- Art préhistorique
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Si les premières manifestations discrètes de l'art préhistorique datent de la fin du Paléolithique moyen, celui-ci ne prend une réelle ampleur qu'au début du Paléolithique supérieur (-30 000 à -12 000 ans avant J.-C.). Il est alors très diversifié dans ses thématiques, ses techniques et ses supports. Il inclut des représentations figuratives animales, des représentations anthropomorphes souvent schématiques, ainsi que de nombreux signes.
Au Mésolithique (-12 000 à -8000 avant J.-C.), les manifestations artistiques figuratives sont rares. De cette époque sont connus des galets peints ou gravés de figures géométriques.
Au Néolithique (-8000 à -3000 avant J.-C.), l'art rupestre se développe, incluant des éléments figuratifs et notamment des animaux domestiques. Il se développe également sur de nouveaux supports, par exemple lors du décor de poteries en céramique.
Sommaire
Les différentes théories d'explication de l'art préhistorique
- L'art pour l'art : l'homme préhistorique a des préoccupations artistiques. Cette théorie, dont un des premiers défenseurs est Gabriel de Mortillet ne fonctionne pas pour l'art pariétal qui est souvent dans des grottes sombres ou inaccessibles.
- L'art comme rituel de la chasse magique. L'abbé Breuil imagine que les représentations d'animaux ou de scènes de chasse leur donnent le pouvoir magique de possession et de domination sur la bête, leur assurant ainsi une chasse fructueuse. Cette théorie ne fonctionne pas pour les représentations d'animaux ou d'éléments qui n'ont aucun rapport avec la chasse.
- L'art comme témoignage de préoccupations religieuses : les hommes préhistoriques se réfèrent à une puissance divine représentée par les animaux (dont un cas particulier est le totémisme), les esprits surnaturels (théorie du chamanisme de Jean Clottes). Ces représentations sont des récits initiatiques censés provoquer un éveil de la conscience, une autre vision du monde ou la survie du clan. Cette théorie ne correspond pas à toute la réalité archéologique, seule une partie des images pouvant être interprétée en ces termes[1].
L'approche structuraliste d'André Leroi-Gourhan a de son côté complètement écarté toute volonté d'interprétation[2].
Typologie[3]
Support
- Art immobilier : art rupestre, art pariétal, art sur bloc par gravure, peinture (à base de pigments minéraux : terres d'ocres, argiles rouges et jaunes, oxyde de fer, craie ; pigments organiques : noir d'os calcinés, noir de charbon de bois). Le plus ancien atelier de fabrication de pigments date d'il y a 100000 ans au Middle Stone Age[4].
- Art mobilier : outils et armes (bâton percé, propulseur à crochet, spatule, lampe à graisse, harpon, pointe de sagaie), parures et bijoux suspendus sur le corps ou attachés à un vêtement (le plus fréquent sont les perles, pendeloque, contour découpé, rondelle en os percé, bracelet, diadème ; colliers formés de coquillages (les plus anciens datés à ce jour sont une parure de coquillages à Blombos vers 82 000 ans[5]), dents, craches de cerfs[6]), plaquettes gravées, sculptures (figurines, Vénus paléolithique), poteries, etc[7].
Type
Les représentations peuvent présenter 3 types de signes, associés ou non, en proportions variables.
- pictogramme (représentation du réel)
- idéogramme (signes conventionnels)
- psychogramme (signes émotionnels)
Thématiques
5 grandes périodes successives peuvent être distinguées, correspondant à des thématiques spécifiques
- chasseurs archaïques (notamment grands animaux et symbolique associée)
- cueilleurs archaïques (notamment être fantastiques)
- chasseurs évolués (notamment scènes de chasse, avec arcs et flêches)
- pasteurs (notamment troupeaux)
- économique complexe (notamment scènes diverses, élevage et agriculture)
L'émergence de l'art au Paléolithique
Selon certains auteurs[8], les préoccupations esthétiques auraient pu se manifester dès le Paléolithique inférieur et ce de plusieurs manières :
- collecte d'objets naturels
- un galet de jaspillite rouge a été retrouvé sur un site fréquenté par les Australopithèques il y a près de 3 millions d'années.
- un biface, daté de 300 000 ans et retrouvé à Swanscombe en Angleterre, a été façonné dans une roche comportant un oursin fossile.
- utilisation de colorants : l'utilisation d'hématite ou d'ocre est attestée dans différents endroits du globe à partir de 100 000 ans.
- utilisation de pierres remarquables dans la production d'outils : jaspe en Corrèze, cristal de roche dans différents sites, obsidienne lors du Paléolithique moyen en Éthiopie…
- fabrication d'objets dont la forme n'a pas d'explication fonctionnelle évidente:
- des bolas, des boules de pierre façonnées et plus ou moins régulières, manifestement trop lourdes pour servir de projectiles, ont été retrouvées notamment à Sidi Abderrhamane au Maroc.
