- Pression économique
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Pauvreté
La pauvreté est l'insuffisance de ressources matérielles, comme la nourriture, l’accès à l’eau potable, les vêtements, le logement, et des conditions de vie en général, mais également de ressources intangibles comme l’accès à l’éducation, l’exercice d’une activité valorisante, le respect reçu des autres citoyens. Des analyses économiques et des débats portent sur la mesure de la pauvreté, ses causes, et les moyens à mettre en œuvre pour réduire cette pauvreté.
La pauvreté, généralement non-désirable et génératrice de souffrances, prend un sens différent, voire vertueux, dans un contexte religieux ou spirituel : vœu de pauvreté dans des ordres catholiques, renonciation aux « biens matériels », comme condition d'écoute optimale de Dieu. La religion catholique, par exemple, effectue une distinction importante entre "pauvreté" et "misère", mais cette distinction n'est pas pertinente au niveau de la lutte politique contre la pauvreté sous toutes ses formes.
La pauvreté peut toucher des personnes isolées ou des groupes et populations entières ; elle touche principalement les pays en développement, mais elle existe également dans les pays développés. Les États mènent des politiques d’aide aux pays pauvres (économie du développement) et, pour leurs propres citoyens, mettent en place des programmes d’aide sociale pour réduire ou supprimer la pauvreté.
Sommaire
Définition et mesure
La pauvreté est généralement considérée comme un phénomène multidimensionnel. La dimension pécuniaire est la plus fréquemment prise en compte.
Pauvreté pécuniaire
Article connexe : Seuil de pauvreté.La pauvreté pécuniaire est le manque d'argent, entraînant les difficultés, pour se nourrir, s'habiller, se loger. La pauvreté pécuniaire ou de revenu , résulte d'une insuffisance de ressources, et est estimée au moyen de seuils de pauvreté ( un individu est considéré comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté choisi). Différentes définitions de ces seuils existent ; les pays développés utilisent généralement des seuils relatifs, alors que la pauvreté dans les pays en développement est estimée au moyen de seuils de pauvreté absolus.
Cette évaluation de la pauvreté, du fait de sa simplicité, est couramment utilisée pour définir les individus pauvres et mesurer le taux de pauvreté d'une population.
Selon l'approche absolue, le seuil est fixé, depuis les travaux de Seebohm Rowntree en 1901, en fonction d'un panier de biens alimentaires et non alimentaires nécessaires à la survie quotidienne (2400 calories par jour pour la pauvreté et 1800 pour l'extrême pauvreté). Les biens non alimentaires comprennent l'habillement, le transport, l'hygiène, l'eau et l'énergie. Les États-Unis et le Canada ont recours à la mesure absolue de la pauvreté.
Selon l'approche relative, le seuil est fixé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la population, avec comme référence le revenu médian (le revenu médian est le revenu séparant la population en deux, c'est-à-dire que la moitié de la population a un revenu plus élevé, et la moitié un revenu inférieur). Eurostat fixe le seuil de pauvreté relative à 60% du niveau de vie médian européen. Ce mode de mesure est critiqué pour être plus une mesure des inégalités que de la pauvreté[1], ce qui se traduit par des effets contre-intuitifs : un enrichissement de la population la plus riche, au-dessus du revenu médian, ou de la population la plus pauvre, en dessous du niveau de pauvreté, ne change rien à l'indicateur, tandis qu'inversement un appauvrissement de la classe moyenne en faisant passer une partie sous le revenu médian va faire baisser ce dernier et réduire la pauvreté apparente, un enrichissement inverse augmentant le revenu médian avec l'effet inverse (augmenter la pauvreté). [2].
Ces deux mesures dévoilent deux regards sur le problème de la pauvreté, deux approches politiques que l'on pourra en première approche qualifier de socialiste et de libérale. A travers le prisme socialiste, la pauvreté pose avant tout un problème d'exclusion ; l'homme ne se réalise qu'au sein de rapports sociaux et les inégalités de richesse sont des sources de discrimination. La vision libérale donne elle la primauté à l'individu, l'important étant la satisfaction de ses besoins fondamentaux.
