Joan du Sart

Joan du Sart

Johan Du Sart, Johan ou Joan du Sart ou Dusart, né à Utrecht le 20 juillet 1621 et décédé à Haarlem, le 1er novembre 1691, est un compositeur baroque, carillonneur et organiste[1] de la République des Sept Pays-Bas.

Sommaire

La vie et l’œuvre

1621 – 1683

Vraisemblablement, Joan était un fils de Thomas Dusart, orfèvre et trompettiste de la ville d’Utrecht.

Il était le père de Johan et de Cornelis, le frère de Jacques, le neveu de Thomas et l'oncle d’Isaac[2].

C’est chez Paulus Matthysz à Amsterdam que parut son Zang-wortel en gheestelyke spruit, bestaande in verscheide zang-stukken, à 2, 3, 4 et 5 voix et une basse continue, avec dédicace à Constantijn Sohier[3]. Les textes de ces chansons sont de la main de Jan Harmansz Krul, Pieter Corneliszoon Hooft et Daniel Jonctys. De cet ouvrage, seule la voix supérieure a été conservée ; pour autant que l’on puisse juger de l’œuvre à partir du peu qui en reste, Dusart fut sans doute un adepte des idées de son concitoyen Joan Albert Ban[4]. Le recueil de Dusart représente, en 1653, la fin de cette brève floraison du madrigal néerlandais, qui avait commencé avec quelques publications des années 1640-1641, œuvres du compositeur Cornelis Padbrué. Dusart considérait l’expression des sentiments tristes et agréables comme l’essence même de la musique vocale. Maîtrisant insuffisamment les langues étrangères, les compositeurs néerlandais, ainsi que les chanteurs et les auditeurs, arrachèrent au chant son âme, disait-il. Par manque d’habitude, les chanteurs ne s’en sortirent non plus en néerlandais : ils étaient devenus des étrangers dans leur propre pays[5].

Le 6 novembre 1655, Dusart fut nommé organiste de la Grande Église à Haarlem[6]. Au cours de son office haarlémois, un nouveau carillon fut suspendu dans la tour de cette l’église, ainsi que dans celle de l’église de Bakenesse, comme en témoigne le contrat de janvier 1658 avec Francois Hemony. Ce fut également lui qui devrait jouer ce carillon[7].

Sur sa proposition et, par l’arrêté du 30 août 1662 du bourgmestre, il fut désigné, de façon permanente cette fois-ci, comme accompagnateur à l’orgue du chant des psaumes. La première tentative d’obtenir ce poste - en 1650, lorsque Cornelis Helmbreecker était organiste – échoua pour cause d’ordre local[7].

La notification dans les Zederymen bestaande in zangen en gedigten (publiées à Amsterdam en 1656) d’A.J.[8], qu’un certain nombre de chants auraient été notés par Mr. I.I. Duzart, organiste de la ville de Haarlem, ne signifie toutefois pas que les mélodies des chansons imprimées dans ce recueil auraient été composées par Dusart ; seules les mélodies de Kenteiken des haats: O ghy, die, veerdigh in verdoemen ; Psalm VI: De zonden baren plagen ; Psalm XXXII: Benaautheit groeit door 't groeijen ; Psalm XXXVIII: Wilt der zonden straf besnoeyen ; Psalm CII: Neig goetgunstich uwe oogen et De wijsheit sterft daar zonden leven, lui peuvent être attribuées, alors que les autres sont des adaptations de mélodies existantes[3].

Lors de la publication des bans à Velsen, avec Catharina Brouwers, jeune fille de Haarlem, le 14 mai 1656, on le décrit comme un jeune homme d’Utrecht. De son mariage fut né un fils, Cornelis, baptisé à Haarlem le 25 avril 1660, qui deviendra un peintre célèbre[7].

Lors de la visite à Haarlem de la Prinses-Royale (Marie Henriette Stuart) et du futur stathouder Guillaume III et leur cour de 266 personnes en juin 1660, Joan offrit ses services en tant que musicien[7].

En 1670 son salaire annuel monta à £ 900 et il reçut également £ 10 afin de pouvoir s’habiller en tenue de ville[7].

1683 - 1691

Comme veuf avec enfants et ayant déjà dépassé la cinquantaine, il épousa une fille de l’organiste Hendrick Coenraadszoon van Stroomberch de Delft[9], Johanna, qui avait été son domestique. Ce mariage fut malheureux : il ne fallait pas plus que trois semaines, pour que les problèmes commençassent ; Johanna annonça que l’argent du ménage de trois mois était déjà dépensé. Il se peut qu’elle donnât de l'argent à sa famille à Delft. Une bonne expliqua que Johanna menaçait Joan de ne lui laisser aucun instant de repos s’il n’accepterait pas de modifier les conditions de mariage conclues entre eux, ce que Dusart ne voulut évidemment pas dans l’intérêt de ses enfants. En janvier 1683, dans sa colère et en présence du témoin susmentionné, Johanna alla jusqu’à déchirer le contrat de mariage. Face aux accusations de son mari et de ses beaux-enfants qu'elle avait détourné de l'argent, Johanna accusa Dusart de la dominer et d’animer les enfants contre elle. Il lui aurait dit, entre autres, qu’il l’agacera autant que possible, et qu’il ne s’agissait pas de sa personne, mais de ses biens[10].

