- Parlé Calédonien
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Français de Nouvelle-Calédonie
Le français de Nouvelle-Calédonie, ou parler calédonien ou caldoche, diffère du français de France ou de la Métropole aussi bien par son accent que par ses emprunts à la mosaïque ethnique composant la société néo-calédonienne. Le français (celui des colons, des fonctionnaires civils et militaires, des bagnards ou forçats, des déportés politiques, de droit commun et de la Commune, souvent imagé et parfois grossier, considéré aujourd'hui comme vulgaire, mais qui fait la base et tout le charme du parler néo- calédonien), les 28 langues vernaculaires kanaks, le tahitien, le wallisien, le javanais (indonésien), le vietnamien (indochinois), le bichelamar (Vanuatu) et l'influence anglo-saxonne.
La Nouvelle-Calédonie a la langue française pour unique langue officielle, tout comme les îles Wallis-et-Futuna et la Polynésie française.
Les Caldoches qui représentent environ le tiers de la population totale du territoire (34,1 % en 1998[1]), parlent comme langue maternelle une nuance de français différente de celle des Français venant de Métropole et expatriés pour une durée limitée ou illimitée en Nouvelle-Calédonie.
Quant aux ethnies mélanésiennes du territoire, les Kanaks (44,1 % en 1998), elles sont réparties entre plusieurs langues vernaculaires maternelles autochtones selon la région, mais elles utilisent le français de Nouvelle-Calédonie et de la Métropole comme langue véhiculaire entre elles, et pour communiquer avec les Calédoniens « blancs » et autres ethnies vivant sur l'archipel. Les jeunes mélanésiens utilisent de plus en plus fréquemment le français comme langue d'usage quotidienne au détriment des langues ancestrales, qui se perdent peu à peu.
L'utilisation du français de Nouvelle-Calédonie dans les populations blanches, métis, mélanésiennes et autres est assez proche de celle de l'emploi de l'anglais en Australie et en Nouvelle-Zélande chez les habitants blancs ou aborigènes ou maori de ces pays proches (le français de Nouvelle-Calédonie est à la langue française ce que l'anglais d'Australie et de Nouvelle-Zélande et autres territoires océaniens appartenant au Commonwealth est à la langue anglaise).
Par exemple, tout comme l'Australie proche, la Nouvelle-Calédonie a connu un peuplement de bagnards, de déportés et de fonctionnaires civils et militaires de la Métropole et d'Afrique du Nord au XIXe siècle : l'influence de ce peuplement se retrouve dans la langue d'aujourd'hui, dans plusieurs mots et expressions, et autres emprunts (même type d'influence lexicale pour l'anglais australien).
Outre cet exemple historique, les spécificités lexicales du français de Nouvelle-Calédonie peuvent être des mots étrangers ou bien des mots français mais qui sont très peu utilisés par les métropolitains ou d'une autre façon (exemple : « vieille » désigne « femme »).
Il y a aussi des mots provenant de langues mélanésiennes, ramenés par les autochtones (exemple : « awa! » signifie pour signifier la surprise et peut vouloir dire tout à la fois « mince! », « oh non! » ou encore « C'est vrai ? », il n'y a pas d'orthographe fixe).
Le fait qu'une partie des colons installés au XIXe siècle aient été d'origines anglo-saxonnes (notamment ayant transité par l'Australie, comme l'atteste la présence de familles aux patronymes d'origines britanniques comme les Martin, à prononcer « Martine », ou les Daly, qui se prononce « Délé »), ou encore la présence des Américains, lors de la Seconde Guerre mondiale (mars 1942-septembre 1945), ont apporté quelques accents et mots anglais (exemples : « bus » se prononce « beusse »; « curry » se prononce « carry »; « coaltar » pour le bitume; ta-ta ou tata qui est un mot enfantin anglais pour dire au revoir apparu en Angleterre en 1837 selon l'Oxford English Dictionary[2]).
Enfin, le parler calédonien a aussi intégré des expressions et façons de parler venus d'autres langues de la région Asie-Pacifique, notamment du tahitien (comme nana pour dire au-revoir, ou réré qui désigne un homosexuel).
