Jean du Mats de Montmartin

Jean du Mats de Montmartin

Jean du Mats de Montmartin, seigneur de Terchant et de Montmartin, gentilhomme et militaire français, époux de Marie de Feschal Blason famille de Feschal.svg, 1575, mort au château de Terchant le 26 octobre 1625 à Ruillé-le-Gravelais et inhumé à Vitré ;

Sommaire

Biographie

Protestantisme

Il embrassa la religion réformée aussitôt qu'elle commença à être professée en Bretagne. Mais, forcé de se soustraire aux persécutions exercées contre ceux de sa religion, il se réfugia en Suisse, d'où il ne revint qu'en 1576, avec Guy XIX de Laval, comte de Laval, à la suite de l'Édit de Beaulieu[1].

Gouverneur de Vitré

Nommé en 1589 gouverneur de Vitré, la seule ville qui tînt alors avec Brest et Rennes pour Henri IV, il rendit de grands services à ce prince jusqu'à l'entière pacification de la Bretagne.

Guerres de religion

La ville de Vitré ayant été investie au mois de juillet 1590 par les ligueurs, qui avaient fortifié les maisons des gentilshommes des environs, Montmartin, incommodé de ce voisinage, fit sortir de l'artillerie et, après avoir pris ou rasé ces maisons, il tailla en pièces 200 hommes amenés par deux capitaines ligueurs au secours de ceux qui s'y étaient établis. Peu de temps après, les garnisons de Fougères et de Châtillon formèrent une entreprise sur le château de Vitré, qu'elles essayèrent de surprendre pendant la nuit ; Déjà 40 des ennemis avaient pénétré dans le château ; mais, trahis par celui même qui les avait introduits, ils furent tous tués ou faits prisonniers. Ce mauvais succès ne rebuta pas le duc de Mercœur.

Sachant que Montmartin était auprès du roi, il s'aboucha avec du Breil, qui commandait en l'absence de ce dernier. Du Breil prêta l'oreille aux propositions du duc et consentit à lui livrer le château. Cette trahison aurait réussi sans la présence d'esprit et le courage d'un officier nommé Raton[2], qui tua le traître et avec l'aide de trois soldats fit avorter ses projets.

En 1591, après avoir fait, de concert avec Molac, le siège de Plimeu, qui fut forcé de capituler, Montmartin, alors maréchal de camp dans l'armée du prince de Dombes, marcha à la rencontre du duc de Mercœur, qui s'avançait pour reprendre Guingamp. Dans un conseil que tint le prince le 21 juin, l'opinion émise par Montmartin fut approuvée et décida du sort de la bataille. Cependant l'artillerie des ligueurs, plus nombreuse et mieux servie que celle des royalistes, fit d'abord lâcher pied à ces derniers. Montmartin, s'en apercevant, disposa aussitôt l'armée de telle sorte, que, dès la première charge, il reprit à la pointe de l'épée le terrain que les ennemis venaient de gagner. Sa seconde charge fut si terrible qu'il contraignit l'infanterie du duc de Mercoeur à se replier derrière les Espagnols, ses alliés. Montmartin ne fit sonner la retraite qu'après avoir fait un grand carnage des ennemis et les avoir poursuivis autant qu'il le put.