En tant qu’expert en orgues, Dusart fit fonction d’inspecteur adjoint de l’orgue nouvelle du Westerkerk à Amsterdam, en 1686[7].

Comme organiste, il apporta des modifications à un registre d’orgue, probablement avec le soutien du facteur d’orgues haarlémois B. van Loon (annonce dans l’Opregte Haarlemsche Courant du 13 juillet 1686 ; une annonce à mettre en relation avec la précédente, dans l’Opregte Haarlemsche Courant du 23 février 1686, justifia autrefois la conviction que Dusart aurait été l’inventeur du cornet (labial) et aussi le premier à appliquer cette invention)[7]. Il annonça :

Joan Dusart, organiste et carillonneur de la ville de Haarlem, a une nouvelle invention, à jouer durant le chant à l’Église, et cela sans le vieux hurlement de lyre des petits tuyaux mais avec des tuyaux modestes ; c’est-à-dire : afin de faire résonner aussi loin que possible sur la commune le bruit de la voix d’orgue jouée comme accompagnement du chant de psaumes, à la façon des tuyaux les plus grands de l’orgue, et afin que celui qui s’est assis le plus loin de l’orgue se verra forcé - par l’orgue - de chanter la mélodie du psaume sur le ton correcte, ce qui mènera la commune à chanter en l’honneur de Dieu d’une façon nette, airée et uniforme.

Ce que fut exactement son invention, reste dans l’ombre. Par expérience, Dusart sut qu’utiliser les voix supplémentaires de façon plus prononcée, ne ferait pas ressortir la mélodie de psaume de manière plus nette : il désignait cela comme le hurlement de lyre des petits tuyaux. Il faisait ressortir la mélodie de psaume d’une autre manière[11].

Le susdit développement est à mettre en rapport avec l’introduction de l’accompagnement par l’orgue du chant d’ensemble dans les églises. Grâce à l'introduction du registre de cornet et du déchant, essentiellement un mélange de registres de tierces et de quintes, à la hauteur tonale 16', 8' ou 4', l'organiste pouvait faire entendre la mélodie de psaume de façon pénétrante. Dusart revendiqua l’« invention » du registre, alors qu’il s’agissait en vérité de rien de plus que de l'application des développements par lesquels la construction d’orgue avait passé en France et aux Pays-Bas méridionaux[12].

Son successeur en tant qu’organiste, Sybrandus van Noort, fut nommé le 8 janvier 1692[3].

Notoriété

Le rhétoricien haarlémois, François Snellinx, écrivit quatre éloges sur lui ; dans le deuxième, il compara son jeu avec celui de Cornelis Helmbreecker et de Jan Pieterszoon Sweelinck.

Notes, sources, et/ou références

  1. Paul Zumthor, traduit par Simon Watson Taylor, Daily life in Rembrandt’s Holland, Stanford University Press, 1994, ISBN 0-8047-2200-5, 9780804722001, p.  201
  2. voir également le site Web Composers-classical-music
  3. a, b et c P.C. Molhuysen & P.J. Blok (réd.), Nieuw Nederlandsch biografisch woordenboek. Vol. 1, A.W. Sijthoff, Leyde, 1911, p.  767
  4. Louis Peter Grijp, Muziek en literatuur in de Gouden Eeuw in Een muziekgeschiedenis der Nederlanden, Amsterdam University Press-Salomé & Uitgeverij Pelckmans (Belgique), 2001, ISBN 90 5356 488 8 (Amsterdam) et ISBN 90 289 3000 0 (Belgique), p.  252
  5. Thimo de Nijs, Eelco Beukers, Geschiedenis van Holland, Uitgeverij Verloren, 2002, ISBN 90-6550-683-7, 9789065506832, p.  426-427
  6. P.C. Molhuysen & P.J. Blok (réd.), Nieuw Nederlandsch biografisch woordenboek. Vol. 1, A.W. Sijthoff, Leyde, 1911, p.  647
  7. a, b, c, d, e, f et g P.C. Molhuysen & P.J. Blok (réd.), Nieuw Nederlandsch biografisch woordenboek. Vol. 1, A.W. Sijthoff, Leyde, 1911, p.  766
  8. Monogramme derrière lequel se cache Antony Janssen
  9. voir aussi ce site Internet
  10. G.M.E. Dorren, Proefschrift: Eenheid en verscheidenheid. De burgers van Haarlem in de Gouden Eeuw, 2001, ISBN 90-5333-883-7, p.  59
  11. J.W.Enschedé, Gerhardus Havingha en het orgel in de Sint-Laurenskerk te Alkmaar in Vereniging voor Nederlandse Muziekgeschiedenis, Amsterdam, G. Alsbach [etc.], 1908, p.  200
  12. Rudolf Rasch, Een Muzikale Republiek, Geschiedenis van de Muziek in de Republiek der Verenigde Nederlanden 1572-1795, vol. 2, Muziekleven, Tome 8, De kerken I: Reformatorische richtingen, 8.3 De Hervormde Kerk 2: Orgelbegeleiding

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