- Marie-Josèphe de Saxe
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Cet article concerne la dauphine de France. Pour la reine d'Espagne, voir Marie-Josèphe de Saxe (1803–1829).Cet article concerne la dauphine de France. Pour la mère de Charles Ier d' Autriche, voir Marie-Josèphe de Saxe (1867-1944).
Marie-Josèphe Caroline Éléonore Françoise Xavière de Saxe (Maria Josepha Carolina Eleonore Franziska Xavière von Sachsen, 1731-1767), fille d'Auguste III, roi de Pologne et électeur de Saxe et de Marie-Josèphe d'Autriche, elle épousa en 1747, Louis, dauphin de France, fils aîné de Louis XV, roi de France et de Navarre, et de Marie Lesczynska.
Elle est la mère des trois derniers rois de France de la Maison de Bourbon ayant effectivement régné : Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.
Réputée pour son intelligence, sa douceur et sa droiture, elle forma avec son mari, jeune et inconsolable veuf de l'infante d'Espagne Marie-Thérèse de Bourbon dont il avait eu une fille, Marie-Thérèse en 1746, un couple harmonieux. Le dauphin étant mort prématurément, Marie-Josèphe de Saxe ne devint pas reine de France. Au contraire : la "triste Pepa", comme la surnommait son beau-père, suivit de peu son mari dans la tombe.
Sommaire
Biographie
Une famille unie...
Très attachée à ses parents et à sa très nombreuse fratrie, Marie-Josèphe, souffrit des malheurs de sa famille confrontée aux exactions de la soldatesque prussienne pendant la guerre de Sept Ans.
Devenue dauphine grâce à l'entregent de son oncle, le maréchal de Saxe, le vainqueur de Fontenoy et à la marquise de Pompadour, favorite royale, elle fit venir à la cour de Versailles son frère préféré François-Xavier de Saxe. Régent de Saxe de 1763 à 1768, celui-ci ne put être élu roi de Pologne tandis que leur sœur Christine de Saxe fut nommée par le roi abbesse du prestigieux chapitre de Dames Nobles de Remiremont.
Elle était également la sœur de Marie-Amélie de Saxe, reine de Naples et de Sicile puis d'Espagne, et de Clément Wenceslas de Saxe, archevêque électeur de Trêves, qui accueillit sur ses terres les émigrés français opposés à la Révolution Française.
... Un mariage hautement diplomatique
Veuf inconsolable de sa première épouse, le dauphin de 17 ans ne convola une seconde fois qu'avec la plus grande réticence. Le roi d'Espagne proposa sa plus jeune sœur, on pensa aussi aux princesses Eléonore et Marie-Louise de Sardaigne.
Le maréchal de Saxe, s'appuyant sur les bonnes dispositions de la marquise de Pompadour, favorite royale, put faire prévaloir ses intérêts : opposées à la France pendant la guerre de succession d'Autriche qui se déroulait, le mariage saxon permettrait une réconciliation entre la Saxe et la Pologne et la France. La France retrouverait son influence dans l'est de l'Europe.
Quant à la favorite, elle pensait avec raison qu'en favorisant ce mariage, elle éviterait de la part de la nouvelle dauphine les avanies que lui avait fait subir la précédente.
Cependant, le mariage du dauphin Louis et de Marie-Josèphe posait un problème épineux : le grand-père de Marie-Josèphe, Auguste II de Pologne, était depuis 1733 et malgré la guerre de succession de Pologne, le concurrent victorieux du père de la reine de France, Stanislas Leszczynski, au trône de Pologne : un tel mariage ne pouvait que déplaire à la reine qui se recroquevillait déjà sur les blessures causées par ses déboires conjugaux.
Quant au roi, seul maître depuis la mort du cardinal de Fleury et aux prises avec la Guerre de succession d'Autriche, il venait également d'imposer à la cour sa nouvelle maîtresse dont les origines sociales indisposaient la cour, une bourgeoise ambitieuse et amie de la philosophie des Lumières vite titrée marquise de Pompadour et qui, au contact de son ami, le populaire Maréchal de Saxe, talentueux officier au service de la France, vainqueur de la bataille de Fontenoy et fils adultérin d'Auguste Ier de Pologne et oncle « de la main gauche » de la dauphine, avait favorisé ce mariage.
À 16 ans, Marie-Josèphe faisait son entrée dans la cour la plus brillante mais aussi la plus cancanière d'Europe et intégrait une famille déchirée.
Une famille déchirée
À l'époque du mariage, le roi et la reine vivaient séparément depuis près de 10 ans.
Louis XV était un homme de 38 ans timide et blasé mais dont la beauté était célèbre.