A quelques jours de là, le prince de Bombes ayant résolu d'attaquer Lamballe, Montmartin s'efforça de l'en dissuader. Ses représentations ne furent pas écoutés, et le siège commença. Montmartin y fut dangereusement blessé. Cependant il n'abandonna pas Lanoue, blessé lui-même mortellement peu après, et il ne cessa de lui prodiguer des soins jusqu'à son dernier soupir. Déterminé par la mort de Lanoue à lever le siège de Lamballe, le prince de Bombes se mit en marche vers Rennes. Arrivé à Saint-Méen, distant de six lieues de cette ville, il se trouva bientôt en présence du duc de Mercœur. Si le prince, moins circonspect, avait attaqué les ligueurs, surpris à l'improviste, c'en était fait d'eux. Le duc, profitant de son inaction, se replia, à deux lieues, sur Saint-Jouan. Rendu plus hardi par l'arrivée d'un renfort de 200 gentilshomme, le prince se décida enfin au combat. Montmartin, par ses ordres, fut chargé des dispositions de la bataille. Il rangea l'armée dans une lande, plaça ses canons sur une petite hauteur, et divisa sa troupe en quatre corps, dont les Français formèrent les deux premiers, les Anglais le troisième et les lansquenets le dernier. Le succès que, grâce à ces habiles dispositions, on obtint dès la première charge, aurait, cette fois encore, été suivi de la victoire, si le prince, toujours irrésolu, n'avait perdu un temps précieux à discuter avec son conseil au lieu d'agir. La retraite s'exécuta sous de frivoles prétextes, et Montmartin, envoyé devant Châtillon pour en faire le siège, investit la place, qui capitula après que les assiégeants eurent tiré sept à huit cents coups de canon. Pendant qu'on traitait des conditions de la capitulation, presque tous les assiégés furent massacrés, à l'exception de quelques gardes du duc de Mercœur, qui se trouvaient parmi eux et que Montmartin réussit à renvoyer sains et saufs.

Craon, Vitré

L'année suivante le prince de Dombes et le prince de Conti mirent le siège devant la ville de Craon ; le duc de Mercoeur, profitant de la mésintelligence qui régnait entre eux, les attaqua le 22 mai et remporta une victoire complète.

Article détaillé : Pierre Le Cornu.
Article détaillé : Bataille de Craon.

Montmartin n'était pas alors en Bretagne. Il avait accompagné Henri IV au siège de Rouen, et ce prince, augurant mal de l'entreprise sur Craon, n'avait pas voulu consentir à ce que le gouverneur de Vitré s'éloignât de lui. Mais, lorsqu'il apprit la défaite des princes, il le fit partir pour Vitré, afin qu'il rassurât par sa présence cette ville dont la position lui était si avantageuse. Montmartin se mit aussitôt en route, traversa le camp du duc de Mercoeur et fut rendu dans six jours à Vitré.

Il en fortifia les faubourgs, où il logea les Anglais, la plupart blessés ou désarmés, jeta 1 200 hommes dans la ville, et fit si bien que le duc de Mercœur, qui comptait, à la faveur de la consternation produite par la déroute des princes, sur une reddition immédiate, jugea prudent de s'éloigner et d'aller assiéger Malestroit. Appelé trop tard par le duc de Montpensier pour secourir cette place, Montmartin se dirigea vers Dinan, où se trouvaient 300 Lorrains nouvellement entrés en Bretagne, les chargea et leur enleva leurs quartiers après leur avoir fait essuyer quelques pertes. Le maréchal d'Aumont, nommé la même année commandant en Bretagne, ne fut pas plutôt arrivé dans cette province que, cédant aux instances dé la ville d'Angers et touché des cruautés commises tous les jours par deux chefs de bandes qui désolaient le pays, il résolut de les assiéger dans leur repaire. C'était la petite ville de Rochefort, située sur le bord de la Loire, au-dessous d'Angers. Montmartin fut chargé de cette expédition. Il obtint d'abord quelques succès, et les assiégés, resserrés de toutes parts et réduits à une grande disette, auraient été forcés de capituler s'il eût été exclusivement chargé des opérations du siège.

