Marie-José Chombart de Lauwe

Marie-José Chombart de Lauwe
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Marie-José Chombart de Lauwe, née Wilborts, est une résistante française, née le 13 mai 1923 à Paris. Son prénom de baptême est Marie-Josée.

Sommaire

Biographie

Yvette, Marie-José Wilborts, qui se fera appeler Marie-Jo, entre en Résistance contre l'occupant nazi et les collaborateurs français dès l'âge de 17 ans, en Bretagne.

Fille de Suzanne et d'Adrien Wilborts, médecin pédiatre à Paris, brûlé par les gaz des tranchées de la Première Guerre mondiale, elle passe ses vacances dans les Côtes-d'Armor, à Bréhat, où vit sa grand-mère paternelle. En 1936, son père prend une retraite anticipée et toute la famille déménage à l'île de Bréhat. Âgée de 12 ans, Marie-Jo poursuit ses études par correspondance. Puis vient la Drôle de guerre. L'adolescente est alors élève en première au lycée de Tréguier.

La résistance en Bretagne 1940-1942

Pendant l'été 1940, les troupes allemandes débarquent à Bréhat, et réquisitionnent les maisons. Chez Marie-Jo, on écoute la voix de Londres depuis une radio cachée derrière un tableau. Des Bréhatins se préparent à résister. Les bateaux partent à la rame, les nuits sans lune, pour rejoindre l'Angleterre. En dépit du danger, Marie-Jo commence à transporter des messages: « Malgré mon jeune âge, je ne faisais pas ça naïvement. Les exécutions sont arrivées très vite, le contexte était pesant, nous mesurions les risques. »

À l'automne 1941, elle entreprend ses études de médecine à Rennes et se procure un « Ausweis » (laissez-passer) qui lui permet de circuler en zone interdite vers la côte pour voir ses parents. Elle fait partie de "la Bande à Sidonie" créé par sa mère et ensuite intégré au réseau "Georges France 31" lié à l'Intelligence Service britannique[1]. Glissés dans ses cahiers d'anatomie, les plans de défense côtière passent au nez et à la barbe de l'ennemi. Ils sont ensuite acheminés jusqu'aux Alliés, en Angleterre.

À Rennes, les membres du réseau se donnent rendez-vous au café de l'Europe et de la Paix. En 1941, les résistants de la côte sont arrêtés. Le groupe rennais tient encore. Mais le nouvel agent de liaison, « Georges », est un agent double travaillant pour l'Abwehr. Il infiltre les résistants et les dénonce. Marie-Jo est arrêtée, le 22 mai 1942, chez sa logeuse. Devant la maison, une traction noire l'attend. Elle a juste le temps d'écrire un mot sur la table de la cuisine : « Je suis arrêtée. Prévenir famille et amis. » Emprisonnée par l'armée allemande à Rennes, puis à Angers. Elle y retrouve ses parents et onze autres membres de son réseau de renseignements et d'évasions.

La déportation à Ravensbrück

Elle est ensuite transférée à la prison de la Santé pour être interrogée par la Gestapo. Elle côtoie Marie-Claude Vaillant-Couturier et réussit à communiquer par les toilettes en ciment avec sa voisine de cellule France Bloch-Sérazin âgée de 29 ans, résistante, communiste et juive fabriquant des explosifs pour le groupe de Raymond Losserand. Elle est ensuite emmenée à la Maison d'arrêt de Fresnes.

Marie-Jo est condamnée à mort, peine commuée en déportation "NN-Nuit et brouillard". Le train part de la gare de l'Est à Paris le 26 juillet 1943 avec sa mère Suzanne et 56 autres femmes françaises "NN" en wagon cellulaire pour le camp de Ravensbrück. Ce groupe de 58 femmes est placé dans le block 32 des "NN", considérées comme disparues, sans lettre ni colis. Marie-Jo travaille dans l'usine Siemens du camp, et confectionne clandestinement de petits cadeaux pour soutenir leurs camarades de camps.

Elles furent transférées avec les autres NN le 2 mars 1945 pour Mauthausen d'où elles seront libérées le 21 avril et évacuée vers la Suisse par la Croix-Rouge internationale à la suite d'une négociation entre Himmler et le comte Folke Bernadotte pour le compte de la Croix-Rouge suédoise et de l'opération des Bus blancs.

Son père, déporté à Buchenwald décède le 24 février[Note 1] 1944.

La Kinderzimmer de Ravensbrück

En été 1944, elle est affectée à la « Kinderzimmer » (la chambre des enfants), le block 11. Les naissances d'enfants au camp étaient devenus incontrôlables en 1944 (auparavant les mères mourraient avant l'accouchement ou bien les bébés étaient tués) et c'est pourquoi la Kinderzimmer fut créée afin de s'occuper des nouveau-nés avec la débâcle allemande de 1944. C'est une pièce avec deux lits de deux étages superposés, jusqu'à 40 bébé y sont couchés en travers des châlits. Pas d'hygiène, pas de couche, pas de biberon, pas de tétine, la solidarité du camp apporte un peu de linge, des petites bouteilles et du lait mais n'évite pas la disparition de presque tous les enfants. Sur 500 naissances consignées à Ravensbrück une quarantaine d'enfants ont survécus seulement[2].

Il est difficile de dire combien d’entre eux sont nés en déportation, mais les travaux entrepris par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation a pu recenser 23 enfants français nés à Ravensbrück dont seulement trois ont survécus : Sylvie Aymler (03/1945), Jean-Claude Passerat (11/1944),et Guy Poirot (03/1945).

Marie-Jo assiste également à la stérilisation des femmes Tziganes et aux expérimentations médicales menées par les médecins nazis sur les jeunes résistantes polonaises du block 32 NN. A la libération, Marie-Jo témoignera contre Fritz Suhren, commandant du camp de Ravensbrück de 1942 à 1945 pour crimes contre l'humanité[2].

La lutte pour les droits de l'enfant

Revenue des camps de la mort, par la Suisse et Annemasse. Elle arrive à Paris le 1er Mai 1945, puis retourne à Bréhat. Elle se reconstruit et reprend ses études de médecine. Elle se marie avec Paul-Henry Chombart de Lauwe. De leur union sont nés quatre enfants (Marie, Noëlle, Jean-Marie et Pascal). Elle redevient militante avec la lutte contre la torture pendant la guerre d'Algérie[2]. En 1954, elle entre au CNRS et travaille avec le professeur Heuyer, chef de service de pédopsychiatrie à l'hôpital de la Salpêtrière.

Adhérente de la Ligue des droits de l'homme, elle fait partie de la présidence collégiale de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) et depuis 1996 assure la présidence de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.

Distinction

Divers

Il existe depuis 2011 un collège à son nom à Paimpol en Côtes-d'Armor.


Notes et références

Notes

  1. ou le 26 novembre selon le Journal officiel de la République française du 18 mai 1995, page 08377

Références

Sources

Régis de Saint-Jouan : Dictionnaire des communes du département des Côtes-d'Armor, Saint-Brieuc, Conseil général, 1990.

Bibliographie

  • Toute une vie de résistance, éd. Graphein Fndirp, mars 2000 (ISBN 2-910764-13-3)
  • Mémorial des Déportés de France arrêtés par mesure de Répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945, éd. Tirésias, auteur Fondation pour la Mémoire de la Déportation (ISBN 2-915293-05-8)

Lien externe


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