Paléochrétienne

Paléochrétienne

Christianisme ancien

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La définition qui suit n'est pas habituelle. On entend habituellement par « paléochristianisme », le christianisme antérieur au IVe s., minoritaire dans l'Empire romain, qui le considèrait comme une religion illicite. La suite de l'article correspond d'ailleurs à cette périodisation.

Les termes doivent être précisés : le « christianisme ancien » commence avec le « christianisme primitif » qui va des origines à la fin de la « période apostolique » (i.e. celle où vivaient les apôtres, à peu près vers la fin du Ier siècle), et se termine au VIe siècle quand la doctrine a, pour sa plus grande partie, été fixée par les Pères de l'Église et les premiers conciles.

Sommaire

Chronologie

Les sources

Littérature chrétienne

Le premier siècle

Le Nouveau Testament

Le second siècle

la littérature patristique (90-160 apr. J.-C.). Ces textes, de caractère non canonique, se préoccupent d'instruction et de prédication.

Le début du christianisme

En ce qui concerne le début du christianisme, on est amené à distinguer :

  • les affirmations doctrinales, par exemple : le christianisme commence à la naissance de Jésus, à sa résurrection (pour les liens entre Jésus et le christianisme Jésus selon l'exégèse contemporaine), à la pentecôte,
  • les hypothèses historiques basées sur des faits réels, par exemple : le christianisme commence suite à la diffusion d'un message. Quelle que soit la date de rédaction retenue pour les épîtres, les évangiles, les actes, encore faut-il attendre que ces documents aient circulé. Le premier témoignage de cette circulation des écrits se situe en 140 quand Marcion de Sinope arrive à Rome, sachant que rien n'atteste concrètement de la circulation des lettres de Paul, ni pour certaines d'entre elles [1] qu'elles aient été envoyées, ni pour certaines autres [2] que leur forme actuelle soit leur forme initiale. Néanmoins la critique textuelle récente, c'est-à-dire l'évaluation scrupuleuse de la transmission des textes à travers les manuscrits, a permis d'établir un texte fiable des écrits du Nouveau Testament, en particulier pour des lettres de Paul (dont un échantillon significatif de papyrus date de la fin du IIe et du début du IIIe siècle [3]).

La recherche actuelle se concentre principalement sur la diffusion du message du christianisme, orale dans un premier temps (comme le livre des Actes le rapporte), écrite par la suite. La diffusion des Évangiles et Épitres est sujette à débat. Il est cependant probable que, dès la fin du premier siècle, il existait un certain nombre de paroles de Jésus qui circulaient [4]. La première épitre traditionnellement attribuée à Clément[5] cite une épître de Paul et on y trouve des citations se rapprochant de passages des évangiles selon Luc et selon Matthieu[6]. Marcion de Sinope, qui fut excommunié par la communauté chrétienne de Rome en 144 et fut à l'origine d'un nouveau courant, tout en rejetant l'Ancien Testament, liste les écrits qu'il considère canoniques, en se basant probablement sur un groupement pré-existant de lettres de Paul[7].

Le débat sur la question de la date des débuts du christianisme demeure encore ouvert entre un consensus anglo-saxon et une tendance européenne.

Le christianisme primitif

Le christianisme primitif est une expression qui doit être prise avec précaution. Le situer des origines à la fin de la période apostolique suppose chez Jésus de Nazareth la volonté de fonder une nouvelle religion, ce que rien n'atteste. De même, situer la fin du christianisme primitif à la fin des conciles christologiques suppose que la création et le développement d'un corpus dogmatique soit une nécessité intrinsèque du christianisme. L'élaboration d'une doctrine christologique ne répond pas à la nécessité intrinsèque du christianisme mais à l'institutionnalisation sous la houlette des empereurs, à commencer par Constantin et Justinien. Suite à la crise mélétienne[8] et aux difficultés de trouver un successeur à l'évêque d'Alexandrie, l'arianisme trouve un espace quasiment "médiatique" où se développer. Les débats sont assimilés au désordre à la faveur d'irrégularités dans l'élection de l'épiscope et le concile de Nicée est convoqué pour juger Arius. Il en sera de même pour les autres conciles et l'on se rendra vite compte que chaque concile crée un schisme[9].

Article détaillé : Dogmes catholiques.

Dans ce cas de figure, bien développé chez les chercheurs anglo-saxons réunis au colloque "The ways that never part"[10] le christianisme primitif correspond à la période des conciles ; auparavant, n'existe qu'un proto-christianisme (ou paléochristianisme), en fait, une forme spécifique de judaïsme recruté parmi les membres les plus eschatologiques des courants messianistes.

En Europe, on voit les choses un peu plus tôt. Un consensus s'est établi autour d'une période s'étirant de l'établissement de l'école de Yabneh à l'introduction de la Birkat ha-Minim à la fin du premier siècle parce que les nazoréens[11] ne s'étaient pas associés à la révolte de BarKochba[12].

Une Église primitive ?

Il convient tout d'abord de définir le terme Église, qui désigne initialement une communauté de chrétiens (du grec ancien ekklesia, assemblée du peuple). La question qui se pose est de savoir s'il existait une forme de structure ou d'autorité qui avait pouvoir de légiférer (ou d'émettre un avis) sur les problématiques qui devaient inévitablement surgir dans les différentes communautés de chrétiens.

