- Parler marseillais
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Le parler marseillais est la forme locale du français modifié par le substrat linguisitique occitan (ici provençal) sur lequel est il s'est greffé, mais aussi par les apports linguistiques dus aux diverses immigrations, notamment au cours du XXe siècle.
Les habitants des quartiers populaires ou ceux issus de l'immigration restent extrêmement fidèles au parler local, y compris aux expressions occitanes les plus vivantes, comme le montre le style caractéristique de groupes musicaux marseillais[1] comme Quartiers Nord, puis IAM, Massilia Sound System, Moussu T e lei Jovents et Psy4 De La Rime. Le parler marseillais est même volontiers employé par les institutions locales[2],[3], et bien sûr par l'Olympique de Marseille[4], dans leur communication.
Sommaire
Spécificités du parler marseillais
Comme le francitan dans l'ensemble des régions historiquement occitanes, le parler marseillais se distingue du français standard par des variantes lexicales, grammaticales et phonologiques.
Article détaillé : francitan.Spécificités lexicales
Par rapport au francitan général, le marseillais se distingue par la richesse de son vocabulaire propre, influencé notamment par sa situation maritime et par la multiplicité des sources exogènes qui l'ont enrichi. Quelques exemples (chacun des ouvrages donnés en bibliographie en présente plusieurs centaines) :
- Mots d'origine provençale liés aux activités maritimes :
- esque : vers servant d'appât de pêche ;
- piade, piadon (on prononce pi-ade et pi-adon) : bernard-l'hermite ; une piade est aussi une trace de pas ;
- arapède, nom local de la patelle, coquillage collé aux rochers ; par dérivation, personnage dont on ne peut pas se débarrasser ; En provençal, le verbe arrapa signifie accrocher.
- favouille, petit crabe ; par dérivation, sexe d'un petit garçon, mais aussi sottise ; de nos jours, sur la région marseillaise, le terme ou surnom "favouille" désigne une femme aux mœurs légères (par allusion au petit crabe qui ne marche pas droit) [5] ;
- piter, mordre à l'hameçon (y compris sens figuré) ; par dérivation, manger par petites doses.
- Roucaou, poisson de roche ; désigne également une personne aux cheveux roux.
- Mots d'origine italienne :
- oaï, désordre (du napolitain uaio, même sens[6]) ; synonyme hélah (origine arabe)[7] ;
- fatche, face (en italien faccia) ; devenu exclamation de surprise, parfois complétée en « fatche de con ! », ou simplement « fatche de ! » ;
- scoumougne, malédiction (du napolitain scomunica, excommunication) ; s'est répandu en français sous la forme scoumoune[8] ;
- chapacan, bon à rien (du piémontais ciapa can, attrape-chien[9].
- Mots d'origine arabe :
- Mot d'origine gitane :
- payo, non-gitan ; par dérivation, qualifie une personne d'une autre classe sociale)[7]
- Mots français d'usage local non standard, dont l'emploi est souvent calqué sur la traduction directe du provençal :
- pièce pour serpillère, pile pour évier, potager pour plan de travail (cuisine) ; Ces trois termes se retrouvent dans les mots provençaux pèço, pilo et poutagier, aux significations identiques.
- restaurant pour pain (de 200 grammes), tournedos pour steack haché ;
- plier (un objet) pour emballer (dans du papier), quitter pour enlever (un vêtement), porter pour apporter, mener pour amener. Les verbes provençaux plega, quita, pourta et mena s'emploient de la même façon.
- pourquoi pour parce que, comme pour comment ; (le provençal emploi également indifféremment perqué pour pourquoi et parce que et coumo pour comme et comment).
- con ne désigne pas le sexe de la femme (on préfère mounine, pageole, zézette, etc.), mais sert à exprimer l'étonnement (« Oh, con ! ») ou l'énervement contre une personne (« le con de [toi, lui, ta mère, sa race] ! » ; ainsi « le con de ta mère ! », souvent abrégé en « ta mère ! », n'a pas a priori de connotation sexuelle.
- Mots d'origine et d'usage purement locaux :
- chichi-frègi (littéralement « (petit) oiseau frit »), sorte de beignet de forme oblongue vendu exclusivement à l'Estaque ;
- goï, boîteux (rien à voir avec le terme hébraïque homophone) ; aussi adjectif (jambe goïe)
- càcou, jeune à l'allure un peu voyou ; cagole, fille vulgaire ;
- fly, pastis (on dit aussi jaune).
Spécificités grammaticales
- Usage fréquent d'impératifs de verbes pour attirer l'attention : « Tè ! » (tiens), « Vé ! » (vois), « Vaï ! » (vas) ;
- Usages transitifs de verbes non transitifs en français standard, sur le calque du provençal : tomber (un objet) ; « la personne que je t'ai parlé » ;
- Superlatifs-comparatifs : « je préfère mieux »[11], « c'est plus pire »
Spécificités phonologiques
- Prononciation des -e terminaux, normalement muets, comme des -a atones ;
- Élision des -l- mouillés : mi-(ll)-ion, esca-(l)-ier [12],[13] ;
- Diphtongaison du -i ou du -y après un a- ou un e- : île Maïre (« Mail-re »), Béouveyre (« Béouveil-re », les Aygalades (« Éïgalades) ».
Notes et références
- http://www.lepoint.fr/archives/article.php/205010
- Marseille Un gabian pour faire passer le tram, article dans 20 minutes-Marseille
- Zou pour des trains moins chers, article dans Métrofrance-Marseille]
- OM_maillots_Degun, publicité Olympique de Marseille
- Xavier de Fourvières, Lou Pitchot Tresor, Dictionnaire provençal-français et français-provençal
- Valladier, op.cit., p.89
- Laurent d'Ancona, Petit abécédaire marseillais à l'usage des non-payos, in Marseille l'Hebdo, 6 août 2003
- Bouvier, op.cit. p.152
- Blanchet, op.cit., p.35
- Valladier, op.cit., p.43 ; Bouvier (op.cit., p.61) voit en Dache un patronyme
- Bouvier, op.cit., p.137
- Bouvier, op.cit., p.177
- parler lyonnais particularité commune avec le
Bibliographie
- Claude Martel, Le parler provençal, éd. Rivages, Paris, 1988, 200 p., (ISBN 2-86930-188-X)? (ISSN 0985-6773)
- Robert Bouvier, Le Parler marseillais, éd. Jeanne Laffitte, Marseille, 1986, 192 p., (ISBN 2-86276-090-0)
- Philippe Blanchet, Dictionnaire du français régional de Provence, éd. Bonneton, Paris, 1991, 162 p., (ISBN 2-86253-109-X)
- Jean Jaque, Les Càcous, le parler marseillais, éd. Accolades, Marseille, 1996, rééd. par Aubéron, 2001, 192 p., (ISBN 2-84498-025-2)
- Jean-Marc Valladier, Le Parler gras, Glossaire marseillais iconoclaste, éd. Via Valeriano.bis, Marseille, 2004, (ISBN 2-05199839-5-6)
Voir aussi
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Catégories :- Variante du français
- Inventaire de dialectes
- Mots d'origine provençale liés aux activités maritimes :
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