Intervention de l'OTAN en ex-Yougoslavie

Intervention de l'OTAN en ex-Yougoslavie

Guerre de Bosnie-Herzégovine

La guerre de Bosnie-Herzégovine (souvent appelé Guerre de Bosnie par abus de langage) est une guerre entre les peuples Serbes, Croates et Bosniaques ayant eu lieu sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine et ayant impliqué principalement la Yougoslavie (RFS Yougoslavie puis RF Yougoslavie), la Serbie, la Croatie et les différentes entité de l'actuelle Bosnie Herzégovine. Elle débuta le 6 avril 1992 lorsque l'armée populaire yougoslave, attaqua la Bosnie-Herzégovine qui venait de déclarer son indépendance le 1er mars. La guerre s'est achevée par les Accords de Dayton le 14 décembre 1995.

Sommaire

Préludes

La guerre en Bosnie est une conséquence de la dislocation de la Yougoslavie, elle-même liée à la chute des régimes communistes en Europe de l'Est en 1989. La renaissance des idées nationalistes en Yougoslavie a fragilisé le rôle central du Parti communiste. Les arrivées au pouvoir de Slobodan Milosevic en Serbie en 1987, et de Franjo Tudjman en Croatie en 1990, accentuent la crise. En juin 1991, la Slovénie déclare son indépendance, et la Croatie en fait de même. Après un rapide conflit en Slovénie, la JNA sous le commandement serbe, appuyée par les para-milices serbes, et les serbes de Krajina en Croatie, attaquent la Croatie. Le symbole du début de cette guerre est certainement la tragédie de Vukovar.

La Bosnie ne voulant pas participer à cette guerre contre la Croatie, décide de déclarer sa souveraineté en octobre 1991. Mais la commission de Badinter précisa qu'elle ne reconnaitrait l'indépendance de la Bosnie, que si un referendum était organisé à cet effet en Bosnie .

Un referendum d'autodétermination est alors organisé le 29 février 1992. Il est boycotté par la plupart des Serbes qui constituent 32% de la population. Les Croates et les Musulmans votent, à savoir 68% de la population. Le résultat du référendum est de 99% des voix en faveur de la Bosnie indépendante. Celle-ci est en conséquence proclamée par le parlement bosniaque le 5 avril 1992.

Comme il a été prévu par la commission de Badinter, suite à ce referendum, la Communauté européenne reconnait la Bosnie en tant qu'État indépendant, le 6 avril 1992. Cette reconnaissance est suivie de celle des États-Unis. La Bosnie adhère ainsi le 22 mai 1992 à l'Organisation des Nations unies, avec la Croatie et la Slovénie.

La République serbe de Bosnie, l'entité des Serbes dirigée par Radovan Karadzic, déclare à son tour, mais sans aucune procédure constitutionnelle, son indépendance. Cette république ne sera jamais reconnue en tant que telle par la communauté internationale. Si, suite aux accords de Dayton, il existe dans les faits une république serbe de Bosnie, aucune personnalité morale n'a été reconnue à cette dernière.

Tentatives de paix

Le 18 mars 1992, le diplomate portugais José Cutilheiro propose un projet de cantonisation de la Bosnie-Herzégovine (sur le modèle helvète des cantons). Les dirigeants croates et serbes de Bosnie-Herzégovine acceptent, contrairement à Alija Izetbegović qui refuse et préfère un pouvoir central, qu'il pourrait éventuellement occuper. C'est aussi la position de l'Union européenne.

Le 27 avril 1992, la Serbie et le Monténégro, c'est-à-dire les deux seules républiques non-sécessionistes, forment la République Fédérale de Yougoslavie, mais celle-ci n'est pas reconnue comme successeur et noyau restant de l'ancienne Yougoslavie (comme ce fut le cas pour la Russie lors de l'implosion de l'URSS), en vertu des conclusions de la commission Badinter.

L'ONU tente de pacifier en vain la situation en dépêchant des Casques bleus. La Bosnie-Herzégovine connaît trois ans et demi d'une terrible guerre d'agression et d'extermination des populations bosniaques, croates et serbes. Le rejet de Radovan Karadžić du plan de paix proposé par David Owen et Cyrus Vance, accepté par les autres parties, marque la désolidarisation de Slobodan Milošević vis à vis du nationalisme serbe en Bosnie-Herzégovine.

