Jean-Baptiste Peugnet

Jean-Baptiste Peugnet

Jean-Baptiste Peugnet, né le 30 juillet 1764, à Vraucourt (Pas-de-Calais), général français.

Entré au service comme volontaire le 26 septembre 1791 dans le 1er bataillon du Pas-de-Calais, il fut fait sergent le même jour et obtint le grade de sous-lieutenant le 12 février 1792.

Il prit part à toutes les guerres de la Révolution française et servit successivement, de 1792 à l'an III à l'armée du Nord, en l'an IV à celle de l'Intérieur, de l'an V à l'an VIII à celle d'Italie, et en l'an IX à celle des Grisons.

Lors de la levée du camp de Maulde, il était détaché avec 42 hommes au château de l'Abbaye, où il avait ordre de tenir jusqu'à la dernière extrémité. Assailli le 7 septembre 1792 par de nombreux ennemis, sa résistance fut héroïque, mais il perdit 40 hommes qui tombèrent morts ou grièvement blessés. Atteint lui-même de deux coups de feu à la jambe droite et n'ayant plus avec lui que deux soldats valides, Peugnet effectua sa retraite les armes à la main. Les ennemis étaient déjà maîtres d'une partie du château lorsque, accompagné de ses deux soldats, il traverse un jardin et va chercher une issue ; mais quatre grenadiers autrichiens les attendaient au passage : il en tue un avec son sabre, deux autres expirent sous les coups de ses compagnons, le quatrième prend la fuite, et trois parviennent à rejoindre leur bataillon.

Capitaine le 26 janvier 1793 dans le 10e bataillon du Pas-de-Calais, qui entra dans la formation de la 14e demi-brigade, devenue 14e régiment d'infanterie de ligne, Peugnet se distingua particulièrement, le 8 pluviôse an V, au combat d'Ario, sur l'Adige, où il reçut l'ordre de s'emparer d'une redoute qui défendait le passage du fleuve.

A la tête d'un détachement de 17 hommes seulement, il se dirigea sur la catterie par des sentiers impraticables. Sa marche, favorisée par l'obscurité de la nuit et par une pluie qui tombait à torrent, ne fut point aperçue par l'ennemi, et il parvint au pied des retranchements sans avoir donné l'éveil.

Une fois arrivé, il cherche à réunir son monde pour exécuter son coup de main projeté, mais il s'aperçoit alors qu'il n'a plus auprès de lui que deux des soldats qui devaient le seconder ; les autres se sont égarés dans la route ou n'ont pu surmonter les obstacles qui s'opposaient à leur marche.

Dans cette position critique, éloigné de tout secours, il prend le parti de se retirer ; mais, entouré de postes ennemis, il n'a d'autres moyens d'échapper à leur surveillance que de se jeter dans un ruisseau où, dans l'eau jusqu'au cou, il attend que le jour paraisse. Pendant ce temps, les Autrichiens ayant évacué leurs positions, il put se montrer sans danger et rentrer à son corps. Le 28 thermidor an VII, à la bataille de Novi, Peugnet avec sa seule compagnie de grenadiers, culbuta un bataillon russe qui s'était maintenu dans ses positions, malgré le feu de deux demi-brigades et de plusieurs pièces de canon. Atteint, dès le commencement de l'action, d'une balle qui lui avait traversé la caisse droite, il ne voulut quitter le champ de bataille qu'après avoir vu l'ennemi repoussé.

Le 7 brumaire an VIII, commandant le 1e bataillon de sa demi-brigade, il fut chargé par le général Laboissière de débusquer l'ennemi des positions qu'il occupait entre l'Orba et la Bormida, ce qu'il exécuta avec un plein succès, ayant contraint l'ennemi de repasser la Bormida sur plusieurs points.

Le 26 du même mois, à l'affaire de Buçaco, il combattit avec une grande valeur, reçut quatre coups de sabre, dont deux à la main droite, un à la main gauche et un autre sur la tête, fut fait prisonnier de guerre et subit une captivité de quinze mois en Autriche. À son retour, il reçut un sabre d'honneur qui lui fut décerné par arrêté du 28 fructidor an X.

Employé en l'an XII et en l'an XIII au camp de Saint-Omer, il fut créé officier de la Légion d'honneur le 25 prairial an XII, et fut nommé membre du collège électoral du département du as-de-Calais.

De l'an XIV à 1807, il fit les campagnes d'Autriche, de Prusse et de Pologne, et le 30 frimaire an XIV, après la bataille d'Austerlitz, où il commandait le 1e bataillon du 14e, et où il rendit d'importants services, il fut nommé chef de bataillon au 61° régiment d'infanterie de ligne.

