Laboratoire national de Hanford

Laboratoire national de Hanford

46°38′51″N 119°35′55″O / 46.6475, -119.59861

Laboratoire national de Hanford

Le site de Hanford est un ancien complexe nucléaire situé le long du fleuve Columbia dans l'État de Washington dirigé par Gouvernement fédéral des États-Unis. Le site a été connu sous beaucoup de noms dont Hanford Works, Hanford Engineer Works, Hanford Nuclear Reservation, HNR ou Hanford Project. Construit en 1943 comme une partie du projet Manhattan dans la ville de Hanford situé au centre-sud de l'état, il abrita le réacteur B, le premier réacteur nucléaire destiné à la production de plutonium au monde[1]. Le plutonium ainsi fabriqué fut utilisé dans la première bombe nucléaire testée lors de l'essai Trinity et dans Fat Man, la bombe utilisée lors du bombardement de Nagasaki au Japon.

Durant la guerre froide, le site fut agrandi pour accueillir neuf réacteurs nucléaires et cinq complexes de traitement du combustible usé qui produisirent du plutonium pour la plupart des 60 000 ogives de l' arsenal nucléaire américain[2]. La technologie nucléaire se développant rapidement durant cette période, les scientifiques du complexe ont réalisés de nombreuses avancées technologiques. Malheureusement, la plupart des procédures de sécurité et de traitement des déchets étaient inadaptées et les documents gouvernementaux ont depuis montré que les activités du site de Hanford ont libéré des quantités importantes de matériel radioactifs dans l'air et dans la rivière Columbia ce qui menace la santé des riverains et l'écosystème[3].

Les réacteurs de production d'armes furent stoppés à la fin de la guerre froide mais le procédé de fabrication a généré 204 000m³ de déchets de haute activité qui demeurent sur le site[4], ce qui représente les deux-tiers du volume de déchets de haute activité du pays[5]. Aujourd'hui, le complexe de Hanford est le site nucléaire le plus pollué des Etats-Unis[6],[7]. Tandis que les activités de nettoyage continuent, Hanford abrite la centrale nucléaire Columbia ainsi que de nombreux centres de recherche et développement tels que le Pacific Northwest National Laboratory et le LIGO.


Sommaire

Géographie

Carte montrant les zones principales du site de Hanford en 2000. La zone grise correspond au Hanford Reach National Monument

Le site de Hanford occupe 1518 km² du Comté de Benton soit la moitié de la superficie du Rhône. Ce territoire est actuellement inhabité et fermé au public. C'est une zone désertique qui recoit moins de 25 mm de précipitations par an, la végétation de type steppique. La rivière Columbia coule le long du site sur près de 80 km en formant la limite nord et est du site[8]. Le site originel mesurait 1780 km² et incluait des zones tampons dans les comtés de Grant et Franklin[9]. Certains de ces terrains furent rendus à l'exploitation privée et sont maintenant couvert de vergers et de champs cultivés. En 2000, le parc naturel du Hanford Reach National Monument fut créé sur de larges portions de ce territoire[10]. Le site est divisé en trois selon la fonction. Les réacteurs nucléaires situés le long de la rivière sont désignés par la zone 100, les installations chimiques sur le plateau central forment la zone 200 et les installations diverses dans le coin sud-est sont désignées sous le nom de zone 300[11].

Le site est à la bordure nord-ouest de l' agglomération formée par les villes de Richland, Kennewick et Pasco regroupant 230 000 habitants. Hanford est la principale zone economique de ces trois villes[12].

Avant le site de Hanford

Le confluent des rivières Yakima, Snake et Columbia a longtemps été un lieu de rencontre pour les peuples autochtones. Les traces archéologiques de campements amérindiens dans cette zone remontent à près de 10 000 ans. Les tribus et les nations Yakamas, Nez-Percés et Umatilla vivaient de la chasse, de la pêche et de la cueillette sur ce territoire[13]. Les archéologues ont recensé une multitude de sites amérindiens incluant des "maisons semi-souterraines, des sites de chasse et de pêche et des complexes religieux"[9] dont deux furent enregistrés dans le National Register of Historic Places en 1976[14]. Les amérindiens ont vécu sur ce site jusqu'au XXème siècle, même quand des tribus furent relogés dans réserves. Les Wanapum ne furent jamais envoyés de force dans des réserves et continuèrent à vivre le long de la rivière Columbia dans la zone des rapides de Priest jusqu'en 1943[9]. Les européens-américains commencèrent à s'installer dans la région à partir de 1860, initialement au sud des rapides de Priest. Ils établirent des fermes et des vergers soutenus par un réseau d'irrigation à petite-échelle et par le chemin de fer avec des petits centres urbains à Hanford, White Bluffs et Richland[15]

Le projet Manhattan

Article principal : Projet Manhattan.

