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Péplum
Pour les articles homonymes, voir Péplum (homonymie).Le péplum (mot latin, emprunté au mot grec ancien peplos signifiant « tunique »), est l'un des genres du cinéma.
Le mot « péplum » a peut-être été employé, pour la première fois, en référence au film La Tunique (1953) ou bien par des habitués du Ciné-club Nickelodéon dans les années 1950.
Depuis le début des années 1950, grâce aux productions italiennes et américaines, ce mot désigne les films dont l'action se situe historiquement dans l'Antiquité et, en particulier, celle de la Rome Antique, de la Grèce antique (et mythologique) et de l'Égypte antique. Il existe aussi des péplums bibliques basés sur l'Ancien ou le Nouveau Testament.
Selon Claude Aziza, maître de conférences honoraire de langue et littérature latines à l'université La Sorbonne Nouvelle-Paris III, les recherches des occurrences du mot dans la presse et la littérature indiquent une apparition en 1963 dans un milieu cinéphile lié au metteur en scène Bertrand Tavernier.[1]
Dans le numéro 68 de CinémAction (3e trimestre 1993) consacré au Panorama des genres au cinéma, Claude Aziza proposait une ébauche de définition du péplum : « On surnommera péplum tout film dont le sujet se passe dans une Antiquité qu'on fera commencer à la période biblique et terminer à l'aube du Haut Moyen Âge. »
Sommaire
Du cinéma muet jusqu'à la Seconde Guerre mondiale
Le péplum italien
À l'époque du film muet, le cinéma italien invente le péplum en recréant une Antiquité mythique et mythologique et donnant ses lettres de noblesse au genre. Ainsi, le péplum italien occupe une place de premier rang avec, en 1909, Néron de Luigi Maggi et, dans les années 1910, avec les productions notables de deux réalisateurs : Enrico Guazzoni, réalisateur de Quo Vadis ? (1912) et Giovanni Pastrone, réalisateur de La Chute de Troie (1911) et de Cabiria (1914). Dans ce dernier film, on découvre le personnage de Maciste, interprété par Bartolomeo Pagano. Ce personnage fera l'objet de nombreux films dont la plupart sont situés à une époque contemporaine comme Maciste chasseur alpin (1916) ou encore Maciste contre le Scheik (1926). Ce premier âge d'or du péplum italien prend fin au milieu des années 1920 avec l'arrivée au pouvoir de Benito Mussolini. Malgré la construction de Cinecittà et la propagande fasciste construite en partie sur la grandeur de la Rome antique, la période n'est guère favorable aux péplums, hormis le spectaculaire Scipion l'Africain de Carmine Gallone à la gloire de la reconquête africaine (1937).En France, Julien Duvivier se distingue dans le genre en réalisant le biblique Golgotha avec Jean Gabin en Ponce Pilate (1935).
Années 50-60 : l'âge d'or du péplum
Ce sont encore les Italiens qui donnent l'impulsion à la renaissance du péplum. Il y a d'abord la fresque italo-française Fabiola d'Alessandro Blasetti où Fabiola-Michèle Morgan a notamment Henri Vidal et Michel Simon comme partenaires (1949). Ensuite, c'est Riccardo Freda qui livre son Spartacus en 1953. En 1954, Kirk Douglas est l`Ulysse de Mario Camerini. En 1955, avec La Terre des pharaons, Howard Hawks (avec un scénario notamment écrit par William Faulkner) relate l’épopée de la construction titanesque de la pyramide du pharaon Khéops. Toujours en 1955, Carlo Ludovico Bragagilia réalise Sémiramis esclave et reine. L'évènement cinématographique de 1956, ce sont les spectaculaires Dix Commandements de Cecil B. DeMille, un réalisateur spécialiste du péplum, tandis que Rossana Podesta est l`Hélène de Troie de Robert Wise (avec, dans un rôle secondaire, la débutante Brigitte Bardot). La fin des années 1950 est marquée par le succès des Travaux d'Hercule de Pietro Francisci (1958) et La Bataille de Marathon de Jacques Tourneur et Mario Bava (1959). Anthony Quinn prêtre ses traits au Barabbas de Richard Fleischer en 1961. À cette époque, les Américains viennent profiter des studios de Cinecittà et de la qualité des techniciens italiens comme Mario Bava pour venir tourner en Italie de grandes fresques antiques telles que Ben Hur de William Wyler (1959) ou Cléopâtre de Joseph Mankiewicz (1963). La mode est désormais aux péplums et le cinéma italien va en bénéficier.
Maciste est ressuscité et avec lui tous les gros bras de la mythologie antique : de nombreux culturistes américains incarnent, torse nu, des héros légendaires comme Hercule. Le genre connaît une production très importante de 1960 à 1964. Les films, parfois avec un budget très limité, sont construits autour d'intrigues très simples dominées par la figure du héros, incarnation du bien et doté d'une force physique surhumaine. Riccardo Freda et Vittorio Cottafavi y excellent. Hercule à la conquête de l'Atlantide de Vittorio Cottafavi (1961), Romulus et Rémus de Sergio Corbucci (1961) et Maciste en enfer de Riccardo Freda (1962), sont bien représentatifs du genre. En 1963, les variations fantastiques de Jason et les Argonautes de Don Chaffey, grâce aux trucages de Ray Harryhausen, vont initier la Fantasy au cinéma, ancêtre des futurs Conan le Barbare et autres Kalidor des années 1980. Des déclinaisons humoristiques se singularisent avec deux coproductions européennes : en 1956, Les Week-ends de Néron de Steno et, en 1961, L'Enlèvement des Sabines de Richard Pottier où Francis Blanche s'essaye pour la seule fois dans ce domaine dans un rôle de Romain myope.