Opérations militaires

Organisation

L'ex-Yougoslavie, et surtout la Bosnie-Herzégovine, ont alors connu plusieurs années de guerre, marquées par des épisodes particulièrement violents : crimes de guerres, massacres, viols, création de camps de concentration, déplacements forcés de populations, des crimes commis surtout par les serbes. Ces crimes de guerre ont pris une tournure raciste, selon le principe de purification ethnique. Toutefois, les déplacements de populations ont souvent été davantage un enjeu stratégique. En effet ceux-là désorganisaient notamment le camp adverse en lui imposant de prendre en charge des populations civiles supplémentaires et instauraient un climat de terreur. Dans bien des cas, cela a été suffisant pour faire fuir les populations locales avant l'arrivée des troupes ennemies.

Les dirigeants ont aussi fait appel à des groupes paramilitaires et des groupes du crime organisé, comme les Tigres' du Serbe Arkan ou les Scorpions. De nombreux combattants étrangers ont aussi participé à cette guerre, notamment des Moudjahiddin venus surtout de pays islamiques[1]. Les actes de violences ne sont pas le seul fait des armées, mais souvent d'actes individuels puisque que beaucoup de Yougoslaves possédaient une arme et un vieil uniforme chez eux. Beaucoup de paysans ont cherché à se protéger ou à se faire justice eux-mêmes.

Déroulement

En 1992, les Serbes de Bosnie, qui ont pris pour capitale Pale, à proximité de Sarajevo, entreprennent donc un long et violent siège de la ville, le plus long que l'Europe moderne ait connu. Les premiers bombardements des forces serbes frappent la ville le 6 avril 1992, le lendemain de la déclaration d'indépendance. Sarajevo est soumise à un blocus complet. Les convois de nourriture et de médicaments sont bloqués sur les routes, l'eau et l'électricité coupés. Le siège de Sarajevo devient une guerre d'usure.

Article détaillé : Siège de Sarajevo.

L'armée des Serbes de Bosnie est commandée par Ratko Mladić et principalement formée par les unités bosno-serbes de l'Armée fédérale yougoslave (JNA). Elle s'empare progressivement des principales villes (en dehors de Sarajevo) et des zones peuplées par des Serbes au début de la guerre et pratique une méthode dite d'épuration ethnique contre la population Bosniaque.

Les efforts de la communauté internationale pour mettre fin au conflit et protéger les populations civiles furent sans résultats, parfois même laxistes envers les Serbes jusqu'en 1995, malgré l'envoi de plus de 38 000 militaires aux couleurs de l'ONU. 167 hommes de la Forpronu furent tués et plus de 700 d'entre eux furent blessés, dont environ la moitié appartenaient à l'armée française.

En mars 1994, un accord est signé entre les dirigeants croates et musulmans de Bosnie, sous la pression de la communauté internationale, surtout celle des États-Unis envers le président Croate Tudjman. Opposées depuis près d'un an d'avril 1992 (notamment lors des combats durant lesquels fut détruit le pont ottoman du XVe siècle de Mostar) à mai 1993, les deux communautés forment dès lors un front commun contre les Serbes de Bosnie.

Les prises de position internationales

Articles connexes : Musulmans (nationalité), Bosniaque et Bosniens.

Les déclarations d'indépendance de la Slovénie et de la Croatie en juin 1991, pourtant annoncées six mois avant, prennent la diplomatie française au dépourvu. Cette dernière s'accroche au principe essentiel de la guerre froide : le status quo, le refus de toute modification de frontières. Son attitude envers la Bosnie-Herzégovine sera identique : Le Quai d'Orsay parle toujours des « belligérants », montrant une volonté claire de les renvoyer dos à dos, de ne pas prendre parti. On sent que Paris est tiraillée entre le principe élémentaire du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et son ancienne alliance avec la Serbie lors de la Première guerre mondiale. La France s'illustrera surtout par des discours humanitaires, par une volonté de protéger les populations en faisant abstraction de la guerre en cours. Cette position atteindra son paroxysme avec la visite du Président François Mitterrand aux casques bleus français à Sarajevo, lors de laquelle il prononcera sa célèbre phrase : « Il faut laisser du temps au temps ».

