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Missions étrangères de Paris
La société des Missions étrangères de Paris est une société de vie apostolique catholique basée à Paris ayant pour but l'évangélisation du monde. À ce titre, elle ne constitue, au sens canonique du terme, ni une congrégation ni un ordre, pas plus que ses membres ne sont considérés comme des religieux.
L'objectif de cette société est l'évangélisation des peuples, par la fondation d'églises et le développement d'un clergé local sous la juridiction d'évêques. Afin de recruter et de former des missionnaires volontaires, une maison fut fondée en 1663 rue du Bac à Paris, où elle est toujours située actuellement. Connue sous le nom de "Séminaire des Missions Étrangères", elle reçut l'approbation du pape Alexandre VII et la reconnaissance légale du gouvernement français.
Sommaire
Organisation
Cette société n'est pas un ordre mais une association de prêtres diocésains, incardinés dans leur diocèse d'origine et mis à la disposition de la Propagande, aujourd'hui Congrégation pour l'évangélisation des peuples, pour aller travailler en mission sous l'autorité des vicaires apostoliques.
Les vicaires apostoliques dirigent alors la Société de façon collégiale. Chacun d'entre eux a un procureur à Paris. Ces procureurs ont pour charge de pourvoir les vicariats en missionnaires et de trouver les fonds utiles à la bonne marche des missions.
Un changement important intervient en 1840. Jusqu’alors les candidats missionnaires étaient tous prêtres. Désormais on acceptera des séminaristes, qui seront incardinés dans la Société. Après la promulgation et l’entrée en vigueur du nouveau droit canonique, en 1917, la Société des Missions Etrangères perd son caractère d’association de prêtres diocésains, mis à la disposition de la Propagande, et devient pratiquement une sorte de congrégation composée de prêtres séculiers. Suite à cette réforme, les membres de la Société vont élire un supérieur général et voter leurs constitutions.
L'âge maximum pour entrer au séminaire est de trente-cinq ans, et l'incardination dans la Société ne peut se faire qu'après avoir passé au moins trois ans dans une mission.
Les Missionnaires
Au XIXe et XXe siècles, la grande majorité des aspirants missionnaires sont issus du milieu rural, de ces campagnes reculées où souvent des prêtres réfractaires ont entretenu l'esprit de résistance et la pratique de la clandestinité. Quand le séminaire des Missions Étrangères est rouvert en 1815, les jeunes qui se présentent appartiennent presque tous à cette tradition. Quelques années plus tard, l'Œuvre de la Propagation de la Foi va assurer la diffusion de la publicité missionnaire jusque dans les plus petites paroisses. Au fur et à mesure que les effectifs du clergé diocésain se reconstituent, les plus aventureux de ses membres se tournent vers les missions qui deviennent le grand exutoire des désillusions comme de l'enthousiasme de l'Église de France.
Issus de familles généralement très pieuses mais peu fortunées, qui ont souvent eu du mal à financer leurs études, beaucoup de candidats missionnaires se heurtent à l'opposition de leurs proches dès qu'ils annoncent leur projet. La rupture familiale, radicale et définitive, est une épreuve douloureuse pour tous, et dramatique pour certains qui doivent s'enfuir en secret, sans faire leurs adieux, si le refus de leurs proches est trop inflexible.
Néanmoins, quand la séparation est acceptée, ou quand, avec le temps, le sacrifice est consommé, des liens très forts subsistent entre les missionnaires isolés à l'autre bout du monde et leurs communautés d'origine : échanges de lettres qui transitent par le séminaire de Paris et les procures d'Asie, union de prières et surtout, de la part des missionnaires, pressants appels aux vocations auprès de leurs confrères restés au pays.
Dans ce domaine, les Martyrs sont les meilleurs recruteurs. La mort de chacun d'entre eux est généralement à l'origine de plusieurs départs en mission. Ainsi certains diocèses deviennent de véritables pépinières de missionnaires et de martyrs comme Besançon (Saints Isidore Gagelin, Joseph Marchand, François Néron et Étienne Cuenot), Poitiers (Saints Jean-Charles Cornay et Théophane Vénard) ou Bayeux (Emmanuel Verroles, Léon Thomine Desmazures). Inversement, dans des diocèses à faible recrutement missionnaire comme Digne, la mort d'un seul martyr, Saint Jacques Chastan en 1839, suscite une vague exceptionnelle de dix départs dans les années qui suivent.
Les récentes canonisations (1984 et 1988) de vingt-trois missionnaires martyrisés en Corée et au Viêt Nam ont renforcé les liens spirituels entre leurs diocèses d'origine et leurs pays de mission, liens concrétisés par des pèlerinages de plus en plus nombreux.
