- Medracen
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Medracen
Présentation Nom local Imedghassen Période ou style berbère africain hellénistique Architecte berbère Date de construction IIIe siècle av. J.‑C. Dimensions 18m50 Destination initiale mausolée numide Destination actuelle monument Protection World monuments watch Géographie Pays Algérie Région Aurès Subdivision administrative Batna Localité Boumia Coordonnées modifier Le Medracen (tombeau Imedghassen) ou Medghassen[1] ou Madghis, est un mausolée numide situé sur le territoire de la commune de Boumia, dans la wilaya de Batna en Algérie, datant du IIIe siècle av. J.‑C.. C'est un gigantesque dôme cerclé de colonnes surmontées de chapiteaux de style dorique.
C'est le plus ancien mausolée royal antique d'Afrique du nord. D'après des historiens médiévaux, il tirerait son nom d'un roi de Numidie. Il a été soumis pour figurer dans la liste du patrimoine mondial par les autorités algériennes en 2002[2]. Il est classé parmi les 100 monuments les plus en danger sur la Planète[3].
Sommaire
Description
De l'extérieur, Medghassen se présente sous la forme d'un socle cylindrique, souvent vu comme typiquement berbère et interprété comme une bazina à degrés, c'est-à-dire une construction de forme cylindrique surmontée d'un cône formé de gradins, mais à la fois plus grande que les bazinas courantes. D'un diamètre de 59 mètres et 18,50 mètres de haut, le tout en pierre de tailles rendues solidaires par des crampons en bois de cèdre enrobé de plomb…
Habillé d'un décor sobre emprunté à la civilisation hellénistique peut-être à partir d'intermédiaires puniques, 60 colonnes doriques surmontées d'une corniche dont la gorge égyptienne réparties entre de fausses portes, sculptées en trois points équidistants. Une plateforme au sommet supportait peut être une sculpture : lions, chariots, statues ailées ou autre sujet.
Etat de dégradation avancée
Le Medracen est en effet à ce jour en état de dégradation inquiétante .
L'infiltration de l'eau dans cette région très pluvieuse d'Algérie ainsi que l'usure liée au temps a une incidence grave . Le Medracen attend que l’on “panse” ses blessures causées par les affres des intempéries ou les mains des pilleurs. Les quelques pierres de taille n’ont pas encore été remises à leur place au niveau des gradins. Les brèches sont béantes et les quelques feuilles de zinc, qui les couvrent, semblent insuffisantes pour les protéger contre les ruissellements des eaux de pluie qui risquent, avec le temps, de s’infiltrer entre les pierres de taille et pourrir les troncs d’arbres qui continuent solidement à prêter “leurs dos” à la charge de ces montagnes de pierres de taille. “Combien de temps, ces troncs d’arbre résistent-ils à l’écrasement ?” Telle est la question qui se pose.
Medracen mérite un sort meilleur parce que les travaux d’urgence entrepris jusque là, sont loin d’atténuer les dégradations en attendant que les travaux de réhabilitation démarrent.
L’opération de l’étude spécifique à la réhabilitation du mausolée de Medracen d’un montant de 40 000 000 DA inscrite par la direction de l’urbanisme et de la construction de Batna n’a pas reçu l’approbation du ministère de la Culture.
La situation appelle l'urgence[4].
Interprétation archéologique
Pour Gabriel Camps les grands monuments funéraires berbères comme le Medracen , le Mausolée Royal de Maurétanie dit le tombeau de la chrétienne et les Djeddars de Frenda à Tiaret sont liés par une même tradition architecturale autochtone[5] [3]. Ils constitueraient une forme magnifiée des sépulture dites Bazinas attestées en Afrique du Nord depuis des milliers d'années.
Au contraire selon Yvon Thébert et Filippo Coarelli, le Medracen doit être compris comme le signe d'une nouveauté historique et culturelle : la vision de Camps est critiquée et considérée comme enfermant les peuples du nord de l'Afrique dans une immobilité culturelle et un isolement. Arguant du fait que le Medracen doit être daté de la fin du IIIème siècle avant notre ère ou de la première moitié du IIe siècle av. J.‑C.[6],[7], ces deux archéologues et historiens considèrent que le Medracen, comme les autres grands mausolées numides, ne doit pas être interprété comme la manifestation de la continuité culturelle locale, par comparaison avec les bazinas, mais par comparaison avec les mausolées hellénistiques comme le signe d'une rupture dans la société numide : les souverains numides adoptent le vocabulaire architectural et funéraire des grands royaumes hellénistiques et manifestent ainsi leur insertion dans le monde méditerranéen et leurs ambitions : « par son tombeau, la nouvelle dynastie proclame que les temps ont changé »[8]. Le Medracen appartiendrait donc à la grande archéologie méditerranéenne de l'époque hellénistique manifestant un goût archaïsant mais aussi une très bonne connaissance du vocabulaire architectural le plus récent comme en témoigne la présence d'une gorge égyptienne[9]. Le Médracen témoignerait donc pleinement de l'hellénisation choisie et active d'une aristocratie numide et de son insertion dans les puissances politiques méditerranéennes, hellénisation attestée aussi par les sources numismatiques et épigraphiques.