Durant la Seconde Guerre mondiale, le Comité consultatif pour l'uranium issu de l'Office of Scientific Research and Development (OSRD) a lancé un important programme de recherche sur le plutonium. Le contrat de recherche fut alloué au laboratoire de métallurgie de l'université de Chicago. A cette époque, le plutonium était un élément très rare qui venait juste d'être isolé dans le laboratoire de l'université de Californie. Les chercheurs de Chicago travaillaient sur la réaction en chaine de "piles" d'uranium dans le but de le convertir en plutonium. Le programme s'accéléra en 1942 lorsque le gouvernement américain s'inquiéta des progrès réalisés par les chercheurs allemands dans ce domaine[16].

Choix du site

Le lycée de Hanford avant que les habitants ne soient chassés par la construction du site
Le lycée de Hanford à l'abandon

En septembre 1942, le Corps des ingénieurs de l'armée des États-Unis choisit le général de brigade Leslie Richard Groves pour diriger le projet Manhattan. Ce dernier devait entreprendre la réalisation de complexes industriels pour la fabrication d'uranium et de plutonium[9]. Groves choisit l'entreprise DuPont pour la construction du complexe destiné à la création de plutonium. DuPont recommanda de réaliser ce complexe loin du complexe de production d'uranium à Oak Ridge. Le site idéal était décrit par ces critères[17] :

  • Un territoire vaste et isolé
  • Une "zone de production dangereuse" d'au moins 19 km par 24
  • Une zone pour les laboratoires à au moins 13 km du réacteur ou de l'usine de séparation la plus proche
  • Pas de villes de plus de 1 000 habitants à moins de 32 km du rectangle dangereux
  • Pas d'autoroutes, chemins de fer ou d'habitations destinées aux travailleurs à moins de 16 km du rectangle dangereux
  • Un approvisionnement important en eau pure
  • Un approvisionnement important en électricité
  • Le sol doit pouvoir supporter de lourdes charges.

En décembre 1942, Groves envoya son assistant le colonel Franklin T. Matthias et des ingénieurs de DuPont à la recherche de sites potentiels. Matthias rapporta que Hanford était idéal sur tous les aspects sauf pour les villes agricoles de White Bluffs et Hanford[18]. Groves visita le site en janvier et établit le Hanford Engineer Works (HEW) sous le nom de code "Site W". Le gouvernement fédéral expropria et relogea rapidement les 1 500 habitans de Hanford, White Bluffs et d'autres villages ainsi que les Wanapum qui habitaient la zone[9].

Débuts de la construction

Le réacteur B en cours de construction (1944)

Le HEW prit forme en mars 1943 et commença immédiatement l'énorme défi technique de la construction. Pres de 50 000 ouvriers vécurent dans un camp près de l'ancienne ville de Hanford tandis que les ingénieurs et le personnel administratif habitèrent près de l'ancien village de Richland[19]. La construction du complexe progressa rapidement. En aout 1945, le HEW avait construit 554 bâtiments dont les trois réacteurs nucléaires (105-B, 105-D et 105-F) et les trois unités de fabrication du plutonium chacune mesurant 250 mètres de long.

Pour recevoir les déchets radioactifs issues du processus de séparation, le HEW bâtit quatre "fermes de citernes" composées de 64 citernes simple coque enterrées (241-B, 241-C, 241-T et 241-U)[20]. Le projet nécessita 621 km de routes, 254 km de voies ferrées et quatre centrales électriques. Le HEW utilisa 600 000 m³ de béton, 36 000 tonnes d'acier et couta 230 millions de dollars entre 1943 et 1946[21].


