Paul Paillole

Paul Paillole
Paul Paillole
Naissance 18 novembre 1905
Rennes
Décès 15 octobre 2002
Paris
Allégeance Drapeau de France France
Grade Colonel
Distinctions Légion d'honneur

Paul Paillole, né le 18 novembre 1905 à Rennes, mort le 15 octobre 2002 à l'hôpital Bichat, à Paris, est un militaire et un officier des services de renseignements français.

Sommaire

Un militaire de carrière avant-guerre

Pupille de la nation, il fait des études secondaires au lycée Garibaldi de Marseille, avant de s'engager le 1er octobre 1925. Saint-Cyrien de la Promotion « Maroc et Syrie » (1925-1927), il est affecté avec le grade de sous-lieutenant au 17e régiment de tirailleurs algériens en octobre 1927 puis au 21e RTA le 1er janvier 1929. Promu lieutenant le 1er octobre 1929, il est admis à l'école des officiers de gendarmerie de Versailles le 7 octobre 1930, avant d'être affecté comme stagiaire au 7e régiment de chasseurs le 1er avril 1931.

Le 21 novembre 1935, il rejoint l'administration centrale de la guerre, où il sert dans les Services spéciaux et obtient le grade de capitaine le 25 juin 1936. Le 3 octobre 1939, il est versé au 5e bureau de l'état-major de l'armée.

Reconstruire les services spéciaux, 1940-1942

Le 21 juillet 1940, il est mis administrativement en congé suite à l'armistice. Toutefois, le 24 juin 1940, près d’Agen, dans la cour du Séminaire de Bon-Encontre, le colonel Rivet, le capitaine Paillole et les cadres du contre-espionnage font serment de poursuivre dans la clandestinité la lutte contre les services spéciaux ennemis. Ils bénéficieront de l’appui du général Weygand, pour réaliser les structures adaptées à cette lutte. Seront ainsi créés :

  • Les Travaux Ruraux (TR), avec l’appui du Génie rural, qui sera la couverture du contre-espionnage clandestin offensif et dont la direction est confiée au capitaine Paillole.
  • Les Bureaux des Menées antinationales, organisme officiel dont la justification est admise par les autorités allemandes dans la convention d’armistice afin d’assurer la protection de l’Armée d’Armistice. Ce service est en fait la couverture du CE clandestin (TR) et lui servira de soutien.
  • Parallèlement les cadres du SR prêtent serment le même jour, et le SR Guerre, dirigé par le Lieutenant-colonel Perruche, s’installe à Royat.
  • Le SR Air entre aussi en clandestinité sous les ordres du colonel Georges Ronin.

Dès 1940, il est l'un des responsables des services de contre-espionnage de l'armée d'armistice du régime de Vichy, le TR (Travaux Ruraux), dont il assume la direction sous le pseudonyme de M. Perrier.

À ce poste, en connivence avec le colonel Louis Rivet, il travaille pour le gouvernement de Vichy, animant, de l’automne 1940 à août 1942, de son PC clandestin de Marseille, avec les postes répartis en zone libre comme en zone occupée, une lutte contre les services de renseignements allemands (Abwehr) et italiens. Après la guerre, il a prétendu avoir protégé certains mouvements de résistance naissants et n'avoir arrêté que les agents gaullistes connus des Allemands[1]. Il aurait ainsi couvert la fuite d'agents gaullistes (tel Roger Wybot, dont la fuite aurait été permise par le commissaire Blémant sous l'autorité de Paillole) ou de l'Intelligence service[2].

L'exploitation récente des archives de ces services spéciaux (saisies par les Allemands en 1943, récupérées par les Soviétiques en 1945 et rendues à la France en 1994) a permis d'établir que, si ces services ont effectivement opéré une action antiallemande et anticollaborationniste, ils ont également mené une traque anticommuniste et antigaulliste active. Entre janvier 1941 et juin 1942, malgré le caractère lacunaire des rapports à notre disposition, on a pu établir que, sur 800 condamnations prononcées à la suite d'une information des BMA, 224 ont été arrêtés pour espionnage comme agents (le plus souvent Français) de l'Allemagne, 443 pour communisme et 173 pour gaullisme[3],[1].

Paillole est ainsi responsable, avec ses services, du démantèlement du réseau Azur, à Marseille, en octobre 1941[4],[5],[6],[7],[8].

La même année, il se vante auprès de sa hiérarchie d'avoir le premier signalé l'importance du mouvement de résistance Liberté et ses attaches avec Londres, ainsi que d'avoir organisé l'interception d'un courrier de Pierre Fourcaud avant qu'il ne parte pour l'Angleterre. Il fournit également à ses chefs des documents permettant d'établir que Jean Moulin cherche à gagner l'Angleterre[1].

Le 25 décembre 1941, il devient chef d'escadron.

En août 1942, après la dissolution du BMA sur ordre des autorités allemandes, il prend la tête du service de sécurité militaire (SSM), créé par le colonel Rivet.