Prononciation
Les sons an se transforment généralement en ôn et, inversement, les sons on en ân. La tonalité subit un allongement phonétique, les a, les o, les an ont une tonalité basse, allongée, légèrement gouailleuse, les fins de mot sont souvent non prononcées comme par exemple valable se dit valab'. Les R peuvent également se retrouver « mangés » comme quatre se dit quate, ou bien exagéré quatreu c'est selon.
Histoire
Le parler néo-calédonien est avant tout un accent et sous-tend toute une culture « caldoche » qui à tendance à se perdre surtout à Nouméa. En brousse, il est encore bien marqué. Il existe de nombreux ouvrages qui décortiquent les expressions très imagées pouvant parfois paraître vulgaire mais qui pour un Calédonien ne le sont pas. Par exemple : « L'enculé, tu connais, cte pête couille, mân con, il a jamais voulu me donner la main pour tailler les brousses cte t'enculé ! ».
Expressions
À bloc
Les Calédoniens disent à bloc de quelque chose pour indiquer une quantité importante. « y'avait à bloc de gadins (cerfs) dans les brousses ! » (« Il y avait pleins de cerfs dans les brousses »).
Ahou ou awou
Exclamation admirative ou soulignant le caractère exceptionnellement fort d'un évènement. D'origine mélanésienne. « Ahou toi pète un coup l'apéro ! » (« Allez, sers-nous l'apéro ») ou « Ahou fin colère moa quand j'ai astiqué les gôsses ! » (« Eh ben, j'étais énervé quand j'ai engueulé les enfants »).
Ahoua, awa
Exclamation d'origine métropolitaine (importée par les bagnards). Très employée par tous les calédoniens pour exprimer la négation ou l'incrédulité, l'étonnement, aussi utilisé dans le même sens que « ah ouais ?, pas possible ? ah bon ? », par exemple quand on dit quelque chose qui ne demande pas une réponse précise on se contente de dire : awa ?
Allez !
Au revoir. Au téléphone : « ok, bân vous avez rendez-vous le temps à telle heure hein ? ok ? allez ! » Il existe de multiples façons de dire au revoir en calédonien : « babaille, tata, nana… ». Allez ! en est une.
Assurer
Souvent vu dans la phrase « Mais aaasssuuuuure toi.... » équivalent à « me lâche pas sur ce coup là ».
Astiquer
Corriger ou réprimander (quelqu'un), ou dans le sens « taquiner » quelque-chose. Exemple: astiquer un cerf à coup de cartouches (chasser), astiquer la bouteille carrée (prendre l'apéro en forçant un peu), astiquer les gosses s'ils font trop de bruit. Pour une personne se faire astiquer revient à se faire battre ou corriger. S'utilise aussi pour motiver « Allez ! Astique à fond !!! »
Ayaoué
Expression d'exclamation marquant la fatigue, l'énervement, équivalent de « ouh la la ». On peut aussi entendre Ayaoué Maliae.
Baby-car
Transport en commun. « Le baby-car viendra vous chercher à 8h00. »
Babylone
Babylone! est une interjection utilisée surtout par les mélanésiens pour exprimer surprise, contrariété, frayeur ou admiration.
Baille
La mer. « Je vais à la baille. »
Bande (La~)
« Hé la bande, il est bon ou quoi ? ». Salut tout le monde, comment ça va ?
Baraques
Fête foraine. « On va aux baraques. »
Barrer
S'en aller, partir. « oh tu barres où là hein ? » Se dit aussi barrer en couille : décrépitude, perdre le bon sens ou la raison.
Bastringue
Bruit. « Quel bastringue ! »
Ben (~c'est ça, ~alors, ~là, ~tiens)
Exemple : « t'aimes le riz ? » « ben alors ! » « ben ça ! » Vient aussi en réponse d'une affirmation : « tu connais que le boulanger de l'Anse Vata il est fin bân mais il ouvre taaard ! » « ben c'est ça ! » ou « ben c'est ça aussi ! » (« Tu vois, le boulanger de l'Anse Vata est excellent mais il ouvre tard », « C'est vrai! »). Sert à renforcer le propos.
Bétail
Brutal, c'est une brute. Bacler quelque chose :« boulot d'bétail ! ». « Le dernier bétail j'lai traité quand il m'a dépassé par la droite ».
