directe que les unes ont des autres, des souvenirs communs et des souffrances partagées» J. Sivadon, lors de l’assemblée générale constitutive de l'ADIR, le 4 novembre 1945.
  • Jeanne prend ensuite la direction générale des services sociaux des trois armées (terre-air-mer-armement).
  • 1961 : retraite à Paris où elle s'occupe d'œuvres sociales.
  • 1971 : elle se retire dans la maison familiale du Mas-d'Azil, en terre huguenote, où elle s'active, avec deux cousines, à animer une association, La Réveillée, regroupant les descendants de trois familles de gentilshommes verriers huguenots.

Distinctions

Sources

  • Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon : Procès-verbal d'audition par le service de recherche des crimes de guerre (14 mai 1945) Fonds Germaine Tillion 19a
  • Archives nationales : Causerie du Mas-d'Azil (28 juillet 1945) AN72AJ/317 et Déposition auprès du comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale AN72AJ/47
  • BDIC (Nanterre) : Lettre d'octobre 1989 à l'ADIR et Souvenirs d'une déportée (2 mars 1992) F°delta rés 797/III/66.
  • A la Bibliothèque municipale de Toulouse, le Centre d’études et de recherches sur la résistance toulousaine (CERRT) conserve plusieurs témoignages, dont celui de J. Sivadon au Mas d'Azil : « En écoutant l’acte d’accusation, grande fut notre joie quand nous avons entendu cette phrase : "Les accusés [...] seront punis au maximum parce qu’ils sont à l’origine d’un mouvement de résistance qui met l’armée d’occupation en danger". Nos cœurs étaient enflés de joie et, j’ose l’avouer, de fierté face aux Allemands. [...]. Mon assurance suffisait pour dire à la Haute Cour : "C’est ainsi que sont les femmes françaises" ».

Bibliographie sommaire

  • Henri Frenay : La nuit finira, Paris, Laffont, 1975
  • Marie Granet et Henri Michel : Combat, histoire d'un mouvement de résistance, Paris, PUF, 1957
  • FNDIRP-UNADIF : Leçons de ténèbres, Paris, Perrin, 2004
  • FNDIRP-UNADIF, Bernard Filaire : Jusqu'au bout de la résistance, Paris, Stock, 1997
  • Henri Noguères : Histoire de la Résistance en France, Paris, Robert Laffont, 1972
  • Anne-Marie Boumier : Notre Guerre 1939-1945, manuscrit, Musée de Besançon.

Lien


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Jane Sivadon de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужен реферат?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Paul Sivadon — était un médecin né en 1907. Né le 10 janvier 1907 à Moncoutant, où son père était pasteur, Paul Sivadon commence ses études de médecine à Clermont Ferrand et les poursuit à Paris. Reçu au concours de l internat en médecine des Asiles de la Seine …   Wikipédia en Français

  • Elizabeth Dussauze — Elizabeth Dussauze, Lisbeth , alias Dominique Erard, fut une résistante française, née à Londres, le 29 décembre 1914, morte à Paris le 22 décembre 1983. Sommaire 1 Famille 2 Avant guerre 3 Combat Zone Nord …   Wikipédia en Français

  • Combat Zone Nord — est un groupe de résistants français apparenté au mouvement Combat, détruit par le contre espionnage allemand à compter de février 1942. Ce groupe était nommé Les Petites Ailes, du titre de leur journal clandestin, par ses militants, et désigné… …   Wikipédia en Français

  • Odile Kienlen — (1895 1945) fut une résistante française, militante de Combat Zone Nord. Comme Jane Sivadon, Anne Marie Boumier, Anne Noury, c’est une pionnière de Libération Nationale en zone occupée. Assistante sociale d une compagnie d assurances, elle exerce …   Wikipédia en Français

  • Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance — L’Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR) rassemble des résistantes emprisonnées ou déportées du fait de leur engagement. Elle inclut par ailleurs dans ses rangs des femmes prises comme otages, par… …   Wikipédia en Français

  • Pierre de Froment — Georges Pierre de Froment (alias Pierre Foureix, alias Deblé) est un militaire et résistant français. Il est né le 17 novembre 1913 à Châteauroux, garnison de son père, ancien saint Cyrien issu d une très ancienne famille noble, qui sera tué à la …   Wikipédia en Français

  • Denise Lauvergnat — Denise Lauvergnat, née le 26 octobre 1913 à Capdenac gare (Aveyron), fut une résistante française et une militante de Combat Zone Nord. Elle a participé aux évènements sous le nom d emprunt Anne. Ancienne de l’école des surintendantes d usine,… …   Wikipédia en Français

  • Combat (French Resistance) — Combat was a large movement in the French Resistance created in the non occupied zone of France during the Second World War (1939 1945). Combat was one of the eight great resistance movements which constituted the Conseil national de la… …   Wikipedia

  • Association Nationale Des Anciennes Déportées Et Internées De La Résistance — L’Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR) rassemble des résistantes emprisonnées ou déportées du fait de leur engagement. Elle fut précédée par la création, en 1944, de l’Amicale des prisonnières de la… …   Wikipédia en Français

  • Association nationale des anciennes Déportées et Internées de la Résistance — L’Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance (ADIR) rassemble des résistantes emprisonnées ou déportées du fait de leur engagement. Elle fut précédée par la création, en 1944, de l’Amicale des prisonnières de la… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”