La production du plutonium

Le réacteur B (105-B) à Hanford fut le premier réacteur de grande taille destiné à la production de plutonium au monde. Il fut conçus et construit par DuPont, d'après un design expérimental d'Enrico Fermi, et fonctionnait avec une puissance de 250 MW. Le réacteur était modéré au graphite et refroidi à l'eau. Il était constitué d'un pavé en graphite de 8,5 m par 11 et long de 11 mètres pesant 1 200 tonnes. Ce dernier était traversé horizontalement par 2 004 tubes en aluminium[22]. 180 tonnes d'uranium sous forme de lingots cylindriques longs de 7,5 cm et d'un diamètre de 2,5 cm étaient scellés dans les tubes d'aluminium et insérés dans le bloc de graphite. Le refroidissement nécessitait 2 000 litres d'eau par minute[22] .

Ouvriers se tenant sur un élévateur devant la face du réacteur B

La construction du réacteur débuta en aout 1943 et fut terminée un an plus tard en septembre 1944. Le réacteur atteint sa masse critique à la fin septembre et produisit son premier plutonium le 6 novembre 1944[23] . Celui-ci était produit lorsqu'un atome d'uranium 238 du combustible absorbe un neutron pour former un atome d'uranium 239. L'uranium 239 émet rapidement un rayonnement β pour former du neptunium 239, qui émet une nouvelle fois un rayonnement β pour devenir du plutonium 239. Les lingots irradiés étaient rapidement transportés par rail jusqu'à trois unités de séparations surnommées "canyons" situées à 16 km du réacteur. Une série de réactions chimiques séparaient la faible quantité de plutonium de l'uranium restant et des produits de fission. Ce premier lot de plutonium fut raffiné à l'usine 221-T du 26 décembre 1944 au 2 février 1945 et livré au Laboratoire national de Los Alamos le 5 février[24].

Deux réacteurs identiques, le D et le F, vinrent en service respectivement en décembre 1944 et en février 1945. A partir d'avril 1945, les cargaisons de plutonium arrivaient à Los Alamos tous les cinq jours et Hanford fournit rapidement assez de matière pour la bombe de l'essai Trinity et pour celle qui fut larguée sur Nagasaki[25]. Tout au long de cette période, le projet Manhattan est demeuré top secret. Jusqu'à l'arrivée des nouvelles des bombardements atomiques, moins de 1 pour cent des travailleurs savaient qu'ils travaillaient sur un projet d'arme nucléaire[26] Le général Groves nota dans ses mémoires "Nous fîmes tout pour que chaque travailleur comprenne sa part de l'effort global, ça et rien de plus."[27].

Innovations technologiques

Durant la courte durée du projet Manhattan, les ingénieurs de Hanford réalisèrent d'importantes avancées technologiques. Comme personne n'avait jamais réalisé de réacteur de cette taille auparavant, les scientifiques ne savaient pas vraiment quelle quantité de chaleur allait produire la réaction nucléaire. Pour assurer la meilleure productivité possible tout en maintenant une certaine sécurité, les ingénieurs de DuPont installèrent dans les réacteurs D et F, un système de réfrigération à l'ammoniac pour refroidir encore plus la température de l'eau de la rivière avant son utilisation en tant que réfrigérant[28].

Les ingénieurs durent également se battre avec la gestion des déchets radioactifs que personne n'avait généré en aussi grande quantité. Une fois que les "canyons" avaient commencé de séparer les différentes molécules, les machines devenaient tellement radioactives qu'il était très dangereux de s'en approcher. Les ingénieurs ont donc dû mettre en place des moyens de remplacement d'éléments à distance. Ils créèrent donc un concept de cellule modulaire permettant de remplacer des composants par l'intermédiaire d'un opérateur dans une grue lourdement protégée contre les rayonnements. Cette technique permit l'utilisation pratique de deux technologies promises à un brillant avenir : le téflon pour les joints et la vidéosurveillance qui permettait à l'opérateur une manipulation plus simple[29].

Durant la guerre froide

Mise hors-service du Réacteur D

En septembre 1946, la compagnie General Electric prit en charge la gestion du site sous la supervision de la toute récente commission de l'énergie atomique des États-Unis. Du fait de la guerre froide, les États-Unis durent affronter une nouvelle menace avec la montée en puissance du programme nucléaire soviétique. En aout 1947, le Hanford Works annonça le début de la construction de deux nouveaux réacteurs et le lancement de recherche sur de nouveaux processus de séparation. Avec cette annonce, le site entra dans une nouvelle phase d'expansion[30].