La pieuse reine Marie Leszczyńska, mère de 10 enfants et de 7 ans plus âgée que son mari, avait depuis longtemps interdit sa porte à son mari. Elle vieillissait. Recluse au milieu de vieux amis vieillissants, pratiquant les arts d'agréments et la charité, elle n'oubliait pas cependant que son père Stanislas Leszczynski avait été le concurrent malheureux au trône de Pologne face au grand-père puis au père de Marie-Josèphe. Elle s'était résignée à l'échec de son mariage (qui était l'aboutissement d'une intrigue de cour dont elle était l'objet).
Les filles du couple royal, Mesdames, acquise à la cause de leur mère, ne cessaient de blâmer la vie déréglée de leur père. Le dauphin Louis-Ferdinand, veuf de dix-sept ans, souffrant des souffrances de sa mère et « divinisé » par ses sœurs, ne savait dissimuler sa désapprobation et ne s'entendait pas non plus avec son père.
La nouvelle dauphine, surnommée Pepa, sut se concilier à la fois Mme de Pompadour, son beau-père Louis XV et sa belle-mère la reine Marie Leszczynska mais dut aussi compter avec la haine de son mari et de ses belle-sœurs pour la favorite.
C'est dans ce contexte difficile que la dauphine parvint à se faire aimer de tous, tant elle était intelligente, douce et aimante.
Le bracelet de la dauphine
Il était de tradition que trois jours après les noces, la dauphine portât un bracelet à l'effigie de son père. La reine, souvent humiliée par les maîtresses de son mari, devrait-elle subir cet affront imposé grâce au protocole par sa belle-fille ?
Le jour dit, avisant le bracelet, elle demanda à sa jeune belle-fille si c'était bien là le portrait de son père. La jeune fille acquiesça et lui montra le bijou : il représentait le portrait de Stanislas qui, depuis le mariage, était devenu le grand-père par alliance de la princesse. La reine et la cour furent fortement impressionnées par le tact de cette jeune fille de 15 ans.
Marie-Josèphe aurait encore à faire montre de tact et de diplomatie dans sa nouvelle famille et cette cour où régnaient toutes sortes d'inimitiés et d'intrigues.
En effet, son mari, déjà veuf à 17 ans, ne pouvait oublier sa première épouse morte en couches après lui avoir donné une fille et traitait la seconde avec froideur. À force de tact, de douceur et soutenue par sa belle-sœur Madame Henriette, elle conquit peu à peu son époux et son couple fut un des plus solides de l'histoire de France. On la vit même pleurer sincèrement lorsque la petite Madame, issue du premier mariage de son époux mourut prématurément à l'âge de deux ans.
La mère des derniers rois de France
Après trois années de stérilité et d'espérances trompées (et de critiques de la cour), la jeune dauphine mit au monde huit enfants entre 1750 et 1764 (et fit plusieurs fausses-couches). Ses trois fils survivants montèrent sur le trône de France (les 3 derniers rois de France effectifs) :
- Fils mort né (1748)
- Fils mort né (1749)
- Marie-Zéphyrine (1750-1755) dite Madame
- Louis, duc de Bourgogne (1751-1761)
- Fille mort-née (1752)
- Louis-Xavier, duc d'Aquitaine (1753-1754)
- Louis-Auguste, duc de Berry puis dauphin, futur Louis XVI (1754-1793) épouse en 1770 Marie-Antoinette d'Autriche (1755-1793)
- Louis-Stanislas, comte de Provence, futur Louis XVIII (1755-1824) épouse en 1771 Marie-Joséphine de Savoie (1753-1805)
- Fils mort-né (1756)
- Charles-Philippe, comte d'Artois, futur Charles X (1757-1836) épouse en 1773 Marie-Thérèse de Savoie (1756-1810
- Marie-Clotilde, dite Madame (1759-1802) épouse en 1775 Charles Emmanuel IV(1751-1824), roi de Sardaigne et duc de Savoie
- Enfant mort-né (1762)
- Élisabeth, dite Madame Élisabeth (1764-1794)
Son fils aîné, le duc de Bourgogne, enfant précoce, la comblait de fierté. Elle débordait pour lui d'amour maternel. De même que le dauphin, son mari, elle ne pouvait s'empêcher de le préférer à ses autres enfants (ce dont le futur Louis XVI souffrit). Sa mort, en 1761, fut pour elle une épreuve que, seule, sa piété lui permit d'accepter.
Le couple delphinal
Elle avait eu aussi à conquérir son mari, le dauphin Louis-Ferdinand qui, tout à son veuvage, la fuyait voire la méprisait. À force de patience et d'attentions, mais aussi avec la complicité de sa belle-sœur, Madame Henriette, elle réussit à former avec son époux un couple très uni. Aussi la mort prématurée de cette jeune belle-sœur lui causa-t-elle un immense chagrin.