Bétonneuse
Bétonnière. « La bétonneuse est en panne. »
Beusse
Bus. « Je vais prendre le beusse. »
Biquette
Chèvre. « C'est une jeune biquette. »
Bleu
La couleur Bleu est souvent utilisée pour exprimer une très grande quantité ou une grande intensité. Par exemple. « C'est bleu de poissons sur la patate. »
Bois
Branche. « J'ai ramassé un bois. »
Bon
Prononcer bân. Signifie « Ça va ? ». On le retrouve dans « Il est bon ? » souvent « Il est bon ou quoi ? », « Oh Marcel…il est bân ou quoi ? » « Yes il est bân ! »). C'est aussi une autre façon de dire bonjour. C'est comme demander en une fois si la famille/les amis/le boulot/les enfants, etc. ... l'ensemble, globalement, « Il est bon ou quoi ? ».
Bosse
Colline. « J'ai monté la bosse. »
Boucan
« Magie Noire » locale. Un boucan peut avoir des formes diverses, mais le but du boucan sera toujours le même : nuire à la personne visée. Il peut être représenté (entre autres) par un ensemble de petites branches et de feuilles liées ensembles, avec toujours « d'autres choses », secrètes, rendant l'objet « maléfique ». On dira de quelqu'un victime d'un boucan qu'il est « emboucané ». Par dérivé, si quelqu'un a trop de chance (dans une situation, un jeu quelconque) on dira avec un petit sourire en coin : « Il joue avec les feuilles le copain... ».
Bouffer la gueule (se)
Cette expression, qui signifie embrasser passionnément, a perdu de son caractère grossier. Utilisé lorsque l'on voit des gens s'embrasser avec fougue dans la rue, ou dans des lieux publiques « allez … bouffe la gueule ! ».
Boulette
Avoir la boulette. Être plein d'énergie. « Oh ! Boulette ou quoi ? ». Ça va ? T'as la forme ?.
Bourrer
Baiser (faire l'amour). « J'ai bourré ma femme. » Aussi insulte généralement affectueuse : « Bourre-le ».
Bouteille carrée
Expression très utilisée pour désigner le whisky. Vient d'une marque célèbre d'Écosse ( Johnny Walker ) qui vend cet alcool dans une bouteille carrée. La bouteille carrée était aussi récupérée pour conserver l'eau au réfrigérateur.
Broussard
Calédoniens vivant ou ayant leur activité principale « en brousse » ou encore « dans l'Nord », à comprendre comme l'ensemble de la Grande Terre, et plus particulièrement sa côte ouest, en dehors de Nouméa et de sa banlieue. Le terme « broussard » est la plupart du temps assimilé au monde rural et campagnard calédonien. Souvent éleveur, pêcheur, cultivateur, ou entrepreneur dans un secteur donné, les broussards sont attachés aux valeurs sûres de la vie calédonienne : la famille, les amis, les « coup de fêtes », « coup de chasse », « coup de pêches » sont leur lot quotidien et ce sur quoi ils fondent toute leur façon de vivre. Mais résumer les broussards ainsi serait trop réducteur. Personnage ayant un franc-parler qui le caractérise entre tous, ils sont aussi connus pour avoir « le sang chaud » et n'avoir pas peur d'en découdre (« même pas peur! »). Ils cachent cependant des trésors de générosité pour qui prend la peine de les connaître par delà leur apparence parfois un peu bourrue.
Brousse
Désigne toutes végétations un peu denses et par extension tout lieu non urbain, puis tout lieu hors de Nouméa, la capitale. « Il vient de la brousse. »
Ça de wizz
Exprime l'admiration ou la satisfaction : « Hé, la vieille, tu nous pètes l'apéro… ça de wizz ! »
Casse pas la tête
Très employé. Ne t'en fais pas, pas de problème.
Catoune
Étre surpris. « Catoune ! »
Ceb dem tal
Obtenu par contraction de : « C'est bon demain ta l'heure »[3], elle-même réunion de plusieurs expressions calédoniennes : « C'est bon », « Demain » (pour « À demain » souvent utilisé pour dire au-revoir même si on ne se revoit pas forcément le lendemain), « Ta l'heure » (vaut pour « À plus tard » ou « À bientôt »). Ceb dem tal est donc l'une des expressions utilisées pour se dire au-revoir, surtout utilisées par une population jeune.