Pauvreté globale, développement humain
Articles détaillés : Indicateur de pauvreté et Indice de développement humain.Outre la dimension pécuniaire, la pauvreté s'exprime sous des dimensions regroupées sous le terme de « pauvreté humaine ». Il s'agit des dimensions sanitaire, éducationnelle, sociale, culturelle, et politique de la pauvreté.
Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a créé en 1990 l’indice de développement humain, puis deux indicateurs synthétiques de pauvreté : l'IPH-1 et l'IPH-2 (Indicateur de Pauvreté Humaine). Ces indicateurs sont très corrélés.
Pauvreté des potentialités
La pauvreté des potentialités ou des capacités exprime le manque de moyens permettant de sortir de la pauvreté.
Évaluation de la pauvreté dans le monde
Les estimations de la pauvreté dépendent des définitions utilisées.
Ainsi, d’après le Programme des Nations unies pour le développement, les pays où la pauvreté est la plus forte sont des pays d’Afrique, en particulier les pays les moins avancés[3].
Les indicateurs du Pnud permettent d’établir des comparaisons entre pays ; ainsi, vers 2005,
- le Tchad est le pays où la pauvreté humaine est la plus forte, et la Sierra Leone est le pays où le développement humain est le plus faible ;
- l’Islande est le pays à plus grand développement humain, et la Suède à plus faible pauvreté humaine[4].
En 2008[5], la Banque mondiale a fixé a 1,25 dollar américain par jour le seuil de pauvreté international, contre un dollar précédemment. Le nouveau seuil représente le seuil de pauvreté moyen des 10 à 20 pays les plus pauvres. Selon ce nouveau critère, 1,4 milliard de personnes dans le monde en développement vivent avec moins de 1,25 dollar par jour en 2005, contre 1,9 milliard en 1981. Le taux de pauvreté mondial a été divisé par deux (de 52 % à 26 %), mais il est stable en Afrique subsaharienne (50 %). Pour les pays à revenu intermédiaire, la Banque mondiale trouve plus indiqué de fixer le seuil de pauvreté à 2 dollars par jour, ce qui donne un total de 2,6 milliards de personnes sous ce seuil.
Selon le seuil de pauvreté de 1 dollar par jour en PPA 1985, la majorité des pauvres se trouvent en Asie du Sud (39%), Asie de l'Est (33%) et en Afrique sub-saharienne (17%). Les pays comptant plus de la moitié de leur population sous le seuil de pauvreté sont: Guatemala, Guinée-Bissau, Inde, Kenya, Lesotho, Madagascar, Népal, Niger, Sénégal, et Zambie.[réf. souhaitée]
Évolution de la pauvreté dans le monde
POO Selon un rapport de la Banque mondiale publiée le 26 août 2008, le nombre des pauvres dans le monde a diminué de 500 millions, et leur proportion dans la population totale est tombée de 52 % à 26 % entre 1981 et 2005. [6]
% de personnes vivant avec moins de[7] 1981 2001 1.08$1993 40,4 21,1 2.15$1993 66,7 52,9
Ces progrès diffèrent selon les régions. L'Asie de l'Est affichait le taux de pauvreté le plus élevé du monde avec 80 % en 1981. Ce taux est tombé à 18 % et 600 millions de personnes y sont sorties de la très grande misère. Le taux de pauvreté recule aussi en Asie du Sud, en Amérique latine, aux Caraïbes, au Moyen Orient et en Afrique du Nord, cependant le nombre des très pauvres ne baisse pas.Le taux de pauvreté de l'Afrique subsaharienne n'a pas diminué depuis vingt-cinq ans (50 %). Le nombre de très pauvres (en moyenne, moins de 0,70 dollar de revenu par jour) a pratiquement doublé, passant de 200 à 380 millions de personnes. En 2015, un tiers du milliard de pauvres du monde habitera l'Afrique subsaharienne[8].
