- Kheireddine Pacha
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Kheireddine Pacha
أمير الأمراء أبو محمد خير الدين باشا التونسيPortrait de Kheireddine PachaMandats 2e Grand vizir de Tunis 1873 – 1877 Monarque Sadok Bey Prédécesseur Mustapha Khaznadar Successeur Mohammed Khaznadar 189e Grand vizir de l'Empire ottoman 4 décembre 1878 – 29 juillet 1879 Monarque Abdülhamid II Prédécesseur Mehmed Esad Saffet Pacha Successeur Ahmed Ârifi Pacha Ministre de la Marine tunisien 1857 – 1862 Monarque Mohammed Bey
Sadok BeyPrédécesseur Mahmoud Khodja Successeur Ismaïl Kahia Président du Grand Conseil tunisien 1862 – 1864 Monarque Sadok Bey Prédécesseur Mustapha Saheb Ettabaâ Successeur Poste aboli Biographie Date de naissance 1822 ou 1823 Lieu de naissance Circassie Date de décès 30 janvier 1890 Lieu de décès Istanbul (Empire ottoman) Nationalité tunisienne Religion Islam
Grand vizir de l'Empire ottoman
Grand vizir de Tunismodifier Kheireddine Pacha ou Khérédine Pacha (خير الدين باشا), encore appelé Kheireddine Ettounsi (خير الدين التونسي), né en 1822 ou 1823 et décédé le 30 janvier 1890 à Istanbul (Turquie)[1], est un homme politique tunisien d'origine circassienne.
Sommaire
Biographie
Jeunesse
Peu d'informations sont disponibles sur les origines et la jeunesse de Kheireddine[2]. Dans ses Mémoires, ce dernier déclare : « Bien que je sache pertinemment que je suis Circassien, je n'ai conservé aucun souvenir précis de mon pays et de mes parents [...] Les recherches que j'ai faites [...] sont toujours restés infructueuses »[2]. Il semble qu'il soit né en 1822 ou 1823 dans la tribu circassienne des Abkhazes, vivant dans le nord-ouest du Caucase[2]. Son père a probablement été tué lors d'une bataille contre la Russie[2].
Kheireddine est vendu à Istanbul comme mamelouk à un grand personnage, Tahsin Bey, cadi des troupes d'Anatolie[2] (ou gouverneur militaire d'Anatolie). Celui-ci l'aurait revendu à l'âge de 16 ou 17 ans, à l'automne 1839, à un agent envoyé spécialement par le bey de Tunis pour lui procurer des esclaves[2]. Le bey, Ahmed Ier, le fait instruire au sein du sérail. Intelligent et cultivé, Kheireddine reçoit une éducation moderne et maîtrise le turc, le persan, l'anglais et le français en plus de l'arabe. Il est formé aux sciences musulmanes traditionnelles, comme le tafsir et les hadiths ; il connaît aussi le Coran par cœur[2].
Carrière militaire
Kheireddine poursuit alors une carrière dans l'armée : il devient chef de bataillon en 1840 ; la première preuve connue de son existence date d'ailleurs de cette époque, alors qu'il signe une lettre le 25 juillet de cette même année[2]. En 1842-1843, il est attaché à l'intendance de la cavalerie, exclusivement composée de mamelouks[3]. Il devient chef d'escadron en février 1842, lieutenant-colonel en août 1845 et colonel en octobre de la même année[3]. En juin 1850, il est nommé général de brigade et commandant de la cavalerie, succédant ainsi à Ahmed, frère du grand vizir Mustapha Khaznadar[3]. Comme la cavalerie est cantonnée à La Manouba, à l'ouest de Tunis, Kheireddine s'y construit un palais[3]. En octobre 1853, il est promu général de division qui est le plus haut grade militaire après celui du bey[3]. Ce grade élevé lui permet d'accéder à la tête du ministère de la Marine de 1857 à 1862[4].
Sa carrière militaire s'est déroulée sans événements majeurs car la Régence de Tunis ne connaît pas alors de troubles importants.
Réformateur
Il voyage beaucoup en Europe au cours de diverses missions, notamment celle qui consiste à défendre les intérêts de la Tunisie face à Mahmoud Ben Ayad dans le cadre de l'affaire qui touche ce dernier. C'est au cours de ces voyages qu'il réalise la montée en puissance du monde occidental.
