- Étienne François, duc de Choiseul
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Étienne François de Choiseul
Pour les articles homonymes, voir Choiseul.Étienne-François Choiseul Portrait de Choiseul par Carle Van LooNaissance 28 juin 1719
NancyDécès 8 mai 1785 (à 66 ans)
ChanteloupPays d'accueil France Étienne-François, comte de Stainville puis duc de Choiseul, né le 28 juin 1719 à Nancy en Lorraine et mort le 8 mai 1785 à Chanteloup, ambassadeur puis secrétaire d'État de Louis XV.
Sommaire
Une carrière au service de la France
Issu d’une grande famille Lorraine, il porte – comme son père – le prénom du dernier duc de Lorraine et de Bar, François III Etienne. Fils aîné de François Joseph de Choiseul, marquis de Stainville (1700-1770), il prend d’abord le titre de son père lequel l’envoie faire carrière en France tandis que son cadet est destiné à servir l’Empire (le duc François III Etienne étant destiné à succéder à son beau-père l’Empereur Charles VI). Il s’engage dans l’armée dans le régiment de Navarre, avec lequel il participe aux campagnes de Bohême en 1741 et d’Italie, notamment la bataille de Coni, pendant la guerre de Succession d'Autriche. Choiseul possède à la fois des capacités aux affaires et de l’assiduité au travail, mais il manque de ténacité contre ses opposants. Physiquement il était petit et laid. « Léger et frivole dans son privé jusqu’à l’effronterie, roué dans l’intrigue jusqu’au cynisme, il joignait aux grandes capacités de l’homme d’État le rayonnement d’un chef de parti, et de ce double fait il a dominé la vie politique de son temps. Son amoralisme dans les affaires de l’amour et du pouvoir – inextricablement enchevêtrées au long de sa carrière – ne l’empêchait pas d’avoir, à la différence de plusieurs de ses rivaux, une conception sérieuse et personnelle des tâches politiques. Laïque et libéral – admirateur du système britannique – il ne semble pas qu’il se fût jamais fortement attaché au projet de réformer l’État, bien qu’il en conçût la nécessité. Son domaine favori était la politique extérieure, où il incarne une vue exigeante, mais non point déraisonnable ni stérile de la fierté nationale et du « leadership » français. Il disputait à Kaunitz le titre de « cocher de l’Europe ». » (Edgar Faure)
De 1745 à 1748 il est aux Pays-Bas pendant les sièges de Mons, Charleroi et Maastricht. Il atteint le rang de lieutenant général. En 1750 il épouse Louise Honorine Crozat, fille de Louis François Crozat, marquis du Châtel (d. 1750), qui lui apporte une vaste fortune et se montre très dévouée.
Choiseul obtient la faveur de Madame de Pompadour en lui procurant des lettres que Louis XV a écrites à sa cousine Madame de Choiseul-Romanet, avec laquelle le roi eut une aventure galante. Après avoir été brièvement bailli des Vosges, il est nommé ambassadeur à Rome en 1753, où il mène les négociations concernant les troubles provoqués par la résistance janséniste à la bulle papale Unigenitus. Il agit avec efficacité et, en 1757, sa protectrice le fait nommer à Vienne, où on le charge de cimenter la nouvelle alliance entre la France et l’Autriche.
Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, à la Guerre et à la Marine (1758-1770)
Sa réussite lui permet de devenir secrétaire d’État aux Affaires étrangères de 1758 à 1761, puis de 1766 à 1770, comme successeur de Antoine Louis Rouillé et donc de diriger la diplomatie française pendant la guerre de Sept Ans.
Il est fait alors « duc » et « pair de France ». En 1761, il négocie avec Jerónimo Grimaldi le troisième Pacte de famille Bourbon entre la France et l’Espagne. Cette même année, il devient également secrétaire d’État à la Guerre et à la Marine, transférant le secrétariat d’État aux Affaires étrangères à son cousin Choiseul-Praslin. En 1766 il reprend les Affaires étrangères, Choiseul-Praslin prenant la Marine.
Arrivant au pouvoir alors que les esprits ont été démoralisés par les défaites de Rossbach et de Crefeld, il cherche à arrêter rapidement le conflit, signant le traité de Paris de 1763 qui transfère à la Grande-Bretagne le Canada et l’Inde mais conservant à la France les Antilles et la production du sucre. Dans l’espoir qu’un nouveau conflit, cette fois-ci victorieux, pourra rétablir l’équilibre des puissances en Europe, il réforme avec énergie l’armée et la marine. Il investit dans les colonies des Antilles, notamment Saint-Domingue, et il achète la Corse à la république de Gênes.
