Hippolyte de Barrau

Hippolyte de Barrau
Hippolyte de Barrau
Hippolyte de Barrau.jpg

Naissance 23 mars 1794
Rodez, Aveyron
Décès 4 octobre 1863 (à 69 ans)
Carcenac-Salmiech, Aveyron
Nationalité Drapeau de France France
Profession Carrières militaire, préfectorale et politique
Autres activités Historien, généalogiste, naturaliste, essayiste politique, initiateur, fondateur et président d'une société savante, haut fonctionnaire, membre et président d'instances au sein du département de l'Aveyron, membre d'une société secrète, etc.
Distinctions Chevalier de la légion d'honneur
Famille
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de Barrau

Justin Hippolyte de Barrau, (Rodez, 23 mars 1794 - Carcenac-Salmiech, 4 octobre 1863), haut fonctionnaire, publiciste, historien, initiateur d'une société savante.

Sommaire

Sa famille

Hippolyte de Barrau naît le 23 mars 1794 dans la ville de Rodez, ancienne capitale du Rouergue et chef-lieu du département de l'Aveyron. Au moment de sa naissance, sa mère était recluse chez elle par ordre des autorités révolutionnaires de l'Aveyron. Son père fut garde du corps du roi Louis XVI et sa famille eut à souffrir de la Révolution française.

Comme sa famille, il est d'opinion légitimiste, mais ses responsabilités l'amèneront au cours de sa carrière à servir loyalement sous plusieurs régimes en tant que conseiller de préfecture.

L'armée

Ses premières études terminées, Hippolyte de Barrau entre en 1813 à l'école spéciale militaire de Saint-Cyr : "À Saint-Cyr, la vie des futurs officiers n'est ni sucre ni miel, forte tête ou plutôt homme de caractère, Hippolyte est cassé par deux fois, menacé de conseil de guerre pour “propos pessimistes” tenus au lendemain de la retraite de Russie."[1]

A la sortie de l'école, il entre dans les gardes du corps du roi Louis XVIII en 1814 puis il est lieutenant au 17e régiment de chasseurs à cheval en 1815. Retiré du service en 1820 il est rappelé au 2e régiment de carabiniers en 1826. Il provoque et se bat plusieurs fois en duel : "Ma captivité a fini le 24. J'étais déjà sur le terrain, le sabre en main, pour vider en dernier ressort ma querelle avec le capitaine commandant."[2]. Une autre fois, c'est un duel au pistolet.

Cependant, et ses relations difficiles avec ses supérieurs hiérarchiques l'y incitent, Hippolyte de Barrau se pose des questions quant à sa véritable vocation : "Les réflexions dont mes arrêts me laissent tout le loisir me font apprécier infiniment mon indépendance et me disposent peu en faveur du service militaire [...]. La vie militaire a perdu ses anciens avantages en ouvrant la porte des grades à tout-venant ; elle a perdu ceux des temps modernes, tels que l'Empire les avait faite avec ses guerres continuelles ; il ne reste que beaucoup d'assujetissement et des dépenses ruineuses. Les loisirs de la paix développent chez les chefs la minutie du commandement qui devient ainsi insupportable, puis les rivalités nées entre ceux qui ont déjà fait la guerre et ceux qui ne l'ont point faite, la division des opinions, et l'infériorité numérique des royalistes dans l'armée, tout cela me dispose à demander à être mis en disponibilité [...]. Le métier des armes ne va pas à mon esprit peu disposé à la règle et à la discipline."[2]

En 1829, il apprend qu'il est mis à la retraite d'office de l'armée.