Homme franc et patriote, il remet maintes fois sa démission à cause d'un désaccord avec les méthodes du bey. Au cours de la période durant laquelle il se retire de la scène politique (1862-1873), il se consacre à la rédaction de son fameux ouvrage, Le plus sûr moyen pour connaître l'état des nations, dans lequel il expose les causes de la décadence de la Tunisie et plus généralement du monde arabo-musulman.
En octobre 1873, il revient au pouvoir en succédant à Mustapha Khaznadar[5] — qu'il aura contribué à destituer après l'avoir accusé de détournement de fonds publics avec la complicité du favori Mustapha Ben Ismaïl — comme grand vizir ; il promet alors de moderniser le pays : il réforme en effet les douanes, les habous, la mosquée Zitouna et la justice tunisienne. Il crée également une bibliothèque et fonde le Collège Sadiki en 1875[6], qui met en avant de nouvelles méthodes d'enseignement plus séculaires sous la direction de Mohamed Larbi Zarrouk. Il fonde aussi l'importante administration des habous, plaçant à sa tête le réformateur Mohamed Bayram V, l'administration de la ghaba (forêt d'olivier de la région tunisoise), avec à sa tête Hassouna Ben Mustapha, et l'administration des biens domaniaux sous la direction de Mohamed Ben Cheikh. Son gouvernement est composé d'hommes intègres et compétents comme les généraux Husseïn et Rustum.
En 1877, le sultan ottoman, en guerre avec la Russie, demande à Sadok Bey, en exécution du firman de 1871, de lui fournir une aide militaire. Kheireddine soutient la demande du sultan tandis que le bey veut y opposer un refus pur et simple. Finalement, un conseil extraordinaire, composé de hauts fonctionnaires, d'oulémas et de notables, opte pour la fourniture de subsides en espèces et en nature recueillis par souscription publique : plusieurs millions de francs et un millier de chevaux et mules sont envoyés au sultan. Mais la sécheresse vient tarir la souscription et même les revenus publics, ce qui oblige Kheireddine à diminuer le train de vie de l'État, y compris la liste civile du bey et de sa famille. Face à cet affront, le bey force Kheireddine à démissionner le 21 juillet 1877. Toutefois, le sultan ottoman Abdülhamid II fait appel à lui et le nomme grand vizir de l'Empire ottoman, poste qu'il occupe de 1878 à 1879[7].
Il se retire ensuite à Istanbul où il meurt en 1890. Sa dépouille est rapatriée le 9 avril 1968 pour être inhumée au cimetière du Djellaz à Tunis[8].
Héritage
Avec d'autres réformateurs de son temps, il aura essayé de sortir la Tunisie de la crise qui l'affaiblit au profit des puissances coloniales.
Kheireddine Pacha figure sur le billet de 20 dinars tunisiens mis en circulation le 9 novembre 1992.
Références
- Revue d'histoire maghrebine, n°2, 1974, p. 187
- ISBN 9004045686) G. S. van Krieken, Khayr al-Dîn et la Tunisie, 1850-1881, éd. Brill, Leyde, 1976, p. 9 (
- G. S. van Krieken, op. cit., p. 15
- Sadok Zmerli et Hamadi Sahili, Figures tunisiennes, éd. Dar al-Gharb al-Islami, Beyrouth, 1993, p. 105
- André Martel, Luis-Arnold et Joseph Allegro, Consuls du bey de Tunis à Bône, éd. Presses universitaires de France, Paris, 1967, pp. 109 et 125
- (fr) Patrick Ferté et Caroline Barrera, Étudiants de l'exil : migrations internationales et universités refuges (XVIe-XXe siècle), éd. Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 2010, p. 187
- Charles Rizk, Entre l'islam et l'arabisme : les Arabes jusqu'en 1945, éd. Albin Michel, Paris, 1983, p. 107
- (fr) « Le penseur et le politicien », La Presse de Tunisie, 6 mai 2010
Bibliographie
- G. S. van Krieken, Khayr al-Dîn et la Tunisie, 1850-1881, éd. Brill, Leyde, 1976 (ISBN 9004045686)
- Mongi Smida, Khereddine : ministre réformateur, 1873-1877, éd. Maison tunisienne de l'édition, Tunis, 1970
Catégories :- Grand vizir de Tunis
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- Pachas
- Date de naissance inconnue (XIXe siècle)
- Décès en 1890
- Histoire contemporaine de la Tunisie
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