Prison de la Bastille

Prison de la Bastille

Bastille (Paris)

48°51′12″N 2°22′9″E / 48.85333, 2.36917

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Miniature de la Bastille sculptée dans une pierre de la Bastille (musée Carnavalet).

La Bastille, ou plus exactement la Bastille Saint-Antoine, était une forteresse élevée sur l’actuelle place de la Bastille à Paris.

(M) Ce site est desservi par la station de métro : Bastille.

Sommaire

Histoire

Plan de la Bastille

Forteresse

Destinée à défendre la porte Saint-Antoine et les remparts de l’est de Paris devenus plus vulnérables, la Bastille ou Bastille Saint-Antoine était initialement un véritable château-fort et un arsenal. Elle fut bâtie sous le règne de Charles V, de 1370 à 1383, par Hugues Aubriot, sur le modèle à quatre tours courant à l’époque. Les autres tours lui furent ajoutées ultérieurement. Elle faisait 66 mètres de long pour 34 mètres de large et 24 mètres de hauteur au niveau des tours, et était entourée d’un fossé de 25 mètres de largeur par 8 mètres de profondeur alimenté par les eaux de la Seine. Les huit tours se nommaient tours du Coin, de la Chapelle, du Trésor, de la Comté, de la Bertaudière, de la Basinière, du Puits et de la Liberté. L’entrée se faisait par la rue Saint-Antoine et donnait sur la Cour de l’Avancée qui abritait des boutiques et une caserne. À la même époque est édifié le donjon de Vincennes.

Très vite, son utilité militaire s’avérant médiocre – « assiégée, elle s’est toujours rendue[1] » – une nouvelle enceinte fut construite. La forteresse fut alors utilisée comme coffre-fort et lieu de réception par François Ier.

Durant la Journée des Barricades (huitième guerre de religion), la Bastille se rendit le 13 mai 1588[2].

Sully, nommé gouverneur en 1602, y abrita le trésor royal dans la tour du même nom, qu’on désigna alors sous le terme de « buffet du roi[3] ».

La Bastille est à nouveau prise durant la Fronde en 1649 et un Frondeur en est nommé gouverneur : Pierre Broussel.

Prison

La Bastille

La Bastille fut utilisée occasionnellement comme cachot dès le règne de Louis XI, mais c’est le cardinal de Richelieu qui la transforma en prison d’État à laquelle restent attachées les lettres de cachet, lettres signées du roi (ou le plus souvent de ses ministres) ordonnant un emprisonnement sans jugement. C’était une prison plutôt confortable pour les personnes de qualité (nobles, grands bourgeois) qui disposaient de grandes pièces avec repas fins et d’un domestique, de meubles et de bois de chauffage. Les prisonniers royaux sont autorisés à correspondre avec l'extérieur, recevoir des visites et jouissent d'une relative liberté de mouvement au sein de la forteresse. Le marquis de Sade y fut détenu cinq ans et demi. Le nombre de ses prisonniers n’a d’ailleurs jamais dépassé 45. La Bastille comportait également depuis la fin du XVIIe siècle un quartier beaucoup moins agréable pour les prisonniers communs, ainsi que des cachots (et non des oubliettes), situés à six mètres de profondeur et qui servaient de punition aux prisonniers insubordonnés comme, par exemple, le fameux Latude.

L'arrivée d'un nouveau prisonnier est annoncée par une sonnerie de cloche. Les boutiques avoisinantes ferment alors et les gardes se couvrent le visage pour ne pas voir le visage du nouveau venu. Ce culte du secret motive également l'enterrement des prisonniers de nuit sous de faux noms. Il participe grandement au mythe de l'homme au masque de fer[4].

Un historien qualifie même la Bastille de rendez-vous des intellectuels [5] puisque s’y retrouvaient aussi bien Voltaire (par deux fois en 1717 et 1726) que des pamphlétaires comme Linguet ou Brissot, victimes de la censure.

C’était aussi un gouffre financier pour Louis XVI, en raison à la fois du traitement du gouverneur d’environ 60 000 livres mais aussi de l’entretien du personnel, nombreux, ou de la nourriture. Necker, qui avait déjà fermé le donjon de Vincennes, souhaitait la faire abattre dès 1784. Le peuple ne semble pas avoir réellement craint ce bâtiment, mais les cahiers de doléances de la ville, rédigés par des acteurs de la fronde des parlements[6], demandaient sa destruction et son remplacement par une place avec un monument à la Liberté retrouvée. Comme toute forteresse imposante, elle marquait le paysage parisien et rappelait l'autorité du roi (comme la tour du Temple).

Prise de la Bastille le 14 juillet 1789

Prise de la Bastille, par Jean-Pierre Houël.
Article détaillé : Prise de la Bastille.

La Bastille fut prise d’assaut le 14 juillet 1789 par le peuple parisien venu chercher de la poudre. Il s’agissait également pour les révolutionnaires de s’emparer du dernier bastion royal à Paris après le soulèvement du 13 juillet.