C'est ça aussi
Marque l'approbation, équivalent de "net".
Chenillard
Bulldozer . « Il sait utiliser un chenillard. »
Chier
Mourir (utilisé dans une menace). « Va chier ! »
Choc
Très employé chez les jeunes en Nouvelle-Calédonie comme dans l'expression « c'est choc » voire « fin choc ! » est équivalent à « c'est super » , « c'est terrible ».
Chouchoute
Désigne un légume, la chayotte, aussi désigné ainsi en Polynésie française. Pour les Réunionais, une chayotte est un chouchou car une chouchoute désigne le sexe féminin, tandis que le légume est appelé christophine aux Antilles françaises.
Chouchoute (planter une)
Donner un coup de poing. « Il lui a planté une chouchoute ».
Claquer
On claque beaucoup en Calédonie, on « pète » aussi l'expression est similaire. Claquer un coup de pêche, un coup de fête, un coup de coutume, un coup de chasse. On peut même claquer une photo ou un gros sourire !
Claquettes
Désignent les tongs, chaussures aérées très répandues et portées en Nouvelle-Calédonie, que ce soit en ville ou en brousse, et dans toutes les communautés. Le fait d'appeler des claquettes des tongs est souvent le premier moyen utilisé pour repérer un Zoreil. On disait autrefois souvent claquettes japonaises, car elles étaient censées être fabriquées au Japon ou portées par les japonais, mais on n'utilise plus aujourd'hui ce terme.
Colère
En Calédonien, on ne dit pas je suis en colère. On dit je suis colère ou fin colère. Les Wallisiens disent : « moi sé colère fort ! »
Connaître
« Tu connais que ». Equivalent exagonal de « tu sais ou tu savais que ». Joue un rôle de démarcatif ou marque une insistance vis-à-vis de ce qui va être énoncé dans la phrase enchâssée : « tu connais qu'c'est un costaud le mec ! »
Couille
En Calédonie, une couille est un ami, notamment une vieille couille est un vieux copain. « alors ….ma couille » ou « oh…ma vieille couille », c'est très affectueux. On peut aussi dire se retrouver les couilles à la main pour exprimer le fait d'avoir perdu quelque chose. Se dit aussi quand il y a un problème ; on emploie souvent l'expression « là y'a une couille dans le manou ! » (équivalent hexagonal d'une « couille dans le potage »).
Couillonner
Berner. « Il m'a couillonné! »
Coup de …
Le terme coup de … est employé pour la plupart des sorties de pêche ou de chasse. « Alooorrss on s'le claque (pète) ce coup de chasse ? ».
Cousin
Employé dans le cadre dépassant la famille pour un ami, un familier. Utilisé aussi au pluriel par les caldoches pour désigner les Mélanésiens. Connotation mi-ironique, mi-affectueuse, rappel de la communauté d'intérêts des habitants du Territoire (tribu), voire des liens familiaux souvent plus nombreux qu'il semblerait au départ.
Coutume
Ensemble de gestes et cérémonies (échanges de présents, etc…) accomplis à l'occasion d'un événement survenant dans la communauté : arrivée d'un étranger, mariage, deuil… Faire la coutume revient à partager, à faire un échange. « J'ai amené les chezz balls pour l'apéro c'est coutume ! » « Tu prêtes ton tee shirt ? on fait coutume, je te passe le mien. »
Creek
Tout simplement un ruisseau. Mot d'origine anglo-saxonne. Tous les ruisseaux sont des creeks en Calédonie.
Damer
Taper sur quelqu'un, lui damer la gueule ! On l'emploie aussi dans la notion de quantité « Ce matin y'avait damé de woitures au péage … lôngin j'ai cru que j'allais claquer un coup de colère toute seule ! »
Double cabine
Tend à disparaître. « oh tu l'as déjà descendu ta double cabine ? ben lôngin elle enwoye la fille ! ». Se dit d'une grande boite hygiénique de bière de contenu double de la boîte standard. Veut aussi dire 4×4 pick-up comportant une cabine à 4 places.
Double-narine
Fusil à double canon. « Il a tué un oiseau avec son double-narine ! »
Dire
Exprime un agacement vis-à-vis d'un allocutaire hésitant à dire ce qu'il voudrait dire (tournant autour du pot), parlant par énigme ou s'expliquant mal. Par exemple « oh je comprends rien à ce que tu racontes ! Dis bien ! » S'utilise aussi quand on pose une question par exemple : « alors tu veux mônger quoi, de quoi t'as envie ce soir, dis bien ! ».