Activités contre-révolutionnaires

Avec l'un de ses frères, Victor de Barrau, lui aussi garde du corps du roi Louis XVIII et qui a participé à une opération de chouannerie en Aveyron durant les Cent-Jours, il se mêle à des activités contre le nouvel ordre établi. Durant cette période, il se met en rapport avec des projets de contre-révolution : "Dès lors, je me réduisis à utiliser mon voyage en établissant des rapports avec les principaux meneurs de Toulouse afin de former, d'unir ainsi notre département au leur dans un même but. J'appris à cette occasion qu'il existait à Toulouse un Comité central qui recevait les ordres de Son Altesse, que tant dans la ville que dans la campagne il existait une organisation secrète par compagnies et que le Prince était tenu au courant de tout ce qui se fixait. Monsieur Léopold de Rigaud, ancien mousquetaire, homme de résolution, était à la tête du Comité secret."[2]

Le complot de Rodez

Dans la nuit du 16 au 17 février 1814, des membres de l'ordre des chevaliers de la Foi (Ordre catholique, royaliste et secret) se réunissent au château de la Goudalie avec pour objectif d'envahir Rodez afin d'initier un soulèvement à partir du Rouergue dans le but de faire reconnaître comme Souverain le comte de Provence, frère du défunt roi Louis XVI. Ce projet avorta cependant et certains pensent que là est la principale cause de l'affaire Fualdès[3] intervenue en 1817, toujours en Aveyron.

Hippolyte de Barrau dit ceci au sujet de ce complot : "Les promoteurs du mouvement dans l'Aveyron étaient Messieurs de Bertier, frères de ma cousine, Madame de Solages, et Monsieur de La Roche-Aymon. Rigaud m'engagea vivement à faire cause commune avec eux, mais je m'en défendis pour plusieurs motifs qui lui parurent raisonnables. Cependant, si à l'expiration de mon congé, je ne recevais aucun ordre de guerre, je me regarderais comme délié et me mettrais à leur disposition."[2]

"Après avoir donné quelques détails sur l'organisation du complot et assuré que les conjurés avaient, dans la nuit du 16 au 17 février, pris position dans le bois de Bourran, lorsqu'ils reçurent un contreordre, Monsieur Hippolyte de Barrau, sans parler de l'établissement de l'état-major au château de La Goudalie, signale comme autres chefs du mouvement, Messieurs de Curières, de Mirabel, de La Goudalie et Nicauze. Si, dit-il, "les royalistes du Rouergue se livrèrent avec enthousiasme à la perspective honorable d'être les premiers à arborer le drapeau de la fidélité", il constate le brusque avortement de leurs projets." (...). Puis citant encore Hippolyte de Barrau : "Dès le lendemain, Monsieur de Trémont, préfet, fit assembler la garde nationale, établir des postes particuliers dans l'hôtel de la préfecture, parce-qu'il sut qu'on voulait l'arrêter ; et Rodez prit une attitude guerrière, lorsqu'il ne restait que la peur d'un danger passé." "[4]

Hippolyte de Barrau est mentionné[5] comme étant un chevalier de la Foi et comme ayant participé à ce complot.

La préfectorale

  • Il est d'abord nommé conseiller de préfecture en 1849, puis, sous le régime du Second Empire de Napoléon III il est secrétaire-général de la préfecture de l'Aveyron, de 1853 à sa révocation au début du mois de mars 1855.

De ses années passées à la préfecture de l'Aveyron, il est dit ceci : "L'Aveyron gardera longtemps le souvenir de ses services et de la courageuse énergie qu'il montra lors de l'invasion de la préfecture en décembre 1851. Connaissant à fond les affaires du département, il fut le conseil et l'ami de plusieurs préfets distingués et jouissait au plus haut point de la considération publique, lorsqu'en 1854[6], il fut tout à coup révoqué de ses fonctions, par suite de l'hostilité de certaines personnes que son influence offusquait."[7]

L'historien et le mémorialiste

Parmi ses nombreux manuscrits et études sur des sujets divers, les sciences historiques prennent une large place. Ses principaux travaux sont :

