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Djolof
Le Djolof (ou Jolof) était un empire qui d'après la tradition fut fondé par Ndiadiane N'diaye, premier bourba (buur-ba = roi) djolof.
Celui-ci avait été élu comme chef dans ce qui allait devenir le royaume du Oualo, au nord-ouest de l'actuel Sénégal, dans la région du fleuve. De là, il réunit toutes les populations d'ethnie wolof pour fonder cet empire au XIIIe siècle. C'est le clan des N'diaye qui dirigea l'empire. Ce patronyme wolof existe toujours aujourd'hui. Les Habitants du Djolof, sont appelés les Djolof-Djolof.
Sommaire
Histoire
L'empire du Djolof englobait les États du Cayor, Baol, Walo, Sine, Saloum, une partie du Fouta-Toro et également une partie du Bambouk, l'époque du Grand Djolof. Toutes ces régions correspondent à l'espace sénégambien. C'est entre la fin du XIIe siècle et début du XIIIe siècle qu'il fut bâtit, par le clan Ndiaye. Selon beaucoup, Ndiadiane Ndiaye considéré comme le fondateur de l'empire, pourrait plutôt être un personnage mythique et légendaire. La construction de cet État pourrait être dû l'aboutissement du regroupement, l'élargissement, et de l'organisation du peuple Wolofs a cette époque. En effet, à cette époque en cette région du Djolof, vivaient divers peuples, Tekrouri (Toucouleurs), Peuls, Sereres, Sarakholés. Ces diverses peuples, au fil des interactions et des brassages, finirent par créer une culture homogène, ainsi qu'une langue commune. Ensembles ils formeront le peuple Wa-laf, ceux du pays Laf, les Wolofs d'aujourd'hui. Ils fonderont l'État du Djolof. Le pays Laf comprend toutes les régions du Waalo, Cayor, Djolof, Baol. Le mot Laf signifiant -la Rive-, Walaf signifie également : les riverains.
L'empire s'effondra en 1549, avec la mort du dernier empereur du Djolof, Lélé Fouli Fak, qui fut tué lors de la bataille de Danki, qui se déroula près de Diourbel, dans l'ancienne région du Baol. Il fut tué par Amari Ngoné Sobel Fall, le fils du chef de la région du Cayor de l'époque Déthié Fou Ndiogou Fall, qui allait devenir le premier damel (roi) du Cayor après un conflit dû à une offense personnelle que lui avait fait subir Lélé Fouli Fak. Parmi les premières causes de la chute de l'empire, il y a également la conquête du Royaume du Namandirou vassal du Djolof, par le conquérant Denianke Koli Tenguella. Le Djolof est resté vassal de l'empire du Mali pendant un siècle. À partir de là, les autres États allaient, tour à tour, prendre leur indépendance jusqu'à réduire le grand empire du Djolof aux dimensions d'une royauté dans la partie centrale du pays. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les colons français annexèrent progressivement tous les royaumes du Sénégal. Le Djolof fut le dernier royaume annexé avec le dernier bourba djolof, Bouna Alboury Ndiaye , sous l'impulsion de Louis Faidherbe.
En ce qui concerne l'organisation territoriale, le Djolof était divisé en lamanats, tous dirigés par un lamane. Ces lamanats étaient plus ou moins divisés, et le chef de tous les lamanes était le kangame, qui fait partie des notables qui élisent le nouveau roi. La ville capitale de l'empire du Djolof était la ville de Thieng, puis après l'éclatement de l'empire, la capitale a été transférée à Yang-Yang. Dans chaque lamanat étaient construits des tatas, forteresses, sorte de miradors, à but essentiellement militaire. D'un point de vue économique, l'empire du Djolof vivait du commerce transsaharien. L'une des causes de son éclatement est due au fait que les royaumes côtiers et vassaux du Djolof, le Cayor, le Waalo, le Baol, le Sine et le Saloum, en bénéficiant du commerce transatlantique, plus rentable, ont pu devenir plus riches économiquement, et donc se libérer de l'emprise du Djolof avec plus de facilité.