Dixe
Disque (plus simple à prononcer). « C'est le dixe des auditeurs. »
Douille
Engueulade. « Il s'est pris une de ces douilles ! »
Empété (l')
Insulte, équivalent de « salaud ». « L'empété, il a bourré ma femme, si je l'attrape il va chier » (« Le salaud, il a couché avec ma femme, si je l'attrape il va en chier »). Prononcer avec la fermeture vocalique typique du français calédonien encore plus nettement (L'Ômpété) il peut aussi servir d'interjection pour marquer l'étonnement, comme l'ôngin.
Envoyer
« Ca enwoye [envouaye] du gros … ben ca va enwoyer de l'air ! » : c'est fort, c'est corsé, c'est super. Équivalent de « ça va le faire ».
Faré
Mot tahitien. Maison légère en matériaux végétaux. Equivalent falé en wallisien. Désigne toutes les habitations secondaires de week-end, en bord de mer et aussi les petites cases au bord des piscines.
Feinte, feinter
Blaguer. Un mensonge malin : « j'tai feinté là hein ? ». Signifie aussi comme en Métropole, éviter, piéger quelqu'un. « Je t'ai bien eu là hein ? ».
Fin
Equivaut au « très » de Métropole. Fin colère, fin content, fin pété, fin plein, fin grand……fin joulie.
Fiu
En tahitien signifie fatigué, lassé. « Allez, je rentre là, j'suis fiu ! »
Frônce
Orthographe nouvelle du nom France. Expression inventée par Bernard Berger pour traduire la phonétique calédonienne où les sons en ou an se prononcent comme le son on. Cette orthographe est employée par plaisanterie dans les correspondances de Calédoniens notamment quand ils écrivent à des Frônçais ! :-)
'Gad
Abréviation de "regarde" . « Hé gad lui comment il parle mal ! ».
Gadin
Se dit du cerf. Si vous dites cerf prononcez toujours le "f". Viendrait du wallon gade (chèvre).
Gamelle
Ensemble de récipient emboîtés (en général 3 récipients) et dans lesquels les Calédoniens transportent ou se font livrer, leur déjeuner préparé par un traiteur spécialisé. La gamelle désigne aussi bien le contenant, le contenu que le service de traiteur.
Glaçon
Glace à l'eau.
Jamais
En Calédonie jamais est souvent placé en tête de la phrase et non à la fin. « Jamais il viendra ». L'adverbe ne indiquant la négation est rarement utilisé. Aussi : jamais il va partir, jamais il voudra. On peut aussi l'utiliser à la place du non. Se perd un peu.
Kaillafou ou kaya fou
Personne à la dégaine et tenue rasta ou hippie, sens dérivé de médiocre et expression d'origine mélanésienne. Quand le jardin des voisins est en vrac on dit : « oh c'est kayafou chez lui ! ». Peut signifier aussi une action ou une chose réalisée de manière brouillonne, sans véritable méthode.
Kakoune
« Il lui a mis un kakoune. » Un coup (de poing en général, mais pas forcement) de toutes ses forces. A partir du moment où il est question de cogner comme un sourd, on parle de « kakoune ». On peut mixer avec kayafou : « Il lui a mis plein de kakoune mais, kayafou quoi » (Il l'a roué de coup comme un dingue).
Kalolo
C'est bon ! Valab' ! Excellent ! Mot d'origine mélanésienne.
Kraft
Vient de la marque américaine Kraft Foods et donc de produits laitiers produits par celles-ci (fromages ou mayonnaises), importés depuis l'Australie et consommés par les Calédoniens depuis des décennies. Aussi important que le riz ou le soyo. Est particulièrement prisé le fromage en pâte kraft conditionné dans des verres à boire, comme la moutarde en France et qui est consommé le matin avec des biscuits (sao), de la confiture et/ou de la vegemite. La mayonnaise blanche Kraft (mayo Kraft) est souvent préférée aux mayonnaises françaises voire à la vraie mayonnaise. Il s'agit d'un produit alimentaire indispensable pour les Calédoniens, et cela souvent dès la naissance.