- de même, certains auteurs considèrent la recherche de symétrie lors de la taille des bifaces acheuléens comme l'une des premières préoccupations d'ordre esthétique.
Toutefois, ce n'est qu'à la fin du Paléolithique moyen qu'apparaissent les premières incisions dépourvues de rôle fonctionnel, sur des os ou des pierres. En Afrique du Sud, le site de Blombos a livré des pierres gravées et colorées de motifs géométriques complexes, associées à des objets de parure en coquillage. Cette découverte, datée de plus de 75 000 ans BP, est l'une des plus anciennes formes d'expression artistique humaine. Elle traduit les capacités d'abstraction des Homo sapiens de l'époque.
Certains sites moustériens ont également livré des minéraux insolites ou des fossiles collectés par les Néandertaliens lors de leurs déplacements. C'est le cas notamment des grottes d'Arcy-sur-Cure.
L'art du Paléolithique supérieur
L'explosion des formes d'art est caractéristique du Paléolithique supérieur. L’Homo sapiens est le principal acteur de cette révolution, même si des chercheurs pensent aujourd'hui que certaines œuvres peuvent être attribuées à l'homme de Néandertal.
Il y a environ 32 000 ans, l'art est déjà très diversifié et abouti, tant au niveau des thématiques que des techniques. Dans la Grotte Chauvet, l'une des plus anciennes grottes ornées connues, un grand nombre de techniques (gravure, peinture, tracés digitaux, empreintes, etc.) a été employé pour réaliser des figurations animales parfois très réalistes. À la même époque, des statuettes en ivoire sont également connues (cf. « l'homme lion » de Hohlenstein-Stadel). Aucune évolution, depuis des formes simples vers des formes plus complexes, n'est véritablement perceptible. Même si l'art du Paléolithique supérieur couvre près de vingt mille ans, il est possible de dégager un certain nombre de caractéristiques générales sans entrer dans le détail de la chronologie.
Supports de l'art
L'art du Paléolithique supérieur se présente sous forme de peintures pariétales mais aussi de sculptures en argile, en pierre, en ivoire ou en os. Les œuvres en bois, en tissus ou dans d'autres matériaux périssables ont malheureusement disparu. On ne peut qu'imaginer ce qu'elles devaient être, et il est certain que notre connaissance reste très partielle.
Le métal n'est pas encore connu. Certains objets, très fins et fragiles, ne semblent pas exclusivement utilitaires, et peuvent avoir une fonction d'apparat. De nombreux témoins d'art apparaissent sur des éléments de la vie quotidienne qui ont sans doute eu un rôle non artistique, comme les propulseurs.
Art pariétal
Article détaillé : Art pariétal.L'art pariétal comporte des œuvres peintes, gravées ou sculptées. Ces dernières sont souvent associées aux abris-sous-roches (Roc-aux-Sorciers à Angles-sur-l'Anglin). La grotte de Lascaux comporte plus de gravures que de peintures. Selon la dureté de la paroi, l'artiste utilisait ses mains seules (parois argileuses) ou des outils de pierre et de bois pour inciser la paroi. Certaines créations modelées sont de véritables chefs d'œuvres, tels les bisons de la grotte du Tuc d'Audoubert.
Pour la peinture, différents colorants étaient utilisés :
Les analyses de pigment ont montré dans certains cas la réalisation de recettes complexes incluant des charges minérales non colorées.
Dans certains cas, l'artiste traçait un contour avec un pinceau ou directement grâce à un bout de charbon et remplissait ensuite selon divers procédés : pinceau, application à la main, soufflage dans un tube. Ce dernier processus mouchetait finement la paroi, permettant des effets subtils de dégradés.
Les artistes du Paléolithique ont su utiliser et jouer avec les formes naturelles des parois pour créer des figures. Ainsi, il arrive que seulement quelques contours de la figure soient représentés, le reste étant suggéré par la forme de la paroi.
Art mobilier
Article détaillé : Art mobilier.L'art mobilier est l'art des objets, que ceux-ci soient utilitaires ou non. On trouve dans cette catégorie des rondes bosses, comme les Vénus, mais aussi des armes sculptées comme des propulseurs, et des objets de la vie quotidienne, comme des lampes en terre gravées de signes.
On remarque souvent une correspondance entre art mobilier et art pariétal : même iconographie, même style.
Les hommes du Paléolithique savaient déjà décorer leurs armes. Ils possédaient un art mobilier composé de pendeloques et de plaquettes décorées.
Iconographie
Trois types de figurations peuvent être distinguées : des signes, des animaux et des représentations humaines.