En octobre 1806, à la bataille d'Iéna, il fut grièvement blessé d'un coup de feu à la jambe gauche et eut un cheval tué sous lui. Il ne voulut point quitter le carré de son bataillon qu'après que la victoire se fut décidée en faveur des français.

Peu de temps après, l'Empereur, pour lui témoigner sa satisfaction, lui accorda une dotation de 3 000 francs de rente.

En 1809 il fit partie de l'armée d'Allemagne.

Dans une affaire qui eut lieu le 19 avril près de Landshut, avec son bataillon il enleva à la baïonnette un village dans lequel les Autrichiens laissèrent un grand nombre de morts, et il eut encore un cheval tué sous lui. Le 21, en avant de cette même ville, avec 400 hommes, il sut, par des démonstrations, tromper l'ennemi et lui persuader qu'il avait devant lui la division Morand tout entière. Coupé de cette division, il contint les Autrichiens par son attitude menaçante, et donna le temps au maréchal Bessières de venir le dégager.

Après avoir reçu les éloges les plus flatteurs de la part du maréchal, le commandant Peugnet remit à la division Legrand 1 200 prisonniers de la Landwehr et rejoignit le 23, devant Ratisbonne, son régiment qui le croyait tombé au pouvoir de l'ennemi. Le 7 juin suivant, il fut nommé colonel en second, et alla prendre le commandement d'un régiment provisoire dans une division du corps du général Oudinot.

A Wagram, il fit des prodiges de valeur.

Dans la matinée, il déposta l'ennemi qui s'était retranché dans un village en avant de la ligne française, lui tua beaucoup de monde et s'empara ensuite d'un plateau qu'il conserva malgré les efforts réitérés de plusieurs colonnes considérables qui voulaient reprendre cette position. S'étant précipité dans la mêlée le sabre à la main, il tua trois Autrichiens, en blessa quatre autres et fut lui - même grièvement atteint d'un coup de feu qui lui traversa l'avant-bras droit.

Jamais il n'avait couru de plus grands dangers que dans cette journée : ses vêtements furent criblés de balles ; un biscaïen vint s'amortir sur une des fontes de ses pistolets, et cinq autres percèrent son manteau roulé sur le devant de sa selle.

La blessure qu'il avait reçue lui fit perdre complètement l'usage de son bras. Désormais incapable de continuer son service à l'armée active, il avait droit à une honorable retraite; mais l'Empereur, voulant utiliser son zèle et son dévouement, le créa baron le 15 août 1809, avec une nouvelle dotation de 4 000 francs de rente et le nomma, par décret du 16 du même mois, commandant d'armes de troisième classe dans l'île de Texel, à laquelle on adjoignit celle de Whilande.

Lors de la terrible tempête qui eut lieu dans la nuit du 23 au 24 décembre 1811 sur la côte Nord de l'île de texel, le colonel Peugnet, au péril de sa vie, coopéra au sauvetage de 31 personnes et de plusieurs bâtiments, et fit retirer des flots 2 932 barils de poudre provenant d'un navire britannique qui s'était jeté a la côte, et dont il fit conduire l'équipage à Amsterdam après l'avoir accueilli et traité avec tous les égards et toute l'humanité que réclamait la circonstance. En 1813, il commandait à Barcelone. Au mois de mai 1814, lorsqu'il fut obligé de rendre cette place à l'Espagne, le conseil municipal de cette ville, voulant donner au colonel Peugnet un témoignage de son estime et de sa gratitude, lui adressa au moment de son départ un certificat dans lequel il donnait de justes éloges à sa modération, à son désintéressement, à son zèle pour le maintien de l'ordre et de la discipline parmi les troupes, ainsi qu'à ses bons et loyaux procédés envers les habitants.

Rentré dans ses foyers, il fut nommé commandant d'armes à La Rochelle le 3 novembre 1814.

Lorsqu'en 1815 cette place fut déclarée en état de siège, il prit les mesures convenables pour la mettre à l'abri de toute insulte de la part de l'ennemi.

Le 22 juin de cette même année, il fut envoyé à l'armée de la Loire pour y commander, dans la division Aimeras, une brigade de gardes nationales mobiles. Cette brigade fut licenciée le 29 juillet, et le colonel retourna à La Rochelle; mais, signalé le 20 septembre 1815, par un des ministres réactionnaires de cette époque, comme l'homme le plus inepte et le plus féroce, il fut immédiatement renvoyé dans ses foyers et admis à la retraite le 7 décembre 1816.

Lors de la révolution de Juillet, le colonel Peugnet demanda à renîrer dans l'armée active et à consacrer ses derniers jours au service du pays ; mais son âge et la calomnieuse dénomination de 1815 s'opposèrent au succès de sa demande.

Il est mort le 28 septembre 1831.

Source

« Jean-Baptiste Peugnet », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition]


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