La Bosnie-Herzégovine attire l'attention des pays occidentaux. Certains intellectuels (comme Bernard-Henri Lévy) et hommes politiques présentent la Bosnie-Hérzegovine comme un succès du multiculturalisme, et un exemple réussi d'intégration d'une population musulmane en Europe. À leurs yeux, soutenir la Bosnie-Herzégovine, c'est avant tout soutenir les Musulmans - Non pas les "musulmans", fidèles de l'Islam, mais les "Musulmans" (ou Bosniaques), nationalité créée par Tito en 1971 pour équilibrer les populations en Bosnie-Herzégovine. Les Musulmans deviennent en ces temps de guerre une nationalité à protéger.

Il y a toutefois des nuances à apporter à cette description. La Bosnie-Herzégovine est partagée en communautés distinctes, malgré le nombre important de mariages mixtes (5,5% de la population se déclarant "Yougoslave" selon un recensement de 1991, le taux le plus élevé en Yougoslavie). Alija Izetbegović, BBC News, « Bosnia eviction battle looms », 23/07/2000.</ref>. Ce qui n'empêche pas Bernard-Henri Lévy de le recevoir à Paris et d'être nommé avec Bernard Kouchner docteur Honoris causa de l'université de Sarajevo.

Le dénouement

Article détaillé : Massacre de Srebrenica.
Article détaillé : Opération Tempête.

Du 13 au 16 juillet 1995, l'armée des Serbes de Bosnie, commandée par Ratko Mladic, s'empare de Srebrenica, une enclave bosniaque encerclée depuis le début du conflit où se sont réfugiés des milliers de personnes. Jusqu'à cette offensive serbe, Srebrenica était sous la protection des Casques bleus. Les forces serbes commettent un massacre (8000 disparus).

Devant l'inefficacité des Casques Bleus, les forces de l'Alliance Atlantique (OTAN) sont alors intervenues en 1995 directement contre les milices serbes de Bosnie. En août de cette même année, la Croatie reconquiert la Krajina lors d'une opération-éclair de 3 jours, l'opération Tempête, appuyée par des bombardements de l'OTAN (200 000 réfugiés Serbes). Dans le même temps, les forces bosniaques et croates acculent les Serbes à la défensive et reprennent le contrôle d'importants territoires. Les Accords de Dayton signés le 21 décembre 1995 par Izetbegovic (bosniaque), Tudjman (croate) et Milosevic (serbe), mettent fin au conflit. La Bosnie-Herzégovine devient une confédération de deux États, la Fédération croato-bosniaque (51 % du territoire, 65 % de la population) et la République serbe de Bosnie (49 % du territoire, 35 % de la population).

Le TPIY créé durant la guerre continue encore à traquer Ratko Mladic, juger et condamner des criminels de guerre. Cependant, le TPIY a annoncé sa fermeture en 2010 .

Victimes et Bilans

À la fin de la guerre, la plupart des estimations quant au nombre de victimes oscillaient entre 200 000 et 260 000 morts. Ces chiffres ont depuis été revus à la baisse

Selon le Centre de documentation et de recherche de Sarajevo[réf. nécessaire], en mars 2006, le conflit en Bosnie-Herzégovine a coûté la vie à 96 175 personnes (dont 38 645 civils), se répartissant ainsi :

  • Bosniaques : 63 994 (dont 34 555 civils)
  • Serbes de Bosnie : 32 723 (dont 2 145 civils)
  • Croates : 7 338 (dont 1 899 civils)

En janvier 2007, le Centre a revu ses chiffres légèrement à la hausse, et annonce le chiffre de 97 901 tués[2].

Selon le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie[réf. nécessaire], la guerre a causé la mort de 102 622 personnes, dont 55 261 civils, se répartissant ainsi :

  • Bosniaques et Croates : 72 000 (dont 38 000 civils et 6 000 soldats croates)
  • Serbes de Bosnie : 30 700 (dont 16 700 civils)

Dispositif des forces de paix après 1995

  • Sous commandement de l'OTAN

IFOR : opération « Joint Endeavour » de décembre 1995 à décembre 1996 (60 000 hommes).

SFOR : opérations « Joint Guard » et « Joint Forge » jusqu'en décembre 2004 (de 32 000 à 7 000 hommes).

  • Sous commandement de l'Union européenne

EUFOR : opération « Althea » jusqu'en décembre 2005 (7.000 hommes).

33 Nations participent à l'opération Althea, dont 11 nations hors Union européenne. La France est le 5e pays contributeur, avec 460 hommes.[3]

Notes et références

Liens externes

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