Mais avec la sortie de Pour une poignée de dollars en 1964, le western italien remplace le péplum et le genre pourtant prolifique disparaît brusquement des écrans.
Peut-être inspirée par la fresque antique amorale du Satyricon de Fellini de 1969, la vague à succès de films érotiques des années 1970 permet une résurrection du genre : les orgies romaines sont le cœur de ces films et Caligula y est souvent mis en scène. Messaline, Impératrice et putain de Sergio Corbucci sort en 1977 et, en 1979, le festival de Cannes découvre Caligula de Tinto Brass. De nombreux péplums érotiques sont produits jusque dans les années 1980.
Quelques péplums de référence
- 1932 : Le Signe de la croix (The Sign of the Cross) de Cecil B. DeMille avec Fredric March, Claudette Colbert et Charles Laughton
- 1949 : Samson et Dalila (Samson and Delilah) de Cecil B. DeMille avec Victor Mature et Hedy Lamarr
- 1951 : Quo Vadis de Mervyn LeRoy avec Robert Taylor, Deborah Kerr et Peter Ustinov
- 1951 : David et Bethsabée (David and Bathsheba) d'Henry King avec Gregory Peck et Susan Hayward
- 1953 : Jules César (Julius Caesar) de Joseph Leo Mankiewicz avec Marlon Brando, James Mason et Deborah Kerr
- 1953 : La Tunique (The Robe) d'Henry Koster avec Richard Burton et Jean Simmons
- 1953 : Salomé (Salome) de William Dieterle avec Rita Hayworth et Stewart Granger
- 1954 : Les Gladiateurs (Demetrius and the Gladiators) de Delmer Daves avec Victor Mature et Susan Hayward
- 1954 : L'Égyptien (The Egyptian) de Michael Curtiz avec Edmund Purdom, Jean Simmons, Victor Mature, Gene Tierney et Bella Darvi
- 1954 : Ulysse (Ulisse) de Mario Camerini avec Kirk Douglas, Silvana Mangano, Anthony Quinn
- 1955 : La Terre des pharaons (Land of the Pharaohs) d'Howard Hawks avec Jack Hawkins et Joan Collins
- 1955 : Le Fils prodigue (The Prodigal), de Richard Thorpe avec Lana Turner et Edmund Purdom
- 1956 : Les Dix Commandements (The Ten Commandments) de Cecil B. DeMille avec Charlton Heston et Yul Brynner
- 1956 : Hélène de Troie (Helen of Troy) de Robert Wise avec Rossana Podesta, Jacques Sernas et Brigitte Bardot
- 1959 : Salomon et la reine de Saba (Solomon and Sheba) de King Vidor avec Yul Brynner et Gina Lollobrigida
- 1959 : Ben-Hur de William Wyler avec Charlton Heston et Stephen Boyd
- 1959 : Les Derniers Jours de Pompéi (Gli ultimi giorni di Pompei) de Mario Bonnard et Sergio Leone avec Steve Reeves et Christine Kaufmann
- 1959 : Simon le pêcheur (The Big Fisherman) de Frank Borzage avec Howard Keel, John Saxon et Martha Hyer
- 1959 : La Bataille de Marathon (La Battaglia di Maratona) de Jacques Tourneur avec Steve Reeves et Mylène Demongeot
- 1960 : Spartacus de Stanley Kubrick avec Kirk Douglas, Laurence Olivier, Jean Simmons et Tony Curtis
- 1961 : Le Roi des rois (King of Kings) de Nicholas Ray avec Jeffrey Hunter, Robert Ryan
- 1961 : Romulus et Remus (Romolo e Remo) de Sergio Corbucci avec Steve Reeves et Virna Lisi
- 1961 : Barabbas (Barabba) de Richard Fleischer avec Anthony Quinn et Silvana Mangano
- 1963 : Cléopâtre (Cleopatra) de Joseph L. Mankiewicz avec Elizabeth Taylor et Richard Burton
- 1969 : Satyricon (Fellini Satyricon) de Federico Fellini avec Martin Potter et Hiram Keller
- 2000 : Gladiator de Ridley Scott avec Russell Crowe et Joaquin Phoenix
- 2001 : Attila le Hun (Attila), téléfilm de Dick Lowry avec Gerard Butler et Powers Boothe
- 2001 : Vercingétorix : La légende du druide roi (Vercingétorix) de Jacques Dorfmann avec Christophe Lambert
- 2004 : Troie (Troy) de Wolfgang Petersen avec Brad Pitt et Peter O'Toole
- 2004 : Alexandre (Alexander) d'Oliver Stone avec Colin Farrell et Jared Leto
- 2007 : 300 de Zack Snyder avec Gerard Butler, Lena Headey et Rodrigo Santoro
- 2007 : La Dernière Légion (The Last Legion) de Doug Lefler avec Colin Firth, Ben Kingsley, Aishwarya Rai, Peter Mullan et Thomas Sangster
- 2011 : Hannibal the Conqueror de Vin Diesel avec Vin Diesel
Liens externes
Notes et références
- ↑ Source : émission Concordance des temps diffusée le 4 août 2007 par France Culture.
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