En 1963, le site de Hanford abritait neuf réacteurs nucléaire le long de la rivière Columbia, cinq unités de séparation sur le plateau central et plus de 900 bâtiments et laboratoires autour du site. De nombreuses modifications furent réalisées sur les trois réacteurs construits durant la guerre et plus de 177 citernes de stockage souterraines furent construites. Hanford atteint son pic de production entre 1956 et 1965. Au cours des 40 années d'exploitation, le site a produit 57 tonnes de plutonium et a approvisionné la majorité des 60 000 ogives nucléaires de l'arsenal américain.

La fin de l'exploitation

La plupart des réacteurs furent stoppés entre 1964 et 1971, avec une durée de vie moyenne de 22 ans. Le dernier réacteur, le réacteur N, continua à fonctionner : D'un côté il produisait de l'électricité pour alimenter le réseau civil via Energy Northwest et de l'autre il continuait à produire du plutonium pour les armes nucléaires. Il ne fut stoppé qu'en 1987. Depuis lors, la plupart des réacteurs ont été recouvert d'un sarcophage de béton pour permettre à la radioactivité de décroitre et les structures alentour furent détruites et enterrées[31]. Le réacteur B ne fut pas recouvert et est ouvert au public lors de visites guidées. Il se trouve sur le National Register of Historic Places depuis 1992[32] et certains historiens militent pour le convertir en musée[33],[34]. Le réacteur B fut désigné comme National Historic Landmark par le National Park Service

Réacteurs de production militaire[35]
Nom du réacteur Date de
lancement
Date d'arrêt Puissance initiale
(MWt)
Puissance finale
(MWt)
Réacteur B Sep 1944 Fév 1968 250 2210
Réacteur D Déc 1944 Juin 1967 250 2165
Réacteur F Fév 1945 Juin 1965 250 2040
Réacteur H Oct 1949 Avr 1965 400 2140
Réacteur D Oct 1950 Déc 1964 250 2015
Réacteur C Nov 1952 Avr 1969 650 2500
Réacteur KW Jan 1955 Fév 1970 1800 4400
Réacteur KE Avr 1955 Jan 1971 1800 4400
Réacteur N Déc 1963 Jan 1987 4000 4000

Dernières activités

Panneau routier sur la route entrant dans le site de Hanford

Le Département de l'Énergie des États-Unis assuma le contrôle du site à partir de 1977. Bien que l'enrichissement de l'uranium et la production de plutonium soient en baisse, le nucléaire a laissé une marque indélébile sur le territoire de "Tri-cities". Depuis la Seconde Guerre mondiale, le site est passé d'une modeste communauté de cultivateurs à un gigantesque complexe nucléaire[36]. Des décennies d'investissements fédéraux ont créé un groupe de scientifiques et d'ingénieurs de très haut niveau. Ainsi, le site a pu se diversifier et inclure des sites de recherche et une centrale nucléaire commerciale.

Quelques complexes actuellement basés sur le site de Hanford :

  • Le Pacific Northwest National Laboratory, dirigé par le département de l'énergie américain et par le Battelle Memorial Institute
  • Le Fast Flux Test Facility, un complexe de recherche en opération entre 1980 et 1992 (actuellement en arrêt)
  • Le LIGO, un interféromètre de recherche sur les ondes gravitationnelles
  • La centrale nucléaire Columbia, une centrale commerciale opérée par Energy Northwest

Le département de l'énergie et ses entrepreneurs organisent des visites du site. 60 visites de cinq heures étaient prévues en 2009. Celles-ci sont gratuites mais il faut réserver à l'avance et sont limitées aux citoyens américains de plus de 18 ans[37].

L'impact environnemental

Le Hanford Reach dans le lit de la rivière Columbia où la radioactivité fut libérée de 1944 à 1971.