Au début du christianisme, les fidèles suivent un maître, un peu selon le modèle des écoles pharisiennes ; le souvenir s'en transmet par l'invocation d'un apôtre à l'origine de telle ou telle Église régionale. Des indices de ce qu'a pu être l'organisation des pratiques des premiers disciples de Jésus de Nazareth apparaissent au travers des Actes des Apôtres.

Article détaillé : Église (institution).
Historique du concept d'Eglise primitive

L'Église primitive est un concept qui apparaît en 2 temps :

  • dans la période qui précède le mouvement cathare : toute une série de mouvements militant pour la pauvreté de l'Église (catholique romaine, à l'époque) prêchent la pauvreté par l'exemple en la référant à "l'Eglise Primitive" . En même temps apparaît l'idée que Jésus serait né dans un milieu pauvre.
  • l'autre élaboration du concept est celle de Luther qui prétend que sa Réforme est un retour à l'Église primitive

En fait, "l'Église Primitive" n'existe pas historiquement. Il n'y a pas "d'Église" au sens contemporain du terme avant l'institutionnalisation à laquelle procède Constantin [13] Le christianisme est d'abord constitué de communautés locales considérées comme plus ou moins hérétiques par le judaïsme à partir de la phase de Yabneh. Quand elles s'organisent, il n'y a pas "l'Église" mais l'assemblée locale autour de ses anciens presbyteroi et de son episcopos. Ce sont des écoles de pensée imitant les écoles de philosophie grecques dont le nom propre est "aeresis" (voir l'étymologie dans hérésie) [14]

L'idée de l'unité de l'église des origines, avec les hérésies qui viennent après, reste une doctrine propre au centralisme catholique. Selon Walter Bauer, historiquement les hérésies sont à la source même du christianisme.[15],[16]

Certains chercheurs se sont opposés à la thèse de Walter Bauer [17] [18]

Essai de généalogie du christianisme ancien

Les différents courants connus du judaïsme judéen du Ier siècle : Sadducéens, Esséniens, Pharisiens, ont soit disparu à la chute du Temple de Jérusalem autour de l'an 70, soit fusionné petit à petit avec ceux de la Diaspora surtout babylonienne d'où venait Hillel, ou égyptienne où avait vécu Philon d'Alexandrie, notamment autour de l'école de Yabné (vers l'an 90). [réf. nécessaire]

Les différentes hérésies ou hétérodoxies du christianisme primitif sont souvent tout autant des courants transversaux (au moins dans une aire culturelle donnée) qui lui ont donné naissance [19] que des groupes schismatiques. Les filiations réelles sont par ailleurs plus complexes que ce schéma ne le laisse penser ! Enfin, les sources d'information disponibles sont peut-être assez partisanes (comme les Actes des Apôtres ou les écrits des hérésiologues de la « Grande Église », qui ne prétendent pas à la neutralité, mais sont des mises en perspective de l'histoire).

notes et références

  1. lettre aux Colossiens
  2. Romains
  3. K. Aland. The Text of the New Testament
  4. Von Campenhausen, Hans. The Formation of the Christian Bible. Philadelphia: Fortress, 1968, p. 112
  5. dont la rédaction remonte aux alentours de 95
  6. Metzger, Bruce Manning. The Canon of the New Testament. Oxford: Clarendon, 1987, p. 41-43)
  7. McDonald, Lee M. The Formation of the Christian Biblical Canon. Peabody: Hendrickson, 1995, p. 157
  8. Richard E. Rubenstein, Le jour où Jésus devint Dieu, éd. Bayard 2000, rééd. La découverte, 2006
  9. Richard E. Rubenstein, op.cit.
  10. Colloque Oxford Princeton, Daniel Boyarin, Paula Frederiksen
  11. Sur la définition de ce groupe, un débat existe entre Blanchetière, Nodet, Jaffé et Édouard-Marie Gallez. Pour avoir l'opinion de Gallez, voir Judéo-nazaréisme
  12. Cf. André Trocmé, l'enfance du christianisme, Noésis et Francois Blanchetière, Le Monde de la Bible, numéro spécial, Sept 2007.
  13. voir par exemple Histoire du christianisme sous la direction de Alain Corbin, Paul Veyne)
  14. Frédéric Amsler, Comment construit-on un hérétique ? Nestorius pris au piège de Cyrille d'Alexandrie. dans Christologie VanDieren
  15. Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity de Walter Bauer, 1re édition 1932, nouvelle édition sous la direction de Robert A. Kraft etGerhard Krodel 1996 ISBN 0962364274
  16. Source : L'invention du Christ, naissance d'une religion, Maurice Sachot, Odile Jacob, coll. Le Champ Médiologique.
  17. Turner, H. E. W. The Pattern of Christian Truth. London: A. R. Mowbrey, 1954.
  18. Robinson, Thomas A. The Bauer Thesis Examined. Lewiston: Edwin Mellon, 1988. [1]
  19. Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity de Walter Bauer, 1re édition 1932, nouvelle édition sous la direction de Robert A. Kraft et Gerhard Krodel 1996 ISBN 0962364274

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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