Les inégalités régionales s'accroissent donc surtout aux dépens de l'Afrique noire. Si l'on prend l'indicateur de pauvreté à 1,08$. En 1981 un pauvre sur dix vivait en Afrique ; en 2003 c'est près d'un sur trois. L'autre grande zone où la pauvreté s'est accrue regroupe les pays de l'URSS. Elle a explosé après l'effondrement du bloc socialiste de 1990, la situation semble cependant s'améliorer sensiblement ces dernières années. Les deux grandes zones où la pauvreté a régressé sont l'Asie de l'est et l'Asie du sud, avec un résultat un peu moins bon pour l'Inde que dans le reste de la région. Enfin l'Amérique Latine, les Caraïbes et le Moyen Orient restent relativement stables[7].
Cette mesure de la pauvreté et de son évolution contrarie l'idée popularisée dans certains milieux politiques que la situation économique se dégrade pour les plus pauvres du fait de la mondialisation et plus généralement du capitalisme ; elle suscite donc scepticisme et critique. Par exemple selon Thomas Pogge (un philosophe de la justice, et non un économiste)
« les méthodes de calcul de la Banque Mondiale sont extrêmement douteuses. Il y a des raisons de penser qu’avec une méthode plus plausible on observerait une tendance plus négative et une pauvreté beaucoup plus étendue (…) Tant que la méthode actuelle de la Banque mondiale et les données qui se basent sur elle conserveront leur monopole dans les organisations internationales et dans la recherche universitaire sur la pauvreté, on ne pourra pas prétendre prendre ce problème réellement au sérieux[9]. »Pauvreté par pays
Lutte contre la pauvreté
Historique
Des actions de lutte contre la pauvreté avaient lieu dans les sociétés mésopotamiennes plusieurs siècles avant le début de l'ère chrétienne[réf. souhaitée].
En Europe, l'essor du christianisme implique une forme de solidarité nouvelle, puisqu'elle est prise en charge par des institutions et qu'elle devient un devoir chrétien. Malgré tout, il existait une solidarité antérieure[réf. souhaitée].
Ce changement implique une nouvelle conception, la pauvreté théologique. La pauvreté est dans la conception chrétienne un état de fait qui dans le cadre d'un monde régi par le divin ne peut être éliminée. Elle est souvent perçue comme un châtiment et menace l'âme du chrétien de l'oisiveté, mère de tous les vices. La lutte contre la pauvreté passe donc par la remise au travail. Ainsi la pauvreté n'est pas due à un dysfonctionnement de la société mais aux individus eux-mêmes. Le traitement de la pauvreté est laissé à la volonté individuelle des riches.
Les XVIIe et XVIIIe siècles apportent sur cette notion un grand bouleversement. En France, l’abbé de Saint-Pierre en 1724 est l'un des premiers à réfléchir sous un jour nouveau à cette question. Non pas sur la cause fondamentale des inégalités mais il cherche à concilier utilité et philanthropie. Il préconise le retour au travail comme moyen principal de la lutte contre la pauvreté et dans le même temps contre un facteur d'entropie sociale. C'est dans ce cadre de pensée qu'est mis en place le système de l'hôpital général. Très rapidement la population enfermée dans les établissements parisiens atteint le seuil de 6.000 personnes, soit 1% de la population de l'époque. Les provinces furent également gagnées par ce mouvement de réaction à la misère et, à la veille de la Révolution, on comptait 32 hôpitaux généraux dans tout le pays. Mais ce mouvement dépasse largement la France, cette politique d'internement forcé des pauvres a affecté l'ensemble des états européens. En Angleterre, dès 1575, un acte d'Elisabeth I instituait des établissements visant « la punition des vagabonds et le soulagement des pauvres ». Les "Houses of correction" qui auraient dues être présentes dans chaque comté vont laisser la place aux workhouses qui dans la seconde moitié du XVIIIe siècle trouveront leur véritable expansion. Foucault note qu'en « quelques années, c'est tout un réseau qui a été jeté sur l'Europe. » En Hollande, en Italie, en Espagne, en Allemagne se créent également des lieux d'internement de même nature[10].