Mais l'approche de l'hiver, et le défaut d'accord entre le prince de Conti et le maréchal d'Aumont, qui étaient venus le rejoindre, entraînèrent la levée du siège. En 1593, il assista aux états tenus à Rennes, et participa aux délibérations, dont une des plus importantes eut pour résultat d'envoyer des députés à la reine Élisabeth et aux états généraux de Hollande, afin d'en obtenir des secours d'hommes et d'argent. Montmartin, désigné comme l'un d'eux, se rendit auprès du roi pour lui faire part de cette délibération. Henri IV ayant donné son adhésion aux négociations que les députés devaient poursuivre en Angleterre et en Hollande, ils partirent au mois de février, et, moitié par fermeté, moitié par adresse, non-seulement ils obtinrent d'Élisabeth la révocation du rappel de ses troupes, mais ils réussirent à faire échouer toutes les tentatives de cette princesse et de ses ministres pour que la ville de Brest, dont ils prétendaient faussement que le gouverneur Soudéac leur était dévoué, reçût un nombre d'Anglais égal à celui des Français formant la garnison. Tout ce qu'ils accordèrent en échange d'un nouveau secours de 5 000 hommes, ce fut d'ajouter l'île de Bréhat à la petite ville de Paimpol, qu'occupaient déjà les Anglais. De Londres, les députés se rendirent en Hollande, alors en guerre avec l'Espagne, ce qui les empêcha d'obtenir des états généraux des secours immédiats.

Commandement

La députation, dont Montmartin fut le membre le plus actif et le plus influent, était de retour en Bretagne au mois de juin 1594. Vers la fin de cette année, le roi ayant envoyé en Bretagne trois régiments, trois compagnies suisses-et trois compagnies de dragons, Montmartin fut chargé de prendre le commandement de ces troupes et de les cantonner à Rennes ou dans les environs. Au commencement de l'année 1595, il reçut ordre de les conduire au maréchal d'Aumont, qui était resté à Quimper depuis la prise du fort de Crozon. Dès que Montmartin fut à Châtelaudren, il donna avis de sa marche au maréchal, qui lui enjoignit d'investir Corlay, ville au pouvoir de la ligue ou plutôt du brigand Fontenelle, qui, pour détourner l'orage, berça Montmartin de l'idée de sa soumission au roi. Cette ruse, à laquelle il recourait dans l'espoir d'être promptemént secouru par les Espagnols, n'eut aucun succès auprès de Montmartin, qui rejeta ses offres, cerna la ville et le renferma dans le château. Un stratagème que Montmartin employa après l'arrivée du maréchal ayant déterminé Fontenelle à capituler, la basse-Bretagne se trouva ainsi délivrée pour quelque temps des brigandages de ce monstre.

En 1596, Anne d'Alègre, comtesse de Laval, zélée calviniste, pensant que son fils Guy XX de Laval, qui s'était rendu près du roi, allait embrasser la religion catholique et soupçonnant que Montmartin en ferait autant, profita de l'absence de ce dernier pour se rendre maîtresse, l'intelligence avec les habitants, de la ville de Vitré. Mais Henri IV rétablit Montmartin et le dédommagea de cette mésaventure par un don de dix mille écus, dont la comtesse fut condamnée à payer la moitié. Le roi, qui avait apprécié la fidélité à toute épreuve de Montmartin, l'attacha à sa personne, tout en lui conservant son gouvernement, qu'il exerça par ses lieutenants.

Lorsqu'en 1597 Henri IV sentit la nécessité de mettre un terme aux promesses trompeuses du duc de Mercœur, afin d'arriver à l'entière pacification de la Bretagne, ce fut Montmartin qu'il choisit pour disposer les esprits à la guerre qu'il méditait. Nommé commissaire du roi près des états de la province, il y fit noter les dépenses de la guerre et compléta sa mission à Saint-Malo, dont les habitants s'offrirent à fournir au roi l'artillerie et l'argent dont il aurait besoin. Après la séparation des états, il suivit le maréchal de Brissac au siège de Dinan, contribua avec Molac à la prise de cette ville, dont il régla la capitulation. Il fut ensuite le principal négociateur qu'employa Henri IV pour déterminer le duc de Mercœur à se soumettre ; sa conduite ferme et habile obtint l'approbation du roi.

Mémoires

Il ne paraît pas avoir séjourné dans la Bretagne après qu'elle fut entièrement rentrée sous l'obéissance de Henri IV. Montmartin a laissé un récit des événements auxquels il a pris part, sous ce titre : Mémoires de Jean du Mats, seigneur de Terchant et de Montmartin, gouverneur de Vitré, ou Relation des troublles arrivés en Bretagne depuis l'an 1589 jusqu'en 1598.'

