- Henri le Jeune
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Henri dit le Jeune ou le jeune roi (28 février[1] 1155 – 11 juin 1183), prince angevin, roi d'Angleterre conjointement avec son père à partir de 1170, est le fils et héritier présomptif d'Henri II d'Angleterre de 1156 à 1183. Il tient son surnom de son couronnement anticipé du vivant de son père.
Sommaire
Biographie
Jeunesse
Henri naît à Londres, le 28 février 1155[1]. Il est le deuxième des cinq fils d'Henri II, duc de Normandie et roi d'Angleterre, et d'Aliénor, duchesse d'Aquitaine. À la mort de son frère aîné Guillaume, en décembre 1156, il devient l'héritier du trône d'Angleterre[1].
En 1158, il est fiancé à Marguerite, première fille du roi Louis VII de France et de son épouse Constance de Castille[1]. Le 2 novembre 1160 au Neubourg[2], après l'obtention d'une dispense accordée par le pape Alexandre III, le mariage des deux jeunes enfants (lui 5 ans, elle 2 ans) est célébré[3]. Cette union rapide est due à la volonté d'Henri II d'entrer en possession de la dot de sa belle-fille, le Vexin normand[1].
En 1162, il est envoyé être éduqué auprès de Thomas Becket, alors chancelier d'Angleterre[1]. Becket se prend d'affection pour lui, et écrira l'avoir considéré comme son fils adoptif[1]. Toutefois, avant la fin de 1163, Becket, devenu archevêque de Cantorbéry, est tombé en défaveur auprès du roi, et le jeune Henri lui est retiré[1].
Henri II est décidé à assurer très tôt la succession de son fils sur le trône, à la manière capétienne, et à le faire couronner roi[1]. Ainsi, en 1162, le jeune Henri reçoit un serment de fidélité des barons anglais[1]. Une commande pour lui fabriquer une couronne est passée, et en 1163, il reçoit, conjointement avec son père, l'hommage du roi d'Écosse Malcolm IV[1]. Mais Thomas Becket s'oppose fermement à ce couronnement, et, le conflit avec le roi prenant de l'ampleur, l'archevêque doit s'exiler en France à partir de 1164, et le couronnement est reporté.
Roi d'Angleterre
En 1169, le jeune Henri fait hommage au roi de France, son beau-père, pour les principautés paternelles d'Anjou, Maine et Bretagne, que son frère cadet Geoffroy tiendra de lui.
Le 14 juin 1170, le jeune Henri est sacré roi d'Angleterre à Westminster par Roger de Pont-l'Évêque, archevêque d'York, assisté de dix ou onze évêques anglais et normands[1]. Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry et primat d'Angleterre, est normalement le seul habilité à sacrer le roi d'Angleterre[4]. Furieux, l'archevêque demande au pape Alexandre III des sanctions contre les ecclésiastiques qui ont pris part à cette cérémonie[4]. Celui-ci décide de leur suspension et pour certains, de leur excommunication[4]. C'est ce dernier épisode qui conduit à l'assassinat de l'archevêque, le 29 décembre 1170 dans la cathédrale de Cantorbéry[4].
Le 27 août 1172, dans la cathédrale de Winchester, a lieu un second couronnement afin de satisfaire Louis VII de France, qui veut que sa fille Marguerite soit couronnée[4].
Révolte de 1173-1174
Article détaillé : Révolte de 1173-1174.Bien que le jeune Henri ait fait hommage au roi de France pour toutes les possessions continentales de la famille[1], et qu'il en soit donc légalement le possesseur[5], il n'en contrôle aucune[1]. D'une part, son père lui refuse la moindre responsabilité, contrairement à ses deux cadets[5] ; et d'autre part, il ne touche aucun revenu[5], ce qui l'empêche de mener le train de vie qu'il souhaiterait, et il est donc très endetté[1].
Un autre objet de conflit entre le père et le fils est la mort de Thomas Becket en 1170[1]. En 1173, Henri le Jeune proteste contre le fait que son père envisage de donner des territoires[6] à son frère Jean sans Terre à l'occasion de ses fiançailles avec Alix (fille du comte Humbert III de Savoie et de Maurienne)[1]. Déjà, en 1170, il avait été furieux contre son père quand son frère Richard (plus tard Richard Cœur de Lion) avait reçu le duché d'Aquitaine, possession de leur mère[1].
Ce dernier épisode le décide à agir[1], influencé par son beau-père, le roi de France[7]. En février 1173, il est adoubé chevalier par son grand ami Guillaume le Maréchal[1], et le mois suivant, il s'enfuit de la cour de son père pour celle de Louis VII[1]. Il se rebelle alors ouvertement, et est bientôt rejoint par ses frères Geoffroy et Richard[1]. Les ennemis d'Henri II profitent alors de l'occasion, et la coalition est complétée par Philippe d'Alsace, comte de Flandre, et de grands barons de l'Empire Plantagenêt[1], alliés à qui il promet des revenus dans ses domaines.
Mais Henri II triomphe de tous ses ennemis et écrase ses adversaires en Normandie en 1173[7]. Après la mort au combat du comte de Boulogne, son frère, le comte de Flandre abandonne la coalition[7]. Robert III de Beaumont, le comte de Leicester, et Guillaume le Lion, le roi d'Écosse sont capturés[7] ; et sa femme Aliénor, qui complote contre lui, est emprisonnée[7].
Henri et ses frères font finalement la paix avec leur père, le 30 septembre 1174 à Montlouis[1]. Il est convenu qu'Henri II suspende la donation de fiefs à Jean. En retour et à condition de bonne conduite, le jeune Henri reçoit 15 000 livres angevines (3750 livres sterling) pour pouvoir maintenir son rang, et deux châteaux en Normandie que son père choisira[1].