  • Étude relative à l'histoire du corps des Carabiniers (étude inachevée)
  • Ordres équestres. Documents sur les Ordres du Temple et de Saint-Jean-de-Jérusalem en Rouergue, suivis d'une notice historique sur la Légion-d'Honneur et du tableau raisonné de ses membres dans le même pays
  • L'Époque révolutionnaire en Rouergue. Étude historique (1789-1801). Ouvrage préparé, rédigé et publié en collaboration avec son frère, Eugène de Barrau, et son neveu, Fernand de Barrau.
  • Du monde invisible ou recherches sur les faits d'un ordre surnaturel
  • Mémoires privés d'un ruthénois. Sur ce manuscrit, deux témoignages : "Hippolyte de Barrau a laissé des souvenirs qui, publiés longtemps après sa mort dans le Journal de l'Aveyron, en 1900 et 1901, n'ont malheureusement pas été édités en volume. Ils ont pour titre Mémoires privés d'un ruthénois. Eux aussi constituent une source précieuse pour l'histoire de l'Empire et de la Restauration dans notre province. (...). Nous y trouvons un tableau vivant de la société ruthénoise depuis les beaux jours de l'Empire, avec des anecdotes savoureuses, le rappel discret de plus d'une intrigue galante, des portraits piquants, des souvenirs politiques. Il serait très souhaitable que cette oeuvre fût reprise et publiée avec une annotation critique. Elle n'a rien perdu de son attrait et de son utilité documentaire."[8]. "(...) précieux témoignage de cette époque écrit par un jeune officier demeuré profondément royaliste (...)."[9]

Sa grande œuvre, la plus connue et la plus achevée est les Documents historiques sur le Rouergue, sur ses familles et ses hommes remarquables dans les temps anciens et modernes, publiée en 4 volumes, entre 1853 et 1860, et plusieurs fois réédité.

Liens

Principaux mandats politiques

Autres activités et fonctions

  • Ayant été mis en 1829 à la retraite d'office de l'armée, il s'adonne alors à l'histoire, l'archéologie, les sciences naturelles, la botanique, la minéralogie, etc. Il rédige avec son frère, Adolphe de Barrau, un catalogue[10] des plantes collectées en Aveyron.
  • Il est le fondateur et le rédacteur de la Gazette du Rouergue, éphémère journal d'opinion légitimiste, paru sous la Monarchie de Juillet de 1831 à 1835
  • Il entretient de nombreuses correspondances avec d'autres notables
  • Membre et président de divers groupements et instances au sein du département de l'Aveyron : fondateur et président du comice agricole de Cassagnes-Bégonhès en 1842 ; président du comice vinicole de Marcillac ; vice-président de la commission hippique du département de l'Aveyron ; il s'investit également dans l'instruction publique, etc.
  • Capitaine commandant de la garde nationale de la commune de Salmiech (1830, 1834, 1837, 1840, 1848)
  • Il fait partie du comité des sept membres investis de la mission de rétablir l'ordre dans l'arrondissement de Rodez (novembre 1848)[11]

Un homme de culture

A Rodez (Aveyron).

Outre ses activités d'historien et de naturaliste, il est en 1836 l'initiateur de la société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron et l'un de ses principaux fondateurs. Il en est le premier président et le restera jusqu’à sa mort : "J'ai mené à bonne fin une assez grande entreprise : c'est la formation d'une société littéraire, scientifique et industrielle, composée des hommes distingués de toutes les opinions, tels monsieur de Bonald, monsieur de Gaujal, le général Tarayre, l'évêque de Rodez, Girou de Buzareingues, monsieur de Guizard, etc., et qui m'a élu pour président le 7 février dernier. Cette combinaison d'éléments hétérogènes est un assez joli coup de force."[12]

Dans le cadre de cette société, Hippolyte de Barrau mène de nombreux travaux de recherche sur l'histoire locale (dossiers, mémoires, articles, notes).

Cette société savante, devenue une institution culturelle locale et régionale reconnue, mène de nos jours ses travaux en collaboration avec des universités (Université de Paris I, Université de Toulouse II, etc.), le CNRS, la Bibliothèque Nationale de France, l'École des Chartes, entre autres.