Action clandestine à Alger, 1942-1944

En novembre 1942, les Allemands envahissent la zone libre. Paillole, recherché par les Allemands, parvient à s'évader par l'Espagne, rejoint Londres, où il rencontre le colonel Passy, chef du BCRA, puis Alger en janvier 1943. Paillole exerce ensuite des responsabilités au sein des services spéciaux du Général Henri Giraud. C'est depuis Alger qu'il dirige les actions de Marcel Taillandier, Chef du réseau Morhange, un groupe d'action directe et de contre-espionnage.

C’est alors qu’il fait exécuter entre l’Afrique du Nord et Ramatuelle les missions sous-marines secrètes pour transporter des agents et des armes hors du territoire métropolitain occupé.

Selon la biographie que lui consacre l'Association des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale[9], « nommé Directeur de la Sécurité Militaire, il va essentiellement, depuis Alger, tout en conservant la haute main sur les TR, adapter les structures de son service, en liaison avec les Alliés, aux opérations menées par les Forces Françaises et alliées, jusqu’à la Libération de la France: campagnes de Tunisie, d’Italie et de Corse, participation aux opérations d’intoxication (Force A, Fortitude, etc..) préalables aux opérations de débarquement, préparation du service de sécurité qui sera adapté aux grandes unités et assurera la sécurité dans les territoires libérés (lutte contre les services allemands et leurs agents), contribuant ainsi à éviter l’AMGOT. »

Selon Jean Kessler, il a été le premier officier français associé, sous le sceau du secret, à la préparation du débarquement de Normandie[10].

Rentré en France, il quitte le service actif en novembre 1944 comme lieutenant-colonel.

Après la Seconde Guerre mondiale

En 1953, il fonde, avec ses compagnons de réseaux, l'« Amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale » (AASSDN). Le 30 septembre 1955, il reçoit le grade de colonel.

Il occupe alors d’importantes fonctions dans l’industrie et assure plusieurs mandats de maire de sa commune, La Queue-les-Yvelines. Il dirigera aussi le théâtre de Marie Bell, ancienne H.C. du Service. Auprès du Ministre Michelet, il va obtenir les premiers statuts d’intermittents du spectacle.

La publication des mémoires du colonel Paillole, en 1975, Services spéciaux 1935-1945, a recu le grand prix Vérité en 1975. Certains anciens résistants, tels Toussaint Raffini, victimes de la politique répressive des BMA, ont protesté contre sa présentation hagiographique des activités des services spéciaux de Vichy[11].

Décorations

Notes

  1. a, b et c Sébastien Albertelli, « Paillole, Paul (1905-2002) », François Broche, Georges Caïtucoli, Jean-François Muracciole (dir.), op. cit., 2010, p. 1105-1106.
  2. Voir [1] ; l'ouvrage cité ci-dessus de Simon Kitson qui a pu, sur ce point, accéder aux sources documentaires nazies qui avaient été saisies en 1945 par les soviétiques ; Claude Faure, « Bref historique des services de renseignement et de sécurité français contemporains », Revue historique des armées, n° 247, 2007.
  3. Claude d'Apzac-Épezy, « Services spéciaux de Vichy (répression de la France Libre par les) », François Broche, Georges Caïtucoli, Jean-François Muracciole (dir.), Dictionnaire de la France Libre, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2010, p. 1341-1342.
  4. Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France, tome 2 : juillet 1941-octobre 1942, Robert Laffont, p. 691-695, annexe VII (rapport du commissaire principal Léonard du 31 octobre 1941, qui cite clairement à plusieurs reprises « Perrier », alias Paillole, affirmant dès la première phrase: « J'ai l'honneur de vous faire connaître que M. PERRIER vient de fournir, au C.S.T. de Marseille, une documentation très importante sur une organisation de l'I.S. à Marseille et Région »).
  5. Jean-François Muracciole, Histoire de la résistance en France, Presses universitaires de France, 1993, 127 pages, p. 103.
  6. François Broche, Georges Caïtucoli, Jean-François Muracciole, La France au combat, de l'Appel du 18 juin à la victoire, éditions Perrin/SCÉRÉN-CNDP, 2007, p. 179.
  7. Simon Kitson, Vichy et la chasse aux espions nazis, Paris, Autrement, 2005.
  8. Jacques Baynac, Les Secrets de l'affaire Jean Moulin: contexte causes et circonstances‎, Le Seuil, 1998, 511 pages, p. 117.
  9. [2]
  10. Jean Kessler, « Les archives privées du colonel Paul Paillole », Revue historique des armées, n° 248, 2007 ([3]). Selon une autre source ([4]), il a même été le seul à y être associé.
  11. Robert Belot, La Résistance sans de Gaulle, Paris, Fayard, 2006, p. 277-279.

Annexes

Œuvres

  • Services Spéciaux (1935-1945), Paris, Éditions Robert Laffont, 1975
  • Notre espion chez Hitler, Paris, Éditions Robert Laffont, 1985
  • L’homme des services secrets : Entretiens avec Alain-Gilles Minella, Paris, Éditions Julliard, 1995
  • (en) Fighting the Nazis: French Military Intelligence and Counterintelligence

Archives

  • Fonds privé colonel Paillole, Service historique de l'armée de terre, cote 1 K 545.

Source partielle

Articles connexes

Liens externes


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