Fin de carrière
Dans les années suivantes, le jeune Henri reste loyal à son père. Il participe à ses côtés à diverses tâches royales[1], mais sans enthousiasme[5]. Il l'aide notamment à réprimer une révolte du seigneur de Châteauroux en prenant Déols, Châteauroux et Issoudun.[réf. nécessaire] Néanmoins, les causes de sa révolte sont toujours présentes, car le jeune roi n'a toujours pas de fief sur lequel régner[1].
En 1176, son père lui interdit d'effectuer le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, et il rejoint la cour de Philippe d'Alsace, le comte de Flandre[1]. Ce dernier joue de son influence sur lui pour le manipuler[1]. Il finance aussi le train de vie dispendieux du jeune homme, notamment sa passion pour les tournois[1]. En 1179, Philippe d'Alsace se désintéresse de lui et se rapproche de Philippe Auguste, qui monte sur le trône de France en 1180[1]. Peu après, le père et le fils sont côte à côte pour combattre le comte de Flandre qui tente de prendre sous sa coupe le jeune roi de France, avec qui ils se sont alliés[1].
En 1182, le jeune Henri exige à nouveau de son père plus de pouvoir, mais celui-ci refuse[1]. Comme auparavant, il rejoint la cour de France, et le désaccord est réglé par l'augmentation de sa pension journalière[1]. Peu après, accompagnant son père, il aide son frère Richard à réprimer une révolte de barons aquitains. Mais il entre en conflit avec son frère qui s'est emparé de Clairvaux, situé dans l'Anjou, près du Poitou, et l'a fortifié[1]. Il est probablement aussi jaloux de sa réussite en Aquitaine, car Richard a obtenu de leur père toute latitude pour gérer le duché[8] Il décide alors de soutenir ouvertement les barons rebelles d'Aquitaine, notamment Adémar V de Limoges[1].
Mort et inhumation
En janvier 1183, une tentative de réconciliation est faite par Henri II, mais Richard refuse de faire hommage à son frère aîné pour l'Aquitaine[1]. Le jeune Henri le suit dans son duché, non comme il le fait croire pour tenter une réconciliation, mais pour y soutenir les barons rebelles[1]. Il est accueilli en sauveur à Limoges, les barons préférant soutenir un seigneur nonchalant qu'un tyran comme Richard[1],[8]. Mais en avril 1183, il est assiégé à Limoges par son père et son frère, avec tous les barons rebelles[1]. Il fait chercher des troupes de mercenaires qu'il paye avec le butin du sac de la ville et du sanctuaire de saint Martial[1]. Le roi Philippe Auguste décide alors de lui prêter main-forte, et il est accompagné de Hugues III, duc de Bourgogne et Raymond V, comte de Toulouse[8].
De retour d'un raid sur Angoulême, les habitants lui refusent l'entrée dans la ville[1]. Il doit fuir dans le sud du duché, et pille le monastère de Grandmont et les sanctuaires de Rocamadour[1]. Il tombe gravement malade à Martel, et essaie de se réconcilier avec son père[1]. Mais celui-ci, croyant à une énième ruse de son fils, l'ignore[1]. Henri le jeune roi meurt le 11 juin 1183 de la dysenterie[1]. Sa disparition met fin à la rébellion en Aquitaine, et au conflit qui se préparait entre les rois d'Angleterre et de France[8].
Alors que son corps est rapatrié en Normandie, pour y être inhumé dans la cathédrale de Rouen selon son souhait, les habitants du Mans s'en emparent et le placent dans leur cathédrale[1]. Finalement, sur l'insistance d'Henri II et la menace de représailles des Rouennais, il est transféré à Rouen[1]. Selon les dernières volontés du jeune roi, ses entrailles sont enterrées à Limoges[1].
Son tombeau, avec gisant du XIIIe siècle, est situé dans le déambulatoire de la cathédrale Notre-Dame de Rouen.
Portrait et réputation
Voir aussi
Notes et références
- Elizabeth Hallam, « Henry (1155–1183) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, édition en ligne, mai 2006.
- Christopher Harper-Bill, Nicholas Vincent, Henry II: new interpretations, Boydell Press, 2007, p. 194.
- Frank Barlow, The feudal kingdom of England, 1042-1216, History of England, Longman, 1999, p. 241.
- Frank Barlow, « Becket, Thomas (1120?–1170) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
- Christopher Tyerman, « Henry (1155-1183) », dans Who's Who in Early Medieval England, 1066-1272, Éd. Shepheard-Walwyn, 1996
- Chinon, Loudun, et Mirebeau. Les fiefs de
- Thomas K. Keefe, « Henry II (1133–1189) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, édition en ligne, janvier 2008.
- John Gillingham, « Richard I (1157–1199) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, édition en ligne, janvier 2008.
Sources
- Elizabeth Hallam, « Henry (1155–1183) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, édition en ligne, mai 2006.
- Christopher Tyerman, « Henry (1155-1183) », dans Who's Who in Early Medieval England, 1066-1272, Éd. Shepheard-Walwyn, 1996, (ISBN 0856831328).
Bibliographie
- R. J. Smith, « Henry II's Heir: The Acta and Seal of Henry the Young King, 1170-83 », The English Historical Review, vol. 116, no 466 (2001), p. 297-326.
- L. Diggelmann, « Marriage as Tactical Response: Henry II and the Royal Wedding of 1160 », The English Historical Review, vol. 119, no 483 (2004), p. 954-964.
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