Un énorme volume d'eau de la rivière Columbia était nécessaire pour dissiper la chaleur émise par les réacteurs nucléaires. De 1944 à 1971, le système de refroidissement aspirait l'eau de la rivière et la rejetait après son utilisation dans le réacteur. Avant de la rejeter dans la rivière l'eau était stockée dans de grands bassins de rétention pendant six heures. Les isotopes radioactifs à longue durée de vie ne sont pas affectés par cette rétention et des milliards de becquerels étaient rejetés chaque jour dans la rivière. Ces rejets furent gardés secrets par les autorités fédérales[3]. Des radiations furent par la suite détectées le long des cotes de l'Oregon et de l'état de Washington[38]

Le processus de séparation du plutonium a également rejeté des isotopes radioactifs dans l'air qui furent transportés par le vent jusque dans certaines zones de l'Idaho, du Montana et de la Colombie-Britannique. De nombreuses populations furent touchées par les radioisotopes en particulier l'iode 131 dont les rejets les plus importants eurent lieu entre 1945 et 1951. Ces radioisotopes contaminèrent la chaine alimentaire et les populations qui se nourrissaient de produits locaux. La plupart de ces rejets aériens faisaient partie de la routine des opérations du site de Hanford bien que des dégagements plus importants eurent lieu lors d'accidents isolés. En 1949, un rejet intentionnel connu sous le nom de Green Run libéra 8 000 curies d'iode 131 en deux jours[39]. Une autre source de contamination provenait du poisson pêché dans la rivière Columbia qui a très fortement touché les populations amérindiennes car il constitue la base de leur alimentation[3]. Un rapport gouvernemental publié en 1992 rapporte que près de 685 000 curies d'iode 131 ont été libérés entre 1944 et 1947[40].

Saumons frayant à Hanford Reach près du réacteur H

A partir des années 1960, les scientifiques de l'United States Public Health Service ont commencé à publier des rapports sur la radioactivité libérée par le site de Hanford ce qui provoqua la colère des service de santé de l'Oregon et de l'état de Washington. En février 1986, la pression des citoyens poussa le département de l'énergie à rendre public 19 000 pages de documents auparavant inaccessibles sur les opérations du site nucléaire[3]. L'association de citoyens Hanford Health Information Network (HHIN) rendit public des rapports sur les effets sanitaires des opérations de Hanford. Le HHIN conclut que la radioactivité libérée avait grandement aggravé le risque de cancers et d'autres maladies. 2 000 personnes de la région intentèrent un recours collectif envers l'état fédéral, ce procès n'est toujours pas terminé[41].

L'ère du nettoyage

Image de la surface des déchets trouvés dans la citerne 101-SY en avril 1989

Le 25 juin 1988, le site de Hanford fut divisé en quatre secteurs et intégré sur la liste des priorités nationales[42]. Le 15 mai 1989, le Département de l'écologie de l'État de Washington, l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis et le département de l'énergie signèrent un accord qui fournit un cadre légal au nettoyage du site[7]. Les agences sont donc engagées dans le plus grand grand chantier de nettoyage au monde et il existe de nombreux problèmes techniques, politiques et culturels qui se chevauchent. L'effort de nettoyage est centré sur trois objectifs : Remettre en état le lit de la rivière Columbia, transformer le plateau central en un centre de traitement et de stockage de déchets sur le long terme et préparer l'avenir[43]. Le nettoyage est dirigé par le département de l'énergie sous le contrôle des deux autres agences. Dans les dernières années, le gouvernement fédéral a dépensé deux milliards de dollars par an pour la réhabilitation du site. 11 000 ouvriers travaillent sur le site pour nettoyer les bâtiments et le sol. Le nettoyage devait au départ durer 30 ans mais en 2008, seule la moitié des travaux avaient été effectués[44]. Sur les quatre secteurs listés comme superfund, un seul a été entièrement réhabilité[45].

Combustible irradié stocké dans l'eau sans protections dans le bassin est

Tandis que la plupart des rejets ont cessé avec l'arrêt du site dans les années 1970, de larges zones restent très contaminées. La majorité des déchets les plus dangereux ont été traités mais il reste des inquiétudes sur une possible contamination des eaux souterraines en aval de la rivière Columbia. La santé et la sécurité des travailleurs restent également un sujet de préoccupation.

Le défi le plus important à Hanford est la stabilisation des 204 000m³ de déchets de haute activité stockés dans 177 citernes souterraines. Environ un tiers d'entre elles présentent des fuites et relâchent les polluants dans le sol[46]. En 2008, la plupart des déchets liquides ont été transférés dans des citernes à double parois plus sures ; Cependant il reste 10 600m³ de déchets liquides et 100 000m³ de boues radioactives dans les citernes à simple paroi. Ces déchets devaient être traités d'ici 2018 mais la fin des opérations a été reportée à 2040. Les nappes phréatiques avoisinantes contiendraient 1 000 000m³ d'eau contaminée. 4 000m³ de déchets hautement radioactifs continuent de progresser dans le sol vers la rivière Columbia et ils pourraient l'atteindre d'ici 12 ans si aucun nettoyage n'est effectué. Le site contient également 710 000m³ de déchets solides.