Cette politique d'enfermement systématique apparaît maintenant inhumaine et dangereuse au plan sanitaire[11]. Elle fut contestée par les philosophes des Lumières et finalement abandonnée. En France, la révolution enclenche une évolution dans la conception de la pauvreté. La pauvreté devient l'expression de dysfonctionnements dans la société[12]. Un traitement laïc et social de celle-ci nécessite un questionnement de son origine et induit de nouvelles réponses. À partir du moment où le principal facteur de la pauvreté est un facteur économique, bien que le discours moral ne soit pas absent des débats de l'époque, le principe de la redistribution des richesses et des allocations devient possible et même nécessaire aux nouveaux principes de la République. Les personnes prises en charge font partie de catégories spécifiques : veuves, orphelins.
La mise en place de l'État-providence dans des pays développés étend l’aide sociale.
Formes de lutte contre la pauvreté
Selon le lieu et l'époque, plusieurs solutions ont été envisagées :
- institutions caritatives (là encore avec une impulsion religieuse), aidant les pauvres et faisant appel au public ou aux autorités pour se financer ;
- assurances privées et assurances mutuelles (notamment « caisse de secours » syndicale) ;
- intervention de l'État, sous différentes formes.
De même, la forme de l'action est très variable, et parfois même répressive :
- aides en argent ;
- aides en nature ou, équivalent moderne, en bons d'achat utilisables seulement pour certains produits, ou par des services réservés (aide au logement, logement social) ;
- fourniture de travail, ponctuel ou régulier ;
- répression de l'oisiveté, de la mendicité ;
- encouragement à la migration, (parfois : expulsion) ;
- voire extermination ;
- contrôle des naissances, parfois sélectif.
Enfin, les pauvres aidés varient également :
- vieillards et invalides ;
- veuves et orphelins, enfants abandonnés faute de ressources (ou pour d'autres raisons sociales, lorsque l'enfant hors mariage représentait une tache) ;
- enfants en général ;
- adultes actifs sans problème de santé (mais au chômage) (plus récent, sauf marginaux).
Intervention étatique
Depuis le XIXe siècle, certains pays occidentaux ont tenté de remédier à la pauvreté en instituant des garanties de ressources minimales.
Pour les enfants :
- principe de gratuité des études primaires ;
- allocations familiales ;
- interdiction de travail trop dur avant un âge donné (bien que la lutte contre la pauvreté future du travailleur physiquement mal développé n'ait été en l'occurrence qu'un souci secondaire par rapport à celui de disposer de soldats physiquement aptes...),
- institutions pour orphelins et enfants abandonnés, et, plus récemment, pour enfants retirés à leurs parents jugés inaptes.
Pour les adultes, l'État peut chercher à :
- réglementer le travail (salaire minimum, protectionnisme afin de protéger le travail et donc les revenus existant), ou au contraire à le déréglementer pour favoriser le dynamisme économique ;
- organiser la circulation des denrées fondamentales (prix maximum ; mise en réserve et distribution par le souverain, ainsi qu'il est attesté dans les civilisations les plus anciennes),
- favoriser des institutions caritatives ou sociales,
- souvent, organiser des programmes de « grands travaux » assurant du travail au peuple, du moins en apparence (car pour financer ces travaux, il faut taxer d'autres agents économiques, ce qui limite leurs ressources nécessaires à la réalisation de leurs propres projets : l'effet global n'est donc pas forcément positif, tout dépend du type d'action, et de la valeur réelle de l'ouvrage -- une muraille, une route, l'assèchement de marais ou la construction d'une pyramide n'ont évidemment pas, à long terme, les mêmes effets sur la pauvreté).