En février 1766, il prend officiellement possession du Barrois et de la Lorraine au nom du roi.
Sa gestion intérieure est jugée favorablement par les encyclopédistes qu’il soutient en bannissant les Jésuites.
La disgrâce et l’exil : Choiseul chef de l’opposition
C’est une des raisons de sa chute, avec son soutien à La Chalotais, et l’opposition des parlements provinciaux à sa politique. Ses ennemis menés par la comtesse du Barry, maîtresse du roi, et le chancelier Maupeou, ont raison de lui : en 1770 il reçoit l’ordre de se retirer dans son château de Chanteloup près d’Amboise. Les intrigues contre lui avaient, cependant, augmenté sa popularité, laquelle était déjà grande, et durant son bannissement qui dure jusqu’en 1774 il est visité par des personnages puissants. Il apparaît alors comme un véritable chef de l’opposition. « Le duc de Choiseul, exilé à Chanteloup, y avait toute la France », observe l’abbé Morellet en 1773. Dans son parc, il fait construire par son architecte attitré, Louis-Denis Le Camus, une pagode de sept étages – qui subsiste encore aujourd’hui – où sont gravés les noms des 210 personnes de haute condition qui vinrent le visiter durant son exil. Ses partisans n’eurent de cesse de contrecarrer toutes les tentatives de réforme, paradoxe d’un libéral à la tête d’un parti conservateur.
À l’avènement de Louis XVI, le 10 mai 1774, Choiseul espère son rappel. La mort de Louis XV et l’exil de la comtesse du Barry sont autant de circonstances favorables. Choiseul est expérimenté et populaire. De surcroit, il a été l’homme de l’alliance avec l’Autriche. Mais en réalité, si Marie-Antoinette apprécie Choiseul et souhaite son retour, l’impératrice Marie-Thérèse se satisfait parfaitement du duc d’Aiguillon, qu’elle juge « doué de peu de génie et de talents, sans crédit et harcelé sans cesse par des factions ». Surtout, Louis XVI ne pardonne pas à Choiseul de s’être vivement opposé à son père, le Dauphin Louis-Ferdinand, à propos de l’expulsion des Jésuites en 1764, à tel point que lorsque le Dauphin mourut en 1765, le bruit courut que Choiseul l’avait fait empoisonner. Aussi, le Roi ne rappelle-t-il pas ce dernier mais, cédant aux instances de la Reine, il met fin à son exil et lui permet de revenir à Paris. Il reparait à la Cour dès le 12 juin 1774, mais à cette date, Maurepas domine le Conseil et Vergennes occupe le secrétariat d’État aux Affaires étrangères. Louis XVI lui réserve un accueil maussade, se bornant à lui dire : « Monsieur de Choiseul, vous avez perdu une partie de vos cheveux. » Choiseul comprend qu’il n’y a rien à espérer et repart, dès le lendemain, pour Chanteloup où il meurt onze ans plus tard.
On a publié sous son nom, en 1790, des Mémoires qui ne sont nullement authentiques. Il passait pour avoir pour sa sœur, la duchesse de Grammont, une affection plus que fraternelle.
Voir aussi
Bibliographie
- Annie Brierre, Le Duc de Choiseul. La France sous Louis XV, Albatros, Paris, 1986
- Pierre-Étienne Bourgeois de Boynes, Journal inédit 1765-1766, suivi du mémoire remis au Roi par le duc de Choiseul 1765 éd. de Marion F. Godfroy, Honoré Champion, Paris, 2008.
- Guy Chaussinand-Nogaret, Choiseul (1719–1785). Naissance de la gauche, Perrin, coll. « Histoire », Paris, 1998 (ISBN 2262012784).
- Jean de Choiseul, Les Choiseul et l’histoire, éd. du Papyrus, 1988.
- Laurence Cossé, La Femme du premier ministre, roman sur Louise-Honorine de Choiseul, éd. Gallimard, 1998.
- Jacques Levron, Choiseul. Un sceptique au pouvoir, Coll. Présence de l’Histoire, Paris, Librairie Académique Perrin, 1976, 334 p.
- Arnaud de Maurepas, Antoine Boulant, Les Ministres et les ministères du siècle des Lumières (1715-1789). Etude et dictionnaire, Paris, Christian-JAS, 1996, 452 p.
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