De nombreux documents[3] prouvent que le maréchal résidait dans la dernière partie de sa vie au château de Terchant et confirme l'opinion émise par l'abbé Angot qu'il y écrivit ses Mémoires. Ces Mémoires se trouvent dans le Supplément aux Preuves de l'histoire de Bretagne de dom Morice et de dom Taillandier[4]

On ignore si la mort de Montmartin a précédé ou suivi la publication d'un ouvrage qui parut sous son nom, intitulé Etat de ceux de la religion en France, Paris, 1615, in-8°.

Notes et références

  1. Paul, fils puîné de Jean du Matz, fut baptisé suivant le rite protestant au château de Terchant en 1576.
  2. Ou plutôt Ralon ; il a donné son nom à une des rues de la ville de Vitré. Le Châtillon dont il est question dans cet article s'appelle Châtillon-en-Vendelais, et conserve encore quelques débris de ses vieilles fortifications. Voir l'Histoire de Vitré
  3. La question évoquée dans le document qui suit était un conflit de juridiction à Ruillé entre les seigneurs de Maineuf qui possédaient la terre de la Gesbretière en Ruillé, et le sieur de Terchant. « A Monsieur, Monsieur de Grant-Fonteine. « Monsieur, « Je ne refuseray jamais la raison en toutes les affaires quant elle se présentera ; mais par la lettre que vous m'escrivez, je crois que vous n'estes pas esclairci du sujet qui m'a fait entreprendre le procès que j'ai bien consulté devant que de m'i embarquer. « C'est qu'il ni a pas longues années que les landes de Pierre-Plate, dépendantes de la seigneurie de la Lande-Sourchin, valloient par chacun an au seigneur de Loiron et de la dite Lande-Sourchin six vingt chevalleres d'avoine et quelque argent, poulles et chapons ; despuis peu d'années, plusieurs qui exploitoient ladite lande ont fait exponse, jusques à quatre-vingt chevallerets, tellement que je n'en suis plus servi que de vingt. Jugé s'il est raisonnable que pour vingt chevallerets, l'on jouisse et exploitent (sic) pour six vingt dans madite lande. « Monsieur le présidant de Vaugaillard et le sieur de la Merie et trois autres qui y ont intérés, m'ont instamment prié de ne passer point plus outre et qu'ils en volloit (sic) accorder, ce que je leur ai concédé et délai d'envoyer les exploits. Si vous voulez je feroi semblable à vostre endroit, moyennant que vous me prometiez aussi de n'envoyer point à la Cour, et d'en envoyer assurance comme je la vous donne au fermier de Maineuf qui m'a aporté la vostre, et dans quinze jours nous voirons si nous nous pourrons accorder, et suffira qu'il y aie un homme de vostre part pour voir ce qui s'y passera, car mon indisposition m'empesche de me pouvoir treuver à Laval si tost que le désirez. Vous ne treuverez en toutes mes actions que sujet de contantement et de vous rendre tout le servisse qui dépand de mon pouvoir. « Vostre bien humble et affectionné serviteur, « MONTMARTIN. « A vostre Terchant, ce 28 avril 1620. » Double cachet ovale, très petit, moins d'un centimètre en hauteur, chargé d'un héron. Écriture très ferme, grosse ronde. Les y sont remplacés par j. Le destinataire de la lettre est M. d'Andigné, seigneur de Grand-Fontaine, tuteur des enfants de N. d'Andigné, seigneur de Maineuf.
  4. T. 3, p. cclxxij-cccxvj.

    « Quoique Montmartin fût protestant, dit M. de Kerdanet dans ses Notices sur les écrivains de la Bretagne, on ne s'aperçoit nulle part qu'il ait été de cette secte. II montre partout autant de candeur que d'attachement à la personne de son souverain. Jacques-Auguste de Thou a eu communication de ses Mémoires, qu'il ne fait pour ainsi dire que copier dans ce qu'il rapporte des affaires de la ligue en Bretagne. »

Sources


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