Mais c'est surtout au milieu du XXe siècle que certains États s'engagent dans un programme d'intervention directe massive, en prenant le contrôle des institutions privées (caisses de retraite, assurances chômage) et en diversifiant ses interventions;
Les aides au revenu sans condition d'utilisation sont plus récentes. L'Allemagne fut l'une des premières à l'établir. En France, le Revenu Minimum d'Insertion (RMI) fait partie de ce filet de sécurité censé empêcher des personnes de tomber dans la pauvreté. La loi instituant le RMI fut l'une des rares lois votées par l'Assemblée nationale sans une seule voix s'y opposant.[réf. souhaitée]
Des associations mènent également une lutte contre la pauvreté.
Intervention à l'échelle mondiale
L'ONU a également mis en place un plan de réduction de la pauvreté au sein de ses Objectifs du millénaire, ratifiés en 2000 par les Etats membres, et qui est depuis une priorité mondiale[13]. Le premier objectif du millénaire se donne deux cibles : 1. « réduire, entre 1990 et 2015, de la proportion de personnes dont le revenu est inférieur à un dollar par jour, ce qui concerne plus d'un milliard de personnes. » et 2. « une réduction des populations souffrant de faim entre 1990 et 2015. Elle concerne, selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), environ 840 millions de personnes : un chiffre en constante augmentation notamment avec l'explosion démographique mondiale. ».
La Banque mondiale a pour mission de lutter contre la pauvreté en finançant des projets pouvant réduire la misère.
L'Unicef lutte en particulier contre la pauvreté des enfants.
Certaines organisations non gouvernementales luttent également contre la pauvreté : Oxfam, ATD Quart Monde
Formes de pauvreté
Serge Paugam[14] distingue trois formes de pauvreté :
- La pauvreté intégrée décrit la situation de pays ou de régions économiquement en retard. Comme la pauvreté est depuis longtemps largement répandue, les pauvres ne sont pas stigmatisés et bénéficient de la solidarité familiale ou de la socialisation par une pratique religieuse qui reste intense. L'économie informelle est particulièrement développée. C'est une pauvreté sans exclusion (ou, plus exactement, l'exclusion suit sa dynamique propre indépendamment de la pauvreté).
- La pauvreté marginale correspond à la pauvreté d'une petite partie de la population au sein d'une société prospère. Ces pauvres, considérés comme des « cas sociaux » inadaptés au monde moderne sont fortement stigmatisés.
- La pauvreté disqualifiante concerne les sociétés post-industrielles touchées par des difficultés économiques. Les pauvres sont considérés à travers l'image de la chute ou de la déchéance. L'angoisse du chômage et de l'exclusion touche une grande partie de la société.
En appliquant ce modèle aux différents pays d'Europe on peut distinguer plusieurs grandes régions :
- Au Sud, l'Italie, la Grèce, le Portugal ou l'Espagne ont des taux de pauvreté plus importants (plus de pauvres, et des pauvres plus démunis) qu'au Nord, mais les pauvres sont bien intégrés dans la population ; il ne sont pas stigmatisés.
- Au Nord (pays scandinaves), le système préventif est très développé et maintient le niveau de vie des pauvres au prix d'un contrôle étroit de leur vie privée. Une situation de pauvreté marginale qui correspond également grosso modo à la situation de la France des années 60 et 70.
- en France, la pauvreté disqualifiante domine.