Le Fouta-Toro a pu reprendre ses terres prises par le Djolof grâce au grand personnage Koli Tenguella, ceci pendant que les autres royaumes prenaient leur indépendance tour à tour. Le Djolof a également après son éclatement du faire face au djihad toucouleur, surtout pendant le XIXe siècle notamment avec le marabout Toucouleur venant du Saloum à Nioro du Rip, Maba Diakhou Bâ, l'un des descendants de Koli Tenguella, et aussi l'un des disciples de Omar Foutihou Tall, avec Amadou Cheikhou Déme, un marabout torodoo du Fouta-Toro, qui réussit à imposer sa domination au Djolof pendant quatre ans, sans compter les raids des Maures. Le royaume a aussi été très souvent au cours des siècles en conflit avec le Cayor. En dernier le Djolof dut longtemps lutter contre les colons français qui réussiront à annexer le Djolof pendant les années 1890. Le dernier bourba, Bouna Alboury Ndiaye, a été au même titre que Lat Dior l'un des plus grands rois et résistants contre la colonisation au Sénégal.
Religions
Au Djolof les islamisés et ceux appartenant à la tradition tiédo, religion d'origine des Wolofs, ont toujours cohabité en paix. L'islam pénétra très tôt au Djolof dès le début de sa création, avec les marabouts mandingues et toucouleurs venus s'installer au Djolof. C'est l'un des initiateurs de la confrérie soufi tidjane au Sénégal, Malick Sy, et le créateur de la confrérie soufi musulmane mouride, le Cheikh Amadou Bamba Mbacké, qui convertiront pacifiquement à l'islam tout le Djolof, a la fin du XIXe siècle. Pacifiquement, car c'est le peuple émerveillé par les miracles attribués à ces personnages et le contexte politique de l'époque (djihads à répétitions, tentatives de colonisation par les Européens, exactions des Tiédos) qui poussèrent les populations à se convertir à cette religion qui combat à l'époque tous ces maux du pays, et qui bénéficiait d'une certaines images, à cause des miracles et l'apparence très pieuse et saine attribuée à chacun. Il en fut ainsi dans tout le Sénégal.
Ethnies et langues
Du point de vue ethnique, au Djolof, deux ethnies étaient majoritaires, les agriculteurs wolofs et les bergers peulhs. D'ailleurs aujourd'hui, les Wolofs du Djolof ont pour beaucoup des origines peulh ou toucouleur. Aujourd'hui, du point de vue linguistique, le wolof du Djolof est influencé par le dialecte pulaar, de la même manière que le wolof du Sine et du Saloum est teinté de sérère, et le wolof de la presqu'île du Cap-Vert d'accents lébous. Des Mandingues y vivaient aussi, surtout malinké et sarakhollé, et quelques familles maures qui pratiquaient, comme au Cayor, l'élevage équin. Ils étaient de grands vendeurs de chevaux.
Organisation sociale
L'ethnie wolof a toujours régné sur ce royaume. Cette ethnie est très hiérarchisée, elle est divisée en castes, chacune ayant un rôle bien défini. On trouve au sommet de la hiérarchie, les geer qui sont les rois, ceux qui gouvernent. Ils détiennent le pouvoir politique. Viennent ensuite les diambour qui sont des hommes libres propriétaires terriens, ainsi que les serignes qui sont les marabouts souvent d'origine pulaar ou sarakhollé. Les diambour ont très peu de pouvoir de décision. Vient ensuite la caste des nye nyo, eux-mêmes divisés par corps de métier. Au sommet des nye nyo on trouve les teugs qui sont les forgerons. Ils maîtrisent l'art du métal, ce sont eux qui fabriquaient les armes pour la guerre. Les teugs sont aussi des bijoutiers et leurs femmes sont potières. Puis les Laobés, artisans du bois aux origines Pulaar, bien que un grands nombres de nyenyo ont des origines pulaar anciennes, les rabb sont les tisserands, les woudés eux travaillent le cuir. Les guéweul (les griots) occupent une place très importante, ce sont les historiens, les musiciens, chanteurs, généalogistes, compteurs. La plupart des familles gèèr sont liées à des familles guéweuls. Bien que ces dernières soient libres dépositaires de la tradition orale, ils passent pour des spécialistes des lignées familiales et de l'histoire du terroir.
En bas de l'échelle sociale, on retrouve les captifs, les jaam en wolof, chaque famille en possède. Il portent le patronyme de la famille et y sont très attachés. Les Jaami Juddu sont ceux née dans la propriétés familiale. Les captifs du roi possèdent, eux, un statut très particulier, car le chef des captifs, le farba kaba, lui-même captif du roi, fait partie de l'assemblée des notables du royaume qui élisent le nouveau roi. C'est parmi les captifs du roi que l'on recrutait les guerriers du royaume, les tiédos. Très courageux, ils forment la plus grande partie des soldats. Les Jaami Sayoor étaient les prisonniers de guerres.
