- Mariage selon la tradition juive
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Mariage juif
Le mariage, alliance d'un homme et d'une femme dans le but de former une famille, est fortement réglementé par la religion judaïque ; tant dans les pratiques rituelles que dans le vécu des individus. De ce fait, une forte tradition se maintient dans les aires culturelles où cette religion a étendu son influence.
Pour le judaïsme, le mariage est un acte religieux de sanctification et d'élévation. Devant l'Éternel et la communauté d'Israël, un homme et une femme acceptent de vivre ensemble dans l'amour et le respect mutuel, et de transmettre à leur descendance les valeurs traditionnelles. Le couple est alors comparé à un autel de sainteté. Le mariage juif orthodoxe est célébré selon de nombreuses coutumes et lois qui ont pour but de faire transparaître toute sa signification spirituelle et matérielle. Tous ces rites expriment à l'aide de gestes, de symboliques et de versets, le sens profond de l'union d'un homme et d'une femme, y compris l'établissement d'un certain nombre d'obligations qui se créent automatiquement entre les époux. Ces obligations relèvent notamment de la pratique religieuse, des obligations morales et des obligations pour l'homme de protéger sa femme. Selon la loi juive, trois devoirs incombent au mari : nourrir et vêtir sa femme, et la satisfaire au niveau des rapports conjugaux.
Autrefois, du temps des Hébreux, selon la règle du lévirat, lorsque le conjoint de la femme mourait sans avoir eu d'enfant, le beau-frère de celle-ci se devait de la prendre comme épouse. Le but était de donner de façon posthume une descendance au défunt (l'enfant étant nommé en son souvenir) par l'intermédiaire de son frère. Ils pouvaient néanmoins échapper à cette contrainte par la cérémonie de la Halitsa : la femme crachait sur la chaussure de son beau-frère, ce qui avait pour effet de délier les deux protagonistes de leur mutuelle obligation.
Sommaire
Les pratiques du mariage juif
Le mariage juif requiert un extrait d'acte de naissance, un acte de mariage des parents (appelé communément kétouba), le livret de famille des parents, et le livret de famille des mariés, afin de prouver la judéité des futurs conjoints.
Avant le mariage
Pour commencer, les futurs époux doivent remplir un certain nombre de démarches avant le mariage, que ce soit un mariage en Israël ou en France ou partout ailleurs dans le monde. Ces formalités sont notamment destinées à définir si l'homme et la femme qui se présentent sont aptes à se marier selon les préceptes de la loi juive. Il est nécessaire de contacter le rabbin trois mois avant la cérémonie. Un dossier est établi et la femme et l'homme doivent ensuite suivre plusieurs cours avant le mariage. Ces cours portent sur des sujets notamment de pureté familiale selon la tradition juive, mais également sur le sujet de la vie en couple, afin de pouvoir transmettre aux futurs époux de précieux conseils pour leur nouvelle vie à deux. Après avoir achevé le cycle de ces cours, la femme pourra sera autorisée à se rendre la veille du mariage au bain rituel (Mikvé).
Environ deux mois avant la cérémonie, les futurs époux doivent étudier dans le détail auprès d'un rabbin (pour Monsieur) ou de sa femme (pour Madame) les lois dites de "pureté familiale" (Niddah). Il s'agit des lois régissant les rapports entre époux, l'un envers l'autre et séparément.
Le jour du mariage
En général, les mariés ne se rencontrent pas volontairement durant plusieurs jours avant le mariage afin de pouvoir chacun méditer sur l'importance de l'acte qu'il va accomplir. Le jour du mariage est un jour extrêmement propice au repentir des fautes passées, à tel point que certains mariés jeûnent le jour de leur mariage et lisent à la place de la prière normalement récitée l'après-midi tous les jours de l'année, la prière que l'on récite le jour du Yom Kippour (grand pardon). Leurs péchés sont pardonnés ce jour-là car commencent une nouvelle vie à deux, et cela symbolise le fait que leur union est en quelque sorte la naissance d'une nouvelle âme par la fusion de leur âme respective. Les mariés sont considérés comme ayant un statut de roi et reine et ce durant un an, et particulièrement pendant les sept jours qui suivent le mariage. C'est pour cela qu'il leur est interdit de faire tout travail que ce soit, et donc les proches profitent de l'occasion pour accomplir une bonne action, tels des serviteurs qui servent leur roi : ils habillent les mariés avant la cérémonie, ils invitent à manger les jeunes époux durant les sept jours, etc.