Par ailleurs, il y aurait en France une double institutionnalisation de la pauvreté :
- d'une part par le revenu minimum d'insertion (RMI), sorte d'officialisation de la pauvreté,
- d'autre part en déléguant la distribution alimentaire aux associations comme Les Restos du cœur, qui à l'origine avaient été conçu comme un palliatif temporaire et qui est maintenant pleinement intégré à la gestion de la pauvreté.[réf. nécessaire]
Pauvreté et politique
Les appréciations divergent sur l'évolution de la pauvreté. En général, les interventionnistes étatiques ont tendance à la voir gravement croître (et à préférer les indicateurs relatifs) alors qu'au contraire les libéraux ont tendance à trouver que la pauvreté est plutôt en régression.
De même, le clivage est similaire sur les causes et les remèdes : les uns pensant que la pauvreté résulte d'un manque d'intervention des pouvoirs publics, les autres estimant au contraire que la meilleure façon de lutter contre la pauvreté est de laisser les institutions caritatives et les âmes charitables agir.
Durant la Révolution française est apparu un moment le « Quatrième ordre », celui des pauvres journaliers, des Infirmes, des Indigents... à côté des trois « ordres » (Noblesse, Clergé, tiers état) convoqués aux États généraux[15].
Le cercle vicieux de la pauvreté
La pauvreté résulte généralement de conditions de départ défavorables (mauvais accès à la formation, santé déficiente, ...), et parfois d'accidents (destruction de biens, accident de santé, perte d'emploi, etc.).
Mais cela engendre souvent un cercle vicieux. La pauvreté oblige à se loger à bas prix, donc dans des quartiers ayant mauvaise réputation, où il y a peu de travail et une offre éducative dégradée, une criminalité sinon plus élevée du moins plus violente, une prévention médicale moins active, etc. Les chances de trouver un revenu par le travail sont moindres, la tentation plus forte de faire appel au travail illégal ("au noir"), à des sources de revenu illusoires (loteries, paris) ou dangereuses (crime, drogue) ou encore dégradantes (prostitution), les risques d'accidents sont plus importants, et l'exploitation par les mafias, ou groupes organisés, sont des facteurs de désocialisation, voire d'une insécurité à la fois personnelle et globale.
Ce phénomène peut toucher les enfants et les adolescents, qui dans un tel contexte commencent leur vie avec un handicap, même si le pire n'est nullement atteint pour eux.
Dans les pays en développement, où les ressources sont rares, les conséquences sont encore plus marquées (famines, catastrophes sanitaires...).
Pauvreté et modèles économiques
Si l'on regarde les modèles économiques sur lesquels s'appuient la croissance économique, on constate qu'ils cherchent à maximiser la valeur de la production à travers le produit intérieur brut, celle-ci étant liée aux facteurs de production et au progrès technique. Les deux facteurs de production principaux sont le capital et le travail. Cependant, du point de vue d'un entrepreneur, ce qui est important, ce n'est pas d'augmenter la valeur de la production (le chiffre d'affaires), mais de maximiser le profit, au besoin en diminuant la masse salariale. Ainsi, la recherche de gain de productivité peut s'accompagner dans certains cas d'une réduction des emplois, d'où du chômage et de la pauvreté.
On peut aussi remarquer que, dans le modèle économique de l'école classique, on distinguait trois facteurs de production, la terre, le capital et le travail. Puis dans le modèle de l'école néoclassique (au XIXe siècle), on n'a retenu que deux facteurs de production, le capital et le travail, laissant de côté la terre. Le modèle dans lequel s'est produit la Révolution industrielle a donc vu une concentration massive des outils de production et de la main d'œuvre dans les zones urbaines, provoquant une diminution très importante de la population agricole et un exode rural. Il est permis de penser que, si l'on avait mieux tenu compte du facteur environnemental (la terre) dans les modèles économiques, la population agricole n'aurait pas été tenue à l'écart de la distribution des bénéfices de la croissance industrielle. [réf. nécessaire]
Annexes
Bibliographie
- Aurélien Purière, Assistance sociale et contrepartie, L'Harmattan, 2009.
- Alain Bihr et Roland Pfefferkorn, Le Système des inégalités, Paris, La Découverte, 2008.