Sociétés savantes

  • Fondateur et premier président de la société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron
  • Membre honoraire de la société centrale d'agriculture de l'Aveyron
  • Membre de la société d'agriculture du Cantal (?)
  • Membre de l'institut des provinces, des sociétés savantes et des congrès scientifiques

Distinctions

Hommages

  • À Rodez, rue Neuve, sur le mur de la maison natale d'Hippolyte de Barrau a été apposé une plaque commémorative : Hippolyte de Barrau, fondateur avec Jules Duval de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron en 1836, est né dans cette maison le 23 mars 1794
  • Par délibération du conseil municipal de la ville de Rodez en date du 12 décembre 2005 a été inauguré au lieu-dit Conque Saint-Jean (ou Val Saint-Jean), quartier de Saint-Félix-La Gineste, l'avenue Hippolyte de Barrau
  • À Carcenac-Salmiech, face à l'église du village, se trouve la place Hippolyte de Barrau, historien du Rouergue

Citations

  • « Je vais avoir trente ans, c'est l'âge où l'homme doit revenir de ses égarements. » (Hippolyte de Barrau)
  • « Un des esprits les plus brillants du XIXe siècle rouergat. » (Robert Taussat (président de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron de 1984 à 2004) en parlant d'Hippolyte de Barrau)

Notes et références

  1. Christian Paulin. Procès-verbaux de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron.
  2. a, b, c et d Mémoire H. de Barrau, S.L.S.A.A.
  3. En lien avec le complot de La Goudalie auquel Hippolyte de Barrau a participé selon l'ouvrage de Philippe Méraux sur cette affaire.
  4. Bernard Combes de Patris, Les chevaliers de la Foi et le complot de Rodez, revue du Rouergue, tome 5, n°4, 1951, pages 417 et 418.
  5. Philippe Méraux, Clarisse et les égorgeurs. L'affaire Fualdès, page 321.
  6. 1855 et non 1854.
  7. Extrait d'une note de Mr de Gibrac. Annuaire de l'institut des provinces, des sociétés savantes et des congrès scientifiques, année 1864, pages 8 et 9.
  8. Bernard Combes de Patris, Mémorialistes aveyronnais, revue du Rouergue, octobre-décembre 1948, n°4, 2e année, page 445.
  9. Robert Taussat, cité par René Couderc, Le préfet de Trémont et son ami le compositeur Onslow, Etudes aveyronnaises, année 2001, pages 11 à 14.
  10. Emile Vigarié, Les frères de Barrau, dans Esquisse générale du département de l'Aveyron, page 236.
  11. a et b T. Lamathière, Panthéon de la légion d'honneur, page 420.
  12. Lettre du 10 avril 1837, archives S.L.S.A.A. (citée par Robert Taussat dans le bulletin de liaison année 2004).

Bibliographie

  • Henry Bedel, Les trois historiens de Barrau (Hippolyte, Eugène et Fernand de Barrau dont des critiques avancent que les principaux ouvrages sont d'orientation monarchiste et anti-révolutionnaire)
  • Pierre Cabrol, « Ce que Hippolyte de Barrau nous a caché », in Bulletin du Cercle généalogique du Rouergue n° 22.
  • Philippe Méraux, Clarisse et les égorgeurs. L'affaire Fualdès
  • Catherine de Sulzer-Wart, Hippolyte de Barrau (23 mars 1794 - 4 octobre 1863) et le mouvement légitimiste dans l'Aveyron (Mémoire faculté des lettres de Poitiers)
  • Emile Vigarié, Les frères de Barrau (dans Esquisse générale du département de l'Aveyron)
  • T. Lamathière, Panthéon de la légion d'honneur, pages 420 à 421
  • Mémoire Hippolyte de Barrau. Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron. Fonds de la famille de Barrau

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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