Champ d'action
Le champ de travail de la Société des Missions étrangères s’est peu à peu agrandi au cours des siècles. Après le Siam, le Tonkin, la Cochinchine, le Cambodge et quelques provinces de Chine, le Saint-Siège demande aux prêtres des Missions étrangères, en 1776, de remplacer les Jésuites dans le sud de l'Inde. En 1831, le pape Grégoire XVI confie à la Société la Corée et le Japon ; en 1838, la Mandchourie ; en 1841, la Malaisie ; en 1846, le Tibet et l'Assam. En 1849, les Missions étrangères reçoivent du pape Pie IX trois autres Provinces de Chine et, en 1855, la Birmanie. Enfin, en 1952, le pape Pie XII demande à la Société de prendre en charge le nouveau diocèse de Hualien, à Taïwan.
Pendant la période contemporaine, les missionnaires étrangers ont été expulsés de plusieurs pays, successivement de Chine, de Birmanie, du Viêt Nam, du Cambodge, du Laos. La Société des Missions étrangères a été contrainte de redistribuer son personnel. Certains missionnaires ont dû rester en France à cause de leur âge ou pour des raisons de santé. Les autres sont repartis vers de nouveaux territoires, venus s’ajouter aux champs d’apostolat traditionnels : à Madagascar, à l’Île Maurice, en Indonésie, en Nouvelle-Calédonie.
Historique
Les fondateurs
Alexandre de Rhodes, missionnaire jésuite d'Extrême-Orient où il a effectué plusieurs séjours entre 1624 et 1645, convainc le pape Alexandre VII d'envoyer trois évêques français volontaires, avec le rang de vicaire apostolique, en Asie en vue de créer un clergé autochtone bien formé et de s'adapter aux mœurs et coutumes du pays, sans ingérence dans les affaires politiques. Il s'agit de :
- Pierre Lambert de la Motte, vicaire apostolique de la Chine et administrateur des provinces méridionales de la Chine qui part en juin 1660
- François Pallu , vicaire apostolique du Tonkin et des provinces chinoises limitrophes du Tonkin, qui part en juillet 1661
- Ignace Cotolendi, vicaire apostolique de Nankin et administrateur des provinces orientales de la Chine, de la Tartarie et de la Corée, qui part en janvier 1662
Chaque évêque est accompagné de prêtres et de laïcs. Ils sont 17 en tout à quitter la France pour l'Asie. Au cours d'un long voyage de deux ans, 8 meurent en route, dont Ignace Cotolendi.
Histoire
Pendant la première période de l'institution entre 1658 et 1700, on peut noter la fondation du séminaire général de Juthia au Siam, l'évangélisation du Tonkin, de la Cochinchine, du Cambodge et du Siam, où plus de 40 000 chrétiens furent baptisés, la création d'un ordre religieux féminin au Annam ainsi que l'ordination de trente-trois prêtres indigènes.
Cette action religieuse n'était pas dénuée d'un certain patriotisme, et les initiatives de la Société permis l'établissement d'un courant commercial entre la France, l'Indochine et les Indes, l'envoi d'ambassades, la signature de traités. Une expédition française prit possession de Bangkok, Mergin et Jonselang, et la France fut sur le point de s'emparer de l'empire indochinois quand des maladresses ruinèrent ces efforts.
Mais le travail le plus important des vicaires apostoliques et de la Société fut de baser l'organisation des églises locales sur un clergé de prêtres et d'évêques locaux.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la Société fut chargée des missions que les Jésuites possédaient en Inde avant leur interdiction. Comme beaucoup de Jésuites demeurèrent en place, les missions connurent un nouveau développement, en particulier dans le Sichuan avec de remarquables évêques comme Mgr Pottier et Mgr Dufresse, et en Cochinchine avec Mgr Pigneau de Behaine.
La Révolution française mit un terme à la croissance rapide de la Société. On pouvait en effet compter dans ses rangs à la fin du XVIIIe siècle six évêques et plus de 135 prêtres indigènes. Elle entretenait neuf séminaires où étudiaient 250 étudiants, et comptait 300 000 fidèles, et entre 3 000 et 3 500 baptêmes par an.
La société reprit rapidement son activité au XIXe siècle, et le développement de ses missions fut rapide et considérable, en raison de l'appui financier reçu de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, et des persécutions.
Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, quinze missionnaires périrent en prison ou furent décapités.
