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Pierre Étienne Bourgeois de Boynes
Pierre Étienne Bourgeois de Boynes, marquis de Boynes, comte de Gueudreville, marquis de Sains, baron de Laas, est un magistrat et homme d'État français né le 29 novembre 1718 à Paris et mort le 19 septembre 1783 en son château de Boynes. Il fut Secrétaire d'État à la Marine de Louis XV.
Sommaire
Biographie
Fils aîné d'Étienne Bourgeois de Boynes (1683-1754), trésorier général de la Banque royale, et de sa première épouse, Hélène de Francini (1692-1722), il épousa en premières noces Marie Marguerite Catherine Parat de Montgeron (1737-1753) dont il eut une fille, Marguerite (1753-1762). Sa première femme étant morte en couches, il épousa en secondes noces Charlotte Louise Desgots (1740-1804) qui lui donna sept enfants :
- Élisabeth Louise (1764-1853) (comtesse de Bourbon-Busset) ;
- Étienne Ange (1766-1795) ;
- François Étienne (1767-1792) ;
- Antoine Pierre Philibert (1769-1803) ;
- Louis Antoine Pierre (1770-1792) ;
- Charlotte Hermine (1773-1825) (marquise de Saint-Phalle) ;
- Armand Louis François (1775-1853), dont postérité.
De noblesse récente – son père avait acquis la noblesse par l'achat d'une charge de secrétaire du Roi – il dut sa carrière à la protection du maréchal de Belle-Isle. Maître des requêtes en 1745, il devint intendant de Franche-Comté en 1754, et, dans le même temps, fut nommé Premier président du Parlement de Besançon, cumul de fonctions habituel en Provence mais qu'on expérimentait pour la première fois dans une autre partie du royaume dans l'espoir d'amener les cours supérieures à davantage de docilité.
Il se heurta à une fronde parlementaire particulièrement virulente en 1759. Les 20 et 21 janvier, une trentaine de parlementaires furent exilés par lettres de cachet. Mais la détermination de Choiseul chancela et, en avril 1761, lorsque les exilés furent rappelés, Bourgeois de Boynes, désavoué, quitta la Franche-Comté.
Il fut nommé conseiller d'État un mois plus tard. Parce que son château n'était pas loin de Malesherbes, il participa aux tractations secrètes engagées par Choiseul, avec qui il était resté en bons termes, en vue d'un rappel comme Garde des Sceaux de France du chancelier Lamoignon.
C'était un gros homme, buveur de bière, d'un naturel un peu sauvage, sans doute plus à l'aise dans le travail de cabinet que dans l'expression orale. « Tête froide et réfléchie, qui distinguait le fort et le faible des choses [...] esprit rassis et solide, plus instruit des formes que Maupeou, il avait une pratique étendue de la justice et de l'administration, qui lui permit à plusieurs reprises de tempérer l'humeur du chancelier en lui épargnant de fausses démarches et des décisions précipitées. » (Pierre Gaxotte) L'Observateur anglais le juge « grand travailleur, robuste, ardent, pénétrant ».
Considéré comme l'un des meilleurs esprits du Conseil, instruit, travailleur, particulièrement capable dans les matières contentieuses, il fut de ceux qui aidèrent le chancelier Maupeou à préparer le coup de majesté de 1770. Selon le baron de Besenval, ce fut lui qui eut l'idée de faire remplacer le Parlement de Paris par le Grand Conseil, idée qui fut le point de départ de la réforme.
Louis XV le connaissait comme rapporteur devant le Conseil royal des Dépêches et l'estimait beaucoup. Il ne fit donc pas de difficulté pour le nommer, le 9 avril 1771, Secrétaire d'État à la Marine dans le ministère dit « du Triumvirat » (Maupeou, Terray, d'Aiguillon). Rien ne prédisposait Bourgeois de Boynes à occuper cette fonction. Il n'y montra pas davantage une réelle capacité d'adaptation, et ne sut pas s'entourer des conseils de techniciens compétents, s'appuyant sur un officier sorti du rang nommé Boix, fils d'un artisan de Rochefort.
Son bilan est controversé. Il entreprit un certain nombre de réformes utiles. Il ordonna les expéditions de Kerguelen dans l'Océan Indien (qui donna le nom du ministre à deux petites îles des Kerguelen) et créa un établissement à Madagascar. Il organisa les premières grandes manœuvres navales d'escadre dans l'Océan Atlantique. Il tenta, mais sans succès, d'établir au Havre une école navale destinée à se substituer, pour la formation des officiers, aux compagnies des gardes de la marine. Mais il voulut aussi réformer la marine en calquant son organisation sur celle de l'armée de terre (ordonnance de 1772), sans entrevoir les différences qui rendaient la symétrie impossible. La situation ne cessa de se dégrader sous son ministère : ralentissement des constructions navales, diminution des stocks de matériaux, difficultés à assurer l'entretien de la flotte.
Sur le plan de la politique générale, Bourgeois de Boynes prit ses distances avec la politique de Maupeou dès la fin 1771 ou le début 1772. Le 20 avril 1774, il fut nommé ministre d'État. Mais avec l'avènement de Louis XVI, il était condamné pour son association avec le Triumvirat dont il partageait l'impopularité, et aussi parce que tant le Roi que Maurepas s'intéressaient de près à la marine. On affirma qu'il avait désorganisé son département et on l'accusa même de malversations. Louis XVI, pour sa part, lui aurait fait dire qu'il trouvait que les changements qu'il avait faits dans la marine n'avaient abouti à rien. Il fut renvoyé le 20 juillet 1774 et remplacé par Turgot.
Résidences
- À Paris : Hôtel de Mondragon, 3 rue d'Antin, construit en 1725 pour Étienne Bourgeois de Boynes (aujourd'hui siège de la Banque Paribas).
- Château des Mousseaux à Boynes (actuel département du Loiret).
Références
Pierre-Etienne Bourgeois de Boynes,Journal inédit 1765-1766, éd. de Marion F. Godfroy, Honoré Champion, 2008
Liens internes
Liens externes
Bibliographie
- Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières. 1715-1789, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2003 - ISBN 2221048105
- Pierre-Etienne Bourgeois de Boynes, Journal inédit 1765-1766, éd. de Marion F. Godfroy, Paris, Honoré Champion, nov. 2008 - ISBN 9782745317629
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