Laiss'taleur
« Ha non laisse, je vais faire ça tout à l'heure ». Même idée que « Laisse tomber », mais avec du dépit, du découragement en plus. Exemple : les travaux viennent de finir, tout le monde rentre chez soit, fatigués, et ... on a oublié des outils sur le chantier. « Haaaa lôn-giiiiin... pffff... laiss'taleur, j'irais demain. »
Live
« Etre en live » : être complètement détruit par la fatigue (par exemple). « Barrer en live », « Partir en live » : partir en sucette, faire un bad trip. « On a repeint toute la maison. Pouha je suis en live... ».
Malélevés
Dire des gros mots. « Tu fais rien que dire des malélevézes ! » (marche aussi avec « malévèze ». Plus caricatural par contre).
Mam
Diminutif de maman, vient vraisemblablement de l'anglo-saxon mum et mummy. Dad n'est pas employé. Se dit aussi d'une amie âgée un peu maternelle : « elle fait sa mam ! ».
Manou
Paréo. Le mot est probablement d'origine tahitienne. Utilisé en pagne ou comme tenue décontractée à la maison ou sur la plage. Dans l'idée, c'est un petit peu comme le peignoir local. On retrouve ce terme dans l'expression : « y'a une couille dans le manou » (y'a comme un problème...) ou « Il a rien dans le manou ! » (il a rien dans le ventre).
Marcher avec la Lune
Être lunatique, soupe au lait. Changer d'humeur de façon inattendue. « J'ai rien compris à sa feinte là. Il marche vraiment avec la Lune en ce moment. ».
Moluque
Utilisé pour désigner le merle des Moluques, oiseau introduit en 1874 des îles Moluques dans le but de lutter contre les sauterelles. À noter que cet oiseau est appelé ainsi à tort : il s'agit en fait du martin triste (Acridotheres tristis).
Mouiller
Le mot « mouiller » a bien sûr le même sens qu'en français, mais il veut aussi dire frapper, donner un coup. On pourra entendre quelqu'un dire : « Il a mouillé un coup de poing mais... kakoune quoi ! ». Il lui a donné un coup de poing fort. Il peut servir aussi d'encouragement, notamment lors d'un effort physique, comme équivalent en quelque sorte de « ho! hisse! », ou encore dans le sens de donner, de servir ou de faire quelque-chose plus vite : « Allez, mouille ! »
Moyen
Moyen ? Y a moyen ? Y'a moyen faire ?! Est-ce possible ?, peut-on le faire ?. « J'aimerais emprunter ta woiture ? moyen faire ? ». En créole de Saint-Louis « monya » signifie pouvoir. On dit aussi « Moyen monter dans le bus ? » signifie « puis-je monter dans le bus ? » Pour bus prononcez beusse.
Nana ou tata
Au revoir. Tata ou ta-ta est d'origine anglaise, mot enfantin apparu au XIXe siècle pour désigner le geste de la main servant à saluer selon le Oxford English Dictionary et répandu dans la plupart des pays anglo-saxons, notamment en Australie et Nouvelle-Zélande, mais aussi dans d'autres pays francophones : au Vanuatu (ancien condominium franco-britannique) il s'agit même du mot bichelamar pour dire au-revoir, ce terme est aussi utilisé dans le même sens dans le Français québécois. Nana vient du tahitien qui, lui, n'utilise pas tata (tata étant un réré : homosexuel). En Français calédonien on ne dit pas au revoir ! On dit tata ou nana ou babaille pour bye bye ou Allez !
Net
« Net! » : c'est clair, tout à fait. Souligne le fait qu'on est complètement d'accord avec son interlocuteur. « Franchement, là il exagère le copain ». « Ha ben net ! »
Omaï
Mot masculin, des omaïs au pluriel. Confiseries asiatiques dont les enfants de Calédonie raffolent. Ce sont des fruits séchés (prunes, mangues, papayes, citrons...) sucré-salés et vinaigrés, immangeables pour la plupart des non-initiés et des Métropolitains. Ils contiennent souvent des colorants (le plus mangé, l'omaï rouge, qui est à l'origine une prune) et on repère les gourmands à leurs doigts ou leurs lèvres rouge orangé (ou bien aussi parfois blancs).