Le dais nuptial
Le mariage juif est célébré sous le dais nuptial (Houppa). Cela symbolise le nouveau foyer qui est appelé, selon le prophète Malachie, sanctuaire pour l'Éternel. Le déroulement de la cérémonie se passe de la manière suivante: Le rabbin qui officie se trouve sous le dais nuptial, le marié est invité à l'y rejoindre, et il vient accompagné généralement de ses parents. Ensuite, on invite à venir les personnes proches (parents, grands-parents, frères et sœurs), et enfin c'est la mariée qui est invitée. Elle s'arrête quelques mètres avant le dais nuptial, et le marié descend lui mettre le voile sur le visage. Ce geste symbolise le fait que le marié vérifie qu'il s'agit bien de sa femme et il la recouvre lui-même pour en être certain, et cela relate la tromperie de Laban envers Jacob qui lui donna Léa à la place de Rachel. Ensuite il remonte suivi de sa future épouse.
Cérémonie religieuse
Le rabbin officiant commence par remplir un verre de vin et à lire la bénédiction des fiançailles:
"Soit loué, Eternel, notre Dieu, roi de l'Univers, qui a crée le fruit de la vigne."
"Soit loué, Eternel, notre Dieu, roi de l'Univers, qui nous a sanctifiés par tes commandements, et nous a donné des prescriptions concernant les unions entre proches parents en nous interdisant les fiancées d'autrui et en nous permettant les unions consacrées par le mariage religieux."
"Soit béni, Eternel, qui sanctifie Israël, ton peuple, par le dais nuptial et la consécration du mariage."
Les époux goûtent alors au vin. C'est après cela que l'homme acquiert sa femme à l'aide d'un anneau en or uniquement, rond et lisse. Il récite à ce moment-là la phrase suivante :
"Tu m'es à présent sanctifiée par cet anneau, selon la loi de Moïse et d'Israël".
Il passe alors l'anneau sur la première phalange de l'index de sa femme, qui plie le doigt sitôt après. Le fait qu'il n'y ait pas de réciprocité de l'acte choque l'esprit féministe, il faut resituer le geste dans son contexte social. À l'époque de la Bible et du Talmud, la femme ne travaillait pas et dépendait économiquement de son mari, en lui offrant un objet (bague, boucle d'oreilles, collier, etc.). Le mari promettait devant témoins et la communauté de protéger sa bien-aimée. La société et les esprits ayant changé, la femme peut remettre à son mari un anneau, à la fin de la cérémonie. Ensuite, le rabbin officiant lit l'acte de mariage (la Ketouba) dans la langue araméenne. Ce document témoigne des obligations financières et matérielles de l'homme envers sa femme. Voici la traduction de la Ketouba :
Le ... jour de la semaine, le ... du mois de ... en l'année 57... de la création du monde, suivant le compte que nous effectuons ici dans la ville de ... , voici comment M. ..., fils de M. ... a dit à cette jeune fille ..., fille de M. ... : "Sois ma femme conformément à la loi de Moïse et d'Israël et moi, avec l'aide des Cieux, je travaillerai pour toi, je t'honorerai, te nourrirai, t'entretiendrai, t'alimenterai et te vêtirai. Conformément aux obligations imposées aux maris juifs qui travaillent, honorent, nourrissent et entretiennent leurs femmes avec fidélité. Je te donnerai ta nourriture, tes vêtements, ce dont tu as besoin, et je vivrai avec toi comme mari et femme, tel que l'usage l'exige. Et ..., cette jeune femme, a déclaré qu'elle consentait à être sa femme." Ainsi a dit M. ... : "Ce contrat devra être payé par moi ou par mes héritiers après moi, sur mes meilleurs biens et acquisitions qui sont sous les cieux que j'ai acquis ou que j'acquerrai, sur les biens meubles ou fonciers, gagés ou hypothéqués. Ils garantiront ce contrat de mariage jusqu'au vêtement que je porte, que je sois vivant ou mort, à partir d'aujourd'hui et à jamais." M. ... s'engage à respecter les clauses de ce contrat avec la gravité qui s'impose pour tout contrat de mariage en cours chez les filles d'Israël, conformément à l'institution rabbinique et non comme une simple promesse, ni comme de simples formulaires. Nous avons effectué un acte d'acquisition auprès de M. ..., fils de M. ..., pour ..., fille de M. ..., sur tout ce qui est mentionné ou explicité plus haut. Ainsi tout a été certifié, clarifié et bien-fondé.