- Jean-Paul Fitoussi et Pierre Rosanvallon, Le Nouvel Âge des inégalités, Paris, Le Seuil, 1996.
- John Galbraith, « Comment avoir la conscience tranquille face à la présence des pauvres ? », 1985
- Majid Rahnema, Quand la misère chasse la pauvreté, Fayard/Actes Sud, 2003.
- Roland Pfefferkorn, Inégalités et rapports sociaux. Rapports de classes, rapports de sexes, Paris, La Dispute, 2007.
Filmographie
Articles connexes
- Mendicité, Mendicité organisée
- Misère, Sous-prolétariat, Lumpenprolétariat, Travail des enfants
- Inégalités de revenu, Seuil de pauvreté
- Travailleur pauvre, Sans domicile fixe, sans-papier
- Précarité, Exclusion sociale
- Pauvreté en France, Pauvreté aux États-Unis
- Pays les moins avancés, Classement des pays selon l'indicateur de pauvreté
- Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté, Programme des Nations unies pour le développement
- Bidonville
- Récupération informelle des déchets
- Transferts conditionnels en espèces ou (TCE) (programmes de lutte contre la pauvreté par conditionnant du paiement de l'aide sociale au fait que le bénéficiaire s'acquitte de certaines obligations ou remplisse certains critères.
Liens et documents externes
- Journée Mondiale du Refus de la Misère: 17 Octobre reconnue par l'ONU
- Whiteband.org: (en) Global Call to Action Against Poverty
- Historiographie : Les pauvres :physiologie de la misère (1841) par Louis Mathurin Moreau-Christophe (1799-1881).
- Objectifs du millénaire Le blog de référence de l'actualité des objectifs du millénaire de l'ONU]
- Comité consultatif de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale Le rôle de ce comité est de conseiller le gouvernement du Québec quant aux actions mises en œuvre dans le cadre de la Stratégie nationale de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Notes et références
- ↑ Philippe Manière, L'Aveuglement français, 1998, p.236-237
- ↑ et ça n'est pas une situation seulement théorique, selon l'IFRAP La forte hausse du SMIC a provoqué une augmentation du nombre de pauvres en France
- ↑ (en) Human development report 2007/2008, Pnud, page 229–242
- ↑ (en) Human development report 2007/2008, Pnud, page 240–241
- ↑ De Récentes Estimations Indiquent Que 1,4 Milliard De Personnes Vivent Avec Moins De 1,25 Dollar Par Jour, Mais Les Acquis De La Lutte Contre La Pauvrete Restent Positifs, communiqué de presse n°:2009/065/DEC de la Banque mondiale, Washington, 26 août 2008.
- ↑ La proportion de pauvres dans la population mondiale a diminué de moitié depuis 1981, Le Monde, 27 août 2008
- ↑ a et b How have the world’s poorest fared since the early 1980s? Shaohua Chen et Martin Ravallion, banque mondiale.
- ↑ La proportion de pauvres dans la population mondiale a diminué de moitié depuis 1981, Le Monde, 27 août 2008
- ↑ Que savons-nous de la pauvreté dans le monde ? Observatoire des inégalités
- ↑ Voir Michel Foucault, Histoire de la folie à l'âge classique
- ↑ De nombreuses références existent, notamment les monographies consacrées à l'hisoire d'un Hopital : L'Hotel-Dieu et l'hôpital général de Meaux aux XVIIe et XVIIIe siècles : étude des institutions et des populations reçues, Martin François, 1985
- ↑ Vote de la Convention girondine, le décret du 19 mars 1793 affirme, conjointement au droit au travail, le droit à l'assistance pour tout homme hors d'état de travailler; les secours publics sont une « dette sacrée »
- ↑ Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)
- ↑ Les Formes élémentaires de la pauvreté par Serge Paugam, PUF, Paris, mars 2005.
- ↑ Cahiers du Quatrième Ordre
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