Signes
Les signes sont de loin les éléments les plus fréquents, les plus divers et les plus difficiles à interpréter. On les trouve autant dans l'art pariétal que dans l'art mobilier. Généralement, ils accompagnent des animaux, mais il existe aussi des panneaux de signes, comme dans la grotte de Niaux.
Ces signes sont des points, des flèches, des mains négatives et positives, avec un nombre de doigts variables, des tectiformes, des quadrillages colorés de différentes teintes, des sortes de feuilles, etc. La liste est quasiment impossible à établir, tant ils sont divers. La couleur semble toujours avoir une grande importance.
André Leroi-Gourhan a proposé d'interpréter ces signes comme des symboles sexuels. Par exemple, sur le panneau de signes de la grotte de Niaux, les signes fléchés seraient à associer à la femme et les points à l'homme. D'autres préhistoriens pensent qu'il s'agit d'une sorte de système numérique.
Faune
Les animaux sont le deuxième thème de prédilection des artistes préhistoriques. Ceux-ci s'inspiraient visiblement des espèces animales visibles dans leur environnement, mais pas particulièrement des espèces qu'ils avaient l'habitude de chasser. Les figurations évoquant l'environnement végétal sont extrêmement rares.
Le bestiaire varie selon les régions et selon les époques : toutefois, on trouve en majorité de grands herbivores (chevaux, bisons, aurochs), comme dans la grotte de Lascaux.
D'autres espèces sont plus rarement représentées, parfois avec de fortes dominantes géographiques ou chronologiques : lions et rhinocéros dans la grotte Chauvet, en Ardèche, biches dans les grottes de la région des Cantabres en Espagne ou mammouths à Rouffignac, en Dordogne. Il arrive aussi que soient représentés des animaux indéterminables ou « fantastiques » : une figure de de la salle des taureaux de Lascaux est parfois qualifiée de « licorne ».
Certains animaux sont parfois représentés selon des conventions stylistiques plus ou moins uniformes à l'échelle d'une région. Pour les chevaux du sud-ouest de la France, par exemple, on note un ventre rond, large, alors que les jambes sont à peine ébauchées.
Les animaux sont quelquefois regroupés, inclus dans une scénographie. Ainsi, on trouve à la grotte Chauvet la représentation d'un rhinocéros surmonté de plusieurs lignes dorsales, ce qui donne une impression de profondeur et de multitude évoquant un troupeau. Les groupes peuvent comporter des animaux d'une même espèce, mais associent souvent plusieurs espèces différentes. Les superpositions et raclages sont aussi courants. Parfois, un individu est écarté, comme le cheval dans le passage, à Lascaux.
L'art mobilier comporte aussi nombre de représentations animales, notamment au bout de propulseurs. Le propulseur du faon à l'oiseau est l'un des plus délicats. Élément de prestige de par sa fragilité, il est le chef d'œuvre d'une importante série d'objets du même type. Des chevaux en ronde-bosse sont également fréquents.
Représentations humaines
Les représentations humaines posent visiblement problème pour les artistes du Paléolithique, qui préfèrent peut-être substituer au personnage humain un animal.
Les représentations masculines brillent par leur rareté. On les trouve principalement dans les grottes, et en général l'homme est très stylisé, prenant des traits animaux. Deux types peuvent être dégagés :
- les « hommes en situation de faiblesse face à un animal » : on en trouve un exemple dans le puits de Lascaux, au Roc de Sers et sur une plaquette provenant du Mas d'Azil conservée au musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye. L'homme est couché face un animal chargeant, ou combat contre lui ;
- les « sorciers » : personnages mi-humains mi-animaux, parfois réduits à de simples masques comme dans la grotte d'Altamira en Espagne ou en pied, comme dans la Grotte des Trois-Frères.
Les représentations féminines sont plus courantes. La plupart du temps, la femme semble être un symbole de fécondité, comme le montrent les statuettes de « Vénus », dont les hanches et le ventre sont hypertrophiés et la tête et les membres réduits à leur plus simple expression. La Vénus de Willendorf en est un des exemples les plus célèbres. Les vulves stylisées et les gravures de femmes présentes dans l'art pariétal renforcent cette hypothèse. Il faut toutefois mentionner l'exception de la « Dame à la capuche », en ivoire de mammouth, dont la tête est représentée de manière détaillée, avec une chevelure marquée.