L'acte de mariage devra être signé non seulement par le rabbin officiant mais également par deux témoins qui ne sont pas liés aux mariés par le sang. L'acte de mariage est ensuite remis à la femme qui le conservera précieusement. On rempli un second verre de vin et commence alors la cérémonie des sept bénédictions (Chéva Berakhoth). Elles ont pour signification la relation entre le les époux et le Tout Puissante, et la joie qui accompagne le mariage :
"Soit loué, Eternel notre Dieu, roi de l'Univers, qui a crée le fruit de la vigne."
"Soit loué, Eternel notre Dieu, roi de l'Univers, qui a tout crée pour sa gloire."
"Soit loué, Eternel notre Dieu, roi de l'Univers, créateur de l'homme."
"Soit loué, Eternel notre Dieu, roi de l'Univers, qui a crée l'homme à Son image et qui en a fait un monument pour l'éternité. Soit loué, Eternel, créateur de l'homme."
"Sion se réjouira quand l'Eternel rassemblera ses enfants. Soit loué, Eternel, qui réjouis Sion par ses enfants."
"Puisses-tu réjouir ce couple bien-aimé comme autrefois tu as réjoui les créatures dans le jardin d'Eden, Soit loué, Eternel, qui réjouis fiancé et fiancée."
"Soit loué, Éternel, notre Dieu, roi de l'Univers, qui a crée la joie, l'allégresse, le fiancé, la fiancée, l'amour et la fraternité, les délices et les plaisirs, l'amitié et la paix. O Dieu, notre Dieu, que bientôt on entende dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem, la voix de la joie, la voix de la réjouissance qui précède les fiancés sortant de leur dais nuptial et celle des jeunes gens de leurs festins pleins de chants. Soit loué, Eternel notre Dieu, roi de l'Univers, qui réjouis et fais prospérer le fiancé et la fiancée."
Ensuite, les époux boivent le vin.
Le bris du verre
La dernière étape de la cérémonie, est le bris du verre, censée rappeler la destruction du temple de Jérusalem, et par là nous signifier qu'aucune joie ne peut être entière tant que le temple de Jérusalem n'est pas reconstruit. Le marié récite la phrase suivante du Psaume 137 : « Si je t'oublie Jérusalem que ma droite m'oublie. Que ma langue se colle à mon palais si je ne rappelle pas ton souvenir, si je n'élève pas Jérusalem au dessus de ma joie ». Le marié casse ensuite un verre avec son pied.
Mais cette explication rituelle en cache une autre, liée aux multiples démons du folklore yiddish. En effet, casser un verre est censé éloigner un démon, sitre-akhre, en lui donnant sa part à la cérémonie. Il peut ainsi aller ailleurs ruiner le mariage d'un autre couple[1]. Le Talmud propose une autre explication à cette coutume : « Mar, le fils de rabina, avait fait un banquet de noces pour son fils. Il remarqua que les rabbins étaient de très joyeuse humeur. Il fit apporter une coupe précieuse qui valait quatre cents zuzim et la cassa devant eux de sorte qu'ils s'assombrissent[2] ». Selon les tossafots, les suppléments aux commentaires du Talmud de Rachi : « C'est depuis ce moment que se pratique la coutume de casser un verre au mariage[3] ».Repas de prescription (Seoudat Mitzva)
Il existe une obligation particulière de réjouir les jeunes mariés. Une réception suit donc la cérémonie avec un repas de fête durant lequel il est d'usage de manger du pain et de la viande, accompagné de musique et de danses. Après le repas, tous les invités se réunissent afin de réciter les action de grâces (Birkat Hamazone), et après cela, les sept bénédictions (Chéva Berakhoth) seront à nouveau récitées sur un verre de vin. De même, durant les sept jours qui suivent le mariage, les mariés sont invités par leurs proches à un banquet en leur honneur, qui est suivi encore une fois de la récitation des sept bénédictions.
Notes et références
Toutes les lois citées dans cet article proviennent en majeure partie du Choulhan Aroukh.
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