La prise de la Bastille est aujourd’hui considérée comme le symbole de la Révolution française dont elle marque le commencement.

Cependant, la fête nationale française commémore la fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, qui fêtait elle-même le premier anniversaire de la prise de la Bastille.

Démolition de la Bastille

Reste des murs de la Bastille déposés Boulevard Henri IV
Pierre de la Bastille (conservée à la mairie de Pontoise)

La Bastille fut abattue à partir du 15 juillet par un entrepreneur privé, Palloy, qui vendit une partie des pierres en guise de souvenirs (pierres sculptées représentant la Bastille en miniature), dont un certain nombre furent vendus en province (Palloy fit faire également des maquettes de l'édifice qui furent envoyées dans tous les chefs-lieux des départements français). On peut y ajouter la transformation en objets de piété et de culte, de tout ce qu’il put récupérer sur les boiseries et les ferronneries de la vieille forteresse. La plus grande part a servi à construire le pont de la Concorde. Le marquis de La Fayette envoya une des clés de la Bastille à George Washington, l’une des grandes figures de la Révolution américaine et premier président des États-Unis[7]. Elle est aujourd’hui exposée à la résidence de Mount Vernon, transformée en musée. Une autre des clés fut envoyée à Gournay-en-Bray, lieu de naissance, du premier révolutionnaire à être entré dans la Bastille, Maillart. Cette dernière clé a depuis disparue.

Détenus célèbres

La prison de la Bastille abrita entre autres :

Moyen Âge et Renaissance

Règne d'Henri IV et de Louis XIII

Règne de Louis XIV

Régence et règne de Louis XV

Règne de Louis XVI

Détenus à la Bastille le 14 juillet 1789

Ils étaient sept :

  • quatre faussaires : Béchade, Laroche, La Corrège, Pujade. Leur procès était en cours d'instruction ;
  • le comte de Solages, criminel enfermé à la demande de sa famille, qui payait sa pension ;
  • deux fous : Tavernier et de Whyte. Peu après leur libération, il fallut les enfermer à nouveau, à Charenton.

La Bastille aujourd’hui

Article détaillé : place de la Bastille.

On peut encore en voir des vestiges sur le quai de la ligne 5 du métro de Paris, de la station Bastille, la tour de la liberté (celle où fut enfermé Sade) dans le square Galli au départ du boulevard Henri-IV. Un pavage spécial a été dessiné afin de retracer sur le sol les contours de la Bastille historique.

Depuis 1880, le 14 juillet est la fête nationale de la France. Toutefois, officiellement, cette fête nationale ne commémore pas la prise de la Bastille, mais la Fête de la Fédération qui eut lieu un an plus tard, le 14 juillet 1790, sur l’esplanade du Champ-de-Mars. Mais l’inconscient collectif français semble bel et bien associer la fête nationale et l’événement le plus marquant survenu un 14 juillet : une immense majorité ne se souvient que rarement du 14 juillet 1790.

Le 14 juillet est chaque année l’occasion de nombreuses festivités : bals populaires, concerts, feux d’artifices, allocution présidentielle et défilé militaire sur les Champs-Élysées, à Paris.

Notes

  1. Claude Quétel, entretien radiophonique avec Patrice Gelinet, vendredi 12 novembre 1999, France inter, « 2000 ans d’histoire »
  2. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 2-7242-0785-8 ) p 348
  3. Claude Quétel, entretien radiophonique avec Patrice Gelinet, ibid.
  4. Jean-Christian Petitfils, Une prison royale in Dans les secrets de la police
  5. Frédéric Lenormand, La Pension Belhomme, une prison de luxe sous la Terreur, Paris, 2002.
  6. Camus, Target, Le Chapelier, Guillotin
  7. Silver & Other Metals, Mount Vernon Ladies' Association. Consulté le 17-10-2007

Divers

  • L’Histoire de la Bastille a été écrite par Joseph Delort (1827) et par Arnold Pujol, et Marquet (1844).
  • La Bastille est une chanson de Jacques Brel.
  • La bastille est aussi un quartier de Saint-Jean-de-Maurienne

Bibliographie et sources

Bibliographie

Commons-logo.svg

  • « Bastille », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions]  (Wikisource)
  • Monique Cottret, La Bastille à prendre, histoire et mythe de la forteresse royale, Paris, P.U.F., 1986, 205 pages, collection Histoire.
  • Claude Quétel, Histoire vraie d’une prison légendaire, Paris, Laffont, 1989 ISBN 9782221044308
  • Claude Quétel, L’Histoire véritable de la Bastille, Paris, Larousse, Bibliothèque Historique, avril 2006 ISBN 9782035055767
  • Jean-Christian Petitfils, Une prison royale in Dans les secrets de la police, éditions l'Iconoclaste 2008 (ISBN 9782913366206)
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