Ôngin (l')
Très utilisé. Interjection marquant la surprise, l'étonnement. Se prononce souvent avec un allongement phonique, cette orthographe ci (au départ l'engin) est une transcription de la fermeture vocalique typique du français calédonien. Comme toujours, son orthographe lorsqu'il se retrouve à l'écrit est variant (L'Ôngin, Lôngin).
Ônculé (l')
Bien que cette expression dérive d'une insulte et d'un langage vulgaire (l'enculé), prononcé ainsi il s'agit essentiellement d'une expression marquant l'étonnement, la surprise, la déception ou au contraire la joie. Il ne s'agit donc pas (ou en tout cas rarement) d'une insulte.
Ou quoi
Utilisé pour renforcer l'interrogation en évoquant l'alternative à un état. « Oh ca va ou quoi ? » « Il est bân ou quoi ? » « oh tu fais koa là hein ? ». Équivalent du « ...ou pas ? » en français. « Tu viens ou quoi ? » « Ça va ou quoi ? ».
Papillon la Lune
Une autre interjection. Ça a autant de sens que « Saperlipopette », et sera utilisé à peu près dans les mêmes circonstances. Le terme « papillon » est aujourd'hui essentiellement utilisé seul.
Patte jaune
Merle des Moluques de Nouvelle-Calédonie, ou martin triste. Voir Moluque. Il désigne par extension les habitants du village de Bourail car c'est là que cette espèce a pour la première fois été introduite.
Péter
On pète comme on claque en Calédonie. Péter un coup d'apéro, un coup de chasse, péter un cerf, on peut aussi péter un réglage.
Pète-claquettes
Personne ennuyeuse, casse pieds. Plus élégant que pète couille.
Petit bateau gros la cale
Cette expression vient du langage des marins. Elle signifie qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Quelque chose qui n'en a pas l'air peut avoir des capacités insoupçonnées.
Poca
Cochon, vient du pidgin. Ceci dit les Wallisiens disent poca. Prononcez côchân.
Pochon
Sac en plastique. Il est très employé en Calédonie dans les supermarchés. Prononcez pôchân.
Poken
Désigne les Australiens (ou les Néo-zélandais) la plupart du temps. L'Australie étant à deux heures à peine d'avion, les « pokens » font un peu partie du décors. Ils viennent par vague pour les vacances lors d'une escale d'une croisière quelconque. L'origine du mot viendrait de l'expression « English spoken » qu'on peut encore trouver dans les snack-cafés les plus anciens.
Qualité
Parfois prononcé « qualitèche ». Exprime une réaction positive, d'admiration ou de satisfaction. Comme « fin valab' ». Quand on prend l'apéro sur la terrasse, on pousse un soupir et on dit : « qualitèche ! hein ? ».
Quoi ça !
Marque la surprise, l'étonnement.
Quat' fois la terre
En réponse à un mensonge, un fait impossible ou face à une vantardise. Marque le fait qu'on ne croit pas à ce qu'on vient d'entendre.
Réré ou rae-rae
Mot d'origine polynésienne désignant des homosexuels, et plus particulièrement des transsexuels ou transgenres et essentiellement d'origines polynésiennes eux-mêmes. Ce terme peut-être employé de manière péjorative mais ne l'est pas à l'origine.
Sao
Biscuits salés de type crackers de la marque Arnott's importés d'Australie depuis au moins 50 ans. Tous les enfants calédoniens ont été élevés au sao. Surtout au goûter et le matin. Une expression calédonienne : « deux collés au beurre trois pétés dans le bol ». Outre le Sao, d'autres produits de la gamme Arnott's sont très répandus en Nouvelle-Calédonie, et en général plus que ceux de marques françaises, comme les Tim Tam (biscuits au chocolat) ou encore les Scotch fingers (petit beurre épais pouvant être facilement coupé en deux).
Sicole
(voir Chouchoute).
Souque
Ordre donné au chien de ramener le bétail ou d'attaquer.
Station
Nom d'une propriété agricole, généralement pratiquant l'élevage extensif, appartenant à des « Broussards ». Le terme vient d'Australie. Peut-être vu comme l'équivalent, dans d'autres régions, des mas provençaux, des haciendas hispaniques ou des ranchs américains.