Le Mausolée Royal de Maurétanie, souvent nommé Tombeau de la Chrétienne est un monument similaire mais un peu plus tardif. Quant aux Djeddars, ils seraient plutôt dérivés des tumulus.
Historiographie
Moyen Âge
L'historien égyptien du XIe siècle Al Bakri était le premier à décrire le monument dans sa description de l'Afrique septentrionale. Il raconte que Madghis était un roi du pays et que dans le passé, un ordre fut donné à un grand nombre d'individus pour détruire le monument mais que le résultat est resté sans succès. Al Bakri parla aussi de beaux bas reliefs qui décoraient le mausolée représentant des animaux divers et couronné d'un arbre ou une structure[10], nul trace ne subsiste aujourd'hui de tels reliefs.
Ibn Khaldoun rapporte au XIVe siècle que, selon les références d'historiens berbères, Madghis serait l'ancêtre des Numides. Il cite Madghis comme un ancêtre des Berbères de la branche Botr (botr est le surnom de Madghis, Ibn Khaldoun , Histoire des Berbères ) : Zénètes, Ifren, Maghraoua (Aimgharen), Djerawa, Zianides, Mérinides, etc. Medracen serait aussi l'ancêtre des Sanhadja (Zirides, Hammadides, Almoravides) et des autres tribus berbères Kutama, etc[11]…
Note: Sur l'origine des Berbères, de nombreux historiens (comme Ibn Khaldoun Ibn Hazm, Salluste ou Hérodote) ou contemporains (comme Emile Félix Gautier ou encore Gabriel Camps), pour ne citer que les plus connus, divergent ; d'une façon globale entre eux et font l'objet de discussions ou de désaccords.
Premières fouilles
Les archéologues du XIXe siècle n'ont rien trouvé du tout, des restes du défunt ni du mobilier funéraire qui devait l'accompagner. Des générations de pillards avaient déjà tout emporté, surtout à l'époque turque. Le sommet du monument, incomplet devait être occupé par un édicule, qui a disparu lui aussi.
D'après une rumeur qui courait dans la région des Aurès vers 1866, l'ottoman Saleh Bey, gouverneur de Constantine en son temps, avait voulu entrer de force dans le monument, et a ordonné de tirer au canon sur le mausolée[13]. Cependant, d'après les fouilles de l'époque, Pierre-Felix Becker dément de telles allégations[13], même si d'autres sources indiquent qu'il y a réellement une brèche dans la pyramide de Madracen et que cela aurait été le fait de Saleh Bey[14],[15]
Lorsque les Français ont entrepris les fouilles au milieu du XIXe siècle, ils ont demandé aux habitants l'appellation du monument. Les habitants des Aurès l'appellent Madr-Hazem ou Madrazen[16]. Les Français le nomment Madracen[16].
Dès le début des fouilles, le Mausolée fut attribué à plusieurs noms comme Syphax[16] ou des parents de Massinissa[13] ou de Micipsa[17],[18]. Le monument fut décerné aussi aux Romains[16], et l'hypothèse fantaisiste fut avancée que Probus aurait érigé ce monument à la gloire d'Aradion, hypothèse par la suite démentie par les chercheurs[13],[19].
Une fouille rapide a été entreprise par l'armée française en 1854 sous le commandement de M. Brunon. Quelques pièces archéologiques ont été retrouvées par l'équipe chargée de la fouille dont M. Cahen, celui qui a rédigé un rapport sur la fouille[13],[20].
Les objets trouvés à proximité du monument d'après le rapport M Cahen grand-rabbin : des morceaux de silex de plusieurs formes, des colliers, du cuir, de la laine, un bout de cuivre, des bracelets et anneaux, un crochet en fer, du plomb, une hachette, des plats en bois et en terre cuite, deux crânes, des ossements, de l'ivoire, une lampe en terre cuite, des médailles, etc[13],[21].