Ayant conquis son mari, Marie-Josèphe souffrit avec lui de la politique que le roi, en butte aux protestations permanentes des Parlements, dut mener tout comme du gallicanisme dont était empreint le clergé de l'époque. D'une foi profonde, Marie-Josèphe, soutenue par son premier aumônier, l'évêque de Verdun, Aymar de Nicolaï était, comme Louis-Ferdinand, proche du parti des dévôts.
Pour le couple delphinal, qui voyait avec justesse dans les Parlements non les défenseurs du peuple contre l'arbitraire royal mais une caste de privilégiés égoïstes et démagogues, l'Expulsion des jésuites fut un coup très rude.
Bientôt la princesse fut confrontée à la maladie de son mari. En effet, le dauphin fut atteint de tuberculose. Marie-Josèphe soigna et veilla elle-même son mari jusqu'à la fin et, veuve, suivit scrupuleusement les consignes maritales en matière d'éducation de leurs enfants ce qui ne fut pas forcément judicieux dans la mesure où elle avait elle-même de très bonnes idées qu'elle sacrifia.
Diplomate et ne partageant l'animosité ouverte de la première dauphine à l'égard de la marquise de Pompadour (à qui elle devait son mariage), elle contribua également à rapprocher le roi de son fils.
Louis XV adorait sa belle-fille, en qui il avait grande confiance.
Opposée au rapprochement entre la France et l'Autriche , la dauphine n'était pas favorable au projet de mariage de son fils aîné avec l'archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche.
La triste Pepa
Les épreuves ne furent pas épargnées à cette princesse que son beau-père surnomma « la triste Pépa » : en 1757, son pays natal, la Saxe, est envahie et pillée par les armées du roi Frédéric II de Prusse. La mère de Marie-Josèphe, Marie-Josèphe d'Autriche, fille de l'empereur Joseph Ier, brisée par la douleur et les mauvais traitements de la soldatesque prussienne, en meurt.
En 1764, cédant aux parlementaires, Louis XV fut contraint d'expulser les jésuites au grand dam du couple delphinal.
Mariée à 16 ans, Marie-Josèphe est d'abord critiquée pour ne pas donner d'enfants à la couronne. Elle accouchera pour la première fois après 3 ans de mariage à 19 ans.
Au cours de ces années également, les déboires et les deuils de la famille royale de France se multiplient :
- 1750 : mort du maréchal de Saxe, son oncle et mentor à la cour.
- 1752 : mort de Mme Henriette, sa belle-sœur à 24 ans.
- 1755 : mort de sa fille aînée, Marie-Zéphyrine à 5 ans.
- 1757 : Pillage de la Saxe et mort de sa mère, la reine Marie-Josèphe de Pologne. Le roi Louis XV, victime d'un attentat, survit à ses blessures.
- 1759 : mort à Versailles de Mme Élisabeth, duchesse de Parme (Madame Infante), sœur jumelle de la feue Madame Henriette
- 1761 : mort de Louis, duc de Bourgogne, son fils aîné.
- 1763 : mort de son père, le roi Auguste III de Pologne et de sa nièce Isabelle de Parme, à 22 ans, sa nièce élevée à Versailles. Aînée des petits enfants du roi, elle avait épousé le futur empereur Joseph II.
- 1764 : mort de la marquise de Pompadour.Suppression en France de l'Ordre des Jésuites.
- 1765 : mort de son époux le dauphin Louis-Ferdinand, à 36 ans de tuberculose et de son beau-frère, Philippe Ier, duc de Parme.
- 1766 : mort accidentelle du roi Stanislas Leszczynski, son grand-père par alliance.
Marie-Josèphe ne se remit jamais de la mort du dauphin qu'elle avait soigné elle-même jusqu'à la fin. Elle contracta son mal et mourut de tuberculose le 13 mars 1767, âgée de 36 ans, laissant orphelins ses enfants aux tragiques destins.
Héraldique
Figure Blasonnement écartelé au 1) et 4 de gueules à l'aigle d'argent, becquée, membrée, languée ,liée et couronnée d'or au 2) et 3) de gueules au chevalier d'argent ornée d'or tenant un bouclier d'azur chargé d'une croix patriarcale d'or; sur le tout fascé de sable et d'or au crancelin de sinople mis en bande[1]. Voir aussi
- Marie-Josèphe de Saxe, de François Bluche, Hachette, 1970
Notes et références
- généalogie magazine n° 307 page 30
Précédé par Marie-Josèphe de Saxe Suivi par Marie-Thérèse de Bourbon Dauphine de France 1747-1765 Marie-Antoinette d'Autriche Catégories :- Branche albertine de la maison de Wettin
- Dauphine de France
- Naissance en 1731
- Décès en 1767
- Mort de la tuberculose
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