Les Jaam, toutes catégories confondu, possédaient tous un terrain propre ou ils vivaient et cultivaient, mais ils restaient sous l'autorités de la famille qu'ils servaient.
L'ethnie wolof pratiquait une endogamie très forte, et les mariages avaient lieu presque exclusivement au sein d'une même caste.
Les souverains du Djolof (Buur-ba Jolof)
- Ndiadiane Ndiaye (1350-1370)
- Sare N'Dyaye (1370-1390)
- N'Diklam Sare (1390-1420)
- Tyukuli N'Diklam (1420-1440)
- Leeyti Tyukuli (1440-1450)
- N'Dyelen Mbey Leeyti (1450-1465)
- Birayma N'dyeme Eter (1465-1481)
- Tase Daagulen (1481-1488)
- Birayma Kuran Kan (1488-1492)
- Bukaar Biye-Sungule (1492-1527)
- Birayma Dyeme-Kumba (1527-1543)
- Leele Fuli Fak (1543-1549)
- al-Buri Penda (1549-1566)
- Lat-Samba (1566-1597)
- Gireun Buri Dyelen (1597-1605)
- Birayma Penda (1605-1649)
- Birayma Mba (1649-1670)
- Bakar Penda (1670-1711)
- Bakan-Tam Gan (1711-1721)
- al-Buri Dyakher (1721-1740)
- Birayamb (1740-1748)
- Birawa Keme (1748-1750)
- Lat-Kodu (1750-1755)
- Bakaa-Tam Buri-Nyabu (1755-1763)
- Mba Kompass (1763-1800)
- Mba Buri-Nyabu (1800-1818)
- Birayamb Kumba-Gey (1818-1838)
- al-Buri Tam (1838-1845)
- Baka Kodu (1845-1847)
- Birayamb Aram (1847-1849)
- Birayma-Penda (1849)
- Mbanyi-Paate (1849)
- Lat-Koddu (1849)
(vacance temporaire du pouvoir)
- Birayamb Ma-Dyigen (1850-1855)
- al-Buri Peya (1855-1856)
- Bakan-Tam Yaago (1856-1858)
- Taanor (1858-1863)
- Bakan-Tam Khaari (1863-1871)
- Amadu Seeku (1871-1875)
- Ali Buri N'Dyaye (1875-1890)
- Colonisation française (1889-1960)
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- (en) Eunice A. Charles, A History of the Kingdom of Jolof (Senegal), 1800-1890, Boston, 1973, 280 p. (Thèse)
- (en) Eunice A. Charles, Precolonial Senegal: the Jolof Kingdom 1800 to 1890, Boston, African Studies Center : XII-163 p. African Research Studies, n° 12. (Thèse éditée en 1977)
- (en) Victoria Coifman-Bomba, History of the Wolof State of Jolof until 1860 including comparative data from the Wolof State of Walo, Madison, University of Wisconsin, 1969, 395 p. (Thèse)
- (fr) Jean Boulègue, Le Grand Jolof (XIIIe-XVIe siècle), Paris, Façades, 1987, 207 p. tome 1 : Les anciens royaumes wolof (Sénégal) (Thèse d’État publiée en partie)
- (fr) Patrice Mingou, Le Jolof de 1870 à 1895, Dakar, Université de Dakar, 1977, 111 p. (Mémoire de Maîtrise)
- (fr) Bara Ndiaye, Le Jolof : de la scission de Keur Lat Samba à l’occupation française (1759-1890) ; mutations sociales, économiques et politiques, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1996, 394 p. (Thèse)
- (fr) Samba Lampsar Sall, Njajaan Njaay. Les mythes de fondation de l’Empire du Djolof, Dakar, Université de Dakar, 1982, 157 p. (Mémoire de Maîtrise)
- (fr) Mbaye Thiam, Le Djolof et Bouna Ndiaye, Dakar, Université de Dakar, 1976, 110 p. (Mémoire de Maîtrise)
- (fr) Mbaye Thiam, La chefferie traditionnelle wolof face à la colonisation : les exemples du Jolof et du Kajoor, 1900-1945, Dakar, Université de Dakar, 1986, 387 p. (Thèse de 3e cycle)
Liens externes
- (en) World Statesmen.org (liste des souverains des anciens royaumes du Sénégal)
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