Ouverture de l'Environmental Restoration Disposal Facility (ERDF)

D'après l'accord tri-partit, les déchets de faible activité sont enterrés dans de larges fosses. Le stockage du plutonium et des autres déchets de haute activité restent un problème épineux. Le plutonium a une demi-vie de 24 100 ans et dix demi-vies sont nécessaires pour qu'un déchet soit considéré comme sans danger. Le département de l'énergie est actuellement entrain de construire un centre de vitrification sur le site de Hanford. La vitrification est un procédé permettant de fondre les déchets radioactifs dans du verre pour les rendre stables. L'entreprise d'ingénierie Bechtel a été désignée pour construire cette usine pour un cout d'environ 12 milliards de dollars. Celle-ci devrait être opérationnelle en 2019 et la vitrification devrait se terminer en 2047 soit avec plus de 20 ans de retard sur le calendrier initial[44],[47].

En mai 2007, l'État et les responsables fédéraux ont mené des négociations à huis-clos sur la possibilité d'allonger les délais pour la vitrification des déchets pour se concentrer sur les opérations les plus urgentes comme le nettoyage des eaux souterraines. Ces discussions bloquèrent en octobre. Au début de l'année 2008, une réduction de 600 millions de dollars du budget du nettoyage fut proposée. Les autorités locales exprimèrent leurs inquiétudes sur cette baisse, sur l'allongement des délais et sur les récentes défaillances de la sécurité sur le site et menacèrent d'attaquer en justice le département de l'énergie pour violation des lois sur l'environnement[48]. Finalement, elles retirèrent leur menace et les négociations purent reprendre.

Un échantillon de plutonium purifié fut retrouvé dans un coffre-fort dans une tranchée de déchets durant des opérations d'excavation en 2004 et a été fabriqué au milieu des années 1940 faisant de lui le second plus ancien échantillon de plutonium connu. Des analyses publiées en 2009 ont montré qu'il avait été fabriqué à Oak Ridge puis transféré à Hanford pour des opérations d'optimisation de la centrale de séparation de Hanford. Les documents révèlent que cet échantillon appartenait au "groupe Watt" qui le stocka dans le coffre lorsqu'ils suspectèrent une fuite. [1][2]

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Sever, Lowell E., Nancy A. Hessol, Ethel S. Gilbert, and James M. McIntyre. "The Prevalence at Birth of Congenital Malformations in Communities Near the Hanford Site." American Journal of Epidemiology. 1988

Liens externes

  • (en) Genetic Effects and Birth Defects from Radiation Exposure - Hanford Health Information Network, Note de vulgarisation sur le risque sanitaire induit par la radioactivité, réalisée dans le cadre du suivi des impacts sanitaires du laboratoire (Hanford Community Health Project), lié au Hanford Environmental Dose Reconstruction (HEDR) Project (7 pages).

Sources

  • Éric Guéret et Laure Noualhat. Les déchets, le cauchemar du nucléaire. Octobre 2009. Arte