Article détaillé : Vénus paléolithiques.Interprétations
Nombre d'interprétations ont été avancées pour expliquer l'art paléolithique. Voici les principales interprétations, par ordre d'apparition :
- une fonction magico-religieuse avait tout d'abord été évoquée, notamment par Henri Breuil. Cependant, il a été très tôt démontré que les espèces figurées étaient différentes des espèces chassées et l'hypothèse d'une magie de la chasse a été abandonnée. On a en outre retrouvé dans la grotte Chauvet des traces de pas d'enfants, ce qui a fait douter de cette hypothèse. Un lieu fréquenté par des enfants ne semble pas pouvoir être sacré ;
- pour quelques auteurs dont André Glory ou Jean Clottes, qui s'inspiraient d'observations ethnologiques de Sibérie ou d'Afrique du Sud, il s'agissait plutôt de la manifestation de rituels chamaniques. Mais cette lecture ne fut jamais acceptée par la plupart des spécialistes, tant du chamanisme que de l'art préhistorique. Ils considèrent qu'elle s'appuyait, sans preuves scientifiques, sur une vision très réductrice et extrapolée du chamanisme : "J. Clottes et D. Lewis-William ont largement outrepassé les limites de la démarche scientifique en proposant une explication unique, unilatérale de la religion des origines" (Sciences Humaines, décembre 2006).
- A. Leroi-Gourhan, ethnologue et préhistorien, a étudié cet art, grotte après grotte. Pour lui, l'art pariétal serait avant tout un témoignage des religions (au sens large) de la Préhistoire. Le caractère très structuré des sanctuaires souterrains en témoigne : des œuvres dues à des artistes professionnels au service d'une grande idée du groupe. La plupart des préhistoriens spécialistes d'art paléolithique partagent ce point de vue : il cadre bien avec l'organisation thématique et topographique des grottes ornées.
- Certains chercheurs, comme Denis Vialou, insistent sur les différences et les spécificités régionales et locales, en soulignant que chaque grotte correspond d'abord à un système qui lui est propre, et en réfutant une approche globalisante, considérée comme réductrice.
L'art de l'Épipaléolithique et du Mésolithique
Cette période de transition est relativement pauvre en manifestations artistiques, limitées à des galets peints (Azilien) et quelques silhouettes animales en France et en Italie. Des gravures sur rocher (phoques, baleines, poissons, etc.) sont connues en Norvège.
L'art du Néolithique
Article détaillé : Art néolithique.Le Mégalithisme
Article détaillé : Mégalithisme.Le mégalithisme constitue la plus ancienne forme d'architecture monumentale dans l'histoire de l'humanité. À ce titre, il relève également de l'art préhistorique. Même si sa fonction première n'était pas directement « artistique », mais religieuse, le mégalithe est parfois le support privilégié de l'art de son époque. Par exemple, les orthostats des dolmens peuvent être ornés de gravures très complexes dont la symbolique nous échappe encore ; ils peuvent également avoir été sculptés et présenter une forme anthropomorphe, s'apparentant ainsi à de véritables statues préhistoriques, dont certaines sont caractérisées au point d'avoir des seins (divinité tutélaire féminine ?), des rangs de colliers, etc. De même, les statues-menhirs sont des mégalithes dont les gravures parfois fort évoluées et nombreuses sont les témoins de l'activité artistique des hommes de la préhistoire, l'art s'associant au sacré.
Bibliographie
- Emmanuel Anati, Aux origines de l’art, Fayard, Paris, 2003, 507 p. (ISBN 2-213-61632-9)
- André Leroi-Gourhan, Les religions de la préhistoire, PUF, 1976
- André Leroi-Gourhan, Préhistoire de l'art occidental, Citadelle/Mazenod, 1965
- Michel Lorblanchet, Les grottes ornées de la Préhistoire. Nouveaux regards, Errance, 1995
- Michel Lorblanchet, La naissance de l'Art. Genèse de l'art préhistorique, Errances, 1999
- Michel Lorblanchet, Jean-Loïc Le Quellec, Paul G. Bahn, Henri-Paul Francfort, Brigitte Delluc et Gilles Delluc (sous la dir. de), Chamanismes et arts préhistoriques. Vision critique, éditions Errance, Paris, p. 193-218, ill.
- Alain Roussot, L'art préhistorique, Sud-Ouest, 1994
- Denis Vialou, Au cœur de la préhistoire : chasseurs et artistes, Gallimard, coll. Decouvertes, 1996
- Denis Vialou, L'art des grottes, Scala, 1998
Notes et références
- Les différentes théories d'explication de l'art préhistorique
- André Leroi-Gourhan, Préhistoire de l'art occidental, Paris, Mazenod, 1965
- Emmanual Anati, 2003
- (en) Christopher Henshilwood, Francesco d'Errico et coll, « A 100,000 Year Old Ochre Processing Workshop at Blombos Cave, South Africa », dans Science, vol. 334, no 6053, 12 juin 207, p. 219-222 [lien DOI]
- (en) Abdeljalil Bouzouggar et coll, « 82,000-year-old shell beads from North Africa and implications for the origins of modern human behavior », dans Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 104, no 24, 4 juin 2007, p. 9964-9969 [lien DOI]
- Parures et bijoux de la préhistoire
- Art mobilier préhistorique
- Les Origines de l'art, Michel Lorblanchet, éditions Le Pommier
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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