Stock-man
Désigne essentiellement les éleveurs ou les garçons de ferme chargés de mener le bétail, généralement à cheval. Le stock-man constitue souvent l'archétype du « broussard » et est souvent comparé aux cow-boy américains. Comme ces derniers, il porte souvent le stetson ou des chapeaux assimilés ainsi que le fouet.
Tamiok (le~, un~)
Arme ancestrale mélanésienne (casse-tête de formes variées). Désigne aussi communément une petite hache.
Taule
Dans l'expression : « Il roulait à la taule !!! », taule veut dire : rouler à tombeau ouvert. S'utilise dès qu'il est question d'aller extrêmement vite. Mais être « à la taule » signifie avoir la forme
Tcha !
Mot mélanésien. Interjection pour commander au silence ou marquer sa désapprobation. Employé par les Mélanésiens mais aussi par les autres communautés. Prononcé également tché ou tchi en allongement vocalique pour signifier un dégoût ou un agacement. En xârâcùù, langue Kanak, « ca » [tcha] est une « exclamation marquant l'impatience… ».
Tinkyoubien
Le thank you anglo-saxon calédonisé : merci bien. Au supermarché on remercie la vendeuse : « tinkyou ou tinkyoubien ! ».
Topette
Cannette de bière, on dit aussi « boisson hygiénique » dans le même sens.
Tool
Nouvel équivalent de tata employée par les jeunes. Peut être utilisé avec d'autres expressions : "ok, tal tool ", pour dire au revoir.
Touque
Du nom du récipient métallique servant à la conservation de boissons ou de produits divers, et très utilisées en Nouvelle-Calédonie au point d'être en quelque sorte devenu une unité de mesure notamment utilisée en cuisine.
Trapard
Requin en général. Utilisé lorsque l'on ne donne pas de précision sur le type de requin comme : pointes blanches, tigre, ou marteau par exemple. Voir l'expression « Dans la passe c'est bleu de trapards ! » qui signifie : Il y a énormément de requins dans la passe.
Un coup
Souvent utilisé pour souligner une action. "Passe un coup le soyo" pour "Passe moi le soyo".
Va baigner
Va-t-en ! « Tu m'énerves, va baigner ! »
Voilà lui !
Ça y est ! C'est ça ! C'est fait ! Je l'ai trouvé ! Le voilà ! Origine : parler français des Mélanésiens.
Vout vout
Onomatopée crée par Bernard Berger dans La Brousse en folie pour décrire le bruit de la claquette lancée par Tonton Marcel. Maintenant employé pour désigner les claquettes. Quand le chien fait une bêtise ou refuse d'obéir : « Lôngin ! Tu vas recewoir ma vout vout t'vas woir là ! »
Wanamatcha !
Mot mélanésien. Exclamation, étonnement ou frayeur.
Yossi !
Très courant chez les Mélanésiens. Surprise, admiration, contrariété. Ce mot désigne, lui, le sexe de la femme en langue Drehu de Lifou.
Zoreil
Désigne un métropolitain fraîchement débarqué (souvent reconnaissable à son bronzage inexistant). Par le sens général que les Calédoniens lui donnent, ce mot pourrait être assimilé à l'expression pied tendre. C'est un terme souvent péjoratif mais qui peut être juste moqueur, voire affectueux. Un Calédonien faisant trop de manières se verra traiter de zoreil. Exemple : à table l'invité fait la grimace parce qu'un détail le chiffonne, réponse des convives : « Hé mais arrête un peu de faire ton zoreil làààà... ».
L'origine du mot est difficile à déterminer, mais vient très probablement des Antilles ou de la Réunion où il est aussi employé dans des contextes équivalents.
C'est un terme qu'on évitera d'utiliser trop a la légère, certaines personnes y sont plus sensibles que d'autres.
Code
- code de langue IETF (en) : fr-nc
Notes et références
- ↑ Rapport parlementaire nº972 du 9 juin 1998 relatif à la Nouvelle-Calédonie présenté par Catherine Tasca.
- ↑ (en)Origine du mot ta-ta sur le site www.funtrivia.com
- ↑ Christine Pauleau, Mots de Nouvelle-Calédonie.
Bibliographie
- Pauleau (Christine), 2000, Le Calédonien de poche, Assimil, (ISBN 2-7005-0267-1)
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