Notes et références

  1. B Reactor, United States Department of Energy. Consulté le 2007-01-29
  2. Science Watch: Growing Nuclear Arsenal, The New York Times (April 28, 1987). Consulté le 2007-01-29.
  3. a, b, c et d An Overview of Hanford and Radiation Health Effects, Hanford Health Information Network. Consulté le 2007-01-29
  4. Hanford Quick Facts, Washington Department of Ecology. Consulté le 2010-01-19
  5. Harden, Blaine ; Dan Morgan : Debate Intensifies on Nuclear Waste, Washington Post (June 2, 2007), p. A02. Consulté le 2007-01-29.
  6. Dininny, Shannon : U.S. to Assess the Harm from Hanford, Seattle Post-Intelligencer, The Associated Press (April 3, 2007). Consulté le 2007-01-29.
  7. a et b Schneider, Keith : Agreement for a Cleanup at Nuclear Site, The New York Times (February 28, 1989). Consulté le 2008-01-30.
  8. The Columbia River at Risk: Why Hanford Cleanup is Vital to Oregon, oregon.gov, 2007-08-01. Consulté le 2008-03-31
  9. a, b, c, d et e (en) Hanford Cultural Resources Program, U.S. Department of Energy, Hanford Site Historic District: History of the Plutonium Production Facilities, 1943-1990, Columbus, OH, Battelle Press, 2002, poche (ISBN 978-1-57477-133-6) (LCCN 2002034473), p. 1.12 
  10. Seelye, Katharine : Gore Praises Move to Aid Salmon Run, The New York Times (June 10, 2000). Consulté le 2007-01-29.
  11. Site Map Area and Description, Columbia Riverkeepers. Consulté le 2007-01-29
  12. Lewis, Mike : In strange twist, Hanford cleanup creates latest boom, Seattle Post-Intelligencer (April 19, 2002). Consulté le 2007-01-29.
  13. Hanford Island Archaeological Site (NRHP #76001870) and Hanford North Archaeological District (NHRP #76001871). National Register Information System, National Register of Historic Places, National Park Service, 2007-01-23 (See also the commercial site National Register of Historic Places.)
  14. (en) Michele Gerber, On the Home Front: The Cold War Legacy of the Hanford Nuclear Site, Lincoln, NE, University of Nebraska Press, 2002, 2nde éd., poche (ISBN 978-0-8032-7101-2) (LCCN 2001027956), p. 16–22 
  15. (en) Hanford Cultural Resources Program, U.S. Department of Energy, Hanford Site Historic District: History of the Plutonium Production Facilities, 1943-1990, Columbus, OH, Battelle Press, 2002, poche (ISBN 978-1-57477-133-6) (LCCN 2002034473), p. 1.10 
  16. (en) Michele Gerber, Legend and Legacy: Fifty Years of Defense Production at the Hanford Site, Richland, Washington, Westinghouse Hanford Company, 1992, p. 6 
  17. Franklin, Matthias (January 14, 1987). "Hanford Engineer Works, Manhattan Engineer District: Early History". Speech to the Technical Exchange Program. 
  18. (en) H. Thayer, Management of the Hanford Engineer Works in World War II, New York, NY, American Society of Civil Engineers Press, 1996 
  19. (en) Hanford Cultural Resources Program, U.S. Department of Energy, Hanford Site Historic District: History of the Plutonium Production Facilities, 1943-1990, Columbus, OH, Battelle Press, 2002, poche (ISBN 978-1-57477-133-6) (LCCN 2002034473), p. 1.21–1.23 
  20. (en) Michele Gerber, On the Home Front: The Cold War Legacy of the Hanford Nuclear Site, Lincoln, NE, University of Nebraska Press, 2002, 2nde éd., poche (ISBN 978-0-8032-7101-2) (LCCN 2001027956), p. 35–36 
  21. a et b (en) Hanford Cultural Resources Program, U.S. Department of Energy, Hanford Site Historic District: History of the Plutonium Production Facilities, 1943-1990, Columbus, OH, Battelle Press, 2002, poche (ISBN 978-1-57477-133-6) (LCCN 2002034473), p. 1.15, 1.30 
  22. (en) Hanford Cultural Resources Program, U.S. Department of Energy, Hanford Site Historic District: History of the Plutonium Production Facilities, 1943-1990, Columbus, OH, Battelle Press, 2002, poche (ISBN 978-1-57477-133-6) (LCCN 2002034473), p. 1.22–1.27 
  23. (en) John Findlay, Bruce Hevly, Nuclear Technologies and Nuclear Communities: A History of Hanford and the Tri-Cities, 1943-1993, Hanford History Project, Center for the Study of the Pacific Northwest, University of Washington, 1995, p. 50 
  24. (en) Hanford Cultural Resources Program, U.S. Department of Energy, Hanford Site Historic District: History of the Plutonium Production Facilities, 1943-1990, Columbus, OH, Battelle Press, 2002, poche (ISBN 978-1-57477-133-6) (LCCN 2002034473), p. 1.27 
  25. (en) Hanford Cultural Resources Program, U.S. Department of Energy, Hanford Site Historic District: History of the Plutonium Production Facilities, 1943-1990, Columbus, OH, Battelle Press, 2002, poche (ISBN 978-1-57477-133-6) (LCCN 2002034473), p. 1.22 
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