Le nombre des martyrs de la Société augmenta par la suite, dont le plus connu est Mgr Dufresse, vicaire apostolique du Sichuan, décapité en 1815 ; Gagelin, Marchand, Jaccard, Cornay, et Pierre Borie de 1833 à 1838 ; et de 1850 à 1862 Schoeffler, Vénard, Bonnard, Néron, Chapdelaine, Néel, Cuenot, vicaire apostolique de la Cochinchine orientale, sans compter les prêtres, catéchistes et religieuses indigènes. En Corée ce furent Mgr Imbert, vicaire apostolique et les pères Maubant et Chastan qui furent torturés et décapités en 1839, puis, en mars 1866 lors de grandes persécutions, neuf autres prélats dont Mgr Siméon-François Berneux, les pères Antoine Daveluy et Henri Dorié.
Ces persécutions, largement décrites en Europe au travers de livres, journaux et annales provoquèrent pitié et colère, et inspira chez beaucoup une aspiration au martyre et à l'évangélisation. Elles poussèrent les nations européennes, en particulier la France et l'Angleterre à intervenir en Cochinchine, et en Chine. En Corée, une expédition navale limitée spécialement montée se déroula de septembre à novembre 1866
La découverte de la navigation à vapeur et l'ouverture du Canal de Suez fut également une des raisons à l'expansion des missions à la fin du XIXe siècle
Évolution d'association en congrégation
Ce n'est qu'en 1710, soit quarante ans après le premier départ, qu'est rédigé un premier règlement pour organiser cette association de prêtres incardinés dans leur diocèse d'origine et mis à disposition de la Congrégation pour la Propagande qui avait été créée au Vatican en 1622.
En 1840, changement important, on accepte également les séminaristes, lesquels sont désormais incardinés directement dans la Société des Missions étrangères de Paris.
En 1917, suite à une réforme canonique, la Société des M.E.P. cesse d'être une association de prêtres diocésains et devient une congrégation à part entière : désormais ils éliront leur supérieur et voteront leurs constitutions.
Aujourd'hui
Depuis le XVIIe siècle, la Société des Missions Etrangères de Paris a envoyé en Asie près de 4 500 prêtres. Elle n’en compte plus maintenant que 379, mais tâche, malgré des effectifs réduits, de continuer de servir les Églises qu’elle a contribué à fonder. Des coopérants laïcs partent de plus en plus nombreux en mission en Asie, en lien avec les Missions Etrangères de Paris. De base de départ pour les nouveaux missionnaires, le séminaire de la rue du Bac est ainsi devenu récemment un centre d’accueil pour les prêtres-étudiants asiatiques. La société des missions étrangères fête en 2008 ses 350 ans. Une quinzaine de séminaristes sont actuellement en formation pour les Missions étrangères de Paris.
La chapelle de la rue du Bac
La construction de la chapelle de la société des Missions Etrangères débute en 1683 sous la direction de l’architecte Lambert. Auparavant elle occupe l’une des salles du rez-de-chaussée du bâtiment principal, béni le 27 octobre 1663 en présence de l’évêque de Babylone mais aussi de Bossuet qui prononce un sermon de circonstance.
Lors de la cérémonie de la pose de la première pierre le 24 avril 1683, une médaille à l’effigie de Louis XIV est placée dans les fondations marquant officiellement la bienveillance du roi envers le séminaire. Le 7 août 1683, la crypte est bénie et, sous le nom de Chapelle de l’Épiphanie (première manifestation de Jésus aux Gentils), devient chapelle provisoire.
La construction s’achève en 1697. Tout au long du XVIIIe siècle, elle voit partir des missionnaires.
Caserne de la garde nationale pendant la Révolution, elle est déclarée en 1798 bien national (comme le séminaire) ; mise en vente, elle est discrètement rachetée.
En 1802, elle ouvre à nouveau ses portes sous le nom d’Église Saint François-Xavier, église succursale de la paroisse Saint Thomas d’Aquin, et voit augmenter le nombre et l’importance des départs en mission.
Le 8 juillet 1848, elle accueille les obsèques de l’un de ses paroissiens : François-René de Chateaubriand, en présence de Victor Hugo, Sainte-Beuve, Honoré de Balzac et presque tout l’Institut.
En 1851, Charles Gounod, organiste attitré, compose la musique du Chant pour le départ des missionnaires, puis celle du Chant pour l’anniversaire des Martyrs. En 1874, la construction d’une nouvelle église paroissiale place du président Mitthouard, l’église Saint François-Xavier des Missions Etrangères, s’achève.
La chapelle de la rue du Bac revient alors à sa première destination et reprend son nom d’origine.
Bibliographie
- Collectif (dirigé par Marcel Launay et Gérard Moussay), Les Missions étrangères : Trois siècles et demi d'histoire et d'aventure en Asie, Librairie Académique Perrin, 2008
Voir aussi
Liens internes
Lien externe
- Missions étrangères de Paris
- Archives des missions étrangères de Paris
- Eglises d'Asie (EDA) : agence d'information des missions étrangères de Paris
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