Les objets en question ont été envoyés au musée de Paris[13]. Les objets ont curieusement disparu du musée de Paris sans aucune explication de la part des responsables[10].
D'après le zoologue Jules René Bourguignat qui s'était penché sur les antiquités algériennes, le monument appartiendrait aux rois Numides et serait leur sépulture. L'auteur dément catégoriquement que Madracen est un monument romain[19]. Le chercheur Jules-René Bourguignat signale que Madracen est un monument Libyque qui atteste l'origine des Chaouis, des Kabyles, etc[19].
Et d'après Honoré Gibert en 1882, Madghassen serait le plus beau et le plus important site berbère de l'Algérie. Le monument représente Madrès (Madghis) qui serait le père fondateur de la Numidie et donc un probable ancêtre de Massinissa[22],[23]
Légende orale
D'après la légende orale, la Kahina (la reine Dihya) venait souvent à cet endroit pour se recueillir devant le mausolée. D'après Ibn Khaldoun, Medghassen étant l'ancêtre des Zénètes, il était donc indirectement celui de la Kahina.
Postérité
L'aéroport de Batna portait le nom de Madghacen[24]. L'architecture de son salon d'honneur a été inspirée par le Medracen[25] Le président Liamine Zéroual avait nommé l'aéroport de Batna à la gloire du roi berbère Medracen, mais, après l'aéroport changea de nom pour devenir Mostefa Ben Boulaïd.
Le mausolée de Medghassen est classé parmi les 100 monuments historiques les plus menacés dans le monde[26]
Non loin du monument, la nouvelle ville est un projet de construction de la Wilaya de Batna[27].
Vue du mausolée par satellite [4]
Références
- Également orthographié Madracen, Madghacen ou Medghacen (se prononce Madrassène).
- [1] UNESCO
- (en) World Monuments Watch
- http://www.liberte-algerie.com/edit_archive.php?id=112454
- L'Algérie des premiers hommes, Ginette Aumassip
- Thébert et Coarelli, p. 765
- -220) ±155 Colette Roubet « Premières datation par le C14 obtenues à Alger », L’anthropologie, 74, 1970, pp. 640-641 : le bois du medracen est daté de 2170 BP (=
- Thébert et Coarelli, p. 800
- Thébert et Coarelli, p. 776
- Imedghassen : Ibbed Dh Iddher
- Tribus berbères d'après M. Albarnossé tirées du livre d'Ibn Khaldoun voir le résumé de M. Albarnossé
- Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères
- Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique de la province…, de Société archéologique
- Revue de l'art chrétien De Société de Saint-Jean
- [2]
- Revue africaine, volume 61, 1920, Société historique algérienne
- History of Art in Phœnicia and Its Dependencies De Georges Perrot, Charles Chipiez, Walter Armstrong
- http://books.google.fr/books?id=MoMOAAAAQAAJ&pg=PA384&dq=madracen+micipsa History of Art in Phœnicia and Its Dependencies De Georges Perrot, Charles Chipiez, Walter Armstrong
- Jules René Bourguignat, Souvenirs d'une exploration scientifique dans le nord de l'Afrique [lire en ligne]
- http://books.google.fr/books?id=r8E4AAAAMAAJ&pg=PA303&dq=madracen#PPA303,M1
- http://books.google.fr/books?id=r8E4AAAAMAAJ&pg=PA303&dq=madracen#PPA305,M1 Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique, De société archéologique
- Musée d'Aix, Bouches-du-Rhône, Honoré Gibert, Aix mus
- http://books.google.fr/books?id=F_UHAAAAQAAJ&pg=PA238&dq=madracen
- [www.rimi.dz/zones/SGI%20BATNA.doc]
- [ El Watan :: Régions ]
- http://www.worldmonumentswatch.org/ Par World Monuments Fund
- La tribune;
Voir aussi
Bibliographie
- Gabriel Camps, « Nouvelles observations sur l'architecture et l'âge du Medracen, mausolée royal de Numidie », CRAI, 1973, 117-3, p. 470-517 Lire en ligne.
- Yvon Thébert et Filippo Coarelli, « Architecture funéraire et pouvoir : réflexions sur l'hellénisme numide », MEFRA, Année 1988 Lire en ligne
- Serge Lancel, L'Algérie antique, édition Mengès, Paris 2003.
Liens externes
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