- Marc Antoine Jullien (fils)
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Marc Antoine Jullien (de Paris)
Marc-Antoine Jullien, dit Jullien fils, né le 10 mars 1775 à Paris, mort le 4 avril 1848 à Paris, est un révolutionnaire et un homme de lettres français
Sommaire
Biographie
Fils de Marc Antoine Jullien, député de la Drôme à la Convention, il entre au collège de Navarre en 1785, études bouleversées par le début de la Révolution. Encouragé par sa mère, une ardente patriote, Marc Antoine Jullien s'essaye au journalisme, collaborant dès 1790 au Journal du Soir. L'année suivante, il s'affilie au club des Jacobins, où il s'oppose à la guerre.
Au printemps 1792, il est envoyé en mission à Londres par Condorcet, alors président du comité diplomatique de l'Assemblée législative. Comme élève-diplomate, il devient l'intermédiaire officieux entre les libéraux anglais et les dirigeants du parti girondin, rencontrant Talleyrand et Lord Stanhope, chef de l'opposition à Pitt.
Rentré en France à l'automne, il est nommé aide-commissaire puis commissaire des guerres à l'armée des Pyrénées, en janvier 1793. Par la suite, il est muté à Tarbes, avant d'être réformé « par défaut d'âge ». Réintégré le 16 avril, il rejoint l'armée des Pyrénées, avant d'être rappelé à Paris le 4 août.
Devenu un proche de Robespierre, il est envoyé en mission par le Comité de salut public dans les ports du littoral atlantique le 10 septembre 1793. Chargé d'assurer la surveillance de la situation militaire et la propagande jacobine, il envoie des rapports sur l'esprit public. À Nantes, il dénonce Carrier dans une lettre à Robespierre, le 4 février 1794. Puis, à Bordeaux, il s'oppose à Tallien et à sa maîtresse, Thérésa Cabarrus.
Rappelé à Paris, il quitte Bordeaux le 24 avril 1794. Il est nommé adjoint à la Commission exécutive de l'instruction publique.
De retour à Bordeaux le 18 mai, il épure la municipalité et le club, tout en assurant la chasse aux députés girondins cachés.
Marc Antoine Jullien se voit déjà devenir un grand personnage de la Révolution, mais son protecteur, Robespierre, est guillotiné le 9 thermidor an II (27 juillet 1794). Destitué, il est arrêté le 10 août et envoyé en prison. Détenu à la maison de santé de Notre-Dame-des-Champs, il témoigne lors du procès de Carrier[1]. Il renie Robespierre dans des mémoires justificatifs et recouvre sa liberté, grâce à son père, le 14 octobre 1795, dix jours après l'échec de l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV.
L'un des fondateurs du club du Panthéon, il se lance dans le journalisme, créant L'Orateur plébéien, une feuille démocrate et modérée. Le 13 mars 1796, Merlin de Douai le fait entrer au ministère de la Police, où il devient responsable des radiations sur la liste des émigrés. Suspect de sympathies babouvistes, il doit se cacher lors de la découverte de la conspiration des Égaux, en mai 1796, avant de faire sa réapparition en octobre.
Rejoignant alors l'armée d'Italie, il devient le rédacteur du Courrier de l'Armée d'Italie, d'août à novembre 1797. Puis il accompagne le général Bonaparte en Égypte, en mai 1798. Cependant, malade, il rentre en France avec Louis Bonaparte.
Après son rétablissement, il se met au service du général Championnet, dont il devient le conseiller, le 28 décembre 1798. Initiateur de la République parthénopéenne, il est nommé secrétaire général du gouvernement provisoire par Championnet le 26 janvier 1799. Toutefois, le Directoire rappelle ce dernier, qui est arrêté le 24 février. Déféré au tribunal militaire le 12 mars, il est libéré par le Coup d'État du 30 prairial an VII (18 juin 1799).
Accueillant avec satisfaction le coup d'État du 18 brumaire, il propose à Bonaparte un plan d'unification des États italiens en juillet 1800. Toutefois, comme il s'indigne des proscriptions antijacobines, après l'attentat de la rue Saint-Nicaise, le 24 décembre 1800, il est relégué dans des fonctions d'intendant militaire, à Paris d'abord, puis dans le royaume d'Italie en 1810. Il obtient la croix de la Légion d'honneur en 1803.
En 1813, cependant, ses liens avérés avec Madame de Staël lui valent d'être interné. Libéré lors de la Première Restauration, il publie plusieurs journaux d'opposition entre 1815 et 1817 et se fait une réputation de pédagogue. Correspondant du suisse Pestalozzi (auprès duquel il envoie ses trois premiers fils, à Yverdon), il devient l'un des promoteurs de l'enseignement mutuel.
Il était marié avec Sophie-Juvence Nioche (morte en 1832), avec laquelle il eut six enfants, dont une fille, Antoinette-Stéphanie, mère d'Édouard Lockroy. Le cadet, Pierre-Adolphe (né à Amiens le 13 février 1803, mort en 1873), polytechnicien, ingénieur en chef des ponts et chaussées, a construit le chemin de fer de Paris à Lyon.
Œuvres
- Opinion de Marc antoine Jullien sur le jugement de Louis XVI, 1792, 4 p.
- Rapport des opérations faites à Vannes (avec Pierre-Louis Prieur), 1793
- Marc-Antoine Jullien aux représentans du peuple composant le Comité de Salut public: rapport de ma mission à Bordeaux : Paris, ce 24 thermidor an 9 second de la République française, 1794
- Appel aux véritables amis de la patrie, de la liberté et de la paix, ou, Tableau des principaux résultats de l'Administration des Consuls et des ressources actuelles de la République française, 1801, 187 p.
- Essai sur l'emploi du tems; ou, Méthode qui a pour objet de bien régler sa vie, premier moyen d'être heureux; destinée spécialement à l'usage des jeunes gens de 15 à 25 ans, 1810
- Esprit de la méthode d'éducation de Pestalozzi, suivie et pratiquée dans l'Institut d'Éducation d'Yverdun, en Suisse, 1812
- Quelques fragmens extraits du porte-feuille politique de Buonaparte ou mémoires sur les intérêts politiques de l'Italie et sur ceux de la France, 1814, 52 p.
- Quelques réflexions sur l'esprit qui doit inspirer les écrivains politiques, amis de la patrie et du roi, et diriger les membres des collèges électoraux dans le choix des nouveaux députés. (Douze août 1815), 1815, 14 p.
- Esquisse et vues préliminaires d'un ouvrage sur l'éducation comparée, et séries de questions sur l'éducation, 1817, 56 p.
- Esquisse d'un essai sur la philosophie des sciences, contenant un nouveau projet d'une division générale des connoissances humaines;: contenant un nouveau projet d'une division générale des connoissances humaines, 1819
- Tableau synoptique des connoissances humaines, d'après une nouvelle méthode de classification, 1819
- Coup d'œil sur les progrès des connaissances humaines, en 1824, 1824, 21 p.
- La France en 1825 ou mes regrets et mes espérances: discours en vers, 1825, 151 p.
- Épître à Mr. Vandernat, ancien ministre de la République Batave, retiré dans une solitude philosophique auprès d'Arnhem, 1826
- Notice biographique sur Marc-Antoine Jullien : précédée d'un coup d'œil sur la situation politique et les besoins de la France et suivie de documents inédits, de lettres et de pièces jutificatives, 1831, 73 p.
- Lettre a la nation Anglaise, sur l'union des peuples et la civilisation comparée, sur l'instrument économique du tems, appelé biomètre, ou montre morale suivie de quelques poésies, et d'un discours en vers sur les principaux savans, littérateurs, poëtes et artistes, qu'a produits la Grande-Bretagne, 1833, 50 p.
- Essai général d'éducation physique, morale et intellectuelle. Suivi d'un plan d'éducation pratique pour l'enfance, l'adolescence et la jeunesse, ou recherches sur les principes d'une éducation perfectionnée..., 1835, 494 p.
- Exposé de la méthode d'éducation de Pestalozzi, telle qu'elle a été pratiquée sous sa direction pendant dix années de 1806 à 1816 dans l'institut d'Yverdun, en Suisse, 1842
- Le congrès scientifique d'Italie: Réuni à Milan, le 12 sept. 1844, 1844
- À l'Angleterre savante et littéraire..., 1845
- Une mission en Vendée, 1793, notes [by M. A. Jullien] recueillies par É. Lockroy, 1893
Sources
- François Wartelle, « Jullien Marc-Antoine, dit Jullien de Paris », in Albert Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses universitaires de France, 1989 (rééd. Quadrige, 2005, p. 609-610)
- Philippe Le Bas, France, dictionnaire encyclopédique, Paris, Firmin Didot frères, 1843, tome 9, p. 757-758
- Jean-Chrétien Ferdinand Hoefer, Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, Firmin Didot frères, 1858, tome 27, p. 225-231
- Jules Michelet, Histoire de la Révolution française
Notes et références
- ↑ Voir la déposition de Jullien au procès de Carrier dans Philippe Buchez, Prosper-Charles Roux, Histoire parlementaire de la révolution française, ou Journal des assemblées nationales depuis 1789 jusqu'en 1815, Paris, Paulin, 1837, tome 33, p. 195-197
Bibliographie
- Michèle Benaiteau, « Marc Antoine Jullien de Paris (1789 1848). Une biographie politique. », in Annales historiques de la Révolution française, n° 323
- Marie-Claude Delieuvin, Marc-Antoine Jullien, de Paris, 1775-1848 : théoriser et organiser l'éducation, Paris, L'Harmattan, 2003, 380 pages (ISBN 2747550338)
- Eugenio Di Rienzo, Marc-Antoine Jullien de Paris (1789-1848), una Biografia Politica, Éditions Guida, 1999, 346 pages (ISBN 8871883993)
- Pierre Gascar, L'ombre de Robespierre : L'activité de Marc-Antoine Jullien pendant la Grande Terreur, Paris, Gallimard, 1979, 325 pages (ISBN 2-07-028620-7)
- Jacqueline Gautherin, « Marc-Antoine Jullien de Paris (1775-1848) », Perspectives: Revue trimestrielle d'éducation comparée, vol. XXIII, n° 3-4, 1993, p. 783-798
- Helmut Goetz, Claude Cuénot, Marc-Antoine Jullien de Paris, 1775-1848: l'évolution spirituelle d'un révolutionnaire. Contribution à l'histoire de précurseurs des organisations internationales du XXe siècle, Institut Pedagogique National, 1962, 267 p.
- Marcel Postic, Carrier et la Terreur à Nantes, Paris, L'Harmattan, 2001, 302 pages (ISBN 274750171X)
- Pierre Serna, La république des girouettes (1789-1815 et au-delà), une anomalie politique de l'extrême centre, Paris, Champ Vallon, 2005, 570 pages, p. 276-284 (ISBN 2876734133)
- Notice biographique sur Marc Antoine Jullien, de Paris, précédée d'un coup d'oeil sur la situation politique et les besoins de la France, et suivie de documents inédits, de lettres et de pièces justificatives, Paris, Sédillot, 